Après le départ des Américains, l'ultime appel à l'aide d'Afghans

Un vendeur de ballons marche dans une rue de Kaboul le 31 août 2021. (Photo, AFP)
Un vendeur de ballons marche dans une rue de Kaboul le 31 août 2021. (Photo, AFP)
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Publié le Mardi 31 août 2021

Après le départ des Américains, l'ultime appel à l'aide d'Afghans

  • Artistes ou interprètes, ils sont restés bloqués en Afghanistan et lancent un appel aux Occidentaux, alors que le départ des derniers soldats américains sonne dans l'immédiat le glas de leurs espoirs de fuite
  • « De nombreux politiciens disent qu'ils ne veulent pas que se répète (la crise migratoire de) 2015 », mais ils oublient « l'énorme et positive contribution de notre communauté à la société », déplore Sima

KABOUL: Artistes ou interprètes, ils sont restés bloqués en Afghanistan et lancent un appel aux Occidentaux, alors que le départ des derniers soldats américains sonne dans l'immédiat le glas de leurs espoirs de fuite.

Freshta, dont le prénom a été modifié pour des raisons de sécurité, fait partie de ceux qui n'ont pu être exfiltrés.

Deux jours avant le terrible attentat qui a fait plus d'une centaine de morts aux abords de l'aéroport de Kaboul, elle avait tenté sa chance, dans l'espoir d'une évacuation par la France. En vain.

Après une longue attente avec son bébé de cinq mois et sa fille de cinq ans, encore "stressée" par le chaos et les tirs des talibans, elle a dû rebrousser chemin. 

Terrée dans sa maison de Kaboul, elle contemple désormais le gâchis.

"Pendant 20 ans de guerre, nous avons fait de notre mieux pour bâtir une nation, pour progresser. (...) Nous étions pleins d'énergie", raconte par téléphone à l'AFP cette artiste-peintre de 33 ans, soutenue aux côtés d'autres par un collectif de personnalités culturelles françaises.

"S'il vous plaît, pensez aux innocents qui n'ont aucun moyen de sortir" de cet enfer, plaide-t-elle. "Les autres pays ne doivent pas garder le silence: s'ils reconnaissent le régime des talibans, notre avenir s'assombrira davantage encore".

Il ne lui reste plus qu'à "attendre", dit-elle, limitant au maximum ses sorties, entièrement voilée -"même au niveau du visage" -, tandis qu'une de ses proches s'occupe des courses.

"C'est très dangereux pour moi", en tant que femme et artiste, poursuit Freshta. "On ne peut pas faire confiance aux talibans, il y a un monde entre leurs paroles et leurs actes".

Au cours de toutes ces années de conflit, dont ses oeuvres aux couleurs vives et aux femmes sans visage se font l'écho, jamais elle n'a voulu quitter sa terre, fourmillant de projets, organisant séminaires et expositions.

Mais face à l'avancée des combattants, elle s'était résignée à s'exiler en Inde avec sa famille. La chute éclair de Kaboul ne lui en aura pas laissé le temps.

Le chef de l'Otan promet de ne pas «oublier» les Afghans en danger

Le secrétaire général de l'Otan, Jens Stoltenberg, a promis mardi de ne pas abandonner ceux qui cherchent à fuir le régime taliban en Afghanistan, après le départ des derniers soldats américains, et estime que l'Alliance devra tirer les leçons de ses échecs dans ce pays.

Vingt ans après avoir été chassés du pouvoir par les Etats-Unis, les talibans contrôlent de nouveau l'essentiel du territoire afghan. Ils célébraient mardi leur victoire face à la première puissance militaire mondiale.

Le dernier vol militaire américain a décollé de l'aéroport de Kaboul dans la nuit de lundi à mardi, au terme d'une opération de sauvetage précipitée pour évacuer plus de 123 000 personnes, essentiellement du personnel des pays alliés et des Afghans ayant travaillé à leurs côtés.

"Il est essentiel de garder l'aéroport ouvert, à la fois pour permettre l'aide humanitaire au peuple afghan et pour s'assurer que nous pouvons continuer à faire sortir les gens, ceux qui le souhaitent mais qui n'ont pas pu faire partie de l'évacuation militaire", a-t-il déclaré dans un entretien à l'AFP.

"Nous sommes tous engagés à continuer à travailler dur pour les faire sortir. Nous ne les oublierons pas", a-t-il affirmé.

