Guinée: des putschistes affirment avoir capturé le président Condé, confusion à Conakry

«J'ai vu une colonne de véhicules militaires à bord desquels des soldats surexcités tiraient en l'air et entonnaient des slogans militaires», a déclaré une habitante du quartier de Tombo, proche du centre de la capitale. (Photo, AFP)
«J'ai vu une colonne de véhicules militaires à bord desquels des soldats surexcités tiraient en l'air et entonnaient des slogans militaires», a déclaré une habitante du quartier de Tombo, proche du centre de la capitale. (Photo, AFP)
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Publié le Lundi 06 septembre 2021

Guinée: des putschistes affirment avoir capturé le président Condé, confusion à Conakry

  • Les putschistes ont diffusé une vidéo du président Condé entre leurs mains
  • Déjà le 19 juillet 2011, Condé, élu l'année précédente, était sorti indemne d'une attaque menée par des militaires

CONAKRY: Des officiers des forces spéciales guinéennes ont affirmé dimanche avoir capturé le président Alpha Condé, pris le contrôle de Conakry et "dissous" les institutions, lors d'un coup d'Etat qui pourrait sonner la retraite d'un vétéran de la politique africaine, mais condamné par la communauté internationale.

Aucun mort n'a été rapporté dimanche, malgré les crépitements intenses d'armes automatiques entendus dans la matinée dans la capitale de ce pays coutumier des confrontations politiques brutales. L'apparent épilogue de plus de dix années de régime Condé a donné lieu à des scènes de liesse dans différents quartiers de la capitale.

"Nous avons décidé après avoir pris le président, qui est actuellement avec nous (...) de dissoudre la Constitution en vigueur, de dissoudre les institutions", dont le gouvernement, a déclaré, dans une vidéo, le chef des forces spéciales, le lieutenant-colonel Mamady Doumbouya, au nom d'un "Comité national du rassemblement et du développement" (CNRD), au côté de putschistes en uniforme et en armes.

Il a également annoncé la fermeture des frontières terrestres et aériennes de ce pays d'Afrique de l'Ouest plongé depuis des mois dans une grave crise économique et politique.

Dénonçant la "gabegie", le lieutenant-colonel Doumbouya, enveloppé dans un drapeau guinéen, a promis d'"engager une concertation nationale pour ouvrir une transition inclusive et apaisée", dans une déclaration à la télévision nationale qui a brièvement interrompu ses programmes.

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Une capture d'écran extraite d'images envoyées par une source militaire le 5 septembre 2021 montre le président de la Guinée Conakry Alpha Condé après sa capture par des putschistes de l'armée. (Photo, AFP)

Les putschistes ont également diffusé une vidéo du président Condé entre leurs mains. Ils lui demandent s'il a été maltraité et Alpha Condé, 83 ans, en jeans et chemise froissée dans un canapé, refuse de leur répondre.

Dans la soirée, ils ont annoncé au journal télévisé un couvre-feu "à partir de 20H00 sur toute l'étendue du territoire national", le remplacement des membres du gouvernement par les secrétaires généraux de chaque ministère pour expédier les affaires courantes et celui des préfets, sous-préfets, et gouverneurs de région par des militaires.

En outre, ils "appellent les fonctionnaires à reprendre le travail dès ce lundi" et convoquent les ministres sortants et les présidents des institutions à une réunion lundi à 11H00 (locales et GMT), sous peine d'être considérés comme en "rébellion contre le CNRD".

 

La sélection du Maroc, bloquée à Conakry, «en sécurité»

RABAT: La sélection du Maroc, à Conakry où elle devait affronter la Guinée lundi en qualifications pour le Mondial-2022 de football, est "en sécurité", a indiqué dimanche un responsable marocain.

Les Lions de l'Atlas "sont en sécurité et se trouvent actuellement dans un hôtel un peu loin de la zone de tensions", a déclaré un responsable de la Fédération royale marocaine de football (FRMF), Mohamed Makrouf. 

"Les responsables marocains travaillent pour faire évacuer l'équipe aujourd’hui. Un avion est déjà à l’aéroport pour l’opération", a-t-il précisé. 

La Fédération marocaine de football est "en contact avec la FIFA pour savoir si le match sera reporté ou pas", a ajouté M. Makrouf.

«Libération immédiate»

"On tient tout Conakry et on est avec toutes les forces de défense et de sécurité pour enfin mettre fin au mal guinéen", a déclaré à la télévision France 24 le lieutenant-colonel Doumbouya, personnalité très peu connue jusqu'alors.

