Les Talibans encerclent le Panchir et mettent en garde les Etats-Unis contre tout report du départ de leurs soldats

Des Afghans marchent le long des clôtures à leur arrivée au Pakistan par le point de passage frontalier Pakistan-Afghanistan à Chaman le 23 août 2021 à la suite de la prise de contrôle militaire de l'Afghanistan par les talibans. (AFP)
Des Afghans marchent le long des clôtures à leur arrivée au Pakistan par le point de passage frontalier Pakistan-Afghanistan à Chaman le 23 août 2021 à la suite de la prise de contrôle militaire de l'Afghanistan par les talibans. (AFP)
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Publié le Mardi 24 août 2021

Les Talibans encerclent le Panchir et mettent en garde les Etats-Unis contre tout report du départ de leurs soldats

  • «Notre but c'est de diffuser le drapeau de l'Émirat islamique partout en Afghanistan»
  • La vice-présidente Kamala Harris estime que les Etats-Unis ont tout le temps pour analyser le contexte du retrait d'Afghanistan, pour elle l'heure est avant tout aux évacuations

BERLIN: Les talibans ont mis en garde lundi les Etats-Unis contre le maintien envisagé de forces américaines en Afghanistan au-delà de la date prévue du 31 août, prévenant qu'ils n'annonceraient la constitution d'aucun gouvernement avant leur départ.

A Kaboul, la situation restait chaotique et tendue autour de l'aéroport, où des milliers d'Afghans effrayés par le retour des islamistes au pouvoir attendent d'être en mesure de quitter leur pays à bord des avions affrétés par les Occidentaux. Des échanges de tirs y ont eu lieu dans la matinée entre militaires américains et allemands d'un côté et assaillants non identifiés de l'autre.

Le président Joe Biden a évoqué ce week-end la possibilité de prolonger au-delà du 31 août la présence américaine à l'aéroport de Kaboul, où sont retranchées les derniers soldats et diplomates occidentaux qui coordonnent les évacuations. Il avait auparavant fixé cette date pour l'achèvement du retrait des forces américaines d'Afghanistan et donc la fin d'une guerre de 20 ans, la plus longue qu'aient connue les Etats-Unis.

Mais les talibans ont haussé le ton lundi contre un possible allongement de ce délai. "La réponse est non", sinon "il y aura des conséquences", a réagi un porte-parole des talibans, Suhail Shaheen, auprès de la chaîne de télévision britannique Sky News.

Deux sources au sein du nouveau régime ont ensuite dit à l'AFP que les talibans n'annonceraient pas la constitution d'un gouvernement tant qu'il resterait des militaires américains en Afghanistan.

Joe Biden avait souligné dimanche soir ne pas exclure de repousser l'échéance du 31 août de quelques jours pour finir d'évacuer les milliers de personnes qui veulent quitter à tout prix ce pays.

Un garde afghan a été tué lors d'un échange de tirs tôt lundi matin à l'aéroport de Kaboul, entraînant l'intervention des forces allemandes et américaines, a annoncé l'armée allemande.


"Ce matin à 04H13 (dimanche à 2H43 GMT, ndlr), il y a eu un échange de coups de feu entre des gardes afghans et des assaillants non identifiés à la porte Nord de l'aéroport de Kaboul. Un garde afghan a été tué et trois autres blessés", a indiqué l'armée allemande sur son compte Twitter.

Des soldats allemands et américains ont pris part à "des échanges de tirs ultérieurs", a ajouté l'armée allemande en précisant qu'aucun soldat allemand n'avait été blessé.

Face à cette situation, le ministre britannique des Forces armées, James Heappey, a déclaré que les forces et les ressortissants britanniques n'avaient pas été impliqués dans une fusillade à l'aéroport de Kaboul lundi.

Heappey a déclaré à la BBC que l'affrontement s'était produit dans une zone de l'aéroport où les forces britanniques ne se trouvaient pas.

talibans
Un jeune afghan vend des drapeaux des Talibans à Kaboul. (AFP).