Ses propos faisaient écho à ceux de la chancelière allemande Angela Merkel selon qui "cet aéroport est d'une importance existentielle pour l'Afghanistan car sans lui, aucune aide médicale ou humanitaire ne peut parvenir".

M. Stoltenberg a souligné que l'Otan avait atteint certains de ses objectifs en s'engageant dans ce pays après les attentats du 11 septembre 2001 aux Etats-Unis.

Apprendre des échecs

"Tous les alliés étaient d'accord sur le fait que nous devions lutter contre le terrorisme pour éviter que l'Afghanistan ne reste un refuge pour les terroristes internationaux. Et depuis 20 ans, nous y sommes parvenus. Aucune attaque terroriste n'a été organisée à partir de l'Afghanistan contre un pays de l'Otan", a-t-il expliqué. "Ce qui est important maintenant, c'est que nous préservions cet acquis", a-t-il ajouté.

Jens Stoltenberg a assuré que les alliés maintiendraient la pression diplomatique sur les nouveaux maîtres du pays afin qu'ils autorisent le départ des Afghans qui se sentent en danger et qu'ils assurent un contrôle des mouvements terroristes sur leur territoire.

Il a remercié toutes les forces alliées qui ont contribué aux évacuations, y compris la France, engagée dans ce pays "pendant tant d'années" et dont les soldats ont parfois "payé le prix du sang".

"Nous continuerons à travailler avec les alliés de l'Otan et d'autres pays pour aider les gens à partir. Les talibans ont clairement indiqué qu'ils autoriseraient les départs, nous jugerons les talibans sur ce qu'ils disent, mais aussi sur ce qu'ils font", a-t-il dit.

Pour l'avenir, M. Stoltenberg a souligné que les 30 membres de l'Alliance allaient examiner attentivement ce qui n'a pas fonctionné dans le cadre de leur mission visant à mettre en place en Afghanistan un gouvernement et une armée capables de contrer les talibans.

"C'est l'une des questions difficiles que nous devons nous poser, alors que nous allons désormais mener un processus d'évaluation et d'analyse pour tirer des enseignements au sein de l'Otan", a-t-il déclaré à l'AFP. "Parce que nous avons besoin de mieux comprendre, à la fois ce qui a mal tourné, mais aussi d'analyser nos réalisations en Afghanistan, notamment en matière de lutte contre le terrorisme."

« Vivre en paix »

L'amertume, c'est aussi le sentiment qui domine pour "John", un ancien interprète surnommé ainsi par les troupes de l'Otan. Il a notamment travaillé pour la Roumanie, qui n'a évacué que cinq Afghans malgré une longue présence sur le terrain et 1.800 soldats au plus fort du déploiement.

Il se dit menacé par des talibans qui, en dépit de "leur annonce d'une amnistie générale, font du porte-à-porte" pour traquer leurs ennemis. 

Après l'attaque meurtrière, il avait renoncé à se rendre à l'aéroport mais veut encore garder espoir.

"Montrez-vous à la hauteur des promesses faites à vos compagnons de guerre, évacuez-nous d'Afghanistan. N'importe où", écrit-il dans un message transmis à l'AFP. "Nous voulons simplement vivre en paix".

Depuis Vienne, Sima Mirzai, jeune médecin d'origine afghane, dénonce elle aussi l'indifférence de l'Occident.

Arrivée en Autriche à l'âge de six ans, elle assiste, impuissante, aux tourments de son pays natal. Elle s'est démenée pour faire venir ses deux cousines, "en danger pour avoir travaillé avec des ONG américaines", explique-t-elle d'un ton posé, dans un café de la capitale. 

Mais "les autorités ferment les yeux, leur indifférence est inhumaine et honteuse", lâche cette nouvelle diplômée de 26 ans, spécialisée en psychiatrie de l'enfant.

Ses parents issus de la minorité Hazara, persécutée depuis des siècles, ont fui les talibans à la fin des années 1990, avant de se retrouver là, un peu par hasard, après un long périple.

Aujourd'hui ce pays d'Europe centrale compte plus de 40 000 réfugiés afghans, soit la plus importante communauté par habitant au sein de l'UE, et c'est aussi celui qui affiche une des lignes les plus dures, refusant catégoriquement d'accueillir de nouveaux migrants. 

"De nombreux politiciens disent qu'ils ne veulent pas que se répète (la crise migratoire de) 2015", mais ils oublient "l'énorme et positive contribution de notre communauté à la société", déplore Sima.


