Boko Haram, de la secte islamiste au groupe armé

Les restes du village nigérian de Badu, dévasté par Boko Haram, en juillet 2019 (Photo, AFP).
Les restes du village nigérian de Badu, dévasté par Boko Haram, en juillet 2019 (Photo, AFP).
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Publié le Lundi 30 août 2021

Boko Haram, de la secte islamiste au groupe armé

  • Boko Haram a mené au cours des douze dernières années une rébellion dans le nord-est du Nigeria, et semé la terreur sur des pans entiers de territoire sur les pourtours du lac Tchad
  • En 2016, le groupe s'est scindé en deux branches: la faction dirigée par son chef historique, Abubakar Shekau, et le groupe État islamique en Afrique de l'Ouest (Iswap)

PARIS: Depuis la mort cette année du chef du groupe jihadiste Boko Haram, Abubakar Shekau, les tentatives pour que les combattants rendent les armes et réintègrent la société occupent le devant de la scène.

Boko Haram a mené au cours des douze dernières années une rébellion dans le nord-est du Nigeria, et semé la terreur sur des pans entiers de territoire sur les pourtours du lac Tchad.

La rébellion de Boko Haram a éclaté en 2009 dans le Nord-Est nigérian avant de se propager dans les pays voisins. Depuis, plus de 36.000 personnes (principalement au Nigeria) ont été tuées, et 3 millions ont dû fuir leur domicile, selon l'ONU.

En 2016, le groupe s'est scindé en deux branches: la faction dirigée par son chef historique, Abubakar Shekau, et le groupe État islamique en Afrique de l'Ouest (Iswap). 

Les autorités tchadiennes appellent indifféremment "Boko Haram" ces deux groupes.

Secte radicale

Boko Haram signifie "l'éducation occidentale est un péché" en haoussa, langue la plus répandue dans le nord du Nigeria.

Dans les années 1990, les prêches de son fondateur Mohamed Yusuf drainent de nombreux fidèles à Maiduguri, capitale de l'Etat de Borno (nord-est). Mais c'est en 2002 qu'il commence à attirer l'attention des autorités.

Prônant un islam radical, Mohamed Yusuf impute les problèmes du pays aux valeurs occidentales, introduites par le colonisateur britannique. Il séduit la jeunesse désoeuvrée de la région, critiquant le régime central d'Abuja, gangréné par la corruption.

Tournant de la répression

En 2009, des affrontements éclatent entre Boko Haram et la police à Maiduguri. L'armée tue des centaines de personnes et capture Yusuf, exécuté sans jugement. Abubakar Shekau, son bras droit, lui succède.

Le mouvement passe dans la clandestinité, ses cadres rescapés s'enfuient.

A leur sortie de clandestinité en 2010, les mouvements jihadistes internationaux sont en pleine expansion, rassemblés derrière Al-Qaïda.

Abubakar Shekau ne veut plus seulement faire appliquer la loi islamique au Nigeria, mais déstabiliser l'Etat avec une campagne de violences, de conversions de masse et de terreur.

Des dizaines d'attaques font plusieurs milliers de morts, visant des écoles, églises, mosquées et symboles de l'Etat et les forces de l'ordre, principalement dans le Nord et le Nord-Est.

Le groupe utilise également des enfants ou des jeunes filles comme kamikazes.

Enlèvements dans des écoles

Les islamistes de Boko Haram se livrent aux premiers rapts dans des écoles, avec l'enlèvement de plus de 200 jeunes filles dans leur dortoir de Chibok en 2014, suscitant l'émoi de l'opinion publique mondiale.

Les enlèvements d'écoliers vont ensuite se multiplier, en particulier cette année, où plus de 1.000 jeunes gens ont été kidnappés depuis décembre 2020 par des bandes criminelles, dont certaines ont tissé des liens avec les groupes jihadistes présents dans le Nord-Est.

La plupart ont été libérés après des négociations mais beaucoup d'entre eux restent entre les mains de leurs ravisseurs.

Allégeance à l'EI

En août 2014, Boko Haram proclame un "califat" dans les zones sous son contrôle, comme l'EI en Irak et en Syrie.

L'organisation engrange les conquêtes territoriales dans le Nord-Est, qui devient totalement inaccessible. En mars 2015, elle fait allégeance à l'EI et devient l'Iswap.

