En Ardèche, un jardin agroécologique forme des citadins en quête de changement

En acquérant le Mas de Beaulieu, l'association, dont Pierre Rabhi est le président d'honneur, voulait "partir du sol le plus ingrat possible" et montrer que l'agroécologie, avec ses pratiques calées sur la vie des sols et les cycles de la nature, pouvait en améliorer sa structure. (Photo AFP).
En acquérant le Mas de Beaulieu, l'association, dont Pierre Rabhi est le président d'honneur, voulait "partir du sol le plus ingrat possible" et montrer que l'agroécologie, avec ses pratiques calées sur la vie des sols et les cycles de la nature, pouvait en améliorer sa structure. (Photo AFP).
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Publié le Jeudi 10 septembre 2020

En Ardèche, un jardin agroécologique forme des citadins en quête de changement

  • Il y a 25 ans, la terre du Mas de Beaulieu (Ardèche) était "dure et pauvre". Aujourd'hui, c'est un jardin verdoyant qui prouve que l'agroécologie fonctionne
  • Tout un savoir à transmettre: l’association prodigue diverses formations, à destination de particuliers et de professionnels, à l'étranger et en France. En 2019, elle a formé 373 stagiaires et 110 volontaires

LABLACHERE : Il y a 25 ans, la terre du Mas de Beaulieu (Ardèche) était "dure et pauvre". Aujourd'hui, c'est un jardin verdoyant qui prouve que l'agroécologie fonctionne, selon l'association Terre et Humanisme, dont le message séduit de plus en plus de citadins.

En acquérant le Mas de Beaulieu, l'association, dont Pierre Rabhi est le président d'honneur, voulait "partir du sol le plus ingrat possible" et montrer que l'agroécologie, avec ses pratiques calées sur la vie des sols et les cycles de la nature, pouvait en améliorer sa structure et sa capacité à retenir l'eau, explique à l'AFP Olivier Hébrard, un de ses experts.

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Tout un savoir à transmettre: l’association prodigue diverses formations, à destination de particuliers et de professionnels, à l'étranger et en France. (Photo AFP).

Démonstration, bêche à l’appui: Olivier sort du Mas et tente de creuser le sol d'une parcelle alentour. En vain. De retour au Mas, au contraire, la bêche s’enfonce. "C'est une structure façon couscous, très riche en matière. Ça sent l’humus", dit-il en y plongeant ses mains, vite entourées par quelques vers de terre.

Quelle différence entre les deux parcelles ? "Vingt-cinq ans de bonnes pratiques mises bout à bout" dans ce jardin laboratoire à la surface utile de 600 mètres carrés, où l'association teste régulièrement de nouvelles techniques de permaculture, comme ces paillages en laine pour protéger le sol ou ces engrais verts, constitués de mélanges de plantes.

Tout un savoir à transmettre: l’association prodigue diverses formations, à destination de particuliers et de professionnels, à l'étranger et en France. En 2019, elle a formé 373 stagiaires et 110 volontaires dans l’Hexagone.

Les "plantes sont comme nous"  

Au programme aujourd'hui: la récolte des semences.

"J’ai pu voir la différence entre une fleur mâle et femelle, et l'astuce pour les polliniser soi-même alors que j'ai eu beaucoup de problèmes avec mes courgettes cette année", se réjouit auprès de l'AFP Ludovic Ledard, jardinier à la retraite.

"C'est super car on se rend compte que les plantes sont comme nous : elles ont besoin d'un environnement sain sinon elles se développent moins bien", abonde Anaïs Breda, 32 ans, avant de confier être “épuisée” par la ville, "polluée et bruyante".

Après le confinement, cette responsable d'une boutique de parfums naturels à Lyon, a pris sa voiture et une tente pour "tout quitter et vivre une expérience inspirante", comme “avoir son petit jardin”.

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"Les plantes sont comme nous : elles ont besoin d'un environnement sain sinon elles se développent moins bien". (Photo AFP). 

Effet de mode ou tendance lourde ?

Selon Virginie Sanchez, coordinatrice des formations, "l'effet confinement" a accéléré "l'évolution des mentalités" déjà en cours vers des modes de vie alternatifs, alors que "dans les années 2000", avoir une conscience écologique était perçu comme "un radicalisme total".

