Les Talibans encerclent le Panchir et mettent en garde les Etats-Unis contre tout report du départ de leurs soldats

Des Afghans marchent le long des clôtures à leur arrivée au Pakistan par le point de passage frontalier Pakistan-Afghanistan à Chaman le 23 août 2021 à la suite de la prise de contrôle militaire de l'Afghanistan par les talibans. (AFP)
Des Afghans marchent le long des clôtures à leur arrivée au Pakistan par le point de passage frontalier Pakistan-Afghanistan à Chaman le 23 août 2021 à la suite de la prise de contrôle militaire de l'Afghanistan par les talibans. (AFP)
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Publié le Mardi 24 août 2021

Les Talibans encerclent le Panchir et mettent en garde les Etats-Unis contre tout report du départ de leurs soldats

  • «Notre but c'est de diffuser le drapeau de l'Émirat islamique partout en Afghanistan»
  • La vice-présidente Kamala Harris estime que les Etats-Unis ont tout le temps pour analyser le contexte du retrait d'Afghanistan, pour elle l'heure est avant tout aux évacuations

BERLIN: Les talibans ont mis en garde lundi les Etats-Unis contre le maintien envisagé de forces américaines en Afghanistan au-delà de la date prévue du 31 août, prévenant qu'ils n'annonceraient la constitution d'aucun gouvernement avant leur départ.

A Kaboul, la situation restait chaotique et tendue autour de l'aéroport, où des milliers d'Afghans effrayés par le retour des islamistes au pouvoir attendent d'être en mesure de quitter leur pays à bord des avions affrétés par les Occidentaux. Des échanges de tirs y ont eu lieu dans la matinée entre militaires américains et allemands d'un côté et assaillants non identifiés de l'autre.

Le président Joe Biden a évoqué ce week-end la possibilité de prolonger au-delà du 31 août la présence américaine à l'aéroport de Kaboul, où sont retranchées les derniers soldats et diplomates occidentaux qui coordonnent les évacuations. Il avait auparavant fixé cette date pour l'achèvement du retrait des forces américaines d'Afghanistan et donc la fin d'une guerre de 20 ans, la plus longue qu'aient connue les Etats-Unis.

Mais les talibans ont haussé le ton lundi contre un possible allongement de ce délai. "La réponse est non", sinon "il y aura des conséquences", a réagi un porte-parole des talibans, Suhail Shaheen, auprès de la chaîne de télévision britannique Sky News.

Deux sources au sein du nouveau régime ont ensuite dit à l'AFP que les talibans n'annonceraient pas la constitution d'un gouvernement tant qu'il resterait des militaires américains en Afghanistan.

Joe Biden avait souligné dimanche soir ne pas exclure de repousser l'échéance du 31 août de quelques jours pour finir d'évacuer les milliers de personnes qui veulent quitter à tout prix ce pays.

Un garde afghan a été tué lors d'un échange de tirs tôt lundi matin à l'aéroport de Kaboul, entraînant l'intervention des forces allemandes et américaines, a annoncé l'armée allemande.


"Ce matin à 04H13 (dimanche à 2H43 GMT, ndlr), il y a eu un échange de coups de feu entre des gardes afghans et des assaillants non identifiés à la porte Nord de l'aéroport de Kaboul. Un garde afghan a été tué et trois autres blessés", a indiqué l'armée allemande sur son compte Twitter.

Des soldats allemands et américains ont pris part à "des échanges de tirs ultérieurs", a ajouté l'armée allemande en précisant qu'aucun soldat allemand n'avait été blessé.

Face à cette situation, le ministre britannique des Forces armées, James Heappey, a déclaré que les forces et les ressortissants britanniques n'avaient pas été impliqués dans une fusillade à l'aéroport de Kaboul lundi.

Heappey a déclaré à la BBC que l'affrontement s'était produit dans une zone de l'aéroport où les forces britanniques ne se trouvaient pas.

talibans
Un jeune afghan vend des drapeaux des Talibans à Kaboul. (AFP).