Le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, a "fermement" condamné "toute prise de pouvoir" en Guinée "par la force du fusil", appelant "à la libération immédiate du président Alpha Condé".

Le président en exercice de l'Union africaine (UA) Félix Tshisekedi et le président de la Commission de l'UA  Moussa Faki Mahamat "condamnent toute prise de pouvoir par la force et demandent la libération immédiate du président Alpha Condé" et appellent à une réunion d'urgence de l'organisation.

Le président en exercice de la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cédéao), le Ghanéen Nana Akufo-Addo, de son côté, "exige le respect de l'intégrité physique" du chef de l'Etat guinéen, sa libération immédiate et "le retour à l'ordre constitutionnel sous peine de sanctions".

 

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Des gens regardent un cadavre dans le quartier central de Kaloum à Conakry le 5 septembre 2021 après que des coups de feu aient été entendus. (Photo, AFP)

La France a dit se joindre à la condamnation de la Cédéao et à l'appel à "la libération immédiate et sans condition du président Condé", à l'instar du chef de la diplomatie de l'UE Josep Borrell qui "invite tous les acteurs à agir dans le respect de l'Etat de droit, de l'intérêt de la paix et pour le bien-être de la population guinéenne".

A Conkary, de nombreux habitants de Conakry, notamment dans les banlieues réputées favorables à l'opposition, sont descendus dans la rue pour acclamer les militaires des forces spéciales.

"Nous sommes fiers des forces spéciales, honte à la police, honte à la milice de l'ancien président Alpha Condé, mort aux tortionnaires et aux assassins de notre jeunesse", s'exclamait un manifestant.

"Je ne pouvais pas imaginer qu'Alpha Condé allait quitter le pouvoir de mon vivant, tellement il m'a fait du tort", a confié Madiaou Sow, un chauffeur, lui imputant la mort dans des manifestations de sa soeur, son neveu et de son cousin.

Il faisait référence à la répression sanglante des manifestations de l'opposition et de la mobilisation contre l'adoption par referendum en 2020 d'une nouvelle Constitution, dont M. Condé a tiré argument pour briguer et obtenir un troisième mandat.

Dates-clés depuis l'indépendance

1958: indépendance

Le 2 octobre 1958, Ahmed Sékou Touré proclame l'indépendance, quelques jours après que la Guinée a refusé par référendum d'intégrer une "communauté" franco-africaine proposée par le général de Gaulle.

En janvier 1961, Sékou Touré est élu président. Le socialisme est proclamé en 1967.

1958-1984: Sékou Touré au pouvoir

"Père de l'indépendance" et héros tiers-mondiste, Ahmed Sékou Touré troque rapidement ses habits de dirigeant progressiste pour gouverner d'une poigne de fer pendant 26 ans un pays exsangue.

Son régime est responsable de la mort ou de la disparition de 50 000 personnes, selon les organisations des droits de l'Homme, et de l'exil de centaines de milliers d'autres.

1984-2008: Lansana Conté au pouvoir

Le 3 avril 1984, une semaine après la mort de Sékou Touré, un Comité militaire prend le pouvoir, dirigé par le colonel Lansana Conté qui dirige en maître absolu. Son régime fait face à une tentative de coup d'État en 1985 et à une mutinerie de soldats meurtrière en 1996.

Lansana Conté est élu président en 1993, puis réélu à deux reprises lors de scrutins contestés ou boycottés par l'opposition.

Début 2007, de grandes manifestations hostiles au "système Conté" sont réprimées, faisant plus de 180 morts selon les ONG.

2008: coup d'État

Le 23 décembre 2008, des militaires prennent le pouvoir sans effusion de sang au lendemain du décès de Lansana Conté. Le gouvernement renversé fait allégeance à la junte dirigée par le capitaine Moussa Dadis Camara.

Le 28 septembre 2009, les forces de sécurité ouvrent le feu dans un stade où sont rassemblés des milliers d'opposants. Au moins 157 personnes sont tuées, plus d'une centaine de femmes sont violées.

En décembre, Moussa Dadis Camara est blessé par balle à la tête par son aide de camp.

2010: Condé, 1er président démocratiquement élu

En janvier 2010, le général Sékouba Konaté, président par intérim, signe avec Moussa Dadis Camara un accord prévoyant un scrutin présidentiel.

Le 7 novembre, l'opposant historique Alpha Condé devient le premier président démocratiquement élu. 

