«Emmenez-nous», le cri de désespoir des Afghans incapables d'accéder à l'aéroport

Des Afghans rassemblés près de l’aéroport de Kaboul dans l’espoir d’être évacués du pays (Photo, AFP).
Des Afghans rassemblés près de l’aéroport de Kaboul dans l’espoir d’être évacués du pays (Photo, AFP).
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Publié le Lundi 23 août 2021

«Emmenez-nous», le cri de désespoir des Afghans incapables d'accéder à l'aéroport

  • Depuis la prise de pouvoir des talibans le 15 août, des dizaines de milliers de personnes ont assiégé dans une anarchie totale l'aéroport de la capitale
  • Une semaine après, des milliers de familles sont toujours massées dans l'espace vide entre les deux rangs de barbelés qui séparent les talibans et les Américains

KABOUL: "S'il vous plaît, emmenez-nous avec vous": pour accéder dimanche à l'aéroport de Kaboul, dans un convoi de bus escortés par les talibans, des Afghans ont dû fendre la foule de leurs compatriotes désespérés de les rejoindre sur un vol vers l'étranger.

Un journaliste faisant partie d'un groupe d'employés de presse et d'universitaires parti d'un hôtel du centre de Kaboul dimanche matin, a raconté à l'AFP avoir croisé un large rassemblement de gens qui semblaient avoir passé la nuit à un carrefour proche de l'aéroport.

"Aussitôt qu'ils ont vu notre convoi, ils se sont levés et ont couru vers nous", a-t-il décrit. "Ils nous montraient leurs passeports et d'autres documents (...) Un homme est venu à ma fenêtre avec sa femme et son enfant, et a agité son passeport en me disant: +J'ai un visa britannique, mais je ne peux pas monter. S'il vous plaît, laissez-nous monter dans le bus+."

Depuis la prise de pouvoir des talibans le 15 août, des dizaines de milliers de personnes ont assiégé dans une anarchie totale l'aéroport de la capitale, tentant, souvent en vain, de monter à bord d'un des vols d'évacuation mis en place par les États-Unis et leurs alliés.

Les images de gens écrasés dans la mêlée, de jeunes hommes accrochés au fuselage d'un avion américain sur le départ, ou de ce bébé passé à bout de bras au-dessus d'un mur à des soldats américains, ont sidéré le monde.

Une semaine après, des milliers de familles sont toujours massées dans l'espace vide entre les deux rangs de barbelés qui séparent les talibans et les Américains. Ces derniers sont en charge de ce que leur président, Joe Biden, a qualifié d'une des opérations d'évacuation parmi "les plus difficiles de l'histoire".

"Ils nous montraient leurs passeports et criaient: +Emmenez-nous avec vous, s'il vous plaît emmenez-nous avec vous", a ajouté ce journaliste. "Le combattant taliban dans le camion devant nous a dû tirer en l'air pour les disperser."

Lest talibans ont été accusés de bloquer, harceler ou même mettre en détention les Afghans qui essaient de s'enfuir. Mais selon ce journaliste, son convoi est passé sans le moindre problème. "Ils n'ont pas prêté attention à nous".

Depuis le 14 août, quelque 17.000 personnes ont été évacuées par les États-Unis, dont 2.500 Américains. Des milliers d'autres ont été exfiltrées à bord d'avions militaires étrangers.

Poutine appelle à empêcher l'afflux de "combattants déguisés en réfugiés"

Le président russe Vladimir Poutine a appelé dimanche à empêcher un afflux de réfugiés en provenance d'Afghanistan parmi lesquels pourraient se cacher des "combattants déguisés", à la suite de la conquête du pays par les talibans. 

"Nos partenaires occidentaux demandent avec insistance d'accueillir les réfugiés dans les pays d'Asie centrale jusqu'à ce qu'ils aient un visa pour les Etats-Unis ou pour d'autres pays", a déclaré M. Poutine, lors d'une réunion avec des responsables du parti au pouvoir Russie unie.

"Mais qui peut être (caché) parmi ces réfugiés, comment peut-on le savoir?", a-t-il souligné, en estimant que "des centaines, voire des centaines de milliers ou peut-être des millions" de personnes pourraient vouloir fuir le territoire afghan.

Plusieurs ex-républiques soviétiques d'Asie centrale partagent une frontière avec l'Afghanistan et la Russie, dès lors des "combattants déguisés en réfugiés" pourraient atteindre le territoire russe, a-t-il estimé.

La Russie "ne veut pas de ces éléments en provenance d'Afghanistan ou d'autres pays", a insisté le président russe, rappelant que son pays a combattu dans le Caucase une guérilla jihadiste pendant des années.

