Washington et ses alliés préviennent d'une «menace terroriste» à l'aéroport de Kaboul

Des milliers de personnes se massent toujours à l'aéroport de Kaboul dans l'espoir de fuir le pays tombé aux mains des talibans. (Photo, AFP)
Des milliers de personnes se massent toujours à l'aéroport de Kaboul dans l'espoir de fuir le pays tombé aux mains des talibans. (Photo, AFP)
Seule note positive dans la tragédie afghane: loin de l'enfer de Kaboul, des enfants afghans évacués savourent la chance d'avoir atteint un pays d'accueil, comme dans cette photo prise lors de leur arrivée à l'aéroport de Dulles qui dessert Washington DC, la capitale des Etats-Unis. (Photo, AFP)
Seule note positive dans la tragédie afghane: loin de l'enfer de Kaboul, des enfants afghans évacués savourent la chance d'avoir atteint un pays d'accueil, comme dans cette photo prise lors de leur arrivée à l'aéroport de Dulles qui dessert Washington DC, la capitale des Etats-Unis. (Photo, AFP)
Seule note positive dans la tragédie afghane: loin de l'enfer de Kaboul, des enfants afghans évacués savourent la chance d'avoir atteint un pays d'accueil, comme dans cette photo prise lors de leur arrivée à l'aéroport de Dulles qui dessert Washington DC, la capitale des Etats-Unis. (Photo, AFP)
Seule note positive dans la tragédie afghane: loin de l'enfer de Kaboul, des enfants afghans évacués savourent la chance d'avoir atteint un pays d'accueil, comme dans cette photo prise lors de leur arrivée à l'aéroport de Dulles qui dessert Washington DC, la capitale des Etats-Unis. (Photo, AFP)
Des arrimeurs et des pilotes de l'US Air Force affectés au 816th Expeditionary Airlift Squadron chargent des passagers à bord d'un US Air Force C-17 Globemaster III à l'aéroport international Hamid Karzai (HKIA) le 24 août 2021. DONALD R. ALLEN / US AIR FORCE / AFP
Des arrimeurs et des pilotes de l'US Air Force affectés au 816th Expeditionary Airlift Squadron chargent des passagers à bord d'un US Air Force C-17 Globemaster III à l'aéroport international Hamid Karzai (HKIA) le 24 août 2021. DONALD R. ALLEN / US AIR FORCE / AFP
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Publié le Jeudi 26 août 2021

Washington et ses alliés préviennent d'une «menace terroriste» à l'aéroport de Kaboul

  • Plusieurs pays occidentaux ont appelé leurs ressortissants à s'éloigner au plus vite de l'aéroport de Kaboul en raison de menaces «terroristes»
  • Alors que la date-butoir fixée par les Etats-Unis pour leur retrait d'Afghanistan, le 31 août, approche, plusieurs pays, dont la France et les Pays-Bas ont annoncé jeudi qu'ils allaient bientôt mettre fin à leurs vols d'évacuation

KABOUL: Plusieurs pays occidentaux ont appelé leurs ressortissants à s'éloigner au plus vite de l'aéroport de Kaboul en raison de menaces "terroristes", alors que des milliers de personnes s'y massent toujours dans l'espoir de fuir le pays tombé aux mains des talibans.

Alors que la date-butoir fixée par les Etats-Unis pour leur retrait d'Afghanistan, le 31 août, approche, plusieurs pays, dont la France et les Pays-Bas ont annoncé jeudi qu'ils allaient bientôt mettre fin à leurs vols d'évacuation.

Les États-Unis, l'Australie et le Royaume-Uni ont émis simultanément des mises en garde très précises et presque identiques dans la nuit de mercredi à jeudi.

Les personnes "se trouvant actuellement aux entrées Abbey, Est et Nord devraient partir immédiatement", a indiqué le département d’État américain, invoquant des "menaces sécuritaires".           

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Loin de l'enfer de Kaboul, les réfugiés afghans savourent la chance d'avoir atteint un pays d'accueil, comme dans cette photo prise lors de leur arrivée à l'aéroport de Dulles qui dessert Washington DC, la capitale des Etats-Unis. (Photo, AFP)

La diplomatie australienne a pour sa part mis en garde contre une "menace très élevée d'attentat terroriste".