Le 19 juillet 2011, il sort indemne d'une attaque menée par des militaires contre sa résidence de Conakry.

Il est réélu le 11 octobre 2015, au terme d'un scrutin émaillé de violences et d'accusations de fraude.

2013: épidémie d'Ebola

Fin 2013, débute en Guinée l'épidémie la plus meurtrière de fièvre hémorragique Ebola, qui provoque jusqu'en 2016 la mort de plus de 2 500 personnes dans le pays.

2019-2020: 3e mandat de Condé

À partir d'octobre 2019, la perspective d'un troisième mandat de M. Condé en 2020 génère une contestation qui fera des dizaines de morts civils. Une nouvelle Constitution invoquée par M. Condé pour briguer un 3e mandat est adoptée le 22 mars 2020 lors d'un référendum boycotté par l'opposition.

Alpha Condé est déclaré large vainqueur de la présidentielle du 18 octobre 2020, malgré les protestations de son principal challenger Cellou Dalein Diallo et d'autres adversaires qui crient à la tricherie.

«Beaucoup de morts pour rien»

"Nous allons réécrire une Constitution ensemble, cette fois-ci, toute la Guinée", a assuré le chef des putschistes, déplorant qu'il y ait eu "beaucoup de morts pour rien, beaucoup de blessés, beaucoup de larmes".

Les principaux dirigeants de l'opposition, sollicités par l'AFP, n'ont pas souhaité s'exprimer.

Mais le Front national pour la défense de la Constitution (FNDC), coalition de mouvements politiques et de la société civile qui a mené la contestation contre le troisième mandat, a pris acte de "l'arrestation du dictateur" et des déclarations des militaires sur la Constitution.

Tôt dans la matinée, des tirs nourris d'armes automatiques avaient retenti sur la presqu'île de Kaloum, centre névralgique de Conakry, où siègent la présidence, les institutions et les bureaux d'affaires. 

"J'ai vu une colonne de véhicules militaires à bord desquels des soldats surexcités tiraient en l'air et entonnaient des slogans militaires", a déclaré à l'AFP une habitante du quartier de Tombo, proche du centre de la capitale. 

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Une capture d'écran extraite d'images envoyées par une source militaire le 5 septembre 2021 montre le chef des forces spéciales, le lieutenant-colonel Mamady Doumbouya, prononçant un discours suite à la capture du président. (Photo, AFP)

Depuis des mois, le pays, parmi les plus pauvres du monde malgré des ressources minières et hydrologiques considérables, est en proie à une profonde crise politique et économique, aggravée par la pandémie de Covid-19.

M. Condé, ancien opposant historique, est devenu en 2010 le premier président démocratiquement élu en Guinée après des décennies de régimes autoritaires.

Des défenseurs des droits humains fustigent sa dérive autoritaire remettant en cause les acquis du début.

M. Condé se targue d'avoir fait avancer les droits humains et d'avoir redressé un pays qu'il dit avoir trouvé en ruines.

Les putschistes annoncent un couvre-feu dans tout le pays

Les officiers des forces spéciales qui ont capturé le président guinéen Alpha Condé et proclamé la dissolution des institutions ont annoncé dimanche l'instauration d'un couvre-feu dans tout le pays "jusqu'à nouvel ordre" ainsi que le remplacement des gouverneurs et préfets par des militaires dans les régions.

Les militaires ont aussi dit convoquer les ministres sortants et les présidents des institutions à une réunion lundi à 11H00 (locales et GMT) à Conakry, dans un second communiqué qu'ils ont lu dans la soirée à la télévision nationale.

"Tout refus de se présenter sera considéré comme une rébellion" contre le comité instauré par les putschistes pour diriger le pays, a déclaré le groupe d'officiers en treillis et béret et sans arme apparente, et non pas tenue de combat et casque comme lors de la première apparition télévisée plus tôt dans la journée.

"Le couvre-feu est instauré à partir de 20H00 sur toute l'étendue du territoire national et ce jusqu'à nouvel ordre", ont annoncé les militaires, laissant supposer qu'il était permanent. Ils ont cependant appelé les fonctionnaires à se rendre au travail lundi.

Ils ont pressé "toutes les unités (militaires) de l'intérieur (du pays) de garder la sérénité et d'éviter les mouvements vers Conakry".

Ils ont aussi dit vouloir "rassurer la communauté nationale et internationale que l'intégrité physique et morale de l'ancien président n'est pas engagée. Nous avons pris toutes les mesures pour qu'il ait accès à des soins de santé".