'Un jour, vous me remercierez'

Washington prévoit d'évacuer entre 10.000 et 15.000 de ses ressortissants, et de 50.000 à 60.000 Afghans et leurs familles, dont la plupart ont travaillé pour les Américains pendant les 20 ans de guerre.

Mais les talibans ont estimé dimanche que le chaos à l'aéroport était de la faute des Américains et que cela devait cesser "le plus tôt possible".

"Tout le monde avait une raison de partir" au sein du convoi de dimanche, a indiqué le journaliste. "Certains étaient journalistes, d'autres étaient des étudiantes en université (...) et puis il y avait ceux qui avaient travaillé pour les étrangers."

Une jeune fille était en pleurs à l'hôtel, avant le départ pour l'aéroport. 

"Le jour où les talibans sont arrivés, j'ai su que la vie était finie pour moi en Afghanistan", a-t-elle dit. "Vivre sous leur régime reviendrait à enterrer toutes mes ambitions dans la vie."

Avant d'aller poursuivre leur vie en Occident, les personnes évacuées avec ce convoi devaient ensuite rester quelques jours en isolement dans un camp au Qatar, à cause du coronavirus.

"Mes enfants pleurent parce qu'ils sont épuisés, mais je leur dis de s'accrocher encore un peu pour le vol à venir et ensuite nous serons sauvés", a déclaré avant le départ de Kaboul un des passagers, Haji Hamid, qui partait avec son épouse et ses quatre enfants.

"La mort et l'oppression nous suivraient partout si nous restions", a-t-il ajouté. "Je n'arrête pas de leur dire: +Un jour, vous me remercierez+.


Trump s'en prend à des magistrats après l'assassinat de Charlie Kirk

Cette capture d'écran provenant de la diffusion en direct du tribunal de l'Utah montre Tyler Robinson, suspect dans le meurtre du militant politique Charlie Kirk, assistant à une audience à distance depuis sa cellule de prison à Provo, dans l'Utah, le 16 septembre 2025. (AFP)
Cette capture d'écran provenant de la diffusion en direct du tribunal de l'Utah montre Tyler Robinson, suspect dans le meurtre du militant politique Charlie Kirk, assistant à une audience à distance depuis sa cellule de prison à Provo, dans l'Utah, le 16 septembre 2025. (AFP)
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  • Dans le viseur du locataire de la Maison Blanche, sur son réseau Truth, se trouvent deux de ses cibles privilégiées : l'ex-procureur spécial Jack Smith, et le juge Juan Merchan qui avait présidé son procès pour des paiements cachés à une star du X
  • Donald Trump reproche à Jack Smith d'avoir ouvert il y a quelques années une enquête sur Turning Point, le mouvement créé par l'influenceur ultraconservateur américain Charlie Kirk, assassiné le 10 septembre

WASHINGTON: Le président américain Donald Trump a de nouveau stigmatisé mercredi des magistrats qui l'avaient poursuivi et jugé durant le mandat de Joe Biden, prenant prétexte du récent assassinat de l'influenceur ultraconservateur Charlie Kirk.

Dans le viseur du locataire de la Maison Blanche, sur son réseau Truth, se trouvent deux de ses cibles privilégiées : l'ex-procureur spécial Jack Smith, et le juge Juan Merchan qui avait présidé son procès pour des paiements cachés à une star du X.

Donald Trump reproche à Jack Smith d'avoir ouvert il y a quelques années une enquête sur Turning Point, le mouvement créé par l'influenceur ultraconservateur américain Charlie Kirk, assassiné le 10 septembre.

"Pourquoi le merveilleux Turning Point a-t-il été mis sous ENQUÊTE par le +Dérangé+ Jack Smith et l'administration Biden Corrompue et Incompétente ?", s'interroge Donald Trump dans un message sur Truth.

"Ils ont essayé de forcer Charlie, ainsi que de nombreuses autres personnes et mouvements, à cesser leurs activités. Ils ont instrumentalisé le ministère de la Justice contre les opposants politiques de Joe Biden, y compris MOI!", s'offusque-t-il encore.

Jack Smith, lui-même visé par une enquête administrative depuis le retour au pouvoir de Donald Trump, avait été nommé procureur spécial en 2022.

Il avait lancé des poursuites fédérales contre Donald Trump, pour tentatives illégales d'inverser les résultats de l'élection de 2020 et rétention de documents classifiés après son départ de la Maison Blanche.

Les poursuites avaient été abandonnées après la réélection de Trump, en vertu de la tradition consistant à ne pas poursuivre un président en exercice. Jack Smith avait ensuite démissionné du ministère de la Justice.

