Guinée: des putschistes affirment avoir capturé le président Condé, confusion à Conakry

«J'ai vu une colonne de véhicules militaires à bord desquels des soldats surexcités tiraient en l'air et entonnaient des slogans militaires», a déclaré une habitante du quartier de Tombo, proche du centre de la capitale. (Photo, AFP)
«J'ai vu une colonne de véhicules militaires à bord desquels des soldats surexcités tiraient en l'air et entonnaient des slogans militaires», a déclaré une habitante du quartier de Tombo, proche du centre de la capitale. (Photo, AFP)
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Publié le Lundi 06 septembre 2021

Guinée: des putschistes affirment avoir capturé le président Condé, confusion à Conakry

  • Les putschistes ont diffusé une vidéo du président Condé entre leurs mains
  • Déjà le 19 juillet 2011, Condé, élu l'année précédente, était sorti indemne d'une attaque menée par des militaires

CONAKRY: Des officiers des forces spéciales guinéennes ont affirmé dimanche avoir capturé le président Alpha Condé, pris le contrôle de Conakry et "dissous" les institutions, lors d'un coup d'Etat qui pourrait sonner la retraite d'un vétéran de la politique africaine, mais condamné par la communauté internationale.

Aucun mort n'a été rapporté dimanche, malgré les crépitements intenses d'armes automatiques entendus dans la matinée dans la capitale de ce pays coutumier des confrontations politiques brutales. L'apparent épilogue de plus de dix années de régime Condé a donné lieu à des scènes de liesse dans différents quartiers de la capitale.

"Nous avons décidé après avoir pris le président, qui est actuellement avec nous (...) de dissoudre la Constitution en vigueur, de dissoudre les institutions", dont le gouvernement, a déclaré, dans une vidéo, le chef des forces spéciales, le lieutenant-colonel Mamady Doumbouya, au nom d'un "Comité national du rassemblement et du développement" (CNRD), au côté de putschistes en uniforme et en armes.

Il a également annoncé la fermeture des frontières terrestres et aériennes de ce pays d'Afrique de l'Ouest plongé depuis des mois dans une grave crise économique et politique.

Dénonçant la "gabegie", le lieutenant-colonel Doumbouya, enveloppé dans un drapeau guinéen, a promis d'"engager une concertation nationale pour ouvrir une transition inclusive et apaisée", dans une déclaration à la télévision nationale qui a brièvement interrompu ses programmes.

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Une capture d'écran extraite d'images envoyées par une source militaire le 5 septembre 2021 montre le président de la Guinée Conakry Alpha Condé après sa capture par des putschistes de l'armée. (Photo, AFP)

Les putschistes ont également diffusé une vidéo du président Condé entre leurs mains. Ils lui demandent s'il a été maltraité et Alpha Condé, 83 ans, en jeans et chemise froissée dans un canapé, refuse de leur répondre.

Dans la soirée, ils ont annoncé au journal télévisé un couvre-feu "à partir de 20H00 sur toute l'étendue du territoire national", le remplacement des membres du gouvernement par les secrétaires généraux de chaque ministère pour expédier les affaires courantes et celui des préfets, sous-préfets, et gouverneurs de région par des militaires.

En outre, ils "appellent les fonctionnaires à reprendre le travail dès ce lundi" et convoquent les ministres sortants et les présidents des institutions à une réunion lundi à 11H00 (locales et GMT), sous peine d'être considérés comme en "rébellion contre le CNRD".

 

La sélection du Maroc, bloquée à Conakry, «en sécurité»

RABAT: La sélection du Maroc, à Conakry où elle devait affronter la Guinée lundi en qualifications pour le Mondial-2022 de football, est "en sécurité", a indiqué dimanche un responsable marocain.

Les Lions de l'Atlas "sont en sécurité et se trouvent actuellement dans un hôtel un peu loin de la zone de tensions", a déclaré un responsable de la Fédération royale marocaine de football (FRMF), Mohamed Makrouf. 

"Les responsables marocains travaillent pour faire évacuer l'équipe aujourd’hui. Un avion est déjà à l’aéroport pour l’opération", a-t-il précisé. 

La Fédération marocaine de football est "en contact avec la FIFA pour savoir si le match sera reporté ou pas", a ajouté M. Makrouf.