 

Londres va plaider pour une extension des opérations d'évacuation au G7

Le Royaume-Uni va plaider auprès des Etats-Unis pour une prolongation des opérations d'évacuation à Kaboul au-delà de la date limite du 31 août, lors d'un sommet virtuel du G7 mardi consacré à l'Afghanistan, a indiqué le gouvernement britannique lundi.


"Pouvoir persuader ou non les Etats-Unis de rester  est une question relevant du Premier ministre (britannique Boris Johnson) demain à la réunion du G7", a déclaré le secrétaire d'Etat chargé des Forces armées, James Heappey, sur Sky News.


Il a toutefois souligné que la décision ne relevait pas uniquement de Washington, et que les talibans avaient également leur mot à dire. 


"Une conversation avec les talibans s'ensuivra alors, et les talibans auront le choix entre chercher à collaborer avec la communauté internationale et montrer qu'ils veulent faire partie du système international" ou "dire qu'il n'y pas d'opportunité de prolonger" la présence américaine, a ajouté M. Heappey.


Boris Johnson, dont le pays assure actuellement la présidence du G7, a annoncé dimanche que les dirigeants du groupe des grandes puissances  (Allemagne, Canada, Etats-Unis, France, Italie, Japon et Royaume-Uni) se réuniraient virtuellement mardi pour des "discussions urgentes" sur la situation en Afghanistan.


Depuis la prise de pouvoir des talibans mi-août, des milliers de familles se massent près de l'aéroport international de Kaboul pour tenter d'évacuer le pays avant le 31 août, date fixée par l'administration américaine pour le retrait définitif de ses forces d'Afghanistan. 


Face au chaos des évacuations et sous pression de ses alliés, Joe Biden a ouvert la porte à un maintien des soldats sur place au-delà de cette date butoir, en évoquant "des discussions en cours" côté américain à ce sujet.


L'armée britannique a indiqué dimanche soir avoir évacué 5.725 personnes d'Afghanistan depuis le 13 août, dont 3.100 Afghans, et assuré que l'opération se poursuivrait "tant que la situation sécuritaire le permet", sans qu'aucune "date ferme" n'ait été fixée pour le dernier vol.

La réaction des Talibans à cette requête n'a toutefois pas tardé. Ils ont fait savoir qu'il n'accepteront aucune extension à la date limite du 31 août pour le départ des forces occidentales d'Afghanistan, selon des sources du groupe extrémistes à Reuters.

De plus, les talibans n'annonceront pas la constitution d'un gouvernement en Afghanistan tant qu'il restera des soldats américains sur son sol, ont déclaré lundi à l'AFP deux sources au sein de ce mouvement islamiste.

"Il a été décidé que la formation du gouvernement (...) ne serait pas annoncée tant qu'un seul soldat américain serait présent en Afghanistan", a dit l'une de ces sources. L'information a été confirmée par une deuxième.

La vice-présidente Kamala Harris a estimé pour sa part que les Etats-Unis ont tout le temps pour analyser le contexte du retrait d'Afghanistan. Pour elle l'heure est actuellement et avant tout, aux évacuations.

De son côté, le Premier ministre singapourien Lee Hsien Loong dit espérer que l'Afghanistan ne redevienne pas un foyer d'extrémisme. "Singapour a offert son soutien pour les évacuations en Afghanstan", a-t-il ajouté.

Depuis le retour au pouvoir des talibans en Afghanistan le 15 août, l'aéroport de Kaboul est le théâtre de scènes chaotiques, dans lesquelles sept personnes ont trouvé la mort a annoncé dimanche le ministère britannique de la Défense. Des dizaines de milliers d'Afghans désespérés affluent à l'aéroport pour tenter d'être évacués.

Les islamistes tentent de convaincre la population qu’ils ont changé, affirmant que leur politique sera moins brutale que lorsqu’ils étaient à la tête du pays de 1996 à 2001. Mais cela n’endigue pas le flot de ceux qui ne croient pas en leurs promesses et veulent désespérément partir.

Un haut responsable taliban, Amir Khan Mutaqi, a toutefois fait reposer dimanche la responsabilité du chaos à l'aéroport sur les États-Unis et prévenu que cela ne pourrait durer très longtemps. 

