«Délaissées»: le ras-le-bol d'adolescentes de banlieue parisienne

Le ministre français de l'Éducation, de la Jeunesse et des Sports Jean-Michel Blanquer (à droite) rencontre les élèves du collège Le Saussay dans la banlieue parisienne de Ballancourt-sur-Essonne le 28 mai 2021 lors d'une visite avec l'épouse du président français dédiée à la lutte contre le harcèlement. (Stephane de Sakutin/AFP)
Le ministre français de l'Éducation, de la Jeunesse et des Sports Jean-Michel Blanquer (à droite) rencontre les élèves du collège Le Saussay dans la banlieue parisienne de Ballancourt-sur-Essonne le 28 mai 2021 lors d'une visite avec l'épouse du président français dédiée à la lutte contre le harcèlement. (Stephane de Sakutin/AFP)
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Publié le Vendredi 03 septembre 2021

«Délaissées»: le ras-le-bol d'adolescentes de banlieue parisienne

  • Dans ce département, une adolescente et trois garçons - âgés de 14 à 19 ans - sont morts dans des affrontements entre bandes rivales depuis le début de l'année
  • Les jeunes filles se sentent souvent exclues des activités culturelles et sportives, et des espaces de vie communs de leurs résidences

CORBEIL-ESSONNES, France : «Stigmatisées», «délaissées» ou se sentant parfois «en danger» dehors: des bombes de peinture à la main, des filles des quartiers sensibles de l'Essonne disent leur ras-le-bol de se sentir à la marge de leurs cités.

Ce jour ensoleillé de fin d'été, Soukayna, Tara, Liliane, Lennie, Alyssa et Chaïma taguent le mot «Peace» sur des bâches noires tendues entre deux arbres, réunies sur une petite place accueillante de Corbeil-Essonnes, à une vingtaine de kilomètres au sud de Paris.

Issues de différents quartiers prioritaires de la Politique de la Ville, elles se sont portées volontaires à l'appel d'un collectif d'associations locales pour peindre un «Mur du vivre-ensemble», une fresque de street art destinée à être montrée aux écoliers de l'Essonne.

Dans ce département, une adolescente et trois garçons - âgés de 14 à 19 ans - sont morts dans des affrontements entre bandes rivales depuis le début de l'année.

Mais ce mercredi, qu'elles soient des Tarterêts, de Montconseil ou de Nacelle, des quartiers limitrophes et pourtant peu poreux de Corbeil-Essonnes, les adolescentes échangent. Et dressent le même constat: «nous les filles, on est délaissées, on ne s'occupe pas de nous», soupire Soukayna, 16 ans, aux lunettes rondes.

Ces jeunes filles se sentent souvent exclues des activités culturelles et sportives, et des espaces de vie communs de leurs résidences.

Les hommes sont omniprésents, expliquent-elles, en bas des bâtiments, sur les terrains de foot, dans les clubs sportifs, dans les Maisons de quartier «où il n'y a que des garçons, même les éducateurs sont des garçons», regrette Lennie, 15 ans, qui pour ces raisons ne les fréquente pas.

- «A la maison» -

«Souvent pointées du doigt, stigmatisées, soit elles restent à la maison, soit elles sortent et sont victimes de discrimination», regrette Azdine Ouis, responsable du collectif qui a organisé l'activité.

«La discrimination, elle ne se fait jamais dans le discours mais dans les pratiques», analyse Max Leguem, directeur de cabinet de la mairie et ancien responsable de MJC, qui reconnaît que «ce qu'elles disent est vrai».

Souhaitant «lutter contre ces assignations à résidence», M. Leguem veille à la mixité dans les sorties organisées par la Ville, le recrutement des emplois saisonniers et des personnels des sept Maisons de quartier.

Et il ajoute qu'une section féminine dans le club de foot de Corbeil-Essonnes sera ouverte en septembre.

Ravie d'avoir trouvé une association qui l'emmène «à Paris, au restaurant, dans les musées», Liliane, 15 ans «n'a pas osé» s'inscrire au séjour dans les Alpes organisé par Tremplin foot, n'étant «pas à l'aise» avec le fait qu'il y ait «cette majorité de garçons».

Si elles tentent de se mêler, «il ne va rien se passer», reconnaît Sara, 13 ans, «mais c'est gênant pour nous», ajoute-t-elle. Chaïma, son aînée de deux ans estime, elle, qu'«on va penser: +c'est une pute+ juste parce qu'elle a traîné avec des garçons...».