Londres a émis une alerte similaire: "Si vous vous trouvez dans la zone de l'aéroport, quittez-la pour un endroit sûr et attendez d'autres instructions. Si vous êtes à même de quitter l'Afghanistan en sécurité par d'autres moyens, faites-le immédiatement".

Aucune précision sur la nature de la menace n'a été apportée dans ces avis, mais le ministre australien de la Défense, Andrew Hastie, a expliqué que "le risque de la présence d'un kamikaze est si élevé que la menace augmente", dans une interview avec la radio australienne 6PR.

Le secrétaire d’État britannique chargé des forces armées, James Heappey, a pour sa part évoqué une menace "très sérieuse" et "imminente".

Ces avertissements sont intervenus après que le chef de la diplomatie américaine, Antony Blinken, a assuré que les talibans s'étaient engagés à laisser partir les Américains et les Afghans à risque se trouvant encore dans le pays après la date-butoir du 31 août. Il n'a toutefois pas spécifié comment leur départ s'organiserait.

 

L'Afghane née à bord d'un avion militaire américain nommée Reach, nom de code de l'appareil

WASHINGTON : Une petite Afghane née à bord d'un avion militaire américain qui évacuait ses parents vers la base de Ramstein, en Allemagne, a été nommée Reach, du nom de code de l'appareil, a révélé mercredi le commandant des forces américaines en Europe, le général Tod Wolters.

En plein vol samedi depuis le Qatar, la femme enceinte a commencé à ressentir des contractions. Juste après l'atterrissage à Ramstein, des militaires américains ont aidé l'Afghane à mettre au monde son bébé dans l'avion avant qu'elle ne soit transportée avec son nouveau-né vers un établissement hospitalier proche.

Chaque avion de l'US Air Force possède son nom de code pour les communications avec les autres appareils ou les tours de contrôle, et le code des avions cargos C-17 est généralement Reach suivi d'un numéro.

Les parents du bébé "l'ont prénommée Reach, parce que c'était le nom de code du C-17" (Reach 828), a indiqué à la presse le général Wolters.

"Comme vous pouvez l'imaginer, "étant moi-même pilote de l'US Air Force, mon rêve est de voir cette petite fille appelée Reach grandir comme citoyenne américaine et piloter des avions de chasse dans notre armée de l'air", a-t-il ajouté.

Le chef des forces américaines en Europe a précisé que sur les 7000 personnes évacuées de Kaboul ayant transité sur des bases américaines en Europe depuis le 20 août, une centaine seulement de personnes avaient dû recevoir des soins médicaux, que ce soit pour des symptômes de Covid-19 ou d'autres raisons médicales.

Sur ces 100 personnes, 25 ont été admises dans un hôpital local et 12 en sont déjà sorties, a précisé le général Wolters.

Deux autres bébés sont nés après l'atterrissage de leur mère sur la base de Ramstein.

La menace État islamique

Malgré une situation chaotique, 88 000 personnes ont été évacuées depuis la mise en place du pont aérien le 14 août, à la veille de l'entrée des talibans dans Kaboul et de leur prise du pouvoir.

Plusieurs pays ont plaidé en vain pour une extension du délai au-delà du 31 août, estimant qu'il ne serait pas possible d'évacuer tout le monde d'ici là. D'autant que, pour que le retrait soit effectif ce jour-là, il faudra avoir interrompu les évacuations plus tôt, les Etats-Unis devant rapatrier leur dispositif militaire.

Le Premier ministre français Jean Castex a annoncé jeudi que la France interromprait ses opérations vendredi soir, une date-butoir "imposée par les Américains" selon une source gouvernementale. Les Pays-Bas ont également fait savoir qu'ils mettaient fin à leurs vols d'évacuation depuis Kaboul.

Mercredi soir, la Belgique avait déjà dit mettre un terme à ses opérations afghanes.

La Turquie avait quant à elle annoncé le retrait de ses soldats, qui gardaient l'aéroport de Kaboul au côté des militaires américains, abandonnant ainsi sa proposition de continuer à en assurer la sécurité après le retrait des forces étrangères.