Sans jamais le citer nommément, le président Trump s'en prend également sur le réseau Truth à Juan Merchan, qui a présidé le procès Stormy Daniels. Le président avait été reconnu coupable de 34 chefs d'accusation, pour des paiements cachés de 130.000 dollars à l'ex-star du X.

Donald Trump exprime le souhait que le juge "corrompu" paie "un jour un prix très élevé pour ses actions illégales".

Depuis l'assassinat de Charlie Kirk, le camp républicain redouble de véhémence contre les démocrates et organisations progressistes, accusés de promouvoir la violence politique.

"La gauche radicale a causé des dégâts énormes au pays", a affirmé le président républicain mardi, avant son départ au Royaume-Uni. "Mais nous y remédions".

Selon le Washington Post, un élu républicain du Wisconsin a déposé une proposition de loi visant à bloquer les fonds fédéraux aux organisations employant des personnes "qui tolèrent et célèbrent la violence politique".

Le New York Times précise pour sa part que sont notamment dans le viseur l'Open Society Foundation du milliardaire George Soros ainsi que la Ford Foundation, qui toutes deux financent des organisations de gauche.


Pompe exceptionnelle pour la deuxième visite d'Etat de Trump au Royaume-Uni

Le président américain Donald Trump (C) et la première dame américaine Melania Trump débarquent d'Air Force One après avoir atterri à l'aéroport de Stansted, dans l'est de l'Angleterre, le 16 septembre 2025. (AFP)
Le président américain Donald Trump (C) et la première dame américaine Melania Trump débarquent d'Air Force One après avoir atterri à l'aéroport de Stansted, dans l'est de l'Angleterre, le 16 septembre 2025. (AFP)
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  • Donald Trump entame une visite d'État de deux jours au Royaume-Uni, marqué par un faste inédit à Windsor malgré des manifestations annoncées à Londres
  • Alors que le gouvernement de Keir Starmer tente de tirer profit de cette visite par des annonces d’investissements technologiques majeurs, la rencontre est aussi ternie par l’affaire Epstein

LONDRES: Tour en calèche, garde d'honneur géante, défilé aérien inédit: le Royaume-Uni sort le grand jeu pour la deuxième visite d'Etat de Donald Trump, reçu mercredi à Windsor par Charles III, à l'abri des manifestations.

"Cela va être un très grand jour", a commenté M. Trump en arrivant au Royaume-Uni mardi soir, se réjouissant de voir le roi, son "ami de longue date".

Encadrée par un dispositif de sécurité exceptionnel, cette visite d'Etat de deux jours débute par un déploiement spectaculaire de faste royal, dont le dirigeant républicain est friand, et une cérémonie militaire d'une ampleur sans précédent, impliquant 1.300 membres des forces armées britanniques.

"On dit que le château de Windsor, c'est le top, non? Donc ça va être chouette", avait lancé Donald Trump, 79 ans, avant son départ de Washington, se félicitant aussi d'être le seul président américain à avoir deux fois les honneurs d'une visite d'Etat au Royaume-Uni. La première avait eu lieu en 2019.

Le président et son épouse Melania seront accueillis à la mi-journée dans ce domaine royal situé à l'ouest de Londres, d'abord par le prince héritier William et son épouse Catherine, puis par le roi Charles III, 76 ans, et la reine Camilla, 78 ans.

Une incertitude entoure toutefois la présence de Camilla: la reine consort se remet d'une sinusite aiguë qui l'a empêchée d'assister à des funérailles royales mardi.

Après une salve royale tirée du château et depuis la Tour de Londres, les trois couples doivent participer à une procession en calèche, mais toujours dans l'enceinte du domaine, et non dans les rues de la ville comme cela avait été le cas lors de la visite d'Etat du président français Emmanuel Macron en juillet.

- Fanfare et cornemuses -

Donald Trump aura l'unique privilège de passer en revue une garde d'honneur comprenant exceptionnellement trois régiments de la Garde royale, accompagnée d'une fanfare, tambours et cornemuses dans la cour carrée du château.

Après un déjeuner en privé avec la famille royale, le couple Trump déposera des fleurs sur la tombe de la reine Elizabeth II, décédée en septembre 2022, dans la chapelle St George.

Un défilé aérien, alliant de façon inédite des avions de combat F35 britanniques et américains, et la patrouille acrobatique des "Red Arrows", précèdera le traditionnel banquet royal avec quelque 150 invités.

Une profusion d'honneurs de nature à flatter l'ego du milliardaire américain, qui s'est plus tôt cette année lui-même comparé à un monarque.