 

Londres va plaider pour une extension des opérations d'évacuation au G7

Le Royaume-Uni va plaider auprès des Etats-Unis pour une prolongation des opérations d'évacuation à Kaboul au-delà de la date limite du 31 août, lors d'un sommet virtuel du G7 mardi consacré à l'Afghanistan, a indiqué le gouvernement britannique lundi.


"Pouvoir persuader ou non les Etats-Unis de rester  est une question relevant du Premier ministre (britannique Boris Johnson) demain à la réunion du G7", a déclaré le secrétaire d'Etat chargé des Forces armées, James Heappey, sur Sky News.


Il a toutefois souligné que la décision ne relevait pas uniquement de Washington, et que les talibans avaient également leur mot à dire. 


"Une conversation avec les talibans s'ensuivra alors, et les talibans auront le choix entre chercher à collaborer avec la communauté internationale et montrer qu'ils veulent faire partie du système international" ou "dire qu'il n'y pas d'opportunité de prolonger" la présence américaine, a ajouté M. Heappey.


Boris Johnson, dont le pays assure actuellement la présidence du G7, a annoncé dimanche que les dirigeants du groupe des grandes puissances  (Allemagne, Canada, Etats-Unis, France, Italie, Japon et Royaume-Uni) se réuniraient virtuellement mardi pour des "discussions urgentes" sur la situation en Afghanistan.


Depuis la prise de pouvoir des talibans mi-août, des milliers de familles se massent près de l'aéroport international de Kaboul pour tenter d'évacuer le pays avant le 31 août, date fixée par l'administration américaine pour le retrait définitif de ses forces d'Afghanistan. 


Face au chaos des évacuations et sous pression de ses alliés, Joe Biden a ouvert la porte à un maintien des soldats sur place au-delà de cette date butoir, en évoquant "des discussions en cours" côté américain à ce sujet.


L'armée britannique a indiqué dimanche soir avoir évacué 5.725 personnes d'Afghanistan depuis le 13 août, dont 3.100 Afghans, et assuré que l'opération se poursuivrait "tant que la situation sécuritaire le permet", sans qu'aucune "date ferme" n'ait été fixée pour le dernier vol.

La réaction des Talibans à cette requête n'a toutefois pas tardé. Ils ont fait savoir qu'il n'accepteront aucune extension à la date limite du 31 août pour le départ des forces occidentales d'Afghanistan, selon des sources du groupe extrémistes à Reuters.

De plus, les talibans n'annonceront pas la constitution d'un gouvernement en Afghanistan tant qu'il restera des soldats américains sur son sol, ont déclaré lundi à l'AFP deux sources au sein de ce mouvement islamiste.

"Il a été décidé que la formation du gouvernement (...) ne serait pas annoncée tant qu'un seul soldat américain serait présent en Afghanistan", a dit l'une de ces sources. L'information a été confirmée par une deuxième.

La vice-présidente Kamala Harris a estimé pour sa part que les Etats-Unis ont tout le temps pour analyser le contexte du retrait d'Afghanistan. Pour elle l'heure est actuellement et avant tout, aux évacuations.

De son côté, le Premier ministre singapourien Lee Hsien Loong dit espérer que l'Afghanistan ne redevienne pas un foyer d'extrémisme. "Singapour a offert son soutien pour les évacuations en Afghanstan", a-t-il ajouté.

Depuis le retour au pouvoir des talibans en Afghanistan le 15 août, l'aéroport de Kaboul est le théâtre de scènes chaotiques, dans lesquelles sept personnes ont trouvé la mort a annoncé dimanche le ministère britannique de la Défense. Des dizaines de milliers d'Afghans désespérés affluent à l'aéroport pour tenter d'être évacués.

Les islamistes tentent de convaincre la population qu’ils ont changé, affirmant que leur politique sera moins brutale que lorsqu’ils étaient à la tête du pays de 1996 à 2001. Mais cela n’endigue pas le flot de ceux qui ne croient pas en leurs promesses et veulent désespérément partir.

Un haut responsable taliban, Amir Khan Mutaqi, a toutefois fait reposer dimanche la responsabilité du chaos à l'aéroport sur les États-Unis et prévenu que cela ne pourrait durer très longtemps. 

