Itinéraire d’une évacuation réussie: un journaliste afghan et sa famille témoignent

Ozra Ahmadi et ses enfants. (Photo fournie)
Ozra Ahmadi et ses enfants. (Photo fournie)
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Publié le Dimanche 29 août 2021

Itinéraire d’une évacuation réussie: un journaliste afghan et sa famille témoignent

  • Fawal et Ozra racontent l’enfer de l’attente à l’aéroport de Kaboul et le désarroi dans lequel se trouvent encore des milliers d’Afghans désireux de fuir les talibans
  • «Envisager de quitter mon pays est déchirant, d’autant plus que nous, les journalistes, avions un rôle clé dans l’instauration et la préservation de la démocratie»

PARIS: Il y a une dizaine de jours, vous pouviez découvrir, dans les colonnes dArab News en français, l’histoire ô combien poignante de celui que nous avons dû surnommer Ashraf H. pour préserver sa sécurité ainsi que celle de sa famille.

Aujourd'hui, c'est à visage découvert, l'esquisse d'un sourire aux lèvres, que Fawal Ahmadi, de son vrai nom, nous livre son témoignage. Le voilà rassuré, en sécurité, à Abou Dhabi. Avec son épouse, Ozra, et ses deux enfants, ils ont pu monter à bord d'un avion depuis l'aéroport de Kaboul en direction des Émirats arabes unis... un soulagement! Fawal craignait pour sa vie et pour celles de sa femme et de leurs enfants.

Fawal est journaliste-présentateur de renom en Afghanistan. Après une carrière de plus de vingt ans dans les médias, il a exercé ces dernières années la fonction de conseiller de presse et de communication auprès du ministre afghan de l’Industrie et du Commerce. Sa femme, professeure à l’université  de Herat et militante des droits de l’Homme, avait beaucoup d'espoir quant à l'avenir de son pays et la place que pouvait occuper la femme en Afghanistan. Fawal et Ozra sont parents de deux enfants âgés de 3 et 6 ans dont l'un d'entre eux était jusque-là scolarisé en Afghanistan.

Farwal Ahmadi accomplissant son travail de journaliste dans une rue de Kaboul. (Photo fournie)
Farwal Ahmadi accomplissant son travail de journaliste dans une rue de Kaboul. (Photo fournie)

Lorsque Kaboul est tombé entre les mains des talibans et au vu de leur engagement respectif pour «l’édification d’un nouvel Afghanistan» mais aussi de leur position hostile aux talibans, Fawal et son épouse ont pensé au pire... Oui, les talibans avaient promis une amnistie générale, mais tiendront-ils leur promesse? Comment y croire? Jusqu’à la dernière minute, alors que nous étions constamment en contact avec eux, Fawal ne pensait pas pouvoir quitter Kaboul. La voix tremblante, il nous parlait avec beaucoup de fatalisme. Se rendre à l’aéroport pour quitter le pays était beaucoup trop dangereux à ses yeux… Ils n’avaient d’autres choix que d’attendre une aide extérieure. 

Aujourd’hui, c’est dans un tout autre état d’esprit que son épouse et lui s’expriment sur des vidéos envoyées à Arab News en français. Ils sont sains et saufs mais encore sous le choc... ils racontent l’enfer de l’attente à l’aéroport de Kaboul et le désarroi dans lequel se trouvent encore des milliers d’Afghans désireux de fuir les talibans, mais qui y sont toujours bloqués.

Fawal Ahmadi en compagnie de l'ex-président afghan Ashraf Ghani. (Photo fournie)
Fawal Ahmadi en compagnie de l'ex-président afghan Ashraf Ghani. (Photo fournie)

«La situation à l’aéroport de Kaboul n’est pas bonne du tout. Beaucoup de femmes, d’enfants et de personnes âgées y sont entassés, montrant sans cesse leurs pièces d’identités aux militaires.»

Extrêmement chanceux, ils relatent comment le National Endowment for Democracy (NED), une organisation américaine avec laquelle collaborait Ozra, les a aidés à trouver un vol en direction des Émirats arabes unis. Ils racontent surtout leur appréhension face à leur avenir et celui de leurs enfants, eux qui sont contraints de repartir à zéro, sous un nouvel horizon. 

Alors qu’ils étaient encore à Kaboul, Fawal disait: «Envisager de quitter mon pays est déchirant, d’autant plus que nous, les journalistes, avions un rôle clé dans l’instauration et la préservation de la démocratie. Mais je ne peux pas rester ici, il en va de la sécurité de ma famille. Avec l’arrivée des talibans, le pays va régresser et nous risquons de mourir. J’espère que nous pourrons quitter le pays le plus rapidement possible.»

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Aéroport international Hamid Karzai de Kaboul, quelques heures avant le départ de Fawal Ahmadi et sa famille,  le 26 août 2021. (Photo : Fawal Ahmadi)

En escale à Abou Dhabi, leur périple est censé prendre fin en Albanie, dans un premier temps, avant d’aller – c’est leur souhait – aux États-Unis.