Lors d'un sommet virtuel mardi avec les autres dirigeants du G7, le président américain Joe Biden avait évoqué déjà un "risque grave et croissant d'attaque" du groupe jihadiste État Islamique (EI) à l'aéroport.

Sous le nom d'ISKP (État islamique Province du Khorasan), l'EI a revendiqué certaines des attaques les plus meurtrières commises ces dernières années en Afghanistan.

Il a massacré des civils dans des mosquées, des hôpitaux ou des lieux publics, ciblant surtout les musulmans qu'il considère comme hérétiques, en particulier les chiites.

Même s'il s'agit de deux groupes sunnites radicaux, l'EI et les talibans sont en concurrence et sont animés par une haine tenace et réciproque.

Un porte-parole des talibans, Zabihullah Mujahid, a accusé mardi les États-Unis et leurs alliés de vider le pays de ses forces vives en évacuant les Afghans qui ont travaillé avec eux, souvent parmi les plus qualifiés.

Beaucoup d'entre eux, souvent urbains et éduqués, craignent que les islamistes n'instaurent le même type de régime fondamentaliste et brutal que lorsqu'ils étaient au pouvoir entre 1996 et 2001. 

Les femmes et les minorités ethniques en particulier s'inquiètent pour leur sort.

"Nous sommes la génération des femmes éduquées, ils (les talibans) ne le supportent pas, ils ne peuvent pas gouverner avec nous, ils vont nous exterminer", a déploré une jeune femme bloquée à Mazar-e-Sharif (Nord), en quête de contacts à l'étranger pour l'aider à fuir.

 

Des députés LR demandent à Macron d'armer la résistance afghane

PARIS : Eric Ciotti et une vingtaine de députés de droite ont écrit à Emmanuel Macron pour lui demander de soutenir militairement la résistance du fils du commandant Massoud en Afghanistan face aux talibans, estimant qu'"il en va de l’honneur de la France".

La chute de Kaboul "est un jour noir pour nos démocraties. Nous assistons impuissants à une victoire de l’islamisme dans le monde", affirment les signataires qui comptent notamment Guillaume Peltier (ex-N.2 de LR), Robin Reda (Libres!), Constance Le Grip et Brigitte Kuster (LR).

Estimant que "nous venons de perdre une bataille dans la guerre de notre génération contre ce totalitarisme", les signataires affirment que "pour la sécurité de la France et du monde, notre nation a le devoir d’empêcher les talibans de se renforcer".

Car "la France a le devoir d’agir sans attendre (...) si nous ne voulons pas voir un arc terroriste s’étendre du Pakistan au Sahel", pour in fine "frapper en France sur notre sol des citoyens français", ajoutent-il dans cette lettre révélée par Le Figaro, et que l'AFP a pu consulter.

Ils mettent ainsi en exergue le "combat pour la liberté" du Front national de résistance emmené par Ahmad Massoud, fils du commandant Ahmed Shah Massoud, icône de la résistance afghane, assassiné en 2001 par Al-Qaïda. "Leur appel à l’aide et leur demande d’armes, de munitions et de soutien logistique doivent être entendus par la France", martèlent-ils.

Eric Ciotti, qui avait déjà plaidé dans un tweet en début de semaine pour l'envoi d'armes et munitions, est en contact avec des proches d'Ahmad Massoud, notamment sur place dans la vallée du Panchir, a-t-on appris dans son entourage.

"Ces combattants sont les derniers à se tenir debout sur le territoire afghan, pour défendre notre sécurité, mais aussi la dignité humaine dans cette guerre mondiale contre l’islamisme", ajoutent les signataires.

 

«Le business de la peur»

Les talibans n'ont pas formé de gouvernement, disant attendre que le dernier soldat étranger ait quitté le pays. Sans lois valables sur tout le territoire, les règles diffèrent d'une région à l'autre. 

Les islamistes s'efforcent de se présenter sous un jour plus modéré, souvent sans convaincre, en tout cas à Kaboul.