« L’Amérique, avec toute sa puissance et ses équipements (...), a échoué à ramener l’ordre à l’aéroport. Il y a la paix et le calme dans tout le pays, mais il n’y a que le chaos à l’aéroport de Kaboul (...) Cela doit cesser le plus tôt possible », a-t-il déclaré.


Dans les rues de Kaboul, la situation est en effet restée plutôt calme, des combattants talibans en armes patrouillant les rues de la capitale et tenant des postes de contrôle.


Si aucun gouvernement n'a encore été instauré, les discussions se poursuivant avec des personnalités afghanes pour le rendre "inclusif", les talibans ont tout de même tenté d'affirmer leur autorité.

Face à l'étendard des talibans, le drapeau national devient symbole de résistance

De retour au pouvoir après deux décennies de guerre, les talibans tentent d'affirmer leur autorité avec tous les outils à leur disposition, y compris le drapeau.


Depuis leur entrée dans Kaboul le 15 août, à l'issue d'une fulgurante victoire militaire, les islamistes ont imposé leur drapeau sur tous les bâtiments gouvernementaux, les postes de police et les installations militaires.


Ils ont même été accusés d'avoir puni des gens qui agitaient le drapeau national noir, rouge et vert, et orné de l'emblème national, même s'ils ne se sont livrés à aucune communication officielle sur le sujet.


Dimanche, à un carrefour de la capitale, des vendeurs proposaient leur drapeau, blanc orné en noir d'une profession de foi islamique et du nom officiel de leur régime: l’Émirat islamique d'Afghanistan.


"Notre but c'est de diffuser le drapeau de l'Émirat islamique partout en Afghanistan", a déclaré à l'AFP l'un des vendeurs Ahmad Shakib, un étudiant en économie, sans dire s'il était ou non un partisan des talibans.


La vue des talibans juchés sur leurs véhicules et portant leur étendard a terrorisé la population afghane ces dernières semaines, au fur et à mesure de leur avancée dans les zones rurales puis sur les centres urbains.


Dès qu'ils prenaient le contrôle d'une nouvelle zone, l'un de leurs premiers réflexes était de remplacer le drapeau national par le leur.


Mais pour la partie de la population qui n'a pas oublié le brutal régime taliban entre 1996 et 2001 et s'inquiète de les voir à nouveau au pouvoir, brandir le drapeau national est devenu un acte de résistance.


De nombreux Afghans se sont risqués dans les rues de Kaboul et de quelques grandes villes, le drapeau en mains, ces derniers jours, en particulier jeudi, jour du 102e anniversaire de l'indépendance du pays, parfois au vu et au su des talibans.


Dans la capitale, des gens ont fait flotter au vent le drapeau national dans un convoi de voitures klaxonnant à tout-va. Ailleurs, des hommes et des femmes rassemblés en bord de route agitaient la bannière tricolore.


Sur les réseaux sociaux aussi, des images du drapeau national ont été postées en masse, par des personnalités publiques, comme des sportifs, mais aussi par de simples citoyens.


Mercredi, des talibans avaient tiré en l'air dans la ville de Jalalabad (est) pour disperser des dizaines de personnes qui protestaient contre le retrait du drapeau national, selon des médias locaux.


"Mon cœur est ici, avec ce drapeau (...) Je ne laisserai jamais ce drapeau", a déclaré un habitant de Jalalabad. "Tuez-nous, tirez-nous dessus (...) Mais nous ne laisserons jamais ce drapeau".

Les talibans ont annoncé lundi avoir encerclé les combattants de la résistance autoproclamée à leur pouvoir dans le Panchir, une province enclavée au nord-est de Kaboul, tout en ajoutant vouloir négocier avec eux plutôt que combattre.


Dans la nuit, des informations non confirmées ont fait état de heurts aux abords de la vallée du Panchir, où le vice-président du régime renversé par les talibans, Amrullah Saleh, s'est réfugié et a décrété la résistance aux nouveaux maîtres du pays.


"Nos combattants sont stationnés près du Panchir" qu'ils encerclent, a déclaré sur Twitter un porte-parole des talibans, Zabihullah Mujahid, tout en ajoutant que son régime "tente de résoudre cette affaire pacifiquement".