Cela ne les empêche pas d’avoir une pensée pour les victimes du double attentat meurtrier d’hier, jeudi, eux qui se sont envolés quelques heures avant la tragédie et qui se considèrent comme de véritables miraculés. «Ce qui s’est produit hier à l’aéroport de Kaboul est tellement triste et douloureux», regrette Ozra. «Nos pensées vont aux victimes et à leurs familles», ajoute-t-elle.

Ozra nous confie s'inquiéter pour sa famille et celle de son mari, restée en Afghanistan: «nos proches ne sont pas du tout en sécurité, à cause de nous».

La situation à l’aéroport de Kaboul demeure chaotique et des milliers d’Afghans s’accrochent encore à l’espoir de pouvoir quitter le pays, et ce, au péril de leur vie, les services de renseignements de nombreux pays occidentaux estimant que le risque de nouveaux attentats terroristes y est de plus en plus élevé. 

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Aéroport international Hamid Karzai de Kaboul, quelques heures avant le départ de Fawal Ahmadi et sa famille,  le 26 août 2021. (Photo : Fawal Ahmadi)

 


Islamabad assure que le cessez-le-feu avec l'Afghanistan «tient»

Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
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  • "Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu"
  • Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite

ISLAMABAD: Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères.

"Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu", a assuré Tahir Andrabi, porte-parole de ce ministère. Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite.

 


Soudan: le Conseil de sécurité de l'ONU condamne «l'assaut» des paramilitaires sur El-Facher

Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
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  • Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher"
  • El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir"

NATIONS-UNIES: Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils".

Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher", dont les paramilitaires des Forces de soutien rapide viennent de prendre le contrôle, et condamne les "atrocités qu'auraient commises les FSR contre la population civile, y compris exécutions sommaires et détentions arbitraires".

El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir, avec des informations crédibles d'exécutions de masse" après l'entrée des paramilitaires, a dénoncé devant le Conseil de sécurité le chef des opérations humanitaires de l'ONU, Tom Fletcher.

"Nous ne pouvons pas entendre les cris, mais pendant que nous sommes assis ici, l'horreur se poursuit. Des femmes et des filles sont violées, des gens mutilés et tués, en toute impunité", a-t-il ajouté.

Mais "la tuerie n'est pas limitée au Darfour", a-t-il alerté, s'inquiétant notamment de la situation dans le Kordofan voisin.

"Des combats féroces au Kordofan-Nord provoquent de nouvelles vagues de déplacement et menacent la réponse humanitaire, y compris autour de la capitale El-Obeid".

Des informations font état "d'atrocités à large échelle commises par les Forces de soutien rapide à Bara, dans le Kordofan-Nord, après la récente prise de la ville", a également dénoncé Martha Ama Akyaa Pobee, sous-secrétaire générale de l'ONU chargée de l'Afrique.

"Cela inclut des représailles contre des soi-disant collaborateurs, souvent ethniquement motivées", a-t-elle déploré.

"Au moins 50 civils ont été tués ces derniers jours à Bara, à cause des combats et par des exécutions sommaires. Cela inclut l'exécution sommaire de cinq bénévoles du Croissant rouge", a-t-elle indiqué.

Le Kordofan "est probablement le prochain théâtre d'opérations militaires pour les belligérants", a-t-elle mis en garde.

"Des attaques de drones de la part des deux parties touchent de nouveaux territoires et de nouvelles cibles. Cela inclut le Nil Bleu, Khartoum, Sennar, le Kordofan-Sud et le Darfour-Ouest, ce qui laisse penser que la portée territoriale du conflit s'élargit", a ajouté la responsable onusienne.

Décrivant la situation "chaotique" à El-Facher où "personne n'est à l'abri", elle a d'autre part noté qu'il était difficile d'y estimer le nombre de victimes.

La guerre au Soudan a fait des dizaines de milliers de morts, des millions de déplacés et provoqué la pire crise humanitaire actuelle, selon l'ONU.

Elle a été déclenchée en avril 2023 par une lutte de pouvoir entre deux anciens alliés: le général Abdel Fattah al-Burhane, commandant de l'armée et dirigeant de facto du Soudan depuis le coup d'Etat de 2021, et le général Mohamed Daglo, à la tête des FSR.


Ouragan Melissa: près de 50 morts dans les Caraïbes, l'aide afflue

Un homme passe devant les débris d'une maison endommagée après le passage de l'ouragan Melissa dans le village de Boca de Dos Rios, province de Santiago de Cuba, Cuba, le 30 octobre 2025. (AFP)
Un homme passe devant les débris d'une maison endommagée après le passage de l'ouragan Melissa dans le village de Boca de Dos Rios, province de Santiago de Cuba, Cuba, le 30 octobre 2025. (AFP)
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  • L’ouragan Melissa, le plus puissant à frapper la Jamaïque en près de 90 ans, a fait près de 50 morts en Haïti et en Jamaïque, laissant derrière lui des destructions massives et des centaines de milliers de sinistrés
  • L’aide internationale afflue vers les Caraïbes, avec des secours venus des États-Unis, du Venezuela, de la France et du Royaume-Uni, alors que les experts rappellent le rôle du réchauffement climatique dans l’intensification de ces catastrophes

CUBA: L'aide internationale afflue vendredi vers les Caraïbes dévastées par le passage de l'ouragan Melissa qui a fait près de 50 morts en Haïti et en Jamaïque.