«Libération immédiate»

"On tient tout Conakry et on est avec toutes les forces de défense et de sécurité pour enfin mettre fin au mal guinéen", a déclaré à la télévision France 24 le lieutenant-colonel Doumbouya, personnalité très peu connue jusqu'alors.

Le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, a "fermement" condamné "toute prise de pouvoir" en Guinée "par la force du fusil", appelant "à la libération immédiate du président Alpha Condé".

Le président en exercice de l'Union africaine (UA) Félix Tshisekedi et le président de la Commission de l'UA  Moussa Faki Mahamat "condamnent toute prise de pouvoir par la force et demandent la libération immédiate du président Alpha Condé" et appellent à une réunion d'urgence de l'organisation.

Le président en exercice de la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cédéao), le Ghanéen Nana Akufo-Addo, de son côté, "exige le respect de l'intégrité physique" du chef de l'Etat guinéen, sa libération immédiate et "le retour à l'ordre constitutionnel sous peine de sanctions".

 

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Des gens regardent un cadavre dans le quartier central de Kaloum à Conakry le 5 septembre 2021 après que des coups de feu aient été entendus. (Photo, AFP)

La France a dit se joindre à la condamnation de la Cédéao et à l'appel à "la libération immédiate et sans condition du président Condé", à l'instar du chef de la diplomatie de l'UE Josep Borrell qui "invite tous les acteurs à agir dans le respect de l'Etat de droit, de l'intérêt de la paix et pour le bien-être de la population guinéenne".

A Conkary, de nombreux habitants de Conakry, notamment dans les banlieues réputées favorables à l'opposition, sont descendus dans la rue pour acclamer les militaires des forces spéciales.

"Nous sommes fiers des forces spéciales, honte à la police, honte à la milice de l'ancien président Alpha Condé, mort aux tortionnaires et aux assassins de notre jeunesse", s'exclamait un manifestant.

"Je ne pouvais pas imaginer qu'Alpha Condé allait quitter le pouvoir de mon vivant, tellement il m'a fait du tort", a confié Madiaou Sow, un chauffeur, lui imputant la mort dans des manifestations de sa soeur, son neveu et de son cousin.

Il faisait référence à la répression sanglante des manifestations de l'opposition et de la mobilisation contre l'adoption par referendum en 2020 d'une nouvelle Constitution, dont M. Condé a tiré argument pour briguer et obtenir un troisième mandat.

Dates-clés depuis l'indépendance

1958: indépendance

Le 2 octobre 1958, Ahmed Sékou Touré proclame l'indépendance, quelques jours après que la Guinée a refusé par référendum d'intégrer une "communauté" franco-africaine proposée par le général de Gaulle.

En janvier 1961, Sékou Touré est élu président. Le socialisme est proclamé en 1967.

1958-1984: Sékou Touré au pouvoir

"Père de l'indépendance" et héros tiers-mondiste, Ahmed Sékou Touré troque rapidement ses habits de dirigeant progressiste pour gouverner d'une poigne de fer pendant 26 ans un pays exsangue.

Son régime est responsable de la mort ou de la disparition de 50 000 personnes, selon les organisations des droits de l'Homme, et de l'exil de centaines de milliers d'autres.

1984-2008: Lansana Conté au pouvoir

Le 3 avril 1984, une semaine après la mort de Sékou Touré, un Comité militaire prend le pouvoir, dirigé par le colonel Lansana Conté qui dirige en maître absolu. Son régime fait face à une tentative de coup d'État en 1985 et à une mutinerie de soldats meurtrière en 1996.

Lansana Conté est élu président en 1993, puis réélu à deux reprises lors de scrutins contestés ou boycottés par l'opposition.

Début 2007, de grandes manifestations hostiles au "système Conté" sont réprimées, faisant plus de 180 morts selon les ONG.

2008: coup d'État

Le 23 décembre 2008, des militaires prennent le pouvoir sans effusion de sang au lendemain du décès de Lansana Conté. Le gouvernement renversé fait allégeance à la junte dirigée par le capitaine Moussa Dadis Camara.

Le 28 septembre 2009, les forces de sécurité ouvrent le feu dans un stade où sont rassemblés des milliers d'opposants. Au moins 157 personnes sont tuées, plus d'une centaine de femmes sont violées.

En décembre, Moussa Dadis Camara est blessé par balle à la tête par son aide de camp.

2010: Condé, 1er président démocratiquement élu

En janvier 2010, le général Sékouba Konaté, président par intérim, signe avec Moussa Dadis Camara un accord prévoyant un scrutin présidentiel.

