«Germinal», roman indépassable dans son genre

L'auteur des Rougon-Macquart a signé le «roman minier» définitif, avec lequel il est impossible de rivaliser. (Photo, AFP)
L'auteur des Rougon-Macquart a signé le «roman minier» définitif, avec lequel il est impossible de rivaliser. (Photo, AFP)
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Publié le Jeudi 02 septembre 2021

«Germinal», roman indépassable dans son genre

  • Avant Zola, les mineurs sont dans les romans populaires une masse informe de brutes, ou une classe dangereuse. Avec lui, ils accèdent à une individualité voire à une noblesse
  • L'écrivain, en venant dans la région de Valenciennes et Denain observer une longue grève, s'était lui-même défait de clichés alimentés par une répression violente à la fin des années 1860, celles où il situe son intrigue

PARIS : Le "Germinal" d'Emile Zola, adapté en série après trois versions au cinéma au XXe siècle, est un roman indépassable dans son genre, alors même que les mines de charbon ont inspiré une littérature abondante.

Le romancier naturaliste prenait un risque en s'attaquant à ce sujet ardu, sur les conseils d'un député du Nord, Alfred Giard. Il en est sorti, en feuilleton en 1884 puis en volume en 1885, un livre monumental.

"Le puits dévorateur avait avalé sa ration quotidienne d'hommes, près de sept cents ouvriers, qui besognaient à cette heure dans cette fourmilière géante, trouant la terre de toutes parts, la criblant ainsi qu'un vieux bois piqué des vers", décrit-il.

Par la description épique et réaliste qu'il donne de la vie ouvrière, "Germinal" est "un moment crucial", estime Diana Cooper-Richet, historienne de l'université de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines, spécialiste de la littérature minière.

Avant Zola, les mineurs sont dans les romans populaires une masse informe de brutes, ou une classe dangereuse. Avec lui, ils accèdent à une individualité voire à une noblesse de par la légitimité de leur cause, celle des travailleurs en lutte pour des conditions de vie décentes.

Noble cause

L'écrivain, en venant dans la région de Valenciennes et Denain observer une longue grève, s'était lui-même défait de clichés alimentés par une répression violente à la fin des années 1860, celles où il situe son intrigue.

"Il donne une dignité à ce métier. Et pendant très longtemps, jusqu'à la fin des mines de charbon, les mineurs lui en seront reconnaissants", explique Diana Cooper-Richet.

Ils le montreront en prenant leur plume, notamment. "Mineur est l'un des métiers manuels dans lesquels on dénombre le plus d'écrivains. Un collègue belge et moi en avons trouvé environ 70 d'expression française: poètes et auteurs d'autobiographies essentiellement, plus rarement romanciers. Et tous ou presque confient ce qu'ils doivent à Zola", ajoute l'historienne.

Sans compter les romanciers de métier qui ont touché au sujet, depuis Elie Berthet ("Les Houilleurs de Polignies", en 1866), vedette du roman populaire à son époque, jusqu'à Sorj Chalandon ("Le Jour d'avant", 2017), en passant par Jules Verne, Louis Aragon ou André Stil.

Seul problème: l'auteur des Rougon-Macquart a signé le "roman minier" définitif, avec lequel il est impossible de rivaliser.

«Zola a tout dit»

Le plus prolixe des mineurs-romanciers, le Belge Constant Malva, écrit dans les années 1930 que "Germinal" lui paraît "le meilleur ouvrage qu'on ait fait jusqu'à ce jour sur la mine et les mineurs. Et on n'en fera sans doute jamais de meilleur (...) Zola a tout dit".

Cette tradition, pour autant, vit toujours. Samira El Ayachi, qui a grandi à Méricourt (Pas-de-Calais) près de Lens, publie jeudi "Le Ventre des hommes" (éditions de l'Aube).

Ce n'est pas un énième chant à la gloire de la classe ouvrière unie. C'est un hommage discret à un père marocain qui prit la tête du combat pour que ses compatriotes bénéficient du statut de mineur comme tous les autres.

"La figure du mineur a été héroïsée par la littérature. La réalité était plus prosaïque et plus violente", estime l'autrice.

Samira El Ayachi était lycéenne quand le "Germinal" de Claude Berri (1993), avec Gérard Depardieu et Renaud, a ravivé l'intérêt pour le roman. "Mon héroïne comme moi, on n'en pouvait plus de Germinal! La mine du matin au soir, on en a mangé... Mais c'est vrai que Zola, pour tout enfant de mineur, quand on a l'âge de comprendre, c'est une claque monumentale".