« L’Amérique, avec toute sa puissance et ses équipements (...), a échoué à ramener l’ordre à l’aéroport. Il y a la paix et le calme dans tout le pays, mais il n’y a que le chaos à l’aéroport de Kaboul (...) Cela doit cesser le plus tôt possible », a-t-il déclaré.


Dans les rues de Kaboul, la situation est en effet restée plutôt calme, des combattants talibans en armes patrouillant les rues de la capitale et tenant des postes de contrôle.


Si aucun gouvernement n'a encore été instauré, les discussions se poursuivant avec des personnalités afghanes pour le rendre "inclusif", les talibans ont tout de même tenté d'affirmer leur autorité.

Face à l'étendard des talibans, le drapeau national devient symbole de résistance

De retour au pouvoir après deux décennies de guerre, les talibans tentent d'affirmer leur autorité avec tous les outils à leur disposition, y compris le drapeau.


Depuis leur entrée dans Kaboul le 15 août, à l'issue d'une fulgurante victoire militaire, les islamistes ont imposé leur drapeau sur tous les bâtiments gouvernementaux, les postes de police et les installations militaires.


Ils ont même été accusés d'avoir puni des gens qui agitaient le drapeau national noir, rouge et vert, et orné de l'emblème national, même s'ils ne se sont livrés à aucune communication officielle sur le sujet.


Dimanche, à un carrefour de la capitale, des vendeurs proposaient leur drapeau, blanc orné en noir d'une profession de foi islamique et du nom officiel de leur régime: l’Émirat islamique d'Afghanistan.


"Notre but c'est de diffuser le drapeau de l'Émirat islamique partout en Afghanistan", a déclaré à l'AFP l'un des vendeurs Ahmad Shakib, un étudiant en économie, sans dire s'il était ou non un partisan des talibans.


La vue des talibans juchés sur leurs véhicules et portant leur étendard a terrorisé la population afghane ces dernières semaines, au fur et à mesure de leur avancée dans les zones rurales puis sur les centres urbains.


Dès qu'ils prenaient le contrôle d'une nouvelle zone, l'un de leurs premiers réflexes était de remplacer le drapeau national par le leur.


Mais pour la partie de la population qui n'a pas oublié le brutal régime taliban entre 1996 et 2001 et s'inquiète de les voir à nouveau au pouvoir, brandir le drapeau national est devenu un acte de résistance.


De nombreux Afghans se sont risqués dans les rues de Kaboul et de quelques grandes villes, le drapeau en mains, ces derniers jours, en particulier jeudi, jour du 102e anniversaire de l'indépendance du pays, parfois au vu et au su des talibans.


Dans la capitale, des gens ont fait flotter au vent le drapeau national dans un convoi de voitures klaxonnant à tout-va. Ailleurs, des hommes et des femmes rassemblés en bord de route agitaient la bannière tricolore.


Sur les réseaux sociaux aussi, des images du drapeau national ont été postées en masse, par des personnalités publiques, comme des sportifs, mais aussi par de simples citoyens.


Mercredi, des talibans avaient tiré en l'air dans la ville de Jalalabad (est) pour disperser des dizaines de personnes qui protestaient contre le retrait du drapeau national, selon des médias locaux.


"Mon cœur est ici, avec ce drapeau (...) Je ne laisserai jamais ce drapeau", a déclaré un habitant de Jalalabad. "Tuez-nous, tirez-nous dessus (...) Mais nous ne laisserons jamais ce drapeau".

Les talibans ont annoncé lundi avoir encerclé les combattants de la résistance autoproclamée à leur pouvoir dans le Panchir, une province enclavée au nord-est de Kaboul, tout en ajoutant vouloir négocier avec eux plutôt que combattre.


Dans la nuit, des informations non confirmées ont fait état de heurts aux abords de la vallée du Panchir, où le vice-président du régime renversé par les talibans, Amrullah Saleh, s'est réfugié et a décrété la résistance aux nouveaux maîtres du pays.


"Nos combattants sont stationnés près du Panchir" qu'ils encerclent, a déclaré sur Twitter un porte-parole des talibans, Zabihullah Mujahid, tout en ajoutant que son régime "tente de résoudre cette affaire pacifiquement".