L'écrivain israélien David Grossman qualifie de "génocide" la situation à Gaza

Des Palestiniens reçoivent de la soupe de lentilles dans un point de distribution de nourriture dans la ville de Gaza, le 1er août 2025. (AFP)
Des Palestiniens reçoivent de la soupe de lentilles dans un point de distribution de nourriture dans la ville de Gaza, le 1er août 2025. (AFP)
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  • Le célèbre écrivain israélien David Grossman a qualifié de "génocide" la manière dont son pays mène la guerre dans la bande de Gaza
  • Allant à contre-courant du gouvernement israélien, M. Grossman affirme rester "désespérément fidèle" à l'idée de deux Etats, la Palestine et Israël

ROME: Le célèbre écrivain israélien David Grossman a qualifié de "génocide" la manière dont son pays mène la guerre dans la bande de Gaza, affirmant en avoir "le cœur brisé", dans une interview publiée vendredi dans le quotidien italien La Repubblica.

"J'ai refusé pendant des années d'utiliser ce terme: "génocide". Mais maintenant je ne peux pas m'empêcher de l'utiliser, après ce que j'ai lu dans les journaux, après les images que j'ai vu et après avoir parlé avec des personnes qui y ont été", dit-il.

"Je veux parler comme une personne qui a fait tout ce qu'elle pouvait pour ne pas en arriver à qualifier Israël d'Etat génocidaire", assure-t-il.

"Et maintenant, avec une douleur immense et le cœur brisé, je dois constater ce c'est ce qui se passe devant mes yeux. "Génocide". C'est un mot avalanche: une fois que tu l'as prononcé, il ne fait que grossir, comme une avalanche. Et il apporte encore plus de destruction et de souffrance", ajoute M. Grossman dont les œuvres ont été traduites en de nombreuses langues, dont le français, l'anglais ou l'italien.

Interrogé sur ce qu'il pensait en lisant les chiffres sur les morts à Gaza, il a répondu: "je me sens mal".

"Mettre ensemble les mots +Israël+ et +famine+, le faire en partant de notre histoire, de notre supposée sensibilité aux souffrances de l'humanité, de la responsabilité morale que nous avons toujours dit avoir envers chaque être humain et non seulement envers les juifs... tout ça c'est dévastateur", poursuit M. Grossman.

Allant à contre-courant du gouvernement israélien, M. Grossman affirme rester "désespérément fidèle" à l'idée de deux Etats, la Palestine et Israël, "principalement parce que je ne vois pas d'alternative", saluant dans ce contexte la volonté du président français Emmanuel Macron de reconnaître en septembre l'Etat palestinien.

"Je pense que c'est une bonne idée et je ne comprends pas l'hystérie avec laquelle elle a été accueillie en Israël", dit-il.

"Il est clair qu'il faudra avoir des conditions précises: pas d'armes. Et la garantie d'élections transparentes dont sera exclu quiconque pense à utiliser la violence contre Israël", a conclu l'écrivain.


L'émissaire de Trump promet davantage d'aides humanitaires après une visite à Gaza

Des Palestiniens de Jabalia, dans le nord de la bande de Gaza, se précipitent vers un avion effectuant un largage d'aide au-dessus du territoire palestinien assiégé par Israël, le 1er août 2025. (AFP)
Des Palestiniens de Jabalia, dans le nord de la bande de Gaza, se précipitent vers un avion effectuant un largage d'aide au-dessus du territoire palestinien assiégé par Israël, le 1er août 2025. (AFP)
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  • L'émissaire américain Steve Witkoff a effectué vendredi une visite dans la bande de Gaza dévastée par la guerre, promettant d'y augmenter l'aide humanitaire
  • L'ONG Human Rights Watch (HRW) a fustigé le système de distribution d'aide mis en place par Israël et les Etats-Unis via la Fondation humanitaire à Gaza (GHF), devenu selon elle un "piège mortel" pour les Gazaouis

Gaza, Territoires palestiniens: L'émissaire américain Steve Witkoff a effectué vendredi une visite dans la bande de Gaza dévastée par la guerre, promettant d'y augmenter l'aide humanitaire, au moment où la pression s'accentue sur Israël face aux pertes humaines dans le territoire palestinien affamé.

En amont de cette visite de l'émissaire du président Donald Trump, l'ONG Human Rights Watch (HRW) a fustigé le système de distribution d'aide mis en place par Israël et les Etats-Unis via la Fondation humanitaire à Gaza (GHF), devenu selon elle un "piège mortel" pour les Gazaouis.

Après près de 22 mois d'une guerre dévastatrice déclenchée par une attaque sanglante du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023, la bande de Gaza assiégée par Israël est menacée d'une "famine généralisée" selon l'ONU et est totalement dépendante de l'aide humanitaire.

Entretemps, les bombardements et tirs israéliens ont continué dans le territoire palestinien, où la Défense civile a fait état de 22 Palestiniens tués, dont huit qui attendaient de l'aide.

"Qu'ont fait nos fils et nos filles? Qu'ont fait les enfants pour mériter cette famine? Ayez pitié de nous!", se lamente la sexagénaire Yasmine al-Farra à l'hôpital Nasser de Khan Younès (sud), où elle pleure son fils tué.

Steve Witkoff et l'ambassadeur américain en Israël, Mike Huckabee, ont visité dans la matinée un centre de la GHF "afin de connaître la vérité sur les sites d'aide", a indiqué M. Huckabee.

- "Nourrir les gens" -

M. Witkoff a ensuite précisé sur X que leur visite, de "plus de cinq heures", avait pour but "de fournir à @POTUS (le président Trump) une compréhension claire de la situation humanitaire et d'élaborer un plan visant à livrer de la nourriture et une aide médicale aux habitants de Gaza".

Selon le site américain Axios, M. Trump a déclaré travailler sur un plan à Gaza "pour nourrir les gens".

La GHF a lancé ses opérations fin mai, après près de trois mois de total blocus humanitaire imposé par Israël, écartant le système d'aide mis en place par l'ONU.

Depuis, 1.373 Palestiniens qui attendaient de l'aide ont été tués à Gaza, dont 859 près des sites de la GHF, une organisation au financement opaque, "la plupart" par l'armée israélienne, a affirmé l'ONU.

Dans un rapport, HRW a dénoncé un système humanitaire "militarisé" qui a provoqué selon l'ONG des "bains de sang". Elle a qualifié de "crimes de guerre" les "meurtres de Palestiniens en quête de nourriture, par les forces israéliennes".

L'armée israélienne, sollicitée par l'AFP, a dit examiner les rapports faisant état de victimes civiles près des zones de distribution d'aides.

Depuis une semaine, des avions de plusieurs pays ont largué des vivres à Gaza. Les autorités israéliennes ont annoncé que plus de 200 camions d'aide avaient été distribués jeudi par les organisations internationales.

Les agences internationales jugent ces aides insuffisantes et selon l'ONU 6.000 camions attendent le feu vert israélien pour entrer à Gaza.

- Vidéo d'un otage -

M. Witkoff, qui s'était rendu à Gaza en janvier, a rencontré jeudi le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, sous pression à la fois en Israël pour tenir ses engagements à détruire le Hamas et libérer les Israéliens kidnappés le 7-Octobre, et à l'étranger pour faire taire les armes à Gaza.

L'attaque du 7-Octobre a entraîné côté israélien la mort de 1.219 personnes, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP réalisé à partir de données officielles. Sur les 251 personnes enlevées ce jour-là, 49 sont toujours otages à Gaza, dont 27 ont été déclarées mortes par l'armée.

L'offensive de représailles lancée par Israël à Gaza, a fait au moins 60.249 morts, en majorité des civils, d'après les données du ministère de la Santé à Gaza, jugées fiables par l'ONU.

Vendredi, le Hamas a diffusé une vidéo d'un otage israélien, identifié par les médias israéliens comme Evyatar David, 24 ans. L'otage y apparaît amaigri et visiblement affaibli, détenu dans un tunnel.

L'AFP n'a pas pu déterminer l'authenticité de la vidéo, ni la date de son enregistrement.

Dans un rapport d'enquête publié vendredi, la chaîne publique britannique BBC a affirmé avoir recueilli des témoignages de membres du personnel médical, de groupes de défense des droits humains et de témoins sur plus de 160 enfants touchés par balle pendant la guerre à Gaza. Elle a ajouté que 95 avaient été touchés à la tête ou à la poitrine et que, selon des témoins, 57 d'entre eux auraient été visés par l'armée israélienne.

Interrogée à ce sujet, l'armée israélienne a déclaré que "toute atteinte intentionnelle aux civils, et en particulier aux enfants, est strictement interdite" par l'armée israélienne et le droit international.