Zakia Amgha, présidente de l'association Les mamans de la République, confirme que cette autocensure est tenace et tente d'aider «ces jeunes filles qui s'interdisent de rêver».

- «Préjugés» -

Ces «préjugés sont fortement incrustés», constate également le délégué du préfet à l'égalité des chances venu voir la fresque. «Les actions de la politique de la ville, dont l'axe principal repose sur l'égalité hommes-femmes, sont prioritaires», assure-t-il.

Sur les quelque 24.000 jeunes ayant participé à ces actions durant l'été, plus de 13.000 sont des filles, chiffre la préfecture de l'Essonne qui concède cependant «que l’égalité réelle entre les femmes et les hommes se concrétise plus difficilement dans les quartiers prioritaires».

Samira Ketfi, 41 ans, qui a grandi à Montconseil «dans une tour», est présidente du club de tennis local.

Pour elle, il y a «un accès limité» des filles aux infrastructures en raison d'un problème de sécurité, avec de «jeunes garçons qui fument et boivent aux abords des courts» et des «bouteilles de verre de vodka cassées sur le terrain».

L'adolescente Lennie glisse que quand elle était plus jeune, sa mère «n'aimait pas qu'il y ait beaucoup de garçons (dehors)»: «elle pensait qu'on serait en danger». Elle-même a longtemps été cantonnée aux «activités avec les personnes âgées».

Assis sur une table de pique-nique en bois aux Tarterêts, près du terrain de foot, Yanisse, Kévin, Sikhou et Joseph, 20 ans, semblent attristés par les dires de leurs voisines de cité.

Yanisse reconnaît que les filles au foot, «ce sont des petites, pas de notre âge» mais tempère: «c'est mélangé quand il y a des événements, comme au basket».

«Faut oser !», suggère Kévin avec un large sourire, ajoutant qu'il «laisserait les filles jouer avec lui» au foot si elles le demandaient.


Tempête Benjamin: gros coup de vent jeudi sur le littoral et l'intérieur du pays

Des rafales de 100 à 130 km/h sont néanmoins attendues sur la côte atlantique et les côtes de Manche, et de 90 à 110 km/h à l'intérieur des terres, le vent pouvant localement souffler plus fort encore sur les reliefs. (AFP)
Des rafales de 100 à 130 km/h sont néanmoins attendues sur la côte atlantique et les côtes de Manche, et de 90 à 110 km/h à l'intérieur des terres, le vent pouvant localement souffler plus fort encore sur les reliefs. (AFP)
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  • La trajectoire et l'intensité de cette dépression automnale, qui survient "après une longue période de temps calme", sont encore incertaines, indique l'institut national dans son dernier bulletin
  • Les rafales atteindront 160 à 170 km/h sur le cap Corse, ce vent violent se maintenant dans la nuit de jeudi à vendredi

BORDEAUX: La tempête Benjamin occasionne de "fortes rafales" de vent sur une "bonne partie du territoire" jeudi, avec de grosses vagues sur le littoral atlantique et les côtes de la Manche, selon Météo France qui a placé 19 départements au total en vigilance orange.

Les départements concernés jeudi par la vigilance orange pour épisode venteux, à des heures diverses, sont le Nord, le Pas-de-Calais, la Somme, la Manche, la Vendée, les Deux-Sèvres, la Charente-Maritime, la Charente, la Gironde, les Landes, les Pyrénées-Atlantiques, l'Aude et les deux départements de Corse, auxquels Météo-France a ajouté la Seine-Maritime et les Alpes-Maritimes dans son dernier bulletin jeudi matin.

Cette même vigilance a en revanche été levée dans le Puy-de-Dôme.

La trajectoire et l'intensité de cette dépression automnale, qui survient "après une longue période de temps calme", sont encore incertaines, indique l'institut national dans son dernier bulletin.

Des rafales de 100 à 130 km/h sont néanmoins attendues sur la côte atlantique et les côtes de Manche, et de 90 à 110 km/h à l'intérieur des terres, le vent pouvant localement souffler plus fort encore sur les reliefs du Puy-de-Dôme, les Corbières ou les plaines des Pyrénées-Orientales, avertit le prévisionniste.

Les rafales atteindront 160 à 170 km/h sur le cap Corse, ce vent violent se maintenant dans la nuit de jeudi à vendredi.