Les armées de la région (Nigeria, Tchad, Cameroun, Niger) mènent à partir de 2015 une offensive pour chasser les jihadistes des localités dont ils s'étaient emparés. Mais les attentats suicide, attaques de villages et enlèvements de masse se poursuivent.

En août 2016, l'EI désigne un nouveau chef pour l'Iswap, désavouant Abubakar Shekau qui fait scission en relançant la faction historique de Boko Haram.

Le commandement de l'EI désapprouve les attaques suicide menée par des enfants ou des femmes et les razzias contre les civils majoritairement musulmans, ciblant prioritairement les positions militaires ou des humanitaires travaillant pour des organisations internationales.

Mort de Shekau

En juin 2021, l'Iswap a affirmé que Shekau s'était donné la mort pour éviter d'être capturé alors qu'il était encerclé par des combattants de l'Iswap, dans son fief de la forêt de Sambisa, après des combats entre les deux factions.

Boko Haram a confirmé sa mort plus tard, en juin.

Des sources sécuritaires estiment que les chefs de l'Iswap ont depuis réussi à consolider leur contrôle dans certains bastions de Boko Haram dans le nord-est, même si certains combattants se réclamant de Shekau résistent toujours.


Grèce: séisme de magnitude 5,7 en mer Ionienne, pas de victimes

L'Observatoire d'Athènes avait initialement fait état de deux séismes successifs de 5,2 et de 5,7 mais Gerassimos Papadopoulos n'a pas exclu "une erreur du système" et fait état d'un seul séisme de magnitude 5,7 sur l'échelle de Richter. (AFP).
L'Observatoire d'Athènes avait initialement fait état de deux séismes successifs de 5,2 et de 5,7 mais Gerassimos Papadopoulos n'a pas exclu "une erreur du système" et fait état d'un seul séisme de magnitude 5,7 sur l'échelle de Richter. (AFP).
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  • La secousse tellurique a été ressentie sur l'île proche de Zante et de la péninsule du Péloponnèse
  • L'Observatoire d'Athènes avait initialement fait état de deux séismes successifs de 5,2 et de 5,7 mais Gerassimos Papadopoulos n'a pas exclu "une erreur du système" et fait état d'un seul séisme de magnitude 5,7 sur l'échelle de Richter

ATHENES: Un séisme de magnitude 5,7 s'est produit vendredi en mer, au large des îlots grecs de Strophades en mer Ionienne (ouest), selon l'Observatoire euro-méditerranéen, sans faire dans un premier temps de victimes ou de dégâts importants, selon les médias.

"La secousse tellurique a été enregistrée à 09H12 locales (07H12 GMT) à une profondeur de 20km dans une région où les séismes sont fréquents", a indiqué le sismologue Gerassimos Papadopoulos à la télévision publique Ert.

Deux répliques de 2,9 et de 4,5 ont suivi ce séisme, selon Gerassimos Papadopoulos.

La secousse tellurique a été ressentie sur l'île proche de Zante et de la péninsule du Péloponnèse.

L'Observatoire d'Athènes avait initialement fait état de deux séismes successifs de 5,2 et de 5,7 mais Gerassimos Papadopoulos n'a pas exclu "une erreur du système" et fait état d'un seul séisme de magnitude 5,7 sur l'échelle de Richter.

Les Strophades sont composés de deux îlots, l'un inhabité et l'autre abritant un monastère qui a été légèrement endommagé, selon l'agence de presse grecque ANA, citant des sources de la métropole de Zante.

Des artisans, qui travaillaient à la restauration du monastère, ont été évacués, selon la même source, mais aucun n'a été blessé lors du tremblement de terre.

La Grèce est située sur d'importantes failles géologiques et les tremblements de terre y sont fréquents surtout en mer, le plus souvent sans faire de victimes ou de dégâts importants.

Le dernier séisme mortel en Grèce de magnitude 7 a eu lieu le 30 octobre 2020 en mer Égée, entre l'île grecque de Samos et la ville d'Izmir (ouest de la Turquie).