"Coller avec la réalité"

Réunis dans un jardin partenaire proche du Mas, dix stagiaires, dont une dessinatrice en bâtiment, une commerciale, un électricien ou encore un plombier, suivent un cours sur les plantes comestibles.

"Retenez le pourpier", indique le formateur Stéphane Jansegers: "il est facile à reconnaître et il peut remplacer le poisson car il a beaucoup d'oméga 3".

Le cours s'inscrit dans un stage de cinq jours intitulé "Cheminons vers l’autonomie", qui doit permettre aux stagiaires de "réfléchir à leurs objectifs" et de "faire coller leurs envies avec la réalité", explique à l'AFP Stéphane Jansegers.

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Redécouvrir la nature en Ardèche. (Photo AFP).

La réalité pour Axelle Ciofolo, stagiaire de 35 ans ? "Rien acheter est impossible". Cette ancienne employée dans la restauration rapide à Alès, désormais productrice de plantes médicinales en Ardèche, s'est longtemps "mis une pression énorme sur le potager". Mais au bout de "deux ans de processus", elle s'est “rendue compte que des choses ne marchaient pas, que ça prenait du temps".

"Pas grave: à chacun son degré d'autonomie, et il faut que ça reste un plaisir", analyse-t-elle, expliquant avoir renoncé à produire son fromage, les chèvres représentant "trop de contraintes".

Pour Sandrine Favari, commerciale dans une multinationale, "la réalité" est un jeu d'équilibriste entre projets personnel et professionnel. Pendant le confinement, la Montpelliéraine de 42 ans a réalisé ne plus vouloir vivre "entourée de béton, de feux rouges et de consommation à outrance".

Elle qui avait la sensation de "ne plus rien apprendre" au travail, a décidé de "migrer à la campagne" et a acheté un hectare de terrain pour y installer un potager. Cette perspective lui redonne tant le moral qu'elle dit de nouveau "adorer" son métier.


Les députés RN voteront pour la suspension de la réforme des retraites, dit Marine Le Pen

Marine Le Pen a confirmé mercredi qu'elle voterait, avec les autres députés RN, pour la suspension de la réforme des retraites portant l'âge de départ à la retraite à 64 ans qui doit être débattue à l'Assemblée. (AFP)
Marine Le Pen a confirmé mercredi qu'elle voterait, avec les autres députés RN, pour la suspension de la réforme des retraites portant l'âge de départ à la retraite à 64 ans qui doit être débattue à l'Assemblée. (AFP)
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  • La cheffe de file du RN, interviewée sur RTL, a affirmé qu'elle voterait "bien sûr, de manière tout à fait cohérente", pour cette suspension.
  • La suspension devrait être approuvée en première lecture, même si les échanges s'annoncent houleux à gauche. Cette mesure avait été exigée par les socialistes pour ne pas censurer le gouvernement Lecornu.

PARIS: Marine Le Pen a confirmé mercredi qu'elle voterait, avec les autres députés RN, pour la suspension de la réforme des retraites portant l'âge de départ à la retraite à 64 ans qui doit être débattue à l'Assemblée.

La cheffe de file du RN, interviewée sur RTL, a affirmé qu'elle voterait "bien sûr, de manière tout à fait cohérente", pour cette suspension.

"Tous les députés RN" feront de même, selon la leader d'extrême droite.

Vers 15H00, les députés commenceront à débattre en priorité de l'article du projet de loi de financement de la Sécurité sociale qui suspend jusqu'à janvier 2028 la marche en avant vers les 64 ans, tout comme le relèvement du nombre de trimestres à cotiser.

La suspension devrait être approuvée en première lecture, même si les échanges s'annoncent houleux à gauche. Cette mesure avait été exigée par les socialistes pour ne pas censurer le gouvernement Lecornu.

Concrètement, la génération née en 1964 partirait à 62 ans et 9 mois (comme la précédente) au lieu des 63 ans prévus par la réforme. Ces assurés partiraient avec 170 trimestres cotisés au lieu de 171.

Si aucune autre réforme n'était votée après la présidentielle, l'application de la réforme Borne reprendrait ensuite, avec un trimestre de décalage.


Réseaux sociaux, stratégie spatiale et agriculteurs, visite chargée pour Macron à Toulouse

Le président français Emmanuel Macron attend l'arrivée du président palestinien Mahmoud Abbas à l'Élysée, à Paris, le 11 novembre 2025. (AFP)
Le président français Emmanuel Macron attend l'arrivée du président palestinien Mahmoud Abbas à l'Élysée, à Paris, le 11 novembre 2025. (AFP)
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  • Emmanuel Macron est à Toulouse pour débattre de la démocratie à l’épreuve des réseaux sociaux, abordant complotisme, désinformation et éducation numérique, dans le cadre d’un tour de France sur ce thème
  • L’après-midi, il présente la stratégie spatiale française à l’horizon 2040, axée sur la souveraineté, la défense et la coopération internationale, dans un contexte de militarisation croissante de l’espace

TOULOUSE: Un débat sur "la démocratie à l'épreuve des réseaux sociaux" puis un après-midi consacré à la stratégie spatiale nationale: Emmanuel Macron se rend mercredi à Toulouse pour une visite chargée à laquelle veulent en outre s'inviter les agriculteurs occitans.

Ulcéré par les propos du chef de l’État, qui s'est dit "plutôt positif" mais "vigilant" sur la possibilité d'accepter l'accord commercial entre l'Union européenne et le Mercosur, le syndicat agricole FNSEA a appelé ses adhérents à se mobiliser mercredi matin pour "exiger des engagements clairs et fermes du président de la République en faveur de l'agriculture française".

Les agriculteurs devraient ainsi converger, pour certains à bord de leurs engins agricoles, vers le siège du quotidien local La Dépêche du Midi, dans l'ouest de la Ville rose, où M. Macron doit lancer une série de débats autour de la "démocratie à l'épreuve des réseaux sociaux".

Le président y évoquera avec plusieurs experts trois grands thèmes face à 250 à 300 personnes qui pourront "intervenir ou rebondir sur ce qui est dit" pendant environ deux heures, a indiqué à l'AFP le directeur de l'information de La Dépêche du Midi, Lionel Laparade.

- Complotisme, infox et éducation -

Il sera d'abord question du complotisme sur les questions sanitaires, en compagnie notamment du Dr Julien Mazières, pneumologue au CHU de Toulouse, en première ligne lors de la crise du Covid-19. Puis de la désinformation et des infox lors d'un échange avec le directeur général de La Dépêche du Midi, Jean-Nicolas Baylet ainsi qu'avec M. Laparade.

Et enfin, de l'éducation des jeunes face aux réseaux sociaux, avec notamment l'enseignant et youtubeur Yann Bouvier - plus de 1,17 million d'abonnés cumulés sur YouTube et TikTok - et l'ex-recteur de l'académie d'Occitanie, Mostafa Fourar.

"Si on compare la puissance des réseaux sociaux à (celle de) la presse, on voit bien qu'il y a une difficulté, un rapport de force qui ne joue pas en notre faveur. C'est notre rôle, dans ce maquis des réseaux sociaux, de continuer à faire notre métier", a souligné Lionel Laparade.

Le chef de l’État poursuivra son "tour de France" consacré aux réseaux sociaux lors d'une deuxième étape à Dunkerque le 19 novembre devant les lecteurs de La Voix du Nord.

Le président, en retrait sur la scène politique intérieure depuis la dissolution ratée de 2024, entend faire des effets néfastes des écrans et des réseaux sociaux son nouveau cheval de bataille dans la dernière ligne droite du quinquennat avant les municipales de 2026 et la présidentielle de 2027.

Avec "des algorithmes et des ingérences qui structurent finalement nos émotions, la façon dont se déroule notre débat public et la façon dont on s'informe", "l'indépendance nationale est une forme d'indépendance cognitive", a-t-on souligné à l’Elysée. Des "décisions" pourront être prises à l'issue de ce tour de France, et "tout est ouvert", y compris l'hypothèse du référendum, quant à la façon dont elles seront prises, a-t-on précisé.

- L'espace, "endroit de contestation" -

Le président de la République doit ensuite inaugurer des bâtiments du Commandement de l'espace (CDE) où il dévoilera la stratégie nationale spatiale française à l'horizon 2040 pour faire face à la compétition mondiale, tant civile que militaire.

"L'espace n'est plus un endroit paisible, c'est un endroit de contestation", dont certaines "extrêmement agressives de la part de nos compétiteurs, parmi lesquels la Russie", fait valoir l'Elysée.

"Dans l'espace, le mot d'ordre est d'accélérer immédiatement. (...) Face à la militarisation de l'espace, le temps n'est plus celui des politesses de la défense active mais bien des actions offensives", jugeait jeudi le chef d'état-major de l'armée de l'Air et de l'Espace, le général Jérôme Bellanger.

Emmanuel Macron doit donc, selon l'Elysée, donner mercredi après-midi "une vision", "un calendrier" et "fixer un objectif" pour cette stratégie, qu'il devrait décliner selon cinq piliers: la "souveraineté en matière d'accès à l'espace", les compétences industrielles, la défense, "la science et l'exploration", ainsi que la coopération, tant intra-européenne qu'avec les alliés non-européens.


Mahmoud Abbas en visite présidentielle à Paris: déblayer et consolider la voie de la paix

Le président français Emmanuel Macron (à gauche) rencontre le président palestinien Mahmoud Abbas lors d'une réunion bilatérale en marge du sommet de paix de Charm el-Cheikh, dans la station balnéaire égyptienne de Charm el-Cheikh, sur la mer Rouge, le 13 octobre 2025. (AFP)
Le président français Emmanuel Macron (à gauche) rencontre le président palestinien Mahmoud Abbas lors d'une réunion bilatérale en marge du sommet de paix de Charm el-Cheikh, dans la station balnéaire égyptienne de Charm el-Cheikh, sur la mer Rouge, le 13 octobre 2025. (AFP)
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  • Cette rencontre entre le président français Emmanuel Macron et Mahmoud Abbas s’inscrit dans un contexte international complexe, marqué par la fragilité du cessez-le-feu à Gaza
  • Fidèle à sa ligne d’équilibre, et dans le cadre de l’initiative franco-saoudienne qui a abouti à la déclaration de New York, la France entend poursuivre un rôle de médiateur pragmatique, évitant d’opposer ses démarches à celles des États-Unis

PARIS: Pour la première fois, Mahmoud Abbas est accueilli à l’Élysée en visite officielle en tant que président de l’État de Palestine, un changement de dénomination traduisant la reconnaissance officielle de la Palestine par la France et son engagement constant en faveur d’une solution politique durable fondée sur deux États vivant côte à côte, en paix et en sécurité.

Cette rencontre entre le président français Emmanuel Macron et Mahmoud Abbas s’inscrit dans un contexte international complexe, marqué par la fragilité du cessez-le-feu à Gaza, les débats au Conseil de sécurité autour de la mise en place d’une force internationale de stabilisation et les efforts soutenus de la communauté internationale pour engager la reconstruction et la revitalisation des institutions palestiniennes.

Fidèle à sa ligne d’équilibre, et dans le cadre de l’initiative franco-saoudienne qui a abouti à la déclaration de New York, la France entend poursuivre un rôle de médiateur pragmatique, évitant d’opposer ses démarches à celles des États-Unis tout en associant étroitement les pays arabes à la recherche d’une issue politique.

Relancer l’Autorité palestinienne et préparer les réformes

Au cœur de cette visite figure la revitalisation de l’Autorité palestinienne, un point mis en avant dans la lettre adressée le 9 juin par Mahmoud Abbas à Emmanuel Macron et au prince héritier d’Arabie saoudite, Mohammed ben Salman.
Paris, tout comme Riyad, considère que le renforcement de l’Autorité palestinienne est une condition essentielle à la reconstruction politique et sécuritaire de la Palestine, ainsi qu’à la restauration d’une gouvernance légitime, notamment dans la bande de Gaza.

« Il ne s’agit pas pour nous de choisir un dirigeant palestinien, mais de pousser à la tenue d’élections présidentielles et législatives », a précisé l’Élysée, rappelant que le processus électoral et la réforme de la gouvernance figurent parmi les engagements clés du président Abbas.

Ces réformes englobent plusieurs volets, dont la fin du dispositif dit Pay for Slay, déjà abrogé mais encore en phase d’audit, la révision des manuels scolaires menée en coordination avec l’Union européenne et l’Arabie saoudite, ainsi que la préparation d’élections générales dans un délai d’un an à compter du cessez-le-feu.