Le 7 novembre, l'opposant historique Alpha Condé devient le premier président démocratiquement élu. 

Le 19 juillet 2011, il sort indemne d'une attaque menée par des militaires contre sa résidence de Conakry.

Il est réélu le 11 octobre 2015, au terme d'un scrutin émaillé de violences et d'accusations de fraude.

2013: épidémie d'Ebola

Fin 2013, débute en Guinée l'épidémie la plus meurtrière de fièvre hémorragique Ebola, qui provoque jusqu'en 2016 la mort de plus de 2 500 personnes dans le pays.

2019-2020: 3e mandat de Condé

À partir d'octobre 2019, la perspective d'un troisième mandat de M. Condé en 2020 génère une contestation qui fera des dizaines de morts civils. Une nouvelle Constitution invoquée par M. Condé pour briguer un 3e mandat est adoptée le 22 mars 2020 lors d'un référendum boycotté par l'opposition.

Alpha Condé est déclaré large vainqueur de la présidentielle du 18 octobre 2020, malgré les protestations de son principal challenger Cellou Dalein Diallo et d'autres adversaires qui crient à la tricherie.

«Beaucoup de morts pour rien»

"Nous allons réécrire une Constitution ensemble, cette fois-ci, toute la Guinée", a assuré le chef des putschistes, déplorant qu'il y ait eu "beaucoup de morts pour rien, beaucoup de blessés, beaucoup de larmes".

Les principaux dirigeants de l'opposition, sollicités par l'AFP, n'ont pas souhaité s'exprimer.

Mais le Front national pour la défense de la Constitution (FNDC), coalition de mouvements politiques et de la société civile qui a mené la contestation contre le troisième mandat, a pris acte de "l'arrestation du dictateur" et des déclarations des militaires sur la Constitution.

Tôt dans la matinée, des tirs nourris d'armes automatiques avaient retenti sur la presqu'île de Kaloum, centre névralgique de Conakry, où siègent la présidence, les institutions et les bureaux d'affaires. 

"J'ai vu une colonne de véhicules militaires à bord desquels des soldats surexcités tiraient en l'air et entonnaient des slogans militaires", a déclaré à l'AFP une habitante du quartier de Tombo, proche du centre de la capitale. 

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Une capture d'écran extraite d'images envoyées par une source militaire le 5 septembre 2021 montre le chef des forces spéciales, le lieutenant-colonel Mamady Doumbouya, prononçant un discours suite à la capture du président. (Photo, AFP)

Depuis des mois, le pays, parmi les plus pauvres du monde malgré des ressources minières et hydrologiques considérables, est en proie à une profonde crise politique et économique, aggravée par la pandémie de Covid-19.

M. Condé, ancien opposant historique, est devenu en 2010 le premier président démocratiquement élu en Guinée après des décennies de régimes autoritaires.

Des défenseurs des droits humains fustigent sa dérive autoritaire remettant en cause les acquis du début.

M. Condé se targue d'avoir fait avancer les droits humains et d'avoir redressé un pays qu'il dit avoir trouvé en ruines.

Les putschistes annoncent un couvre-feu dans tout le pays

Les officiers des forces spéciales qui ont capturé le président guinéen Alpha Condé et proclamé la dissolution des institutions ont annoncé dimanche l'instauration d'un couvre-feu dans tout le pays "jusqu'à nouvel ordre" ainsi que le remplacement des gouverneurs et préfets par des militaires dans les régions.

Les militaires ont aussi dit convoquer les ministres sortants et les présidents des institutions à une réunion lundi à 11H00 (locales et GMT) à Conakry, dans un second communiqué qu'ils ont lu dans la soirée à la télévision nationale.

"Tout refus de se présenter sera considéré comme une rébellion" contre le comité instauré par les putschistes pour diriger le pays, a déclaré le groupe d'officiers en treillis et béret et sans arme apparente, et non pas tenue de combat et casque comme lors de la première apparition télévisée plus tôt dans la journée.

"Le couvre-feu est instauré à partir de 20H00 sur toute l'étendue du territoire national et ce jusqu'à nouvel ordre", ont annoncé les militaires, laissant supposer qu'il était permanent. Ils ont cependant appelé les fonctionnaires à se rendre au travail lundi.

Ils ont pressé "toutes les unités (militaires) de l'intérieur (du pays) de garder la sérénité et d'éviter les mouvements vers Conakry".