A Baltimore, début des opérations pour rouvrir le port, un long processus

Les opérations pour retrouver les quatre autres corps ont été interrompues car les autorités ont jugé trop dangereux l'envoi de plongeurs sur le lieu de l'accident. (AFP).
Les opérations pour retrouver les quatre autres corps ont été interrompues car les autorités ont jugé trop dangereux l'envoi de plongeurs sur le lieu de l'accident. (AFP).
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  • Des grues ont commencé à arriver jeudi à Baltimore, dans l'est des Etats-Unis, dans le cadre des efforts visant à dégager les débris du pont qui s'est effondré
  • Le Corps des ingénieurs de l'armée "déplace la plus grande grue de la côte Est à Baltimore pour nous aider", a affirmé le gouverneur du Maryland

BALTIMORE: Des grues ont commencé à arriver jeudi à Baltimore, dans l'est des Etats-Unis, dans le cadre des efforts visant à dégager les débris du pont qui s'est effondré, les autorités prévenant que la réouverture du port, important pour l'économie américaine, prendra beaucoup de temps.

Ces engins vont devoir retirer les restes d'acier tordus du pont Francis Scott Key, emprunté chaque jour par des dizaines de milliers de véhicules, et qui s'est écroulé mardi tel un château de cartes, après avoir été percuté par un porte-conteneurs, bloquant l'entrée du port de Baltimore.

Le Corps des ingénieurs de l'armée "déplace la plus grande grue de la côte Est à Baltimore pour nous aider", a affirmé le gouverneur du Maryland, Wes Moore jeudi soir à la presse.

"Avant de pouvoir procéder au levage, nous devons trouver la manière de découper le pont en morceaux de la bonne taille afin de pouvoir les soulever hors de l'eau à l'aide d'une grue", a expliqué le contre-amiral des garde-côtes, Shannon Gilreath.

"Il s'agit également du lieu de repos de quatre pères, de quatre frères, de quatre fils", a déclaré Tom Perez, à la Maison Blanche lors d'un entretien à la chaîne américaine MSNBC.

Les corps de deux des six ouvriers portés disparus ont été retrouvés mercredi.

Les opérations pour retrouver les quatre autres corps ont été interrompues car les autorités ont jugé trop dangereux l'envoi de plongeurs sur le lieu de l'accident.

"L'eau est si sombre et les débris si denses que, dans la plupart des cas, nos plongeurs ne voient pas au-delà de 30 à 60 cm", a expliqué M. Moore.

"Nous sommes incroyablement sensibles à l'idée qu'il s'agit également du lieu de repos de quatre pères, de quatre frères, de quatre fils", a déclaré Tom Perez, haut fonctionnaire de la Maison-Blanche, à MSNBC plus tôt dans la journée.

« Fonds d'aide d'urgence »

Les quatre hommes, tous des immigrés latino-américains, sont présumés avoir été tués après que le Dali, un porte-conteneurs long de 300 mètres pour 48 mètres de largeur, s'est encastré dans une pile du pont à cause de problèmes de propulsion.

Ils faisaient partie d'une équipe de huit ouvriers travaillant de nuit à la réparation de la route. Deux d'entre eux ont été secourus peu après l'effondrement du pont.

Les habitants de la région ont participé à une veillée dans un parc voisin jeudi matin, ont rapporté les médias locaux, tandis que la mairie de Baltimore a lancé une collecte de fonds pour soutenir les familles des victimes.

Quant à la reconstruction, elle "ne va pas prendre des heures, ni des jours, ni des semaines", a par ailleurs prévenu le gouverneur de l'Etat du Maryland, où se situe Baltimore, évoquant "un très long chemin à parcourir" avant un retour à la normale.

Le Maryland a demandé à l'Etat fédéral une première enveloppe de 60 millions de dollars, appel rapidement entendu par le gouvernement.

Le ministère américain des Transports a annoncé jeudi le "déblocage rapide" de ce montant en "fonds d'aide d'urgence" au Maryland.

« Perte substantielle »

Cette somme doit permettre d'"aider le Maryland à entamer des travaux urgents" et sera suivie d'autres fonds "au fur et à mesure que la reconstruction progressera", a expliqué le ministre des Transports, Pete Buttigieg.

"Personne n'oubliera jamais les images choquantes d'un porte-conteneurs percutant le pont Francis Scott Key, provoquant son effondrement et la mort tragique de six personnes", a-t-il ajouté, dans un communiqué de la Maison Blanche.

