Le monde divisé sur la question des Tesla bots

L’objectif premier d’Optimus serait d’éliminer les tâches dangereuses, répétitives et ennuyeuses, et il se veut «amical, bien sûr». (Photo fournie)
L’objectif premier d’Optimus serait d’éliminer les tâches dangereuses, répétitives et ennuyeuses, et il se veut «amical, bien sûr». (Photo fournie)
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Publié le Mardi 24 août 2021

Le monde divisé sur la question des Tesla bots

  • Les robots pourraient effectuer des tâches risquées, mais ils doivent être soumis à des lois, selon un expert saoudien
  • C’est à la société et aux décideurs politiques de déterminer les lois qui régissent les robots humanoïdes

LONDRES/DJEDDAH : La dernière création d’Elon Musk, un robot humanoïde «amical» dévoilé lors de la journée de l’intelligence artificielle (IA) organisée par la société Tesla la semaine dernière, a suscité une frénésie sur les réseaux sociaux.

Le robot divise fans et critiques. Alors que certains sont enthousiasmés par les avancées technologiques, d’autres semblent hantés par les représentations dystopiques d’Hollywood d'un monde contrôlé par les machines.

Ce dernier scénario ne se termine jamais particulièrement sur une bonne note pour l’humanité. Le ton sinistre emprunté par Musk et ses tentatives d’assurer que la conception en fait un robot relativement lent et faible duquel «on peut fuir» ne font pas grand-chose pour apaiser les véritables craintes quant à l’impact des progrès de l’IA sur l’humanité.

Le co-fondateur de YouTube, Chad Hurley, se montre sceptique, et estime que l’annonce n’est rien de plus qu’une stratégie de marketing astucieuse de la part du PDG de Tesla. «Hmm, le pilote automatique ne fonctionne toujours pas... comment pouvons-nous faire monter les actions ? Avec les robots !», ironise-t-il dans un tweet.

La référence au pilote automatique fait référence aux derniers problèmes des systèmes de conduite partiellement automatisés de Tesla dans ses voitures. Les autorités américaines ont par ailleurs ouvert une enquête sur des centaines de milliers de véhicules Tesla.

Chris Holmes, chercheur scientifique et auteur, a fait part sur Twitter de ses réticences à l’égard du robot, baptisé Optimus. «Il me semble que si vous devez mettre un avertissement il ne vous tuera pas sur l’annonce de votre prochain grand produit, vous commencez déjà du mauvais pied».

M. Musk lui-même a, par le passé, mis en garde contre la prolifération de l’IA et son adoption par la société en général, et reviennent selon lui à « invoquer le diable».

Mus estime en effet que le rythme de progression de l’IA pose un «risque existentiel fondamental». Ces propos ne sont pas sans rappeler ceux de Stephen Hawking. Le célèbre physicien anglais redoutait que l’IA ne «mette fin à l’humanité», et pensait que cette nouvelle forme de vie surpasserait les humains et détruirait la civilisation.

Le Dr Mishaal Al-Harbi est le chef des opérations de la société saoudienne Research Products Development, l’une des principales entreprises de robotique du Royaume et une agence de soutien au développement des activités de recherche et développement et à la commercialisation de la recherche universitaire. Il estime que c’est à la société et aux décideurs politiques de déterminer les lois qui régissent les robots humanoïdes.

Les chercheurs doivent trouver des moyens de codifier ces lois dans l’IA qui régit le comportement des robots et leurs interactions avec les humains, ajoute-t-il.

«En ce qui concerne l’humanoïde, je me souviens du célèbre écrivain de science-fiction Isaac Asimov et des trois lois de la robotique qu’il a énoncées dans sa nouvelle de 1942, Cercle vicieux (The Runaround). Ces trois lois déterminent essentiellement les règles que doit suivre un robot pour accomplir ses tâches ou ses responsabilités sans nuire aux humains», explique-t-il à Arab News.

La première loi suppose que le «robot ne peut nuire à un être humain ni, par son inaction, laisser un humain exposé au danger».

«Un robot doit obéir aux ordres donnés par les humains, sauf si de tels ordres sont en contradiction avec la première Loi. La dernière loi stipule qu’un robot doit protéger sa propre existence en autant que cette protection ne soit pas en contradiction avec la première et/ou la deuxième Loi. Cette question a été débattue dans les années 1940, et elle constitue toujours une base pour déterminer le degré de liberté que nous devons accorder aux robots et à l’IA», précise-t-il.