"C’est le business de la peur. Ils n’ont pas d’armée pour contrôler les gens. Mais la peur contrôle tout le monde", observe un jeune banquier de Kaboul.

Sous le vocable de talibans se regroupent des gens bien différents, note-t-il cependant. "Certains groupes se comportent bien avec la population", mais d’autres n'en font qu’à leur tête, comme ceux qui mangent dans les restaurants sans payer.

Les talibans savent qu'ils doivent s'appuyer sur les structures administratives existantes, n'ayant pas dans leurs rangs l'expertise nécessaire pour gouverner seuls le pays, et notamment relancer une économie dévastée par la guerre et très dépendante de l'aide internationale.

 

Londres prêt à évacuer des chiens et des chats de Kaboul

LONDRES : Le ministre britannique de la Défense Ben Wallace a annoncé mercredi qu'il autoriserait l'évacuation aérienne de Kaboul de chiens et chats recueillis dans un refuge par un ex-marine qui a affrété un avion pour évacuer son personnel afghan et ses animaux.

Alors que des milliers d'Afghans tentent désespérément de fuir le pays depuis l'arrivée au pouvoir des talibans, craignant le retour à leurs méthodes répressives, le sujet fait l'objet d'un débat depuis plusieurs jours au Royaume-Uni, preuve de l'amour immodéré de ses habitants pour les animaux.

"S'il arrive avec ses animaux, nous chercherons un créneau pour son avion", a tweeté M. Wallace à propos de Paul Farthing, un ancien soldat qui a ouvert un refuge pour chiens et chats à Kaboul et veut à présent en faire sortir quelque 140 chiens et 60 chats ainsi que ses employés afghans et leurs proches.

La veille, il avait pourtant affirmé qu'il n'allait pas "donner la priorité aux animaux sur les hommes, femmes et enfants désespérés qui frappent à la porte".

Le ministre "doit démissionner", s'était alors indigné dans la foulée un militant du droit des animaux Dominic Dyer.

Mercredi, ce dernier se réjouissait dans un tweet de l'assouplissement de la position du ministre, affirmant qu'il était dû à l'intervention du Premier ministre Boris Johnson.

Le gouvernement britannique a accordé des visas à tout le personnel de l'association, Nowzad, et leur famille, soit 68 personnes, avait annoncé lundi Paul Farthing dans un tweet.


CIJ: l'impartialité de l'UNRWA suscite de «sérieux doutes» selon les Etats-Unis

En décembre, l'Assemblée générale des Nations unies avait adopté une résolution demandant à la CIJ de rendre un avis consultatif "à titre prioritaire et de toute urgence". (AFP)
En décembre, l'Assemblée générale des Nations unies avait adopté une résolution demandant à la CIJ de rendre un avis consultatif "à titre prioritaire et de toute urgence". (AFP)
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  • La CIJ, située à La Haye (Pays-Bas), a ouvert lundi sa semaine d'audiences plus de 50 jours après l'instauration d'un blocus total sur l'aide entrant dans la bande de Gaza ravagée par la guerre
  • Israël, qui ne participe pas à ces audiences, a dénoncé lundi une "persécution systématique" de la CIJ

LA HAYE: Un représentant des Etats-Unis a fait part mercredi à la Cour internationale de Justice de "sérieux doutes" concernant l'impartialité de l'agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens (UNRWA) lors d'audiences consacrées aux obligations humanitaires d'Israël envers les Palestiniens.

"L'impartialité de l'UNRWA suscite de sérieux doutes, du fait d'informations selon lesquelles le Hamas a utilisé les installations de l'UNRWA et que le personnel de l'UNRWA a participé à l'attentat terroriste du 7 octobre contre Israël", a déclaré Josh Simmons, de l'équipe juridique du département d'État américain.

La CIJ, située à La Haye (Pays-Bas), a ouvert lundi sa semaine d'audiences plus de 50 jours après l'instauration d'un blocus total sur l'aide entrant dans la bande de Gaza ravagée par la guerre.

Israël, qui ne participe pas à ces audiences, a dénoncé lundi une "persécution systématique" de la CIJ.