Sur les réseaux sociaux, des comptes pro-résistance niaient toute avancée des talibans, affirmant que ces derniers avaient été stoppés par des embuscades.


Ces annonces et informations restaient difficiles à confirmer de manière indépendante, la région étant enclavée et peu accessible ces jours-ci.


Le Panchir est connu de longue date comme un bastion anti-taliban. La résistance y a repris ces dernières semaines, alors que les talibans finissaient de prendre le reste du pays, autour du Front national de résistance (FNR), emmené par Ahmad Massoud, fils du commandant Ahmed Shah Massoud, assassiné en 2001 par Al-Qaïda, et d'Amrullah Saleh.


L'entrée principale de la vallée est une gorge étroite qui rend son invasion extrêmement difficile par des forces extérieures, à la merci des tirs de combattants positionnés sur les hauteurs alentours.


Un porte-parole du FNR, Ali Maisam Nazary, a déclaré ce weekend que le Front se préparait à "un conflit de longue durée" avec les talibans, si un compromis ne pouvait être trouvé avec eux sur un système de gouvernement décentralisé garantissant "la justice sociale, l’égalité des droits et la liberté pour tous". 


Une semaine après avoir conquis Kaboul et le pouvoir lors d'une offensive éclair, les talibans poursuivent leurs discussions avec des personnalités afghanes, en vue de former un gouvernement qu'ils disent vouloir ouvrir à d'autres factions.

Poche de résistance 
Ils ont ainsi remplacé sur tous les bâtiments publics le drapeau national tricolore par leur drapeau blanc, orné en noir d'une profession de foi islamique et du nom officiel de leur régime: l’Émirat islamique d'Afghanistan.

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Des combattants talibans voyagent à bord d'un véhicule arborant le drapeau taliban dans la région de Karte Mamorin à Kaboul le 22 août 2021. (AFP)


"Notre but c'est de diffuser le drapeau de l'Émirat islamique partout en Afghanistan", a déclaré ce weekend Ahmad Shakib, un étudiant en économie qui vendait des drapeaux talibans à un carrefour de Kaboul.


Les talibans sont entrés le 15 août à Kaboul sans rencontrer de résistance, à l'issue d'une offensive éclair entamée en mai à la faveur du début du retrait des forces américaines et de l'Otan.


Mais une poche de résistance s'est formée dans la vallée du Panchir, au nord-est de Kaboul, longtemps connue comme un bastion anti-taliban, autour du Front national de résistance (FNR), emmené par Ahmad Massoud, fils du commandant Ahmed Shah Massoud assassiné en 2001 par Al-Qaïda.

Afghanistan: une mosaïque ethnique dans un pays fragmenté

La diversité ethnique en Afghanistan est une donnée centrale de la vie politique et des conflits dans ce pays depuis plus d'un siècle, et devrait jouer un rôle dans la formation d'un nouveau gouvernement par les talibans.


Aucun groupe ethnique ne dispose à lui seul d'une majorité absolue parmi les quelque 40 millions d'habitants du pays, dont la fragmentation contribue à l'instabilité.


Voici un aperçu de la mosaïque ethnique afghane:

- Les Pachtounes -

Ethnie majoritaire d'Afghanistan (avec plus de 40% de la population), les Pachtounes sont pour la plupart des musulmans sunnites et parlent le pachto. Depuis le 18e siècle, ils ont régulièrement contrôlé l'Etat et l'armée.


Les talibans, qui ont pris le pouvoir pour la deuxième fois après la période 1996-2001, sont un groupe à dominante pachtoune. Et les deux présidents du précédent régime soutenu par les Etats-Unis, Hamid Karzai et Ashraf Ghani, étaient également issus de cette ethnie.


La position dominante des Pachtounes, qui sont répartis dans une zone en arc de cercle s'étendant de la frontière pakistanaise à la frontière iranienne (est et sud du pays), a souvent provoqué le ressentiment des autres groupes ethniques, s'estimant marginalisés sur les plans politique, économique et culturel.

- Les Tadjiks -

Deuxième groupe ethnique du pays, représentant environ un quart de la population, les Tadjiks parlent le dari (farsi en persan).


Ils sont principalement répartis dans le nord et l'ouest du pays, avec des bastions dans la vallée du Panchir, la ville occidentale de Herat et certaines provinces du nord. 