Habitations en ruines, quartiers inondés et communications coupées... L'heure est à l'évaluation des dégâts causés par Melissa qui devrait désormais faiblir au dessus dans l'Atlantique nord après avoir passé les Bermudes.

Selon le Centre national américain des ouragans (NHC), les inondations devraient s'atténuer aux Bahamas, mais les crues pourraient demeurer à un niveau élevé à Cuba, en Jamaïque, en Haïti et en République dominicaine voisine.

Rendu plus destructeur par le réchauffement climatique, l'ouragan a été le plus puissant à toucher terre en 90 ans lorsqu'il a frappé la Jamaïque mardi en catégorie 5, la plus élevée sur l'échelle Saffir-Simpson, avec des vents d'environ 300 km/h.

"Le bilan confirmé est désormais de 19 morts" dont neuf à l'extrémité ouest de l'île, a déclaré jeudi soir la ministre jamaïcaine de l'Information Dana Morris Dixon, citée par les médias locaux.

De nombreux habitants n'ont toujours pas pu contacter leurs proches, ont expliqué les autorités. L'armée jamaïcaine s'emploie à dégager les routes bloquées, selon le gouvernement.

"Il y a eu une destruction immense, sans précédent, des infrastructures, des propriétés, des routes, des réseaux de communication et d'énergie", a déclaré depuis Kingston Dennis Zulu, coordinateur pour l'ONU dans plusieurs pays des Caraïbes. "Nos évaluations préliminaires montrent que le pays a été dévasté à des niveaux jamais vus auparavant".

- Melissa "nous a tués" -

A Haïti, pas directement touché par l'ouragan mais victime de fortes pluies, au moins 30 personnes, dont dix enfants, sont mortes, et 20 portées disparues, selon le dernier bilan des autorités communiqué jeudi. Vingt-trois de ces décès sont dus à la crue d'une rivière dans le sud-ouest du pays.

A Cuba, les communications téléphoniques et routières restent largement erratiques.

A El Cobre, dans le sud-ouest de l'île communiste, le son des marteaux résonne sous le soleil revenu: ceux dont le toit s'est envolé s'efforcent de réparer avec l'aide d'amis et de voisins, a constaté l'AFP.

Melissa "nous a tués, en nous laissant ainsi dévastés", a déclaré à l'AFP Felicia Correa, qui vit dans le sud de Cuba, près d'El Cobre. "Nous traversions déjà d'énormes difficultés. Maintenant, évidement, notre situation est bien pire."

Quelques 735.000 personnes avaient été évacuées, selon les autorités cubaines.

- Secouristes -

L'aide promise à l'internationale s'achemine dans la zone dévastée.

Les États-Unis ont mobilisé des équipes de secours en République dominicaine, en Jamaïque et aux Bahamas, selon un responsable du département d'État. Des équipes étaient également en route vers Haïti.

Le secrétaire d'État Marco Rubio a également indiqué que Cuba, ennemi idéologique, est inclus dans le dispositif américain.

Le Venezuela a envoyé 26.000 tonnes d'aide humanitaire à son allié cubain.

Le président du Salvador Nayib Bukele a annoncé sur X envoyer vendredi "trois avions d'aide humanitaire en Jamaïque" avec "plus de 300 secouristes" et "50 tonnes" de produits vitaux.

Kits de première nécessité, unités de traitement de l'eau: la France prévoit de livrer "dans les prochains jours" par voie maritime une cargaison d'aide humanitaire d'urgence en Jamaïque, selon le ministère des Affaires étrangères.

Le Royaume-Uni a débloqué une aide financière d'urgence de 2,5 millions de livres (2,8 millions d'euros) pour les pays touchés.

Le changement climatique causé par les activités humaines a rendu l'ouragan plus puissant et destructeur, selon une étude publiée mardi par des climatologues de l'Imperial College de Londres.

"Chaque désastre climatique est un rappel tragique de l'urgence de limiter chaque fraction de degré de réchauffement, principalement causé par la combustion de quantités excessives de charbon, de pétrole et de gaz", a déclaré Simon Stiell, secrétaire exécutif de l'ONU chargé du changement climatique, alors que la grande conférence climatique des Nations unies COP30 s'ouvre dans quelques jours au Brésil.

Avec le réchauffement de la surface des océans, la fréquence des cyclones (ou ouragans ou typhons), les plus intenses augmente, mais pas leur nombre total, selon le groupe d'experts du climat mandatés par l'ONU, le Giec.