Ils ont aussi dit vouloir "rassurer la communauté nationale et internationale que l'intégrité physique et morale de l'ancien président n'est pas engagée. Nous avons pris toutes les mesures pour qu'il ait accès à des soins de santé".


Russie: un deuxième journaliste arrêté pour des vidéos pour l'équipe de Navalny

Sergueï Kareline est le deuxième journaliste a être arrêté pour ces accusations, après Konstantin Gabov, également placé en détention samedi (Photo, Fournie).
Sergueï Kareline est le deuxième journaliste a être arrêté pour ces accusations, après Konstantin Gabov, également placé en détention samedi (Photo, Fournie).
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  • La plupart des associés de l'opposant défunt sont en exil à l'étranger, d'autres ont écopé de lourdes peines de prison
  • Sergueï Kareline et Konstantin Gabov sont accusés d'avoir participé à la préparation de vidéos pour la chaîne YouTube NavalnyLIVE

MOSCOU: Un journaliste russe a été placé en détention en Russie pour "extrémisme", accusé d'avoir participé à la création de vidéos pour l'équipe de l'opposant défunt Alexeï Navalny, a rapporté l'agence de presse américaine Associated Press, avec laquelle il a notamment collaboré.

Sergueï Kareline est le deuxième journaliste a être arrêté pour ces accusations, après Konstantin Gabov, également placé en détention samedi et qui collaborait occasionnellement avec l'agence de presse canadienne Reuters.

Associated Press s'est dite dans un commentaire à l'AFP dimanche "très préoccupée par la détention du vidéo-journaliste russe Sergueï Kareline" et indique "rechercher des informations supplémentaires" sur cette affaire.

Complices

Sergueï Kareline et Konstantin Gabov sont accusés d'avoir participé à la préparation de vidéos pour la chaîne YouTube NavalnyLIVE de l'équipe de l'opposant russe Alexeï Navalny, mort en prison en février dans des circonstances troubles.

Son mouvement a été classé comme "extrémiste" par la justice, ce qui fait courir le risque de poursuites à ses collaborateurs et partisans.

La plupart des associés de l'opposant défunt sont en exil à l'étranger, d'autres ont écopé de lourdes peines de prison.

Les autorités russes ont renforcé ces derniers mois leur pression sur les médias indépendants et étrangers en Russie, dans un contexte de répression tous azimuts des voix dissidentes depuis le début de l'offensive en Ukraine.

Fin mars, une photojournaliste, Antonina Kravtsova, qui travaillait sous le nom d'Antonina Favorskaïa, avait été également placée en détention pour des accusations d'"extrémisme".

Elle couvrait très régulièrement les procès d'Alexeï Navalny pour SOTAvision, l'un des derniers médias documentant depuis la Russie les répressions politiques, classé "agent de l'étranger" par les autorités russes.

Un journaliste russe de l'édition russe du média Forbes, Sergueï Mingazov, a, lui, été arrêté le 26 avril, accusé d'avoir diffusé de "fausses informations" sur les exactions imputées à l'armée russe en Ukraine.

Plusieurs autres journalistes se trouvent en détention en Russie dont l'Américain Evan Gershkovich, visé par des accusation d'"espionnage" qu'il rejette tout comme son média, ses proches et les autorités américaines.

Une journaliste russo-américaine, Alsu Kurmasheva, travaillant pour Radio Free Europe/Radio Liberty (RFE/RL), est aussi en détention depuis octobre 2023 pour ne pas s'être enregistrée en tant qu'"agent de l'étranger" comme l'exigent les autorités.


Washington annonce 6 milliards de dollars d'aide militaire à l'Ukraine

Le secrétaire américain à la Défense Lloyd Austin (au centre) et le chef d'état-major interarmées, le général C. Q. Brown, Jr. (à droite), répondent aux questions lors d'un point de presse au Pentagone le 26 avril 2024 à Arlington, en Virginie (Photo, AFP).
Le secrétaire américain à la Défense Lloyd Austin (au centre) et le chef d'état-major interarmées, le général C. Q. Brown, Jr. (à droite), répondent aux questions lors d'un point de presse au Pentagone le 26 avril 2024 à Arlington, en Virginie (Photo, AFP).
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  • Ce programme d'aide comprend de la défense aérienne, des systèmes anti-drones, des munitions d'artillerie
  • Il s'agit du second volet d'aide annoncé cette semaine, après celui d'un milliard de dollars dévoilé mercredi

WASHINGTON: Le ministre américain de la Défense Lloyd Austin a annoncé vendredi un nouveau volet de 6 milliards de dollars d'aide à l'Ukraine, au moment où Washington tente de rattraper le retard dans ses livraisons à Kiev après des mois d'impasse au Congrès.