L’objectif premier d’Optimus serait d’éliminer les tâches dangereuses, répétitives et ennuyeuses, et il se veut «amical, bien sûr». Il mesurera 173 cm et pèsera 57 kg.

Selon M. Musk, la machine serait délibérément assez faible pour que la plupart des humains soient capable de la maîtriser si nécessaire. «On ne sait jamais», lance M. Musk lors de l’événement.

Le Dr Al-Harbi explique qu’à l’avenir, les Tesla bots pourraient accomplir des tâches jugées trop dangereuses ou risquées pour les humains. Il cite par exemple les opérations de recherche et de sauvetage, ou le travail dans des environnements extrêmement hostiles, telles que les mines.

«Il existe de nombreux domaines dans lesquels le robot peut faire beaucoup de bien. Mais le défi, et c’est un aspect qui nécessite également des études, notamment dans le domaine de l’IA, est de déterminer comment permettre aux humanoïdes ou aux robots de mener leurs responsabilités tout en respectant des paramètres et des directives, afin d’éviter qu’ils ne causent des dommages».

«Il ne s’agit pas seulement d’une question technique, mais aussi d’une question philosophique qui devrait sans doute être abordée de manière indépendante dans le cadre de la recherche sur l’IA: comment activer cette capacité pour s’assurer que le robot ne nuise pas à autrui. Je ne vois pas cet élément comme une menace, mais comme un défi. Tant que les gens travaillent sur ce défi, je pense que beaucoup de bonnes choses peuvent en découler», a-t-il ajouté.

L’annonce, comme on pouvait s’y attendre, provoque une vague de mèmes sur les réseaux sociaux. Le site d’informations technologiques TheVerge.com va plus loin et suggère que l’annonce n’est rien d’autre qu’une mise en scène de la part du chef extravagant de Tesla.

TheVerge.com juge l’annonce et la performance d’un danseur déguisé en robot «une farce bizarre et brillante», destinée à se moquer des critiques de Tesla et à créer davantage de publicité pour l’entreprise.

Au plus tôt, il faudra attendre l’année prochaine pour savoir si M. Musk était sérieux ou non au sujet du Tesla bot, sachant que l’entrepreneur a déclaré de manière assez évasive qu’il croit «probablement avoir un prototype».

Mais, même s’il ne l’est pas, d’autres personnes travailleront sur des robots humanoïdes, et les lois que M. Al-Harbi juge nécessaires devront s’appliquer à eux aussi.

 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com

 

 


France: la pleine puissance du nouveau réacteur nucléaire EPR repoussée à la fin de l'automne

Cette photographie prise le 25 avril 2024 montre la centrale nucléaire de Flamanville, dans le nord-ouest de la France, alors que la centrale nucléaire Flamanville 3 est prête à démarrer. (AFP)
Cette photographie prise le 25 avril 2024 montre la centrale nucléaire de Flamanville, dans le nord-ouest de la France, alors que la centrale nucléaire Flamanville 3 est prête à démarrer. (AFP)
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  • EDF prévoit désormais que son nouveau réacteur EPR de Flamanville, en Normandie dans l'ouest du pays, atteindra sa pleine puissance "avant la fin de l'automne"
  • Le redémarrage du réacteur est désormais prévu au 1er octobre, décalant de fait le passage à 100% de puissance du réacteur

PARIS: Electricité de France (EDF) prévoit désormais que son nouveau réacteur EPR de Flamanville, en Normandie dans l'ouest du pays, atteindra sa pleine puissance "avant la fin de l'automne", alors que le groupe espérait jusqu'à présent pouvoir franchir cette étape d'ici la fin de l'été.

La prolongation d'un arrêt "pour réaliser une opération de contrôle et de maintenance préventive sur une soupape de protection du circuit primaire principal" conduit à modifier "la date d'atteinte de la pleine puissance, désormais prévue avant la fin de l'automne", a indiqué l'électricien public français sur son site internet vendredi.

Alors que le réacteur à eau pressurisée de nouvelle génération était à l'arrêt depuis le 19 juin pour des opérations d'essais de mise en service, classiques pour de nouvelles installations nucléaires, EDF a décidé le 2 juillet de le maintenir à l'arrêt pour intervenir sur des soupapes.

EDF avait en effet constaté pendant les essais que deux des trois soupapes placées au sommet du pressuriseur qui permet de maintenir l'eau du circuit primaire à une pression de 155 bars "n'étaient pas complètement conformes" aux attendus en termes d'"étanchéité".