Sur les réseaux sociaux, des comptes pro-résistance niaient toute avancée des talibans, affirmant que ces derniers avaient été stoppés par des embuscades.


Ces annonces et informations restaient difficiles à confirmer de manière indépendante, la région étant enclavée et peu accessible ces jours-ci.


Le Panchir est connu de longue date comme un bastion anti-taliban. La résistance y a repris ces dernières semaines, alors que les talibans finissaient de prendre le reste du pays, autour du Front national de résistance (FNR), emmené par Ahmad Massoud, fils du commandant Ahmed Shah Massoud, assassiné en 2001 par Al-Qaïda, et d'Amrullah Saleh.


L'entrée principale de la vallée est une gorge étroite qui rend son invasion extrêmement difficile par des forces extérieures, à la merci des tirs de combattants positionnés sur les hauteurs alentours.


Un porte-parole du FNR, Ali Maisam Nazary, a déclaré ce weekend que le Front se préparait à "un conflit de longue durée" avec les talibans, si un compromis ne pouvait être trouvé avec eux sur un système de gouvernement décentralisé garantissant "la justice sociale, l’égalité des droits et la liberté pour tous". 


Une semaine après avoir conquis Kaboul et le pouvoir lors d'une offensive éclair, les talibans poursuivent leurs discussions avec des personnalités afghanes, en vue de former un gouvernement qu'ils disent vouloir ouvrir à d'autres factions.

Poche de résistance 
Ils ont ainsi remplacé sur tous les bâtiments publics le drapeau national tricolore par leur drapeau blanc, orné en noir d'une profession de foi islamique et du nom officiel de leur régime: l’Émirat islamique d'Afghanistan.

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Des combattants talibans voyagent à bord d'un véhicule arborant le drapeau taliban dans la région de Karte Mamorin à Kaboul le 22 août 2021. (AFP)


"Notre but c'est de diffuser le drapeau de l'Émirat islamique partout en Afghanistan", a déclaré ce weekend Ahmad Shakib, un étudiant en économie qui vendait des drapeaux talibans à un carrefour de Kaboul.


Les talibans sont entrés le 15 août à Kaboul sans rencontrer de résistance, à l'issue d'une offensive éclair entamée en mai à la faveur du début du retrait des forces américaines et de l'Otan.


Mais une poche de résistance s'est formée dans la vallée du Panchir, au nord-est de Kaboul, longtemps connue comme un bastion anti-taliban, autour du Front national de résistance (FNR), emmené par Ahmad Massoud, fils du commandant Ahmed Shah Massoud assassiné en 2001 par Al-Qaïda.

Afghanistan: une mosaïque ethnique dans un pays fragmenté

La diversité ethnique en Afghanistan est une donnée centrale de la vie politique et des conflits dans ce pays depuis plus d'un siècle, et devrait jouer un rôle dans la formation d'un nouveau gouvernement par les talibans.


Aucun groupe ethnique ne dispose à lui seul d'une majorité absolue parmi les quelque 40 millions d'habitants du pays, dont la fragmentation contribue à l'instabilité.


Voici un aperçu de la mosaïque ethnique afghane:

- Les Pachtounes -

Ethnie majoritaire d'Afghanistan (avec plus de 40% de la population), les Pachtounes sont pour la plupart des musulmans sunnites et parlent le pachto. Depuis le 18e siècle, ils ont régulièrement contrôlé l'Etat et l'armée.


Les talibans, qui ont pris le pouvoir pour la deuxième fois après la période 1996-2001, sont un groupe à dominante pachtoune. Et les deux présidents du précédent régime soutenu par les Etats-Unis, Hamid Karzai et Ashraf Ghani, étaient également issus de cette ethnie.


La position dominante des Pachtounes, qui sont répartis dans une zone en arc de cercle s'étendant de la frontière pakistanaise à la frontière iranienne (est et sud du pays), a souvent provoqué le ressentiment des autres groupes ethniques, s'estimant marginalisés sur les plans politique, économique et culturel.

- Les Tadjiks -

Deuxième groupe ethnique du pays, représentant environ un quart de la population, les Tadjiks parlent le dari (farsi en persan).