Après le drame, le président Joe Biden s'est engagé à ce que l'administration fédérale prenne en charge l'intégralité du coût de la reconstruction du pont.

En raison de cet accident, le transport maritime reste suspendu, le port de Baltimore, qui génère plus de 15.000 emplois, étant le neuvième du pays en termes d'activité.

Jeudi, le patron du marché de l'assurance Lloyd's of London a prévenu que l'indemnisation par les compagnies d'assurance de l'accident pourrait être la plus élevée jamais versée dans le transport maritime.

"Cela devrait représenter une perte substantielle, sans doute la plus importante" concernant le transport maritime "mais pas en dehors de nos paramètres", a affirmé Bruce Carnegie-Brown sur la chaîne CNBC.

Sa réouverture est "notre priorité ", a déclaré le contre-amiral des garde-côtes.

En amont de Baltimore, les autorités portuaires de New York et du New Jersey prévoient d'accueillir plus de marchandises afin d'atténuer les conséquences de cet accident, ont annoncé jeudi les gouverneurs de ces Etats dans un communiqué commun.


Un nouveau directeur pour le British Museum, secoué par une affaire de vols

Des visiteurs admirent les marbres du Parthénon, également connus sous le nom de marbres d'Elgin, au British Museum de Londres le 9 janvier 2023. (AFP)
Des visiteurs admirent les marbres du Parthénon, également connus sous le nom de marbres d'Elgin, au British Museum de Londres le 9 janvier 2023. (AFP)
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  • Nicholas Cullinan, 46 ans, a été nommé après l'approbation unanime des administrateurs du musée et l'accord du Premier ministre Rishi Sunak
  • Nicholas Cullinan a salué l'«honneur» que représente la direction de «l'un des plus grands musées du monde»

LONDRES: L'actuel directeur de la National Portrait Gallery de Londres, Nicholas Cullinan, a été nommé directeur du British Museum, a annoncé jeudi l'institution secouée par le scandale du vol de 2 000 pièces et le feuilleton au long cours des marbres du Parthénon.

Le précédent directeur Hartwig Fischer, de nationalité allemande et premier non Britannique à diriger le musée, avait démissionné fin août 2023 après la révélation des vols.

L'intérim était depuis assuré par l'ex-directeur du Victoria & Albert Museum Mark Jones.

Nicholas Cullinan, 46 ans, a été nommé après l'approbation unanime des administrateurs du musée et l'accord du Premier ministre Rishi Sunak.

A la tête de la National Portrait Gallery depuis 2015, il a mené à bien un réaménagement complet des collections et du musée, dont l'espace ouvert au public a augmenté d'un cinquième, selon le communiqué annonçant sa nomination.

L'historien de l'art a notamment été commissaire au Metropolitan Museum of Art de New York et à la Tate Modern de Londres. Il prendra ses fonctions au British Museum cet été.

Nicholas Cullinan a salué l'"honneur" que représente la direction de "l'un des plus grands musées du monde".

Il a évoqué "un nouveau chapitre" qui "englobera les transformations les plus importantes, architecturales et intellectuelles, qui se déroulent dans tout musée dans le monde, pour continuer à faire en sorte que le British Museum soit aussi engagé et collaboratif que possible".

Fondé en 1753, le British Museum abrite une collection de huit millions d'objets, parmi lesquels la pierre de Rosette ou les frises du Parthénon, acquises à l'époque coloniale et revendiquées par la Grèce.

L'institution, dont la visite est gratuite, représente l'attraction touristique la plus prisée du Royaume-Uni, avec 5,8 millions de visiteurs en 2023, en augmentation de 42% par rapport à l'année précédent, selon l'association du secteur.

La révélation du scandale de vols à grande échelle a conduit au renvoi d'un employé, qui a été arrêté par la police sans qu'aucune poursuite ne soit engagée contre lui à ce stade.

Depuis leur découverte, le British Museum a indiqué avoir récupéré un peu plus de 350 objets.

Le nouveau patron du musée devra également mettre en oeuvre une rénovation majeure, estimée à plus d'un milliard d'euros, rendue nécessaire par l'état vétuste de certaines galeries.