"Il s'agit de la plus grande enveloppe d'aide militaire que nous ayons annoncée jusqu'ici", a souligné le responsable américain, lors d'une conférence de presse.

Ce programme d'aide comprend de la défense aérienne, des systèmes anti-drones, des munitions d'artillerie.

Il permettra à Kiev de "stabiliser la ligne de front", a salué le président ukrainien Volodymyr Zelensky.

Il s'agit du second volet d'aide annoncé cette semaine, après celui d'un milliard de dollars dévoilé mercredi.

Les deux montants s'inscrivent dans le budget de 61 milliards de dollars d'assistance à Kiev voté cette semaine au Congrès et promulgué dans la foulée par Joe Biden, l'Ukraine rencontrant actuellement des difficultés dans sa guerre contre la Russie.

Si l'aide d'un milliard de dollars dévoilée mercredi proviendra des stocks de l'armée américaine, celle annoncée vendredi proviendra de contrats avec l'industrie de défense ou de partenaires. Ce qui signifie qu'elle nécessitera davantage de temps pour parvenir jusque sur le champ de bataille.

Après avoir promulgué mercredi la loi prévoyant ces 61 milliards de dollars d'aide militaire et économique à l'Ukraine, Joe Biden avait promis un envoi rapide et massif d'armement.

Vote au Congrès 

Les Etats-Unis sont le principal soutien militaire de Kiev, mais le Congrès n'avait pas adopté de grande enveloppe pour son allié depuis près d'un an et demi -- principalement en raison de querelles partisanes.

Avant cette semaine, Washington n'avait annoncé d'aide à l'Ukraine qu'à une seule occasion cette année: une aide de 300 millions de dollars en mars rendue uniquement possible en raison d'économies réalisées par le Pentagone sur d'autres achats.

L'adoption de ce plan d'aide est un soulagement pour l'armée ukrainienne, confrontée à une pénurie de nouvelles recrues et de munitions, face aux pressions constantes des troupes russes à l'est. Les autorités prédisent une dégradation sur le front potentiellement dès la mi-mai.

Et si le retour de l'aide américaine va permettre à l'armée ukrainienne de reprendre l'initiative face à la Russie, la préparation d'une contre-offensive sera bien plus longue, a estimé jeudi une responsable militaire américaine.

"Les Ukrainiens ont rationné leurs munitions depuis un moment (...), donc les Russes ont, pour résumer, repris l'initiative", a déclaré à la presse cette responsable sous couvert de l'anonymat.

L'aide militaire des alliés "va permettre aux Ukrainiens de commencer à reprendre l'initiative", mais "ce ne sera pas un processus rapide", a-t-elle ajouté.

La réception et la mise en place opérationnelle des nouvelles livraisons va prendre du temps, rien que "pour défendre leurs positions", a-t-elle prévenu, disant ne s'attendre à "aucune offensive de grande ampleur dans un premier temps".


Biden se moque de Trump lors du dîner annuel des correspondants de la Maison Blanche

Le président américain Joe Biden rit pendant que l'humoriste américain Colin Jost (à l’écran) prend la parole lors du dîner de l'Association des correspondants de la Maison Blanche (WHCA) au Washington Hilton, à Washington, DC, le 27 avril 2024. (Photo par Brendan Smialowski AFP)
Le président américain Joe Biden rit pendant que l'humoriste américain Colin Jost (à l’écran) prend la parole lors du dîner de l'Association des correspondants de la Maison Blanche (WHCA) au Washington Hilton, à Washington, DC, le 27 avril 2024. (Photo par Brendan Smialowski AFP)
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  • «L'élection de 2024 bat son plein et oui l'âge est un sujet», a déclaré M. Biden avant de lancer: «Je suis un adulte qui se présente contre un enfant de six ans»
  • Depuis des mois maintenant, à chaque fois que le président américain se déplace, des manifestants se rassemblent pour protester contre le soutien à Israël de celui qu'ils appellent «Joe le génocidaire»

WASHINGTON, États-Unis : Le président Joe Biden a fait preuve d'autodérision samedi tout en égratignant son concurrent à la présidentielle américaine Donald Trump, un «enfant de six ans», lors du dîner annuel des correspondants de la Maison Blanche, événement qui a suscité une manifestation contre la guerre à Gaza à ses abords.