Ils sont principalement répartis dans le nord et l'ouest du pays, avec des bastions dans la vallée du Panchir, la ville occidentale de Herat et certaines provinces du nord. 


La vallée du Panchir est connue pour avoir résisté à l'occupation de l'armée soviétique dans les années 1980, mais aussi au premier régime taliban.


Elle a été le fief du Tadjik le plus célèbre, le commandant Ahmed Shah Massoud, héros de la résistance antisoviétique et de la lutte contre les talibans, tué le 9 septembre 2001 dans un attentat suicide attribué à Al-Qaïda.


Le Tadjik Burhanuddin Rabbani a été président de l'Afghanistan de 1992 à 1996, avant que Kaboul ne tombe aux mains des talibans. Abdullah Abdullah, ancien vice-président et négociateur en chef de l'ex-gouvernement dans les pourparlers avec les talibans, est d'ethnie mixte pachtoune-tadjik, mais il est considéré comme appartenant à la seconde.

- Les Hazaras - 

Les Hazaras, qui représentent autour de 10% de la population afghane et parlent un dialecte dari, sont considérés comme originaires d'Asie Centrale et de peuples turcs, et se trouvent principalement dans le centre du pays. 


Il s'agit d'une minorité chiite, violemment persécutée depuis des siècles, notamment par les talibans qui les considèrent comme des hérétiques.


Les Hazaras ont également été la cible d'attaques à la bombe meurtrières du groupe Etat islamique.

- Les Ouzbeks - 

La minorité ouzbèke, qui représente autour de 10% de la population, est essentiellement installée dans le nord du pays chevauchant la frontière avec l'Ouzbékistan.


Ses liens notamment linguistiques et culturels sont forts avec la Turquie et les Ouzbeks sont principalement des musulmans sunnites.


Le sulfureux chef de guerre Abdul Rachid Dostom, issu de cette ethnie, est soupçonné d'avoir fait massacrer en 2001 des centaines, voire des milliers, de prisonniers talibans.

- Autres ethnies -

Parmi les autres ethnies peuplant l'Afghanistan, et au rôle plus marginal, on compte des Turkmènes, des Kirghizes, des Kazakhs, des Baloutches, et des Nouristanis, jadis appelés Kafir (infidèles) jusqu'à leur conversion forcée au 19e siècle.

Dimanche, des comptes Twitter pro-talibans ont annoncé que "des centaines de moudjahidine de l’Émirat islamique" se dirigent vers le Panchir, seule zone échappant encore à leur contrôle, "après que des responsables locaux ont refusé de le remettre de façon pacifique".


Les islamistes "ont massé des forces près de l'entrée du Panchir", a confirmé sur Twitter Amrullah Saleh, vice-président sous le précédent gouvernement, qui s'est lui aussi réfugié dans la vallée pour les combattre.


De son côté, un porte-parole du FNR, Ali Maisam Nazary, a déclaré à l'AFP que le Front se préparait à "un conflit de longue durée" avec les talibans, si un compromis ne pouvait être trouvé avec eux sur un système de gouvernement décentralisé. 


Selon lui, des milliers d'Afghans ont rejoint le Panchir pour combattre le nouveau régime ou simplement pour y trouver refuge. "Nous sommes prêts à défendre l'Afghanistan et nous mettons en garde contre un bain de sang", a déclaré dimanche M. Massoud à la chaîne Al-Arabiya.


Un médecin syrien condamné à perpétuité en Allemagne pour crimes contre l'humanité sous Assad

L'Allemagne a déjà poursuivi et jugé des auteurs de crimes contre l'humanité et de crimes de guerre commis hors de son territoire, notamment des Syriens et des Irakiens, au nom du principe juridique de compétence universelle. (AFP)
L'Allemagne a déjà poursuivi et jugé des auteurs de crimes contre l'humanité et de crimes de guerre commis hors de son territoire, notamment des Syriens et des Irakiens, au nom du principe juridique de compétence universelle. (AFP)
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  • Agé de 40 ans, il réfutait toutes les accusations, parmi lesquelles celles d'avoir mis le feu aux parties génitales d'un adolescent et d'avoir administré une injection létale à un détenu qui avait résisté aux coups
  • "Il a tué deux personnes et blessé grièvement neuf autres", a affirmé en rendant son verdict le juge Christoph Koller, soulignant que ces actes commis en 2011 et 2012 "s'inscrivaient dans la réaction brutale du régime dictatorial et injuste d'Assad"

FRANCFORT: Un médecin syrien, accusé de tortures d'opposants au régime de Bachar al-Assad, a été condamné à la prison à vie lundi par la justice allemande, après un procès fleuve de plus de trois ans à Francfort.