Pour Paris, il s’agit d’un test de crédibilité pour l’Autorité palestinienne, appelée à se montrer capable de gouverner, de réformer et de représenter l’ensemble du peuple palestinien dans un cadre pacifié et démocratique.

Autre dossier majeur au menu des discussions : la création d’une force internationale de stabilisation, débattue au Conseil de sécurité des Nations unies, visant à soutenir les forces de sécurité palestiniennes dans leur redéploiement à Gaza et à garantir le respect du cessez-le-feu.

Tout en rappelant qu’elle ne prendra aucune initiative unilatérale, la France y participe activement : trois officiers français sont déjà présents au sein de la cellule de coordination américaine déployée sur le terrain, et une équipe diplomatique et militaire supplémentaire doit être envoyée pour évaluer la contribution française.

Parallèlement, la question épineuse du désarmement du Hamas constitue une étape incontournable, mais elle doit, selon Paris, s’inscrire dans le cadre d’un processus politique global.
« Le Hamas a pris l’engagement d’un désarmement progressif dans le cadre du plan de cessez-le-feu ; il est essentiel que cet engagement soit tenu », insiste l’Élysée, qui souligne que la ligne jaune tracée sur le terrain n’a qu’une valeur temporaire, dans l’attente d’un retrait israélien complet, conditionné à la mise en œuvre du plan.

Entre médiation et fermeté diplomatique

Par ailleurs, si l’Élysée s’efforce d’éviter tout sujet de friction avec Israël, la préoccupation française face à l’accélération de la colonisation en Cisjordanie se fait plus explicite.
Paris dénonce « des développements préoccupants sur le terrain », notamment dans la vallée du Jourdain et autour d’Hébron, ainsi que l’augmentation des violences des colons contre les civils palestiniens.
La France appelle Israël à « y mettre un terme et à traduire les auteurs en justice », rappelant que la colonisation reste illégale au regard du droit international et compromet gravement la viabilité d’un futur État palestinien.

Au niveau européen, Paris plaide pour une réponse collective. Des discussions sont en cours à Bruxelles sur d’éventuelles mesures ciblées contre les colons violents, tout en veillant à ne pas rompre le fil du dialogue avec Jérusalem.

Sur le plan bilatéral, la visite de Mahmoud Abbas est aussi l’occasion d’évoquer la reconnaissance réciproque entre la France et la Palestine. Paris a déjà reconnu l’État palestinien, mais la conversion de la représentation palestinienne à Paris en ambassade ne sera effective que lorsque toutes les conditions fixées par Emmanuel Macron seront réunies : « la libération de l’ensemble des otages et le plein respect du cessez-le-feu ».

À ce jour, 24 dépouilles sur 28 ont été rendues, et l’Élysée reste ferme : « pas d’annonce diplomatique supplémentaire tant que les familles ne sont pas toutes fixées sur le sort de leurs proches ».

Fidèle à sa tradition diplomatique, la France cherche à préserver un équilibre délicat. Le président français soutient les efforts américains, notamment ceux du président Trump dans la mise en œuvre du plan en vingt points, tout en insistant pour que les mécanismes de ce plan soient pleinement appropriés par les Palestiniens eux-mêmes.

Paris veut ainsi maintenir une cohérence internationale autour de la solution à deux États, en cherchant à rétablir une unité territoriale palestinienne entre Gaza et la Cisjordanie.
Dans cette optique, la France soutient la mise en place rapide d’un comité technocratique palestinien chargé de gérer les affaires courantes à Gaza et de rétablir un cadre juridique unifié.

Enfin, la France entend jouer un rôle actif dans la conférence sur la reconstruction de Gaza, prévue au Caire d’ici la fin novembre. Paris y voit une opportunité d’associer l’aide humanitaire, le soutien budgétaire et la mobilisation des bailleurs internationaux.
L’Élysée plaide pour un plan de « reconstruction anticipée », qui tienne compte des besoins urgents de la population tout en s’inscrivant dans un horizon politique durable.

Emmanuel Macron défendra cette vision lors de sa déclaration à la presse : celle d’une paix réaliste, inclusive et partagée, fondée sur la coexistence de deux États et sur la participation des partenaires arabes et occidentaux.
« Il y a aujourd’hui une opportunité, même fragile, de trouver enfin une issue. Il faut que nous y contribuions tous », résume l’Élysée.