La vallée du Panchir est connue pour avoir résisté à l'occupation de l'armée soviétique dans les années 1980, mais aussi au premier régime taliban.


Elle a été le fief du Tadjik le plus célèbre, le commandant Ahmed Shah Massoud, héros de la résistance antisoviétique et de la lutte contre les talibans, tué le 9 septembre 2001 dans un attentat suicide attribué à Al-Qaïda.


Le Tadjik Burhanuddin Rabbani a été président de l'Afghanistan de 1992 à 1996, avant que Kaboul ne tombe aux mains des talibans. Abdullah Abdullah, ancien vice-président et négociateur en chef de l'ex-gouvernement dans les pourparlers avec les talibans, est d'ethnie mixte pachtoune-tadjik, mais il est considéré comme appartenant à la seconde.

- Les Hazaras - 

Les Hazaras, qui représentent autour de 10% de la population afghane et parlent un dialecte dari, sont considérés comme originaires d'Asie Centrale et de peuples turcs, et se trouvent principalement dans le centre du pays. 


Il s'agit d'une minorité chiite, violemment persécutée depuis des siècles, notamment par les talibans qui les considèrent comme des hérétiques.


Les Hazaras ont également été la cible d'attaques à la bombe meurtrières du groupe Etat islamique.

- Les Ouzbeks - 

La minorité ouzbèke, qui représente autour de 10% de la population, est essentiellement installée dans le nord du pays chevauchant la frontière avec l'Ouzbékistan.


Ses liens notamment linguistiques et culturels sont forts avec la Turquie et les Ouzbeks sont principalement des musulmans sunnites.


Le sulfureux chef de guerre Abdul Rachid Dostom, issu de cette ethnie, est soupçonné d'avoir fait massacrer en 2001 des centaines, voire des milliers, de prisonniers talibans.

- Autres ethnies -

Parmi les autres ethnies peuplant l'Afghanistan, et au rôle plus marginal, on compte des Turkmènes, des Kirghizes, des Kazakhs, des Baloutches, et des Nouristanis, jadis appelés Kafir (infidèles) jusqu'à leur conversion forcée au 19e siècle.

Dimanche, des comptes Twitter pro-talibans ont annoncé que "des centaines de moudjahidine de l’Émirat islamique" se dirigent vers le Panchir, seule zone échappant encore à leur contrôle, "après que des responsables locaux ont refusé de le remettre de façon pacifique".


Les islamistes "ont massé des forces près de l'entrée du Panchir", a confirmé sur Twitter Amrullah Saleh, vice-président sous le précédent gouvernement, qui s'est lui aussi réfugié dans la vallée pour les combattre.


De son côté, un porte-parole du FNR, Ali Maisam Nazary, a déclaré à l'AFP que le Front se préparait à "un conflit de longue durée" avec les talibans, si un compromis ne pouvait être trouvé avec eux sur un système de gouvernement décentralisé. 


Selon lui, des milliers d'Afghans ont rejoint le Panchir pour combattre le nouveau régime ou simplement pour y trouver refuge. "Nous sommes prêts à défendre l'Afghanistan et nous mettons en garde contre un bain de sang", a déclaré dimanche M. Massoud à la chaîne Al-Arabiya.


L'écrivain israélien David Grossman qualifie de "génocide" la situation à Gaza

Des Palestiniens reçoivent de la soupe de lentilles dans un point de distribution de nourriture dans la ville de Gaza, le 1er août 2025. (AFP)
Des Palestiniens reçoivent de la soupe de lentilles dans un point de distribution de nourriture dans la ville de Gaza, le 1er août 2025. (AFP)
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  • Le célèbre écrivain israélien David Grossman a qualifié de "génocide" la manière dont son pays mène la guerre dans la bande de Gaza
  • Allant à contre-courant du gouvernement israélien, M. Grossman affirme rester "désespérément fidèle" à l'idée de deux Etats, la Palestine et Israël

ROME: Le célèbre écrivain israélien David Grossman a qualifié de "génocide" la manière dont son pays mène la guerre dans la bande de Gaza, affirmant en avoir "le cœur brisé", dans une interview publiée vendredi dans le quotidien italien La Repubblica.