L’Ambassade du Maroc à Tokyo célèbre le 26e anniversaire de l’intronisation du Roi Mohammed VI

L’Ambassade du Maroc à Tokyo a célébré 26 ans de règne de Mohammed VI, mettant en avant les réformes, l’essor économique et l’ouverture du Royaume. (Photo: ANJP)
L’Ambassade du Maroc à Tokyo a célébré 26 ans de règne de Mohammed VI, mettant en avant les réformes, l’essor économique et l’ouverture du Royaume. (Photo: ANJP)
Lors de la célébration du 26e anniversaire de l’intronisation du Roi Mohammed VI à Tokyo, l’Ambassadeur Bouhlal a mis en avant les réformes du Royaume, son rôle croissant en tant que hub régional et ses avancées dans les secteurs de l’énergie, de l’industrie et du tourisme. (Photo: ANJP)
Lors de la célébration du 26e anniversaire de l’intronisation du Roi Mohammed VI à Tokyo, l’Ambassadeur Bouhlal a mis en avant les réformes du Royaume, son rôle croissant en tant que hub régional et ses avancées dans les secteurs de l’énergie, de l’industrie et du tourisme. (Photo: ANJP)
Le ministre japonais KIUCHI Minoru a salué la stabilité et l’ouverture du Maroc, soulignant l’intérêt croissant des investisseurs japonais pour un pays devenu un partenaire stratégique en Afrique. (Photo: ANJP)
Le ministre japonais KIUCHI Minoru a salué la stabilité et l’ouverture du Maroc, soulignant l’intérêt croissant des investisseurs japonais pour un pays devenu un partenaire stratégique en Afrique. (Photo: ANJP)
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  • L’Ambassade du Maroc à Tokyo a célébré 26 ans de règne de Mohammed VI, mettant en avant les réformes, l’essor économique et l’ouverture du Royaume
  • Le Japon a salué la stabilité du Maroc et le renforcement des liens économiques bilatéraux

TOKYO : L’Ambassade du Royaume du Maroc à Tokyo a célébré mercredi le 26e anniversaire de l’intronisation du Roi Mohammed VI.

L’événement a rassemblé des parlementaires éminents, des personnalités politiques japonaises, des diplomates, des chefs d’entreprise ainsi que des responsables gouvernementaux, conférant à la célébration une dimension solennelle et prestigieuse.

L’Ambassadeur Rachad Bouhlal a accueilli les invités en soulignant les réformes visionnaires et cohérentes menées par le Roi Mohammed VI tout au long de ses 25 années de règne. Ces réformes ont largement contribué à faire du Maroc « un pays moderne, ouvert et inclusif », tout en favorisant son développement économique et social, le positionnant comme un modèle pour d'autres nations.

L’Ambassadeur a également adressé ses salutations à l’Empereur et l’Impératrice du Japon, à la Famille impériale ainsi qu’au Gouvernement et au peuple japonais.

Il a mis en avant le rôle du Maroc en tant que hub régional d’investissement et d’innovation, notamment dans les secteurs industriel et des infrastructures. Il a notamment cité le port de Tanger-Med, aujourd’hui le plus grand port de la Méditerranée, ainsi que l’expansion de la ligne à grande vitesse Al Boraq, première du genre en Afrique.

L’Ambassadeur Bouhlal a souligné que le Maroc figure parmi les premiers pays africains à adopter les énergies renouvelables, ce qui lui permet d’attirer des industries à forte valeur ajoutée. Il a précisé que le Royaume est désormais le premier constructeur de voitures particulières en Afrique, avec un rôle déterminant joué par les entreprises japonaises reconnues pour leur expertise technologique, renforçant ainsi les liens économiques entre les deux pays.

Par ailleurs, le Maroc et le Japon ont signé un mémorandum d’entente pour la promotion de l’investissement et du commerce. Selon les données du tourisme international des Nations unies, le Maroc a accueilli 17,4 millions de touristes en 2024, soit une hausse de 20 % par rapport à 2023, ce qui en fait la première destination touristique du continent africain.