Le festival Winter at Tantora revient à AlUla et célèbre un riche patrimoine culturel

Le festival tire son nom du Tantora, un cadran solaire antique situé au centre de la vieille ville. (SPA)
Le festival tire son nom du Tantora, un cadran solaire antique situé au centre de la vieille ville. (SPA)
Le festival tire son nom du Tantora, un cadran solaire antique situé au centre de la vieille ville. (SPA)
Le festival tire son nom du Tantora, un cadran solaire antique situé au centre de la vieille ville. (SPA)
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AlUla : Le festival Winter at Tantora a été lancé jeudi à AlUla. Il se déroulera jusqu’au 10 janvier et propose une saison culturelle célébrant le riche héritage civilisationnel, culturel et historique de la région.

Le programme du festival comprend une large palette d’activités culturelles, artistiques et traditionnelles, a rapporté l’Agence de presse saoudienne (SPA).

Parmi les attractions figurent Old Town Nights, Shorfat Tantora, When Shadow Tracks Us et le Carnaval d’Al-Manshiyah.


Le Forum d’Asilah distingué par le Prix du Sultan Qaboos pour la culture

Hatim Betioui, secrétaire général du Forum d’Asilah, reçoit le Prix et la Médaille du Sultan Qaboos pour la culture, les sciences, les arts et les lettres. (Photo: fournie)
Hatim Betioui, secrétaire général du Forum d’Asilah, reçoit le Prix et la Médaille du Sultan Qaboos pour la culture, les sciences, les arts et les lettres. (Photo: fournie)
Les lauréats du Prix du Sultan Qaboos avec le Dr Mohammed bin Saïd Al-Maamari, ministre omanais des Awqaf et des Affaires religieuses, et Habib bin Mohammed Al-Riyami, président du Centre supérieur du Sultan Qaboos pour la culture et les sciences. (Photo: fournie)
Les lauréats du Prix du Sultan Qaboos avec le Dr Mohammed bin Saïd Al-Maamari, ministre omanais des Awqaf et des Affaires religieuses, et Habib bin Mohammed Al-Riyami, président du Centre supérieur du Sultan Qaboos pour la culture et les sciences. (Photo: fournie)
Le prix est décerné en alternance : une année réservée aux Omanais, et l’année suivante ouverte à l’ensemble du monde arabe. (Photo: fournie)
Le prix est décerné en alternance : une année réservée aux Omanais, et l’année suivante ouverte à l’ensemble du monde arabe. (Photo: fournie)
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  • Hatim Betioui, secrétaire général du Forum d’Asilah, a été récompensé à Mascate par le Prix du Sultan Qaboos 2025 dans la catégorie des institutions culturelles privées
  • Cette distinction prestigieuse célèbre l’excellence culturelle arabe et souligne le rôle d’Oman dans la promotion de la pensée, des arts et des lettres

MASCATE: Lors d’une cérémonie organisée dans la capitale omanaise, Mascate, Hatim Betioui, secrétaire général du Forum d’Asilah, a reçu le Prix du Sultan Qaboos pour les institutions culturelles privées.

Hatim Betioui, secrétaire général de la Fondation du Forum d’Asilah, a été distingué mercredi soir à Mascate par le Prix des institutions culturelles privées (catégorie Culture), à l’occasion de la cérémonie de remise du Prix du Sultan Qaboos pour la culture, les arts et les lettres, dans sa douzième édition (2025). La cérémonie s’est tenue sous le patronage du Dr Mohammed bin Saïd Al-Maamari, ministre omanais des Awqaf et des Affaires religieuses, agissant par délégation de Sa Majesté le Sultan Haitham bin Tariq.

Lors de cette édition, le prix a également été attribué, aux côtés de la Fondation du Forum d’Asilah, à l’artiste égyptien Essam Mohammed Sayed Darwish dans le domaine de la sculpture (catégorie Arts), ainsi qu’à Hikmat Al-Sabbagh, connue sous le nom de Yumna Al-Eid, dans le domaine de l’autobiographie (catégorie Lettres).

Au cours de la cérémonie, Habib bin Mohammed Al-Riyami, président du Centre supérieur du Sultan Qaboos pour la culture et les sciences, a prononcé un discours dans lequel il a souligné le rôle et l’importance de ce prix, affirmant que cette célébration constitue une reconnaissance du mérite des lauréats, appelés à devenir des modèles d’engagement et de générosité intellectuelle.

Al-Riyami a également indiqué que l’extension géographique atteinte par le prix, ainsi que l’élargissement constant de la participation des créateurs arabes à chaque édition, résultent de la réputation dont il jouit et de la vision ambitieuse qui sous-tend son avenir. Il a mis en avant le soin apporté à la sélection des commissions de présélection et des jurys finaux, composés de personnalités académiques, artistiques et littéraires de haut niveau, spécialisées dans les domaines concernés, selon des critères rigoureux garantissant le choix de lauréats et d’œuvres prestigieux.