Mais à 40 km de là, des milliers de manifestants sont attendus dans le centre de Londres, pour protester contre la venue d'un président très impopulaire dans le pays. Le rassemblement à l'appel de la coalition "Stop Trump", prévu à partir de 14H00 (13H00 GMT), sera encadré par plus de 1.600 policiers. D'autres sont prévus ailleurs au Royaume-Uni.

Le deuxième jour de la visite, jeudi, sera consacrée à une séquence plus politique, qui se déroulera à Chequers, résidence de campagne du Premier ministre Keir Starmer.

La conférence de presse pourrait donner lieu à des questions embarrassantes pour les deux dirigeants, relatives notamment à l'affaire Jeffrey Epstein. Elle est revenue hanter cette semaine Keir Starmer, qui a limogé son ambassadeur à Washington Peter Mandelson, après des révélations sur ses liens avec le délinquant sexuel américain, mort en prison en 2019.

Un sujet dont se passerait bien Donald Trump, qui voit sa présidence également empoisonnée par l'affaire Epstein depuis des semaines.

Des images du financier américain ont d'ailleurs été diffusées mardi soir par un groupe anti-Trump sur une tour du château de Windsor.

De son côté, le gouvernement de Keir Starmer, fragilisé sur le plan économique et en pleine crise politique, cherche à tirer parti de cette visite pour multiplier les annonces, entre accord sur la tech et investissements américains.

Il a déjà enregistré un investissement massif de 30 milliards de dollars (25 milliards d'euros) de Microsoft, un autre de 5 milliards de livres (5,8 milliards d'euros) de Google et l'annonce d'un partenariat incluant OpenAI et Nvidia pour développer des infrastructures dédiées à l'IA dans le nord-est de l'Angleterre.

Un partenariat plus général pour doper la coopération technologique dans l'IA, le quantique et le nucléaire doit être signé pendant la visite, mais ses contours sont encore flous.

Les espoirs d'accord pour faire baisser les droits de douane actuellement appliqués sur le whisky (10%) et l'acier (25%) semblent en revanche avoir été douchés, selon la presse britannique.


Des milliers de morts cet été en Europe à cause du changement climatique, avancent des chercheurs

Plus de 15.000 morts pourraient être attribuées au changement climatique à l'issue de cet été dans les principales villes européennes, avancent des chercheurs dans un travail encore préalable mais dont l'intérêt a été salué par d'autres scientifiques. (AFP)
Plus de 15.000 morts pourraient être attribuées au changement climatique à l'issue de cet été dans les principales villes européennes, avancent des chercheurs dans un travail encore préalable mais dont l'intérêt a été salué par d'autres scientifiques. (AFP)
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  • Il s'agit de la première estimation de si grande ampleur sur les impacts sanitaires d'un été marqué en Europe par des températures particulièrement élevées
  • Plusieurs canicules ont été observées et l'été s'est révélé le plus chaud jamais enregistré dans plusieurs pays, comme l'Espagne, le Portugal et le Royaume-Uni

PARIS: Plus de 15.000 morts pourraient être attribuées au changement climatique à l'issue de cet été dans les principales villes européennes, avancent des chercheurs dans un travail encore préalable mais dont l'intérêt a été salué par d'autres scientifiques.

"Centrée sur 854 villes européennes, cette étude conclut que le changement climatique est à l'origine de 68% des 24.400 morts qui seraient liées à la chaleur cet été", souligne mercredi le communiqué des deux instituts britanniques auxquels appartiennent les auteurs, l'Imperial College London et la London School of Hygiene & Tropical Medicine.

Ils concluent donc qu'entre 15.013 et 17.864 décès liés cet été à la chaleur n'auraient pas eu lieu sans le réchauffement climatique, dans ces villes qui ne représentent par ailleurs qu'un petit tiers de la population européenne.

Il s'agit de la première estimation de si grande ampleur sur les impacts sanitaires d'un été marqué en Europe par des températures particulièrement élevées. Plusieurs canicules ont été observées et l'été s'est révélé le plus chaud jamais enregistré dans plusieurs pays, comme l'Espagne, le Portugal et le Royaume-Uni.

Or, les effets sur la santé des chaleurs sont bien connus: aggravation des troubles cardiovasculaires, déshydratation, troubles du sommeil... Et les plus âgés sont, de loin, les plus à risque d'en mourir.

"Il suffit que les canicules soient plus chaudes de 2 à 4°C pour que des milliers de personnes passent de vie à trépas", a souligné Garyfallos Konstantinoudis, co-auteur de l'étude, lors d'une conférence de presse, qualifiant les pics de chaleur de "tueurs silencieux".