Le ministre japonais de la Sécurité économique, KIUCHI Minoru, a salué les avancées du Maroc sous le leadership du Roi Mohammed VI. Il a exprimé l’admiration du Japon pour les réformes marocaines en faveur de la modernisation et de la justice sociale. Le ministre a souligné que la stabilité politique et l’ouverture du Royaume en font un partenaire de confiance, attirant un nombre croissant d’investissements japonais.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.jp


L'écrivain israélien David Grossman qualifie de "génocide" la situation à Gaza

Des Palestiniens reçoivent de la soupe de lentilles dans un point de distribution de nourriture dans la ville de Gaza, le 1er août 2025. (AFP)
Des Palestiniens reçoivent de la soupe de lentilles dans un point de distribution de nourriture dans la ville de Gaza, le 1er août 2025. (AFP)
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  • Le célèbre écrivain israélien David Grossman a qualifié de "génocide" la manière dont son pays mène la guerre dans la bande de Gaza
  • Allant à contre-courant du gouvernement israélien, M. Grossman affirme rester "désespérément fidèle" à l'idée de deux Etats, la Palestine et Israël

ROME: Le célèbre écrivain israélien David Grossman a qualifié de "génocide" la manière dont son pays mène la guerre dans la bande de Gaza, affirmant en avoir "le cœur brisé", dans une interview publiée vendredi dans le quotidien italien La Repubblica.

"J'ai refusé pendant des années d'utiliser ce terme: "génocide". Mais maintenant je ne peux pas m'empêcher de l'utiliser, après ce que j'ai lu dans les journaux, après les images que j'ai vu et après avoir parlé avec des personnes qui y ont été", dit-il.

"Je veux parler comme une personne qui a fait tout ce qu'elle pouvait pour ne pas en arriver à qualifier Israël d'Etat génocidaire", assure-t-il.

"Et maintenant, avec une douleur immense et le cœur brisé, je dois constater ce c'est ce qui se passe devant mes yeux. "Génocide". C'est un mot avalanche: une fois que tu l'as prononcé, il ne fait que grossir, comme une avalanche. Et il apporte encore plus de destruction et de souffrance", ajoute M. Grossman dont les œuvres ont été traduites en de nombreuses langues, dont le français, l'anglais ou l'italien.

Interrogé sur ce qu'il pensait en lisant les chiffres sur les morts à Gaza, il a répondu: "je me sens mal".

"Mettre ensemble les mots +Israël+ et +famine+, le faire en partant de notre histoire, de notre supposée sensibilité aux souffrances de l'humanité, de la responsabilité morale que nous avons toujours dit avoir envers chaque être humain et non seulement envers les juifs... tout ça c'est dévastateur", poursuit M. Grossman.

Allant à contre-courant du gouvernement israélien, M. Grossman affirme rester "désespérément fidèle" à l'idée de deux Etats, la Palestine et Israël, "principalement parce que je ne vois pas d'alternative", saluant dans ce contexte la volonté du président français Emmanuel Macron de reconnaître en septembre l'Etat palestinien.

"Je pense que c'est une bonne idée et je ne comprends pas l'hystérie avec laquelle elle a été accueillie en Israël", dit-il.

"Il est clair qu'il faudra avoir des conditions précises: pas d'armes. Et la garantie d'élections transparentes dont sera exclu quiconque pense à utiliser la violence contre Israël", a conclu l'écrivain.


L'émissaire de Trump promet davantage d'aides humanitaires après une visite à Gaza

Des Palestiniens de Jabalia, dans le nord de la bande de Gaza, se précipitent vers un avion effectuant un largage d'aide au-dessus du territoire palestinien assiégé par Israël, le 1er août 2025. (AFP)
Des Palestiniens de Jabalia, dans le nord de la bande de Gaza, se précipitent vers un avion effectuant un largage d'aide au-dessus du territoire palestinien assiégé par Israël, le 1er août 2025. (AFP)
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  • L'émissaire américain Steve Witkoff a effectué vendredi une visite dans la bande de Gaza dévastée par la guerre, promettant d'y augmenter l'aide humanitaire
  • L'ONG Human Rights Watch (HRW) a fustigé le système de distribution d'aide mis en place par Israël et les Etats-Unis via la Fondation humanitaire à Gaza (GHF), devenu selon elle un "piège mortel" pour les Gazaouis

Gaza, Territoires palestiniens: L'émissaire américain Steve Witkoff a effectué vendredi une visite dans la bande de Gaza dévastée par la guerre, promettant d'y augmenter l'aide humanitaire, au moment où la pression s'accentue sur Israël face aux pertes humaines dans le territoire palestinien affamé.

En amont de cette visite de l'émissaire du président Donald Trump, l'ONG Human Rights Watch (HRW) a fustigé le système de distribution d'aide mis en place par Israël et les Etats-Unis via la Fondation humanitaire à Gaza (GHF), devenu selon elle un "piège mortel" pour les Gazaouis.

Après près de 22 mois d'une guerre dévastatrice déclenchée par une attaque sanglante du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023, la bande de Gaza assiégée par Israël est menacée d'une "famine généralisée" selon l'ONU et est totalement dépendante de l'aide humanitaire.

Entretemps, les bombardements et tirs israéliens ont continué dans le territoire palestinien, où la Défense civile a fait état de 22 Palestiniens tués, dont huit qui attendaient de l'aide.

"Qu'ont fait nos fils et nos filles? Qu'ont fait les enfants pour mériter cette famine? Ayez pitié de nous!", se lamente la sexagénaire Yasmine al-Farra à l'hôpital Nasser de Khan Younès (sud), où elle pleure son fils tué.

Steve Witkoff et l'ambassadeur américain en Israël, Mike Huckabee, ont visité dans la matinée un centre de la GHF "afin de connaître la vérité sur les sites d'aide", a indiqué M. Huckabee.

- "Nourrir les gens" -

M. Witkoff a ensuite précisé sur X que leur visite, de "plus de cinq heures", avait pour but "de fournir à @POTUS (le président Trump) une compréhension claire de la situation humanitaire et d'élaborer un plan visant à livrer de la nourriture et une aide médicale aux habitants de Gaza".

Selon le site américain Axios, M. Trump a déclaré travailler sur un plan à Gaza "pour nourrir les gens".

La GHF a lancé ses opérations fin mai, après près de trois mois de total blocus humanitaire imposé par Israël, écartant le système d'aide mis en place par l'ONU.

Depuis, 1.373 Palestiniens qui attendaient de l'aide ont été tués à Gaza, dont 859 près des sites de la GHF, une organisation au financement opaque, "la plupart" par l'armée israélienne, a affirmé l'ONU.

Dans un rapport, HRW a dénoncé un système humanitaire "militarisé" qui a provoqué selon l'ONG des "bains de sang". Elle a qualifié de "crimes de guerre" les "meurtres de Palestiniens en quête de nourriture, par les forces israéliennes".

L'armée israélienne, sollicitée par l'AFP, a dit examiner les rapports faisant état de victimes civiles près des zones de distribution d'aides.

Depuis une semaine, des avions de plusieurs pays ont largué des vivres à Gaza. Les autorités israéliennes ont annoncé que plus de 200 camions d'aide avaient été distribués jeudi par les organisations internationales.

Les agences internationales jugent ces aides insuffisantes et selon l'ONU 6.000 camions attendent le feu vert israélien pour entrer à Gaza.

- Vidéo d'un otage -

M. Witkoff, qui s'était rendu à Gaza en janvier, a rencontré jeudi le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, sous pression à la fois en Israël pour tenir ses engagements à détruire le Hamas et libérer les Israéliens kidnappés le 7-Octobre, et à l'étranger pour faire taire les armes à Gaza.

L'attaque du 7-Octobre a entraîné côté israélien la mort de 1.219 personnes, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP réalisé à partir de données officielles. Sur les 251 personnes enlevées ce jour-là, 49 sont toujours otages à Gaza, dont 27 ont été déclarées mortes par l'armée.

L'offensive de représailles lancée par Israël à Gaza, a fait au moins 60.249 morts, en majorité des civils, d'après les données du ministère de la Santé à Gaza, jugées fiables par l'ONU.

Vendredi, le Hamas a diffusé une vidéo d'un otage israélien, identifié par les médias israéliens comme Evyatar David, 24 ans. L'otage y apparaît amaigri et visiblement affaibli, détenu dans un tunnel.

L'AFP n'a pas pu déterminer l'authenticité de la vidéo, ni la date de son enregistrement.

Dans un rapport d'enquête publié vendredi, la chaîne publique britannique BBC a affirmé avoir recueilli des témoignages de membres du personnel médical, de groupes de défense des droits humains et de témoins sur plus de 160 enfants touchés par balle pendant la guerre à Gaza. Elle a ajouté que 95 avaient été touchés à la tête ou à la poitrine et que, selon des témoins, 57 d'entre eux auraient été visés par l'armée israélienne.

Interrogée à ce sujet, l'armée israélienne a déclaré que "toute atteinte intentionnelle aux civils, et en particulier aux enfants, est strictement interdite" par l'armée israélienne et le droit international.