Sur les côtes de la Gironde, des Landes et des Pyrénées-Atlantiques, ainsi qu'en Seine-Maritime, les vents forts soufflant d'ouest à nord-ouest, qui se sont renforcés en cours de nuit dans le golfe de Gascogne puis en Manche jeudi matin, engendreront "de très fortes vagues et une surélévation temporaire du niveau de la mer", ajoute Météo-France.

Ce phénomène, combiné à des coefficients de marée "de vive-eau" (autour de 80), pourrait provoquer des "submersions marines" sur le littoral de ces quatre départements placés en vigilance orange à ce titre, le risque étant le plus marqué au moment des pleines mers.

Enfin, après plusieurs jours de précipitations abondantes avec des cumuls compris entre 40 et 90 mm (soit 40 à 90 litres d'eau par mètre carré), les départements de la Corrèze et du Cantal sont placés quant à eux en vigilance orange pour le risque d'inondation.


En prison, Sarkozy protégé par deux policiers armés, «folie sécuritaire» dénonce un syndicat

Deux policiers autour de Nicolas Sarkozy: l'ancien président, incarcéré depuis mardi à la prison de la Santé, est accompagné par deux officiers de sécurité "eu égard à son statut et aux menaces qui pèsent sur lui", un "dispositif insensé, une folie sécuritaire", dénonce un syndicat de surveillants. (AFP)
Deux policiers autour de Nicolas Sarkozy: l'ancien président, incarcéré depuis mardi à la prison de la Santé, est accompagné par deux officiers de sécurité "eu égard à son statut et aux menaces qui pèsent sur lui", un "dispositif insensé, une folie sécuritaire", dénonce un syndicat de surveillants. (AFP)
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  • L'ancien chef de l'Etat bénéficie en temps normal "d'un dispositif de protection eu égard à son statut et aux menaces qui pèsent sur lui" et ces mesures ont "été maintenues en détention"
  • Deux officiers de sécurité ont été installés dans une cellule voisine de celle de Nicolas Sarkozy au quartier d'isolement de la prison parisienne. Ils sont armés mais ne sont pas équipés de téléphones portables, selon une source proche du dossier

PARIS: Deux policiers autour de Nicolas Sarkozy: l'ancien président, incarcéré depuis mardi à la prison de la Santé, est accompagné par deux officiers de sécurité "eu égard à son statut et aux menaces qui pèsent sur lui", un "dispositif insensé, une folie sécuritaire", dénonce un syndicat de surveillants.

L'ancien chef de l'Etat bénéficie en temps normal "d'un dispositif de protection eu égard à son statut et aux menaces qui pèsent sur lui" et ces mesures ont "été maintenues en détention", a indiqué mercredi le ministre de l'Intérieur Laurent Nuñez sur CNews/Europe 1.

Deux officiers de sécurité ont été installés dans une cellule voisine de celle de Nicolas Sarkozy au quartier d'isolement de la prison parisienne. Ils sont armés mais ne sont pas équipés de téléphones portables, selon une source proche du dossier.

Ce dispositif, qui relève du ministère de l'Intérieur, a été établi "en lien avec le garde des Sceaux" et "sera maintenu tant que le besoin sera jugé utile", selon Beauvau qui précise que "cette situation inédite impose de prendre les mesures de sécurité adéquates, adaptées à la spécificité de la personnalité et du contexte".

S'il est "un citoyen comme les autres", "des menaces un peu plus importantes" pèsent sur "l'ancien président de la République qu'est Nicolas Sarkozy. "La décision a été prise et donc elle a été appliquée immédiatement", a précisé Laurent Nuñez.

Cette annonce a provoqué l'ire du syndicat de surveillants pénitentiaires Ufap-Unsa Justice, qui a dénoncé, dans un communiqué, "un dispositif insensé, une folie sécuritaire".

"Introduire des armes dans une détention, même sous prétexte de protection, c'est franchir une ligne rouge", écrit Alexandre Caby, le secrétaire général du syndicat, dans un communiqué particulièrement courroucé.

"En installant des policiers au cœur de la détention, l'État dit clairement: les personnels pénitentiaires ne seraient pas capables d'assurer la sécurité d'un seul détenu, fût-il un ancien Président", s'estomaque-t-il, parlant de "trahison du service public pénitentiaire", de "gifle monumentale".

Pour le ministre de l'Intérieur, "c'est une décision visant à assurer sa sécurité", "en plus, évidemment, de tout ce qui est mis en œuvre par l'administration pénitentiaire".

L'Ufap-Unsa Justice exige notamment "la fin de la présence armée en détention" et "des excuses publiques".

"Justiciable comme un autre" 

Nicolas Sarkozy, 70 ans, a été condamné le 25 septembre pour association de malfaiteurs dans le procès libyen à cinq ans de prison, une détention inédite dans l'histoire de la République. Il a fait appel de cette décision.

Salué par les vivats de ses supporters quand il a quitté son domicile de l'ouest parisien vers 09H15 mardi matin, l'ancien président est arrivé une vingtaine de minutes plus tard à la Santé.

Trois Français sur quatre estiment qu'il est "un justiciable comme un autre, qui ne doit pas être traité différemment des autres personnes condamnées", selon un sondage RTL-Toluna Harris Interactive publié mercredi.

Un chiffre qui tombe à 52% chez les sympathisants des Républicains, ajoute le sondage.

Nicolas Sarkozy devrait rester "un minimum de trois semaines ou d'un mois" en prison, avait indiqué mardi son avocat Christophe Ingrain. La cour d'appel de Paris a deux mois pour statuer sur la demande de mise en liberté déposée dans la foulée du placement sous écrou.

Reçu par le président Emmanuel Macron vendredi dernier à l'Elysée, l'ex-chef de l'Etat pourrait aussi recevoir la visite en prison du ministre de la Justice, Gérald Darmanin.

Des visites désapprouvées par "une majorité de Français", tout comme le rassemblement de soutien qui s'est tenu mardi matin devant son domicile, d'après le sondage RTL-Toluna Harris Interactive.

Ils sont ainsi 53% à désapprouver ce rassemblement, et 57% la visite annoncée de Gérald Darmanin, selon cette enquête réalisée en ligne mardi auprès d'un échantillon de 1.025 personnes représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus.

Le garde des Sceaux avait déclaré lundi qu'il irait "voir en prison" Nicolas Sarkozy, assurant qu'en tant que ministre de la Justice il pouvait "aller voir n'importe quelle prison et n'importe quel détenu".

Ce projet a été critiqué par le plus haut parquetier de France, le procureur général près la Cour de cassation Rémi Heitz, qui y a vu un risque "d'atteinte à l'indépendance des magistrats".


Les parents de Sébastien Lecornu placés sous protection policière

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  • Cette mise sous protection a une "raison évidente", "ils en ont besoin", a ajouté le ministère, qui s'est refusé à donner des éléments plus précis sur la nature des risques pesant sur les parents de M. Lecornu
  • Une source proche du dossier a assuré à l'AFP que ce couple de personnes âgées n'était pas demandeur et que ce n'était "pas pour leur confort personnel" que cette décision avait été prise

PARIS: Les parents du Premier ministre Sébastien Lecornu ont été placés sous protection policière pour des raisons de sécurité dans leur lieu de résidence, a appris mercredi l'AFP auprès du ministère de l'Intérieur, confirmant une information du Parisien.

Cette mise sous protection a une "raison évidente", "ils en ont besoin", a ajouté le ministère, qui s'est refusé à donner des éléments plus précis sur la nature des risques pesant sur les parents de M. Lecornu.

Une source proche du dossier a assuré à l'AFP que ce couple de personnes âgées n'était pas demandeur et que ce n'était "pas pour leur confort personnel" que cette décision avait été prise.

Selon Le Parisien, ils sont accompagnés de trois policiers 24 heures sur 24, "un chauffeur et deux officiers de sécurité".

Le quotidien ajoute que ce couple a "fait l'objet d'une évaluation" par l'Unité de coordination de la lutte antiterroriste (Uclat) au sein de la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) et qu'à l'issue, ils ont été classés en T4, "soit le plus bas niveau de menace sur une échelle qui en compte quatre".

L'attribution de cette protection policière à des personnalités fait régulièrement polémique, toujours selon le quotidien.

En septembre, Sébastien Lecornu a publié un décret supprimant les derniers avantages "à vie" des anciens Premiers ministres, qui concernaient l'usage d'un véhicule et d'un chauffeur, et la protection policière, limitant à 10 ans cette attribution.

Ce décret entrera en vigueur le 1er janvier 2026.