Arrivé en Allemagne en 2015, où il a exercé comme chirurgien orthopédique jusqu'à son arrestation en 2020 après avoir été reconnu par d'autres réfugiés syriens, Alaa Moussa était jugé pour de multiples crimes sur des détenus dans des hôpitaux militaires de Damas et de Homs durant la guerre civile en Syrie.

Agé de 40 ans, il réfutait toutes les accusations, parmi lesquelles celles d'avoir mis le feu aux parties génitales d'un adolescent et d'avoir administré une injection létale à un détenu qui avait résisté aux coups.

"Il a tué deux personnes et blessé grièvement neuf autres", a affirmé en rendant son verdict le juge Christoph Koller, soulignant que ces actes commis en 2011 et 2012 "s'inscrivaient dans la réaction brutale du régime dictatorial et injuste d'Assad" aux manifestations des opposants.

Dénonçant "une violation massive des droits de l'Homme" par l'accusé, le juge a souligné que le verdict était aussi une façon de montrer "que la souffrance des victimes n'est pas oubliée".

"Outre les difficultés inhérentes à un délai de 12 ans, le régime syrien a tenté jusqu'à sa chute (en décembre 2024, ndlr) d'exercer une influence sur la procédure" allemande, a-t-il poursuivi, évoquant des menaces sur des proches des témoins.

Etant donné la gravité des faits, la condamnation à la perpétuité d'Alaa Moussa a été assortie d'une peine de sûreté pour une durée non encore définie (qui sera décidée au bout de quinze ans d'incarcération).

Lors de son procès commencé le 19 janvier 2022, entouré de hautes mesures de sécurité, Alaa Moussa avait été confronté à plus d'une cinquantaine de témoins et d'anciennes victimes.

Certains avaient témoigné masqués et beaucoup avaient fait état de menaces et d'intimidation à l'encontre de leur famille restée au pays alors que l'ombre des services secrets syriens planait sur les audiences.

Une situation qui s'est détendue après la chute, durant le procès, du dictateur Bachar al-Assad, renversé en décembre 2024 et désormais réfugié en Russie.

Parmi les témoins, un ancien lieutenant d'Alep, âgé aujourd'hui d'une quarantaine d'années, emprisonné après avoir refusé de tirer sur des manifestants en novembre 2011.

"Puni pour ses actes" 

Il avait affirmé avoir vu Alaa Moussa infliger des injections à des malades allongés sur le sol, qui sont décédés peu après, dans l'hôpital militaire où il sévissait.

"Aucun tortionnaire, quel que soit le lieu où il a commis son crime, ne peut être certain d'échapper à la justice. Il devra toujours s'attendre à être puni pour ses actes", a asséné le juge Christoph Koller lors de son verdict.

L'Allemagne a déjà poursuivi et jugé des auteurs de crimes contre l'humanité et de crimes de guerre commis hors de son territoire, notamment des Syriens et des Irakiens, au nom du principe juridique de compétence universelle.

Il y a deux semaines, la justice allemande avait ainsi condamné à la prison à vie un ancien chef d'une milice syrienne soutenant l'ex-président Bachar al-Assad, reconnu coupable notamment de meurtre, d'actes de torture et de séquestration entre 2012 et 2014.

Lors du premier procès au monde sur des exactions du régime de Bachar al-Assad tenu en Allemagne, Anwar Raslan, un ex-gradé des services de renseignement syriens, avait été condamné en janvier 2022 à la prison à vie pour le meurtre de 27 prisonniers et des faits de torture sur au moins 4.000 autres, en 2011 et 2012, dans la prison Al-Khatib.

Des procès sur les crimes commis en Syrie ont également eu lieu ailleurs en Europe, notamment en France et en Suède.