De nombreux invités de marque, journalistes ou célébrités, sont arrivés à l'hôtel Hilton de la capitale fédérale au moment où une centaine de manifestants étaient rassemblés près de l'entrée. Certains protestataires ont alors entonné des slogans tels que «Honte à vous».

A l'intérieur du bâtiment, la guerre entre le Hamas et Israël n'a toutefois pas occupé le devant de la scène, au contraire des moqueries sur l'âge de Joe Biden ou ses chutes occasionnelles dans les escaliers de l'avion présidentiel.

La présence du dirigeant américain à ce gala annuel s'inscrit dans la longue tradition de l'événement, interrompue pendant le mandat de son prédécesseur Donald Trump, qui veut que le président écoute, avec le sourire, un humoriste l'éreinter en règle devant une assemblée en smoking et robes longues, puis prononce un discours émaillé de blagues plus ou moins réussies.

A la manœuvre cette année pour rire du président américain se trouvait le comédien Colin Jost, auteur et acteur pour l'émission phare de la télévision américaine «Saturday Night Live», diffusée sur NBC. Son épouse, l'actrice Scarlett Johansson, était également présente samedi au dîner.

«Je voudrais signaler qu'il est 22H00 passées, Joe l'endormi est toujours debout, pendant que Donald Trump a passé la semaine à s'endormir au tribunal chaque matin», a asséné l'humoriste, dans une allusion au procès à New York de l'ancien président pour une affaire de paiements dissimulés à une ancienne actrice de films X.

Entre autodérision et taquineries à l'encontre des médias, M. Biden, 81 ans, a pris la parole pour railler son rival républicain, 77 ans, expliquant que «l'âge est la seule chose que nous avons en commun».

Colin Jost et Joe Biden ont toutefois adopté un ton plus grave en abordant la question du climat politique aux Etats-Unis. La rhétorique de Donald Trump constitue un danger selon le président américain, en particulier après l'assaut du Capitole en 2021, et «les enjeux ne pourraient être plus élevés», d'après lui.

- Manifestation pro-palestinienne  -

«L'élection de 2024 bat son plein et oui l'âge est un sujet», a déclaré M. Biden avant de lancer: «Je suis un adulte qui se présente contre un enfant de six ans».

Loin des rires de l'assistance parcourant la salle, une manifestation s'est déroulée devant l'hôtel, d'où, depuis une fenêtre du dernier étage, des protestataires ont suspendu un drapeau palestinien de plusieurs mètres de long. D'autres étaient rassemblés en contrebas, au niveau de la chaussée, tenant des pancartes ou des mégaphones.

Le dîner de gala s'est tenu alors que le mouvement de protestation contre la guerre à Gaza se généralise dans les campus américains, avec des arrestations par centaines et le déploiement de policiers anti-émeute.

Un des groupes qui ont organisé la manifestation devant l'hôtel Hilton, Code Pink, a dit vouloir «arrêter» le dîner pour protester contre «la complicité du gouvernement Biden dans le ciblage et le meurtre de journalistes palestiniens par l'armée israélienne», précisant que cette action serait «non violente».

Depuis des mois maintenant, à chaque fois que le président américain se déplace, des manifestants se rassemblent pour protester contre le soutien à Israël de celui qu'ils appellent «Joe le génocidaire», et pour réclamer un arrêt des hostilités à Gaza.

Plusieurs journalistes palestiniens avaient appelé dans une lettre ouverte leurs confrères américains à boycotter cet événement très couru, point d'orgue de tout un week-end de réceptions mondaines.

«Vous avez une responsabilité particulière de dire leur vérité aux puissants et de soutenir l'intégrité journalistique. Il est inacceptable de rester silencieux, par peur ou pour des raisons de carrière, lorsque des journalistes à Gaza continuent d'être détenus, torturés, et tués parce qu'ils font leur métier», ont écrit une vingtaine de journalistes palestiniens.

Selon le Comité pour la protection des journalistes (CPJ), une association établie à New York, au moins 97 journalistes ont été tués depuis le début de la guerre le 7 octobre entre Israël et le Hamas, dont 92 Palestiniens. Au moins 16 autres ