Les appels au boycott de « Mulan », filmé en partie au Xinjiang, se multiplient

Le film « Mulan » de Disney dans un cinéma à l'intérieur d'un centre commercial à Bangkok, le 8 septembre 2020.  (Lillian SUWANRUMPHA / AFP)
Le film « Mulan » de Disney dans un cinéma à l'intérieur d'un centre commercial à Bangkok, le 8 septembre 2020. (Lillian SUWANRUMPHA / AFP)
Short Url
Publié le Mercredi 09 septembre 2020

Les appels au boycott de « Mulan », filmé en partie au Xinjiang, se multiplient

  • Des militants taïwanais, hongkongais et thaïlandais avaient lancé un mouvement sur les réseaux sociaux avec le hashtag #BoycottMulan
  • « Disney a remercié quatre départements de propagande et un bureau de sécurité publique dans le Xinjiang (...) qui est le lieu de l'une des pires violations des droits de l'Homme au monde aujourd'hui », a-t-il écrit dans le Washington Post

HONG KONG : Le film « Mulan » de Disney, qui vient de sortir sur Disney+, fait l'objet d'appels au boycott visant à protester notamment contre le tournage de certaines scènes dans la région chinoise du Xinjiang, où Pékin est accusé de violations des droits des Ouïghours.

La superproduction de 200 millions de dollars, basée sur la légende d'une guerrière chinoise, avait déjà fait l'objet d'une controverse l'an dernier. 

Liu Yifei, la star sino-américaine, avait alors exprimé son soutien à la police de Hong Kong, accusée par le camp pro-démocratie de réprimer les manifestations.

Mais récemment, une nouvelle polémique a vu le jour. 

La semaine dernière, lors de sa diffusion sur la plateforme de streaming Disney+, les téléspectateurs ont remarqué que, dans le générique, Disney adressait des « remerciements particuliers » aux instances gouvernementales du de la région du Xinjiang, située dans le nord-ouest de la Chine.

Parmi ces dernières figurent le bureau en charge de la sécurité publique de Turpan, une ville située à l'est du Xinjiang dans laquelle se trouvent plusieurs camps de rééducation politique de Ouïghours, selon des associations de défense des droits de l'Homme.

Le département en charge du Parti communiste chinois dans cette région fait également l'objet de remerciements.

Avant même cette nouvelle polémique, des militants taïwanais, hongkongais et thaïlandais avaient lancé un mouvement sur les réseaux sociaux avec le hashtag #BoycottMulan. 

Baptisé « Milk Tea Alliance », il est le fruit de l'alliance de militants qui dénoncent l'autoritarisme de Pékin.

Film problématique   

Ce mouvement soulignait notamment la ressemblance entre l'acteur Tzi Ma, qui joue le rôle du père de Mulan, avec le président chinois Xi Jinping et qualifiait de « vraie Mulan » la militante Agnes Chow, après son arrestation en août.  

Depuis la diffusion du film sur Disney+, le phénomène s'est amplifié, relayé notamment aux Etats-Unis et en Europe.  

Sur Twitter, Joshua Wong, qui incarne pour l'opinion internationale le mouvement pro-démocratie, a appelé « les personnes qui, partout, sont éprises de libertés » à boycotter « Mulan ». 

De son côté, Amnesty International pointe que cette superproduction a été tournée dans une région de Chine où des Ouïghours font l'objet d'internements dans des camps.  

Des groupes de défense des droits, des journalistes ainsi que des universitaires ont dénoncé l'internement de membres de la minorité musulmane ouïghoure, ainsi que des détentions massives et des stérilisations forcées.

Pour Isaac Stone Fish, de l'Asia Society, un centre spécialisé dans les relations entre les Etats-Unis et la Chine, ce film est « sans doute le film le plus problématique de Disney » depuis « Mélodie du Sud ». 

Lors de sa sortie en 1946, il avait suscité de nombreuses critiques qui lui reprochaient de diffuser des clichés racistes et de peindre sous un jour idyllique les plantations esclavagistes du vieux Sud des Etats-Unis.

« Cela pose un vrai problème »

« Disney a remercié quatre départements de propagande et un bureau de sécurité publique dans le Xinjiang (...) qui est le lieu de l'une des pires violations des droits de l'Homme au monde aujourd'hui », a-t-il écrit dans le Washington Post. 

Badiucao, un artiste chinois dissident qui vit à Melbourne,  travaille sur un dessin qui représenterait Mulan comme la gardienne de l'un des camps d'internement du Xinjinang. 

« Cela pose un vrai problème et il n'y a aucune excuse », a-t-il affirmé à l'AFP, soulignant l'existence de « preuves attestant de ce qui se passe au Xinjiang ».

Baduicao accuse Disney de « deux poids deux mesures », en adhérant aux mouvements contre l'injustice sociale en Occident, tels que MeToo et Black Lives Matter tout en fermant les yeux sur la manière dont la Chine viole les droits. 

Cette nouvelle version de « Mulan », sorti en dessin animé en 1998, a connu d'autres déconvenues. 

Sa sortie sur grand écran, prévue au printemps, a été reportée en raison de la pandémie de coronavirus.

Disney a donc décidé de le diffuser en exclusivité à compter du 4 septembre sur sa plateforme de vidéos à la demande. Il doit sortir cette semaine dans les cinémas de Chine, où Disney+ n'est pas disponible.

En août, Hollywood a été accusé dans un rapport publié par l'organisation Pen America de s'autocensurer pour permettre à ses films d'atteindre le gigantesque marché chinois.

Scénaristes, producteurs et réalisateurs pratiquent des altérations en tout genre, dans l'espoir de toucher les 1,4 milliard de consommateurs que compte la Chine, selon le Pen America, association américaine de défense de la liberté d'expression. 

Sollicité par l'AFP, Disney n'a pas encore répondu à une demande de commentaires.


Le Sushi Bar ravive l'espoir au cœur de Beyrouth

Mario Haddad estime qu'il fait partie de ceux qui redéfinissent la scène de la gastronomie, alors que Beyrouth connaît un renouveau naissant.  Son restaurant, Le Sushi Bar, se dresse comme un trophée élégant au cœur du centre-ville.  Avec l'arrivée cet été du chef japonais en résidence Sayaka Sawaguchi, il pense que le restaurant contribue à replacer la gastronomie libanaise sur la scène mondiale. (Fournie)
Mario Haddad estime qu'il fait partie de ceux qui redéfinissent la scène de la gastronomie, alors que Beyrouth connaît un renouveau naissant. Son restaurant, Le Sushi Bar, se dresse comme un trophée élégant au cœur du centre-ville. Avec l'arrivée cet été du chef japonais en résidence Sayaka Sawaguchi, il pense que le restaurant contribue à replacer la gastronomie libanaise sur la scène mondiale. (Fournie)
Short Url
  • Pour Mme Sawaguchi, l'intégration au Liban - un pays façonné par la résilience et une chaleur particulière - s'est faite naturellement.
  • Elle a passé les semaines précédant la résidence - entre le 9 et le 27 juillet - à voyager à travers le pays, s'immergeant dans les subtilités du pays.

BEYROUTH : "Pour un restaurant, durer 28 ans au Liban, c'est héroïque", a récemment déclaré le chef Mario Haddad à Arab News, alors qu'il réfléchissait à l'industrie dans une ville et un pays confrontés à de nombreux défis.

Mario Haddad estime qu'il fait partie de ceux qui redéfinissent la scène de la gastronomie, alors que Beyrouth connaît un renouveau naissant.

Son restaurant, Le Sushi Bar, se dresse comme un trophée élégant au cœur du centre-ville.

Avec l'arrivée cet été du chef japonais en résidence Sayaka Sawaguchi, il pense que le restaurant contribue à replacer la gastronomie libanaise sur la scène mondiale.

"Nous avons décidé d'avoir un chef en résidence parce que nous voulions célébrer le retour du Liban à la vie", a déclaré M. Haddad.

Pour Mme. Sawaguchi, l'intégration au Liban - un pays façonné par la résilience et une chaleur particulière - s'est faite naturellement.

Elle a passé les semaines précédant la résidence - entre le 9 et le 27 juillet - à voyager à travers le pays, s'immergeant dans les subtilités du pays.

"Le Liban m'a appris le bel équilibre entre les épices, les herbes et l'huile d'olive, tout comme les Libanais vivent leur vie au quotidien", a déclaré Mme Sawaguchi.

Bien que venant de mondes très différents, Haddad et Sawaguchi ont trouvé un terrain d'entente dans leur passion pour la nourriture.

"Elle s'est intégrée comme un gant [...]. Ce n'est pas facile de ne pas avoir ses outils, sa cuisine, ses ingrédients, mais son attitude était parfaite", a déclaré M. Haddad.

"L'art de se nourrir les uns les autres est sans aucun doute notre passion commune", a ajouté Mme Sawaguchi.

Haddad a le sens du détail, ce qui semble être un élément clé du succès de son restaurant.

En l'observant dans son élément - examiner chaque plat à mesure qu'il arrive sur la table, accueillir chaque client comme un membre de la famille et se réjouir de son plaisir - on comprend mieux pourquoi Le Sushi Bar a résisté à la tempête.


Festival international de Hammamet 2025 : Noël Kharman et Yuri Buenaventura, deux voix engagées et envoûtantes 

Noël Kharman. (Photo fournie)
Noël Kharman. (Photo fournie)
Sur scène. (Photo fournie)
Sur scène. (Photo fournie)
Short Url
  • Noël Kharman a su allier émotion brute et justesse musicale
  • L’un des moments les plus poignants fut son interprétation de « Haifa », chanson dédiée à sa ville natale

HAMMAMET:  La 59e édition du Festival international de Hammamet, placée cette année encore sous le thème Continuous Vibes, a offert samedi soir un double moment d’exception entre engagement, virtuosité musicale et communion avec le public.

Sur la scène mythique de l’amphithéâtre de Hammamet, deux artistes venus de mondes différents mais unis par la puissance de leur message ont brillé tour à tour : la jeune chanteuse palestinienne Noël Kharman, et l’icône de la salsa colombienne Yuri Buenaventura.

Noël Kharman: la voix d’une génération sacrifiée

Venue pour la première fois en Tunisie, la chanteuse palestinienne Noël Kharman, 24 ans, a fait une entrée sobre mais électrisante. Robe noire élégante, voix puissante et regard franc, elle a captivé d’emblée un public conquis par sa sincérité et son intensité.

Entourée de musiciens tunisiens de talent – avec notamment Outail Maaoui au violon, Mohamed Ben Salha au nay, Dali El Euch à la batterie, ou encore Bechir Neffati aux percussions – Kharman a su allier émotion brute et justesse musicale. Un ensemble d’une cohésion remarquable, mis au service de compositions originales et d’arrangements soignés.

L’un des moments les plus poignants fut son interprétation de « Haifa », chanson dédiée à sa ville natale. Elle y a livré un message bouleversant : « La guerre m’a beaucoup épuisée. Elle a changé ma vision du monde. Je vis actuellement en Jordanie. Je prie pour une paix prochaine. » Le public, profondément touché, a répondu par des slogans engagés : « Free, Free Palestine », criant son soutien à la cause palestinienne.

Kharman s’est imposée ces dernières années comme une figure montante de la scène arabe grâce à ses mashups viraux et ses compositions originales, largement diffusées sur TikTok, Instagram et YouTube. Issue d’un village proche de Haïfa, elle fait résonner la culture musicale moyen-orientale au-delà des frontières, avec rigueur, passion et une vraie vision artistique.

Yuri Buenaventura: la salsa comme langage universel

Un peu plus tôt dans la soirée, c’est Yuri Buenaventura qui a fait vibrer l’amphithéâtre, dans une performance marquant son grand retour sur scène après six ans de silence. La soirée, affichant complet bien avant l’ouverture des portes, a tenu toutes ses promesses.

Dès les premières notes, le chanteur colombien a installé son univers : une salsa colorée, généreuse, ouverte à toutes les influences. Costumé en sport-chic, entre élégance sobre et énergie débordante, l’artiste a invité le public à danser, à rêver, mais aussi à réfléchir.

Pendant deux heures, il a enchaîné classiques, morceaux de son nouvel album « Ámame » – un hommage à la musique latine new-yorkaise – et quelques reprises iconiques. De « Como la maleza » à « Historia de un Amor », en passant par sa reprise bouleversante de « Ne me quitte pas », il a ému autant qu’il a fait danser.

Loin de se limiter à l’ambiance festive, Yuri Buenaventura a aussi livré des messages forts sur l’état du monde, dénonçant les conflits et les divisions actuelles. « La musique est une arme de paix », semble-t-il nous dire, en valorisant les instruments comme vecteurs de rencontre entre les peuples.

Le Festival international de Hammamet confirme ainsi, pour sa 59e édition, sa capacité à conjuguer excellence artistique et résonance contemporaine. Une scène où les émotions croisent les convictions, et où les Continuous Vibes prennent tout leur sens.

 


Le coréen, langue invitée du festival d'Avignon 2026

L'auteure française Valérie Demay pose lors d'une séance photo en marge du festival de théâtre d'Avignon, à Avignon le 8 juillet 2025. (AFP)
L'auteure française Valérie Demay pose lors d'une séance photo en marge du festival de théâtre d'Avignon, à Avignon le 8 juillet 2025. (AFP)
Short Url
  • Le Festival d'Avignon fera du coréen sa langue invitée en 2026, a annoncé lundi à l'AFP son directeur artistique Tiago Rodrigues, saluant par ailleurs le succès public de l'édition 2025 avec une fréquentation au plus haut depuis dix ans
  • Après l'arabe cette année, le festival international de théâtre mettra le cap sur la péninsule coréenne et sur une langue qui, grâce à la culture, est devenue "très globale alors qu'elle n'est pas connue", a précisé M. Rodrigues

PARIS: Le Festival d'Avignon fera du coréen sa langue invitée en 2026, a annoncé lundi à l'AFP son directeur artistique Tiago Rodrigues, saluant par ailleurs le succès public de l'édition 2025 avec une fréquentation au plus haut depuis dix ans.

Après l'arabe cette année, le festival international de théâtre mettra le cap sur la péninsule coréenne et sur une langue qui, grâce à la culture, est devenue "très globale alors qu'elle n'est pas connue", a précisé M. Rodrigues.

"C'est très intéressant de voir que cette langue qu'on pourrait dire petite, issue d'un petit pays lointain, s'est complètement répandue dans toute la planète à travers la culture, le cinéma, les séries télévisées, la musique, la littérature", a détaillé le dramaturge portugais, citant notamment l'écrivaine sud-coréenne Han Kang, prix Nobel de littérature 2024.

En 2026, le Festival d'Avignon, qui n'a pas accueilli d'artistes de la péninsule depuis 25 ans, tentera aussi de mettre en lumière des arts vivants coréens "moins connus" et donner à voir "au-delà des idées reçues une société avec ses complexités", a détaillé le directeur artistique.

A cinq jours de la fin de l'édition 2025, il s'est par ailleurs félicité d'un taux de fréquentation de 96,5% pour les 42 spectacles du "in", évoquant "des chiffres pas vus depuis 2016 et qu'on pense pouvoir encore dépasser".

Le Festival a notamment été marqué cette année par les créations de grands noms du spectacle vivant (Thomas Ostermeier, Anne Teresa de Keersmaeker...) et une restitution théâtrale du procès des viols de Mazan.

"Dans un moment où on se questionne sur le rapport fort qu'il y a avec le service public de la culture en France, c'est une preuve de sa vitalité et de l'intérêt des gens de participer à la vie culturelle", a souligné Tiago Rodrigues, qui a fait part de son inquiétude pour le spectacle vivant à l'heure des restrictions budgétaires.

Si le Festival lui-même a conservé son financement public, le directeur artistique constate une "précarisation de l'ensemble du paysage vivant en France". "On n'est pas juste solidaires, on est inquiets", a-t-il dit.