Washington cible l'Autorité palestinienne, en plein débat sur la reconnaissance d'un Etat de Palestine

Le président de l'Autorité palestinienne Mahmud Abbas. (File/AFP)
Le président de l'Autorité palestinienne Mahmud Abbas. (File/AFP)
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  • Les Etats-Unis ont annoncé jeudi des sanctions contre des responsables de l'Autorité palestinienne et de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP), en pleine offensive en faveur d'un Etat de Palestine

WASHINGTON: Les Etats-Unis ont annoncé jeudi des sanctions contre des responsables de l'Autorité palestinienne et de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP), en pleine offensive en faveur d'un Etat de Palestine.

L'annonce des sanctions américaines survient en effet au moment où de nombreux Etats, dont la France et le Canada, ont promis de reconnaître un Etat de Palestine en marge de l'Assemblée générale de l'ONU en septembre, provoquant la colère d'Israël et des Etats-Unis qui parlent d'une "récompense" faite au Hamas dans la bande de Gaza.

La France et l'Arabie saoudite ont co-présidé lundi et mardi à l'ONU une conférence internationale, plaidant ainsi pour la solution à deux Etats, israélien et palestinien, seul chemin pour parvenir à la paix au Proche-Orient.

Washington, qui rejette toute reconnaissance unilatérale d'un Etat palestinien, a décrit la conférence comme étant une "insulte" faite aux victimes de l'attaque du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023.

Dans un communiqué jeudi, le département d'Etat américain a fait part de sanctions contre des responsables de l'Autorité palestinienne et de l'OLP, sans les identifier, accusés notamment d'"internationaliser le conflit avec Israël".

Washington reproche aux deux institutions de "soutenir des actions au sein d'organisations internationales qui sapent et contredisent les engagements antérieurs" notamment à travers la Cour internationale de justice (CIJ) et la Cour pénale internationale (CPI).

Washington avait sanctionné en juin quatre magistrates de la CPI, estimant que leurs procédures visant l'exécutif israélien étaient "illégitimes" et "politisées".

Washington, principal allié d'Israël, accuse aussi l'OLP et l'Autorité palestinienne de "continuer à soutenir le terrorisme, y compris par l'incitation et la glorification de la violence" dans les livres scolaires, une accusation de longue date.

Les sanctions consistent en un refus de visa pour des membres des deux institutions.

- "Distorsion morale" -

"Il est dans l'intérêt de notre sécurité nationale d'imposer des sanctions et de tenir l'OLP et l'Autorité palestinienne responsables du non-respect de leurs engagements et de la remise en cause des perspectives de paix", a indiqué le département d'Etat.

Le ministre israélien des Affaires étrangères, Gideon Saar, s'est aussitôt félicité de cette décision, jugeant que "l'Autorité palestinienne doit payer le prix de sa politique actuelle consistant à verser des indemnités aux terroristes et à leurs familles pour les attentats commis et pour l'incitation à la haine contre Israël dans les écoles, les manuels scolaires, les mosquées et les médias palestiniens".

Il a également relevé, sur X, que cette mesure "met en évidence la distorsion morale de certains pays qui se sont empressés de reconnaître un Etat palestinien virtuel tout en fermant les yeux sur le soutien de l'Autorité palestinienne au terrorisme et à l'incitation à la haine".

L'Autorité palestinienne, dont le président est Mahmoud Abbas, administre la Cisjordanie occupée, tandis que l'OLP, créée en 1964, est le mouvement fondateur représentant les Palestiniens, longtemps dirigée par leur leader historique Yasser Arafat.

L'OLP rassemble la majorité des mouvements politiques palestiniens mais pas le mouvement islamiste Hamas, qui s'est emparé du pouvoir à Gaza en 2007.

Des pays arabes et occidentaux voudraient voir l'Autorité palestinienne, très affaiblie, jouer un rôle dans la gouvernance de la bande de Gaza après la guerre qui y fait rage depuis octobre 2023.

Depuis son retour au pouvoir en janvier, le président Donald Trump, qui a accueilli le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu par trois fois à la Maison Blanche, plus qu'aucun autre dirigeant étranger, a apporté un soutien inconditionnel à Israël, tout en oeuvrant sans succès pour un cessez-le-feu à Gaza.

Mais il s'est montré peu disert sur l'Autorité palestinienne, décriée pour le manque de réformes et la corruption.

Parmi ses premiers décrets, le président Trump avait levé des sanctions imposées sous son prédécesseur Joe Biden visant des colons israéliens extrémistes en Cisjordanie, en proie à une recrudescence des violences.