"J'ai refusé pendant des années d'utiliser ce terme: "génocide". Mais maintenant je ne peux pas m'empêcher de l'utiliser, après ce que j'ai lu dans les journaux, après les images que j'ai vu et après avoir parlé avec des personnes qui y ont été", dit-il.

"Je veux parler comme une personne qui a fait tout ce qu'elle pouvait pour ne pas en arriver à qualifier Israël d'Etat génocidaire", assure-t-il.

"Et maintenant, avec une douleur immense et le cœur brisé, je dois constater ce c'est ce qui se passe devant mes yeux. "Génocide". C'est un mot avalanche: une fois que tu l'as prononcé, il ne fait que grossir, comme une avalanche. Et il apporte encore plus de destruction et de souffrance", ajoute M. Grossman dont les œuvres ont été traduites en de nombreuses langues, dont le français, l'anglais ou l'italien.

Interrogé sur ce qu'il pensait en lisant les chiffres sur les morts à Gaza, il a répondu: "je me sens mal".

"Mettre ensemble les mots +Israël+ et +famine+, le faire en partant de notre histoire, de notre supposée sensibilité aux souffrances de l'humanité, de la responsabilité morale que nous avons toujours dit avoir envers chaque être humain et non seulement envers les juifs... tout ça c'est dévastateur", poursuit M. Grossman.

Allant à contre-courant du gouvernement israélien, M. Grossman affirme rester "désespérément fidèle" à l'idée de deux Etats, la Palestine et Israël, "principalement parce que je ne vois pas d'alternative", saluant dans ce contexte la volonté du président français Emmanuel Macron de reconnaître en septembre l'Etat palestinien.

"Je pense que c'est une bonne idée et je ne comprends pas l'hystérie avec laquelle elle a été accueillie en Israël", dit-il.

"Il est clair qu'il faudra avoir des conditions précises: pas d'armes. Et la garantie d'élections transparentes dont sera exclu quiconque pense à utiliser la violence contre Israël", a conclu l'écrivain.


L'émissaire de Trump promet davantage d'aides humanitaires après une visite à Gaza

Des Palestiniens de Jabalia, dans le nord de la bande de Gaza, se précipitent vers un avion effectuant un largage d'aide au-dessus du territoire palestinien assiégé par Israël, le 1er août 2025. (AFP)
Des Palestiniens de Jabalia, dans le nord de la bande de Gaza, se précipitent vers un avion effectuant un largage d'aide au-dessus du territoire palestinien assiégé par Israël, le 1er août 2025. (AFP)
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  • L'émissaire américain Steve Witkoff a effectué vendredi une visite dans la bande de Gaza dévastée par la guerre, promettant d'y augmenter l'aide humanitaire
  • L'ONG Human Rights Watch (HRW) a fustigé le système de distribution d'aide mis en place par Israël et les Etats-Unis via la Fondation humanitaire à Gaza (GHF), devenu selon elle un "piège mortel" pour les Gazaouis

Gaza, Territoires palestiniens: L'émissaire américain Steve Witkoff a effectué vendredi une visite dans la bande de Gaza dévastée par la guerre, promettant d'y augmenter l'aide humanitaire, au moment où la pression s'accentue sur Israël face aux pertes humaines dans le territoire palestinien affamé.

En amont de cette visite de l'émissaire du président Donald Trump, l'ONG Human Rights Watch (HRW) a fustigé le système de distribution d'aide mis en place par Israël et les Etats-Unis via la Fondation humanitaire à Gaza (GHF), devenu selon elle un "piège mortel" pour les Gazaouis.

Après près de 22 mois d'une guerre dévastatrice déclenchée par une attaque sanglante du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023, la bande de Gaza assiégée par Israël est menacée d'une "famine généralisée" selon l'ONU et est totalement dépendante de l'aide humanitaire.

Entretemps, les bombardements et tirs israéliens ont continué dans le territoire palestinien, où la Défense civile a fait état de 22 Palestiniens tués, dont huit qui attendaient de l'aide.