Le conflit en Syrie, déclenché par des protestations pacifiques violemment réprimées en 2011, a fait plus d'un demi-million de morts, déplacé des millions de personnes et ravagé l'économie et les infrastructures du pays.


Ukraine: l'aide européenne compense le désengagement américain, selon le Kiel Institute

Gabriel Felbermayr, économiste autrichien et président de l'Institut de Kiel pour l'économie mondiale, participe à une conférence de presse le 11 mars 2020 à Berlin afin de commenter l'impact économique et politique de l'épidémie du nouveau coronavirus. (Photo de Tobias SCHWARZ / AFP)
Gabriel Felbermayr, économiste autrichien et président de l'Institut de Kiel pour l'économie mondiale, participe à une conférence de presse le 11 mars 2020 à Berlin afin de commenter l'impact économique et politique de l'épidémie du nouveau coronavirus. (Photo de Tobias SCHWARZ / AFP)
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  • « L'Europe comble largement le retrait de l'aide américaine », écrit l'institut dans un communiqué, qui recense l'aide militaire, financière et humanitaire promise et livrée à l'Ukraine depuis l'invasion russe du 24 février 2022.
  • Début 2025, les données du Kiel Institute montrent que « la récente augmentation de l'aide européenne a été tirée par un petit groupe de pays », au premier rang desquels se trouvent « les pays nordiques et le Royaume-Uni ».

PARIS : Selon l'institut de recherche allemand Kiel Institute, une hausse de l'aide des pays européens à l'Ukraine a permis début 2025 de combler le vide laissé par le désengagement de la nouvelle administration américaine de Donald Trump.

« L'Europe comble largement le retrait de l'aide américaine », écrit l'institut dans un communiqué, qui recense l'aide militaire, financière et humanitaire promise et livrée à l'Ukraine depuis l'invasion russe du 24 février 2022.

Alors que « les États-Unis, qui étaient auparavant le plus gros donateur à l'Ukraine, n'ont pas annoncé de nouvelle enveloppe depuis début janvier », l'Ukraine a tout de même reçu plus d'aide de janvier à avril 2025 qu'en moyenne les années précédentes sur la même période. 

« Reste à savoir s'il s'agit d'une hausse temporaire ou du début d'une évolution plus durable du rôle de l'Europe en tant que principal soutien de l'Ukraine », a déclaré Christoph Trebesch, qui dirige l'équipe du Kiel Institute chargée de suivre les engagements en faveur de l'Ukraine, cité dans le communiqué.

Début 2025, les données du Kiel Institute montrent que « la récente augmentation de l'aide européenne a été tirée par un petit groupe de pays », au premier rang desquels se trouvent « les pays nordiques et le Royaume-Uni ».

En revanche, « il est frappant de constater le peu d'aide allemande allouée ces derniers mois », a-t-il commenté. « Au lieu d'augmenter son soutien après l'arrivée de Trump au pouvoir, nous observons une forte baisse de l'aide allemande par rapport aux années précédentes. »

« La tendance est la même pour l'Italie et l'Espagne », a-t-il précisé. 

Au 30 avril 2025, 294 milliards d'euros au total ont été alloués à des dépenses précises en faveur de l'Ukraine (sur 405 milliards promis), selon les derniers chiffres du Kiel Institute. Les 111 milliards restants ont été promis à long terme, mais pas encore alloués.

Sur la somme déjà donnée, 140 milliards d'euros correspondent à de l'aide militaire, 133 milliards à de l'aide financière et 21 milliards à de l'aide humanitaire.

Les principaux donateurs sont l'Union européenne et ses membres (131 milliards d'euros donnés ou alloués), les États-Unis (115 milliards) et le Royaume-Uni (19 milliards).

En matière d'aide militaire, l'Europe, le Royaume-Uni compris, « dépasse pour la première fois depuis juin 2022 les États-Unis », selon le Kiel Institute. Les Européens ont déjà donné ou alloué 72 milliards d'euros d'aide militaire à l'Ukraine depuis le début de la guerre, contre 65 milliards pour les États-Unis. 