En raison de ces "aléas", EDF a décidé vendredi de prolonger cet arrêt pour mener une opération de maintenance préventive sur la 3e soupape.

"Les expertises menées sur les deux premières soupapes conduisent EDF, dans une démarche pro-active de sûreté, à étendre les vérifications à la troisième soupape en profitant de la logistique déjà en place et mobilisant les compétences disponibles", a expliqué le groupe.

Le redémarrage du réacteur est désormais prévu au 1er octobre, décalant de fait le passage à 100% de puissance du réacteur.

"Il y a 1.500 critères de sûreté qui sont testés lors d'un premier démarrage" de réacteur, a expliqué à l'AFP une porte-parole d'EDF. Lors de ces phases d'essais et de contrôle, il est parfois nécessaire de "refaire des réglages", selon elle.

Le réacteur de nouvelle génération a été raccordé au réseau électrique le 21 décembre 2024, avec douze ans de retard par rapport à la date prévue. Son coût a explosé par rapport au devis initial de 3,3 milliards d'euros: selon un rapport de la Cour des comptes française publié en,janvier, EDF l'estime aujourd'hui à 22,6 milliards d'euros aux conditions de 2023.


Engie confirme ses perspectives 2025 malgré un contexte "incertain et mouvant"

Cette photographie montre le parc éolien offshore de Yeu-Noirmoutier au large de l'Ile-d'Yeu, dans l'ouest de la France, le 23 juin 2025. (AFP)
Cette photographie montre le parc éolien offshore de Yeu-Noirmoutier au large de l'Ile-d'Yeu, dans l'ouest de la France, le 23 juin 2025. (AFP)
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  • Engie a confirmé vendredi ses perspectives pour 2025 malgré un contexte "incertain" et une baisse des prix qui a pesé sur ses résultats au premier semestre
  • L'énergéticien se dit confiant sur la suite et maintient ses prévisions pour 2025

PARIS: Engie a confirmé vendredi ses perspectives pour 2025 malgré un contexte "incertain" et une baisse des prix qui a pesé sur ses résultats au premier semestre, et se dit désormais plus confiant pour ses projets renouvelables aux Etats-Unis après une période d'incertitude.

Son résultat net récurrent a reculé de 19% à 3,1 milliards d’euros au cours des six premiers mois de l'année. Le résultat opérationnel (Ebit) hors nucléaire est ressorti à 5,1 milliards d'euros, en baisse de 9,4% en raison d'une base de comparaison élevée par rapport au premier semestre 2024 et "dans un contexte de baisse des prix".

Mais l'énergéticien se dit confiant sur la suite et maintient ses prévisions pour 2025.

"Nous abordons les prochains mois avec confiance et nous confirmons notre +guidance+ annuelle", a commenté Catherine MacGregor, sa directrice générale, citée dans le communiqué de résultats.

Elle a néanmoins insisté sur le contexte économique et géopolitique "assez incertain et mouvant", lors d'une conférence téléphonique.

A la Bourse de Paris, Engie cédait 2,45% à 10H53 (8H53 GMT) à 19,15 euros vendredi, après avoir lâché 5% à l'ouverture.

Interrogée sur les Etats-Unis, Catherine MacGregor s'est montrée plus confiante après une période d'incertitude qui a suivi l'entrée en fonction du gouvernement Trump.

"Avec la promulgation du +Big beautifull bill+ (la loi budgétaire de Donald Trump, ndlr) et une première clarification du cadre réglementaire et fiscal qui était attendue, nous nous apprêtons à lancer trois projets pour plus de 1,1 GW de capacité totale, éolien, solaire et batteries qui vont conforter notre croissance jusqu'en 2028", a-t-elle déclaré.

Engie a pour l'heure "juste en dessous de 9 GW en opération aux États-Unis", a-t-elle rappelé.

"Il y avait beaucoup, beaucoup d'incertitudes sur le traitement qui serait donné à ces projets", a-t-elle souligné, mais avec cette nouvelle loi, "on a beaucoup plus de clarté".

"Le marché aux États-Unis reste évidemment très, très porteur", a-t-elle poursuivi. "Les projections de demande d'électricité sont absolument massives et aujourd'hui, il n'y a pas de scénarios (...) sans une grande partie de projets renouvelables", notamment en raison du fort développement des centres de données dans le pays.

Le groupe table sur un résultat net récurrent - qui exclut des coûts de restructuration et la variation de la valeur de ses contrats de couverture - "entre 4,4 et 5,0 milliards d'euros" en 2025.

Engie vise par ailleurs un Ebit hors nucléaire "dans une fourchette indicative de 8,0 à 9,0 milliards d'euros" en 2025.

"Comme prévu, l'Ebit hors nucléaire va atteindre son point bas cette année et le second semestre 2025 sera en hausse par rapport à 2024", a indiqué Catherine MacGregor.

Le bénéfice net en données publiées s'établit à 2,9 milliards d'euros au premier semestre, en hausse de 50%, en raison d'un impact moindre de la variation de la valeur de ses contrats de couverture.

Le chiffre d'affaires a atteint 38,1 milliards d'euros au premier semestre, en croissance de 1,4%.

Engie disposait d'une capacité totale renouvelables et de stockage de 52,7 gigawatts (GW) à fin juin 2025, en hausse de 1,9 GW par rapport à fin 2024. A cela s'ajoutent 95 projets en cours de construction qui représentent une capacité totale de près de 8 GW.

Le groupe dispose d'un portefeuille de projets renouvelables et de batteries en croissance qui atteint 118 GW à fin juin 2025, soit 3 GW de plus qu'à fin décembre 2024.


ArcelorMittal: les taxes douanières américaines érodent la rentabilité au premier semestre

La cokerie d'ArcelorMittal Bremen sur le site de Bottrop est photographiée depuis la plate-forme d'observation Tetraeder à Bottrop, dans l'ouest de l'Allemagne, le 21 juillet 2025. (AFP)
La cokerie d'ArcelorMittal Bremen sur le site de Bottrop est photographiée depuis la plate-forme d'observation Tetraeder à Bottrop, dans l'ouest de l'Allemagne, le 21 juillet 2025. (AFP)
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  • ArcelorMittal a vu sa rentabilité érodée au premier semestre par les taxes douanières de Donald Trump sur les importations d'acier depuis le Canada ou le Mexiqu
  • ArcelorMittal espère la mise en place effective de mesures de soutien à l'acier en Europe d'ici à la fin de l'année

PARIS: ArcelorMittal, qui a vu sa rentabilité érodée au premier semestre par les taxes douanières de Donald Trump sur les importations d'acier depuis le Canada ou le Mexique, espère la mise en place effective de mesures de soutien à l'acier en Europe d'ici à la fin de l'année.

Malgré un résultat net en hausse de 39% au premier semestre 2025, à 2,6 milliards de dollars, le bénéfice avant intérêt, impôt, dépréciation et amortissement (Ebitda) du deuxième fabricant d'acier mondial a reculé de 10%, à 3,4 milliards de dollars, notamment après l'application de droits de douane de 50% sur l'acier importé aux Etats-Unis depuis le Canada et le Mexique à partir du 4 juin, a expliqué le groupe dans un communiqué jeudi.

Le chiffre d'affaires a aussi pâti du recul de 7,5% des prix moyens de l'acier dans le monde: les ventes se sont amoindries de 5,5%, à 30,72 milliards de dollars au premier semestre.

Jeudi à la Bourse de Paris, après ces annonces, le titre ArcelorMittal a terminé la séance en recul de 2,58%, à 27,52 euros.

Le directeur général du groupe, Aditya Mittal, s'est félicité de la reprise à 100% du site de Calvert aux Etats-Unis, qui devient un site d'acier bas carbone grâce à la construction d'un nouveau four à arc électrique.

En Europe, les tendances à l'accroissement des dépenses publiques sur la défense et les infrastructures "sont un encouragement pour l'industrie de l'acier", a jugé M. Mittal.

Néanmoins, alors que le plan d'action annoncé en mars par la Commission européenne a lancé des "signaux clairs" pour défendre la production européenne d'acier, "nous attendons toujours la concrétisation des mesures de sauvegarde (ou quotas sur les importations d'acier en Europe, NDLR) du mécanisme d'ajustement carbone aux frontières et sur les prix de l'énergie", a-t-il souligné.

A condition que ces mesures soient mises en place, le groupe prévoit d'investir 1,2 milliard d'euros pour un four à arc électrique sur son site français de Dunkerque (Nord), a-t-il rappelé.

Au total, ArcelorMittal en exploite 29 dans le monde, pour une capacité de production de 21,5 millions de tonnes d'acier recyclé par an, qui augmentera à 23,4 millions de tonnes en 2026 après la mise en service des deux sites espagnols de Gijon et Sestao.