"Qu'ont fait nos fils et nos filles? Qu'ont fait les enfants pour mériter cette famine? Ayez pitié de nous!", se lamente la sexagénaire Yasmine al-Farra à l'hôpital Nasser de Khan Younès (sud), où elle pleure son fils tué.

Steve Witkoff et l'ambassadeur américain en Israël, Mike Huckabee, ont visité dans la matinée un centre de la GHF "afin de connaître la vérité sur les sites d'aide", a indiqué M. Huckabee.

- "Nourrir les gens" -

M. Witkoff a ensuite précisé sur X que leur visite, de "plus de cinq heures", avait pour but "de fournir à @POTUS (le président Trump) une compréhension claire de la situation humanitaire et d'élaborer un plan visant à livrer de la nourriture et une aide médicale aux habitants de Gaza".

Selon le site américain Axios, M. Trump a déclaré travailler sur un plan à Gaza "pour nourrir les gens".

La GHF a lancé ses opérations fin mai, après près de trois mois de total blocus humanitaire imposé par Israël, écartant le système d'aide mis en place par l'ONU.

Depuis, 1.373 Palestiniens qui attendaient de l'aide ont été tués à Gaza, dont 859 près des sites de la GHF, une organisation au financement opaque, "la plupart" par l'armée israélienne, a affirmé l'ONU.

Dans un rapport, HRW a dénoncé un système humanitaire "militarisé" qui a provoqué selon l'ONG des "bains de sang". Elle a qualifié de "crimes de guerre" les "meurtres de Palestiniens en quête de nourriture, par les forces israéliennes".

L'armée israélienne, sollicitée par l'AFP, a dit examiner les rapports faisant état de victimes civiles près des zones de distribution d'aides.

Depuis une semaine, des avions de plusieurs pays ont largué des vivres à Gaza. Les autorités israéliennes ont annoncé que plus de 200 camions d'aide avaient été distribués jeudi par les organisations internationales.

Les agences internationales jugent ces aides insuffisantes et selon l'ONU 6.000 camions attendent le feu vert israélien pour entrer à Gaza.

- Vidéo d'un otage -

M. Witkoff, qui s'était rendu à Gaza en janvier, a rencontré jeudi le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, sous pression à la fois en Israël pour tenir ses engagements à détruire le Hamas et libérer les Israéliens kidnappés le 7-Octobre, et à l'étranger pour faire taire les armes à Gaza.

L'attaque du 7-Octobre a entraîné côté israélien la mort de 1.219 personnes, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP réalisé à partir de données officielles. Sur les 251 personnes enlevées ce jour-là, 49 sont toujours otages à Gaza, dont 27 ont été déclarées mortes par l'armée.

L'offensive de représailles lancée par Israël à Gaza, a fait au moins 60.249 morts, en majorité des civils, d'après les données du ministère de la Santé à Gaza, jugées fiables par l'ONU.

Vendredi, le Hamas a diffusé une vidéo d'un otage israélien, identifié par les médias israéliens comme Evyatar David, 24 ans. L'otage y apparaît amaigri et visiblement affaibli, détenu dans un tunnel.

L'AFP n'a pas pu déterminer l'authenticité de la vidéo, ni la date de son enregistrement.

Dans un rapport d'enquête publié vendredi, la chaîne publique britannique BBC a affirmé avoir recueilli des témoignages de membres du personnel médical, de groupes de défense des droits humains et de témoins sur plus de 160 enfants touchés par balle pendant la guerre à Gaza. Elle a ajouté que 95 avaient été touchés à la tête ou à la poitrine et que, selon des témoins, 57 d'entre eux auraient été visés par l'armée israélienne.

Interrogée à ce sujet, l'armée israélienne a déclaré que "toute atteinte intentionnelle aux civils, et en particulier aux enfants, est strictement interdite" par l'armée israélienne et le droit international.


Washington cible l'Autorité palestinienne, en plein débat sur la reconnaissance d'un Etat de Palestine

Le président de l'Autorité palestinienne Mahmud Abbas. (File/AFP)
Le président de l'Autorité palestinienne Mahmud Abbas. (File/AFP)
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  • Les Etats-Unis ont annoncé jeudi des sanctions contre des responsables de l'Autorité palestinienne et de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP), en pleine offensive en faveur d'un Etat de Palestine

WASHINGTON: Les Etats-Unis ont annoncé jeudi des sanctions contre des responsables de l'Autorité palestinienne et de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP), en pleine offensive en faveur d'un Etat de Palestine.

L'annonce des sanctions américaines survient en effet au moment où de nombreux Etats, dont la France et le Canada, ont promis de reconnaître un Etat de Palestine en marge de l'Assemblée générale de l'ONU en septembre, provoquant la colère d'Israël et des Etats-Unis qui parlent d'une "récompense" faite au Hamas dans la bande de Gaza.

La France et l'Arabie saoudite ont co-présidé lundi et mardi à l'ONU une conférence internationale, plaidant ainsi pour la solution à deux Etats, israélien et palestinien, seul chemin pour parvenir à la paix au Proche-Orient.

Washington, qui rejette toute reconnaissance unilatérale d'un Etat palestinien, a décrit la conférence comme étant une "insulte" faite aux victimes de l'attaque du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023.

Dans un communiqué jeudi, le département d'Etat américain a fait part de sanctions contre des responsables de l'Autorité palestinienne et de l'OLP, sans les identifier, accusés notamment d'"internationaliser le conflit avec Israël".

Washington reproche aux deux institutions de "soutenir des actions au sein d'organisations internationales qui sapent et contredisent les engagements antérieurs" notamment à travers la Cour internationale de justice (CIJ) et la Cour pénale internationale (CPI).

Washington avait sanctionné en juin quatre magistrates de la CPI, estimant que leurs procédures visant l'exécutif israélien étaient "illégitimes" et "politisées".

Washington, principal allié d'Israël, accuse aussi l'OLP et l'Autorité palestinienne de "continuer à soutenir le terrorisme, y compris par l'incitation et la glorification de la violence" dans les livres scolaires, une accusation de longue date.

Les sanctions consistent en un refus de visa pour des membres des deux institutions.

- "Distorsion morale" -

"Il est dans l'intérêt de notre sécurité nationale d'imposer des sanctions et de tenir l'OLP et l'Autorité palestinienne responsables du non-respect de leurs engagements et de la remise en cause des perspectives de paix", a indiqué le département d'Etat.

Le ministre israélien des Affaires étrangères, Gideon Saar, s'est aussitôt félicité de cette décision, jugeant que "l'Autorité palestinienne doit payer le prix de sa politique actuelle consistant à verser des indemnités aux terroristes et à leurs familles pour les attentats commis et pour l'incitation à la haine contre Israël dans les écoles, les manuels scolaires, les mosquées et les médias palestiniens".

Il a également relevé, sur X, que cette mesure "met en évidence la distorsion morale de certains pays qui se sont empressés de reconnaître un Etat palestinien virtuel tout en fermant les yeux sur le soutien de l'Autorité palestinienne au terrorisme et à l'incitation à la haine".

L'Autorité palestinienne, dont le président est Mahmoud Abbas, administre la Cisjordanie occupée, tandis que l'OLP, créée en 1964, est le mouvement fondateur représentant les Palestiniens, longtemps dirigée par leur leader historique Yasser Arafat.

L'OLP rassemble la majorité des mouvements politiques palestiniens mais pas le mouvement islamiste Hamas, qui s'est emparé du pouvoir à Gaza en 2007.

Des pays arabes et occidentaux voudraient voir l'Autorité palestinienne, très affaiblie, jouer un rôle dans la gouvernance de la bande de Gaza après la guerre qui y fait rage depuis octobre 2023.

Depuis son retour au pouvoir en janvier, le président Donald Trump, qui a accueilli le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu par trois fois à la Maison Blanche, plus qu'aucun autre dirigeant étranger, a apporté un soutien inconditionnel à Israël, tout en oeuvrant sans succès pour un cessez-le-feu à Gaza.

Mais il s'est montré peu disert sur l'Autorité palestinienne, décriée pour le manque de réformes et la corruption.

Parmi ses premiers décrets, le président Trump avait levé des sanctions imposées sous son prédécesseur Joe Biden visant des colons israéliens extrémistes en Cisjordanie, en proie à une recrudescence des violences.