La cérémonie a également été marquée par la projection d’un film retraçant le parcours du prix lors de sa douzième édition, ainsi que par une prestation artistique du Centre omanais de musique.

En clôture de la cérémonie, le ministre des Awqaf et des Affaires religieuses a annoncé les domaines retenus pour la treizième édition du prix, qui sera exclusivement réservée aux candidats omanais. Elle portera sur : la culture (études sur la famille et l’enfance au Sultanat d’Oman), les arts (calligraphie arabe) et les lettres (nouvelle).

Il convient de rappeler que ce prix vise à rendre hommage aux intellectuels, artistes et écrivains pour leurs contributions au renouvellement de la pensée et à l’élévation de la sensibilité humaine, tout en mettant en valeur la contribution omanaise — passée, présente et future — à l’enrichissement de la civilisation humaine.

Le prix est décerné en alternance : une année réservée aux Omanais, et l’année suivante ouverte à l’ensemble du monde arabe. Chaque lauréat de l’édition arabe reçoit la Médaille du Sultan Qaboos pour la culture, les sciences, les arts et les lettres, assortie d’une dotation de 100 000 rials omanais. Pour l’édition omanaise, chaque lauréat reçoit la Médaille du mérite, accompagnée d’une dotation de 50 000 rials omanais.

Le prix a été institué par le décret royal n° 18/2011 du 27 février 2011, afin de reconnaître la production intellectuelle et cognitive et d’affirmer le rôle historique du Sultanat d’Oman dans l’ancrage de la conscience culturelle, considérée comme un pilier fondamental du progrès civilisationnel.


Art Basel Qatar dévoile les détails de sa première édition prévue en 2026

M7 à Doha, où se déroulera une partie de l'événement. (Fourni)
M7 à Doha, où se déroulera une partie de l'événement. (Fourni)
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  • Art Basel Qatar lancera sa première édition en février 2026 à Doha, avec 87 galeries, 84 artistes et neuf commandes monumentales dans l’espace public
  • L’événement mettra fortement l’accent sur la région MENASA, autour du thème « Becoming », explorant transformation, identité et enjeux contemporains

DUBAÏ : Art Basel Qatar a révélé les premiers détails de sa toute première édition, qui se tiendra en février 2026, offrant un aperçu du secteur Galleries et de son programme Special Projects, déployé dans le quartier de Msheireb Downtown Doha.

Aux côtés des présentations de 87 galeries exposant les œuvres de 84 artistes, Art Basel Qatar proposera neuf commandes monumentales et in situ investissant les espaces publics et les lieux culturels de Msheireb. Conçus par le directeur artistique Wael Shawky, en collaboration avec le directeur artistique en chef d’Art Basel Vincenzo de Bellis, ces projets répondent au thème central de la foire : « Becoming » (« Devenir »).

Couvrant la sculpture, l’installation, la performance, le film et l’architecture, ces projets interrogent les notions de transformation — matérielle, sociale et politique — en abordant le changement environnemental, la migration, la mémoire et l’identité. Parmi les artistes participants figurent Abraham Cruzvillegas, Bruce Nauman, Hassan Khan, Khalil Rabah, Nalini Malani, Nour Jaouda, Rayyane Tabet, Sumayya Vally, ainsi que Sweat Variant (Okwui Okpokwasili et Peter Born). Parmi les temps forts annoncés : l’installation vidéo immersive en 3D de Bruce Nauman à M7, la projection monumentale en plein air de Nalini Malani sur la façade de M7, et le majlis évolutif imaginé par Sumayya Vally, conçu comme un espace vivant de rencontre et de dialogue.

Le secteur Galleries réunira des exposants issus de 31 pays et territoires, dont 16 galeries participant pour la première fois à Art Basel. Plus de la moitié des artistes présentés sont originaires de la région MENASA, confirmant l’ancrage régional de la foire. Les présentations iront de figures majeures telles que Etel Adnan, Hassan Sharif et MARWAN à des voix contemporaines comme Ali Cherri, Ahmed Mater, Sophia Al-Maria et Shirin Neshat.

Des galeries de l’ensemble de la région seront représentées, y compris celles disposant d’antennes dans les États du Golfe, notamment au Qatar, aux Émirats arabes unis et en Arabie saoudite.

Le Moyen-Orient élargi et l’Asie seront également présents, avec des galeries venues du Liban, de Turquie, d’Égypte, du Maroc, de Tunisie et d’Inde.

Art Basel Qatar se tiendra du 5 au 7 février 2026, à M7, dans le Doha Design District et dans plusieurs autres lieux de Msheireb Downtown Doha.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com