Les dirigeants du G7, dont Trump, se rejoignent au Canada tandis qu'un conflit oppose l'Iran et Israël

Le logo du G7 2025 est visible sur la pelouse devant le centre des médias de Banff, à l'approche du sommet du Groupe des Sept (G7) qui se tiendra à Kananaskis, dans la province canadienne de l'Alberta, le 16 juin 2025. (Photo : Ben Sheppard / AFP)
Le logo du G7 2025 est visible sur la pelouse devant le centre des médias de Banff, à l'approche du sommet du Groupe des Sept (G7) qui se tiendra à Kananaskis, dans la province canadienne de l'Alberta, le 16 juin 2025. (Photo : Ben Sheppard / AFP)
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  • Les pays du G7 ont entamé dimanche des négociations dans l'espoir de trouver un langage commun concernant le conflit entre l'Iran et Israël.
  • La priorité absolue pour tous sera d'éviter les drames, malgré les nombreux sujets de frictions, des droits de douane imposés par Donald Trump à la guerre en Ukraine, ou encore à celle du Moyen-Orient.

KANANASKIS, CANADA : Les pays du G7 ont entamé dimanche des négociations dans l'espoir de trouver un langage commun concernant le conflit entre l'Iran et Israël, alors que leurs dirigeants, dont le président américain, se retrouvent pour un sommet sous tension dans les Rocheuses canadiennes.

Il s'agit du premier grand sommet depuis que Donald Trump est revenu au pouvoir en janvier, ce qui a fragilisé l'unité du club des grandes démocraties industrialisées (Allemagne, Royaume-Uni, Canada, États-Unis, France, Italie et Japon).

Le président américain, qui n'a cessé de menacer le Canada ces derniers mois, est arrivé en fin de journée dans ce pays, avec sur la tête une casquette blanche portant son slogan « Make America Great Again » (« Rendre sa grandeur à l'Amérique »).

Pour cette réunion qui se déroule à Kananaskis, dans le parc national de Banff, dans l'ouest du Canada, il retrouvera ses alliés du G7 ainsi que les dirigeants de nombreux autres pays invités : l'Inde, l'Ukraine, le Mexique, l'Afrique du Sud et l'Australie seront notamment présents.

La priorité absolue pour tous sera d'éviter les drames, malgré les nombreux sujets de frictions, des droits de douane imposés par Donald Trump à la guerre en Ukraine, ou encore à celle du Moyen-Orient.

Mais parviendront-ils à parler d'une voix commune, notamment sur cette région du monde ?

Israël a stupéfié le monde vendredi en ouvrant un nouveau front avec une campagne militaire surprise et massive contre l'Iran.

Selon une source gouvernementale citée par l'AFP, les dirigeants du G7 travaillent à une déclaration commune. Reste à décider s'il s'agit d'appeler à la désescalade ou simplement de soutenir Israël en affirmant que le pays a le droit de se défendre. 

Mais cette guerre n'est pas le seule enjeu des discussions à Kananaskis. Le président ukrainien Volodymyr Zelensky est parmi les invités et doit s'entretenir avec Donald Trump

Le président américain, qui s'est rapproché de façon spectaculaire de Moscou, a de nouveau eu un entretien téléphonique samedi avec le président russe Vladimir Poutine. Ce dernier lui a dit être prêt à un nouveau round de négociations.

De leur côté, les Européens tentent de convaincre Donald Trump de promulguer de nouvelles sanctions contre Moscou, ciblant plus précisément les ventes de pétrole russe. 

Tous les pays souhaitent par ailleurs aborder l'aspect commercial avec le président Trump. En imposant des taxes douanières d'au moins 10 % sur la plupart des produits entrant aux États-Unis, ce dernier a dévié le cours de la mondialisation et menacé l'économie mondiale d'un ralentissement général. 

Ce sommet du G7 est la première visite du président américain sur le sol canadien depuis qu'il a menacé son voisin du nord, estimant qu'il serait préférable qu'il devienne le 51^e État américain.

Le Premier ministre canadien, Mark Carney, et Donald Trump se rencontreront lundi matin lors d'un tête-à-tête. Outre MM. Carney et Zelensky, le dirigeant américain doit aussi rencontrer la présidente mexicaine Claudia Sheinbaum.