M. Simmons a déclaré aux juges qu'Israël avait "de nombreuses raisons" de mettre en doute l'impartialité de l'UNRWA.

"Il est clair qu'Israël n'a aucune obligation d'autoriser l'UNRWA à fournir une assistance humanitaire", a-t-il déclaré.

Israël a promulgué une loi interdisant à l'UNRWA, d'opérer sur le sol israélien, après avoir accusé certains membres du personnel d'avoir participé aux attaques du Hamas le 7 octobre 2023, qui a déclenché le conflit.

Une série d'enquêtes, dont l'une menée par l'ancienne ministre française des Affaires étrangères Catherine Colonna, a révélé des "problèmes de neutralité" à l'UNRWA, mais a souligné qu'Israël n'avait pas fourni de preuves de son allégation principale.

Philippe Lazzarini, directeur de l'UNRWA, a déclaré mardi que plus de 50 membres de son personnel à Gaza avaient été maltraités et utilisés comme boucliers humains alors qu'ils étaient détenus par l'armée israélienne.

Lors de sa déposition face à la Cour, Diégo Colas, représentant la France, a appelé Israël à lever "sans délai" son blocage de l'aide vers la bande de Gaza".

"L'ensemble des points de passage doivent être ouverts, le travail des acteurs humanitaires doit être facilité, et le personnel doit être protégé conformément aux droits internationaux", a-t-il déclaré .

"Conséquences mortelles" 

Israël contrôle tous les flux d'aide internationale, vitale pour les 2,4 millions de Palestiniens de la bande de Gaza frappés par une crise humanitaire sans précédent, et les a interrompus le 2 mars dernier, quelques jours avant l'effondrement d'un fragile cessez-le-feu après 15 mois de combats incessants.

"L'interdiction totale de l'aide et des fournitures humanitaires décrétée par les autorités israéliennes depuis le 2 mars a des conséquences mortelles pour les civils de Gaza", a déclaré dans un communiqué Claire Nicolet, responsable de la réponse d'urgence de l'ONG Médecins sans Frontières dans la bande de Gaza.

"Les autorités israéliennes utilisent l'aide non seulement comme une monnaie d'échange, mais aussi comme une arme de guerre et un moyen de punition collective pour plus de 2 millions de personnes vivant dans la bande de Gaza," a-t-elle ajouté.

En décembre, l'Assemblée générale des Nations unies avait adopté une résolution demandant à la CIJ de rendre un avis consultatif "à titre prioritaire et de toute urgence".

La résolution demande à la CIJ de clarifier les obligations d'Israël concernant la présence de l'ONU, de ses agences, d'organisations internationales ou d'États tiers pour "assurer et faciliter l'acheminement sans entrave des fournitures urgentes essentielles à la survie de la population civile palestinienne".

Les avis consultatifs de la CIJ ne sont pas juridiquement contraignants, mais celui-ci devrait accroître la pression diplomatique sur Israël.

En juillet dernier, la CIJ avait aussi rendu un avis consultatif jugeant "illégale" l'occupation israélienne des Territoires palestiniens, exigeant qu'elle cesse dès que possible.


Après la panne géante, les énergies renouvelables sur le banc des accusés en Espagne

Des passagers attendent avant de monter dans leur train à la gare de Sants à Barcelone, le 29 avril 2025, au lendemain d'une panne d'électricité massive qui a touché toute la péninsule ibérique et le sud de la France. (Photo par Josep LAGO / AFP)
Des passagers attendent avant de monter dans leur train à la gare de Sants à Barcelone, le 29 avril 2025, au lendemain d'une panne d'électricité massive qui a touché toute la péninsule ibérique et le sud de la France. (Photo par Josep LAGO / AFP)
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  • Deux jours après la panne géante qui a touché la péninsule, la nature du mix énergétique ibérique est au cœur de vifs débats mercredi en Espagne.
  • Dans le viseur de ces deux quotidiens, mais aussi des partis d'opposition, se trouve la politique énergétique mise en place depuis plusieurs années par le gouvernement du Premier ministre socialiste Pedro Sánchez.

MADRID : L'essor des énergies renouvelables a-t-il fragilisé le réseau électrique espagnol ? Deux jours après la panne géante qui a touché la péninsule, la nature du mix énergétique ibérique est au cœur de vifs débats mercredi en Espagne, malgré les messages rassurants des autorités.

« Le manque de centrales nucléaires et la multiplication par dix des énergies renouvelables ont mis à terre le réseau électrique », assure en une le quotidien conservateur ABC mercredi matin. « Les alertes sur les renouvelables depuis cinq ans » ont été « ignorées », regrette de son côté El Mundo, également classé à droite.

Dans le viseur de ces deux quotidiens, mais aussi des partis d'opposition, se trouve la politique énergétique mise en place depuis plusieurs années par le gouvernement du Premier ministre socialiste Pedro Sánchez, qui a fait de l'Espagne l'un des champions européens de la transition verte.

Selon le gestionnaire du réseau électrique espagnol REE, le solaire et l'éolien ont représenté en 2024 près de 40 % du mix électrique espagnol. C'est près de deux fois plus qu'en 2014, et près du double également de la part du nucléaire, tombée l'an dernier à 20 %. 

Cette évolution est défendue par l'exécutif, qui s'est engagé à fermer toutes les centrales nucléaires d'ici dix ans, mais elle est source de tensions dans le pays, plusieurs rapports ayant pointé ces derniers mois de possibles risques en l'absence de mesures fortes pour adapter le réseau.

- Une énergie « sûre » ?

Dans son document financier annuel publié fin février, Redeia, la maison-mère de REE, avait ainsi mis en garde contre « la forte pénétration de la production renouvelable sans les capacités techniques nécessaires à un comportement adéquat face aux perturbations ».

Cela pourrait « provoquer des coupures de production », qui « pourraient devenir sévères, allant jusqu'à entraîner un déséquilibre entre la production et la demande, ce qui affecterait significativement l'approvisionnement en électricité » de l'Espagne, avait-elle écrit. 

Un message relayé par l'organisme espagnol de la concurrence (CNMC) dans un rapport de janvier. « À certains moments, les tensions du réseau de transport d'électricité ont atteint des valeurs maximales proches des seuils autorisés, dépassant même ces seuils à certains moments », avait écrit l'organisme.

Après la coupure de lundi, certains experts du secteur se sont interrogés sur un éventuel déséquilibre entre production et demande (difficile à corriger dans un réseau où l'éolien et le solaire ont une place prépondérante) qui aurait pu contribuer à l'effondrement du système électrique espagnol.

Dans un entretien accordé mercredi matin à la radio Cadena Ser, Beatriz Corredor, la présidente de Redeia et REE (l'ex-députée socialiste) a cependant assuré que la production d'énergies renouvelables était « sûre ».

« Relier l'incident si grave de lundi à une pénétration des énergies renouvelables n'est pas vrai, ce n'est pas correct », a-t-elle insisté, en assurant que le rapport de février ne faisait que dresser la liste de risques potentiels, comme l'y oblige la législation. 

- « Ignorance » -

Mardi déjà, Pedro Sánchez avait lui aussi défendu le modèle énergétique mis en œuvre par son gouvernement, rappelant que la cause précise de la panne qui a provoqué le chaos au Portugal et en Espagne durant de longues heures lundi n'était toujours pas connue à ce stade.

« Ceux qui lient cet incident au manque de nucléaire mentent franchement ou démontrent leur ignorance », a assuré le dirigeant socialiste.

« Les centrales nucléaires, loin d'être une solution, ont été un problème » durant la panne, car « il a été nécessaire de rediriger vers elles de grandes quantités d'énergie pour maintenir leurs réacteurs stables », a insisté le chef du gouvernement. 

Plusieurs hypothèses ont été avancées pour expliquer la panne depuis deux jours, dont celle d'une cyberattaque. Mardi, la justice espagnole a ouvert une enquête pour déterminer si la panne avait été provoquée par un « sabotage informatique » susceptible d'être qualifié de « délit terroriste ».

REE estime cependant que cette hypothèse est peu crédible. « Au vu des analyses que nous avons pu réaliser avec l'aide notamment du Centre national du renseignement espagnol (CNI), nous pouvons écarter un incident de cybersécurité », a ainsi assuré le gestionnaire.

D'après REE, l'équivalent de 60 % de la consommation électrique de l'Espagne, soit 15 gigawatts, a disparu en l'espace de cinq secondes seulement lors de la panne survenue lundi à 12 h 33 (11 h 33 GMT), un phénomène qualifié d'« inédit » et « totalement extraordinaire ».


Des rapports internes concluent à un climat antisémite et anti-musulman à Harvard

Le rapport exhorte l'université pluricentenaire à "devenir leader dans la lutte contre l'antisémitisme et les positions anti-Israël". (AFP)
Le rapport exhorte l'université pluricentenaire à "devenir leader dans la lutte contre l'antisémitisme et les positions anti-Israël". (AFP)
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  • Harvard, comme d'autres universités américaines de renom, Columbia en particulier, est accusée par le président républicain d'avoir laissé prospérer l'antisémitisme sur son campus pendant les mouvements étudiants contre la guerre à Gaza menée par Israël
  • Un premier groupe de travail sur l'antisémitisme et les positions anti-Israël, composé principalement de membres du corps enseignant mais aussi d'étudiants

NEW YORK: Deux rapports distincts sur Harvard publiés mardi par l'université ont établi qu'un climat antisémite et anti-musulman s'était installé sur le campus de la prestigieuse université américaine, dans le viseur de Donald Trump, et la pressent d'agir pour y remédier.

Ces deux rapports de plusieurs centaines de pages, construits notamment à partir de questionnaires et de centaines de témoignages d'étudiants et d'encadrants menés depuis janvier 2024, sont rendus au moment où l'université implantée près de Boston (nord-est) s'est attiré les foudres de Donald Trump, qui l'a dernièrement dépeinte en "institution antisémite d'extrême gauche", "foutoir progressiste" et "menace pour la démocratie".

Harvard, comme d'autres universités américaines de renom, Columbia en particulier, est accusée par le président républicain d'avoir laissé prospérer l'antisémitisme sur son campus pendant les mouvements étudiants contre la guerre à Gaza menée par Israël après l'attaque du Hamas le 7 octobre 2023.

Un premier groupe de travail sur l'antisémitisme et les positions anti-Israël, composé principalement de membres du corps enseignant mais aussi d'étudiants, a établi que les deux phénomènes "ont été alimentés, pratiqués et tolérés, non seulement à Harvard, mais aussi plus largement dans le monde universitaire".

Le rapport exhorte l'université pluricentenaire à "devenir leader dans la lutte contre l'antisémitisme et les positions anti-Israël".

Un autre groupe de travail distinct, lui consacré aux positions anti-musulmans, anti-arabes et anti-Palestiniens, a conclu à "un sentiment profondément ancré de peur parmi les étudiants, les enseignants et le personnel". Les personnes interrogées décrivent "un sentiment de précarité, d'abandon, de menace et d'isolement, ainsi qu'un climat d'intolérance omniprésent", écrivent ses auteurs.

"Harvard ne peut pas - et ne va pas - tolérer l'intolérance. Nous continuerons à protéger tous les membres de notre communauté et à les préserver du harcèlement", s'engage dans une lettre accompagnant les deux rapports le président de Harvard, Alan Garber, à l'initiative des deux rapports, en promettant de "superviser la mise en oeuvre des recommandations" préconisées.

Harvard, l'université la plus ancienne des Etats-Unis et une des mieux classées au monde, s'est distinguée en étant la première à attaquer en justice l'administration Trump contre un gel de plus de deux milliards de dollars de subventions fédérales, décidé après que la célèbre institution a refusé de se plier à une série d'exigences du président.

Donald Trump, qui reproche aux universités d'être des foyers de contestation progressiste, veut avoir un droit de regard sur les procédures d'admission des étudiants, les embauches d'enseignants ou encore les programmes.

L'accusation d'antisémitisme est fréquemment employée par son administration pour justifier ses mesures contre les établissements d'enseignement supérieur, ainsi que contre certains étudiants étrangers liés aux manifestations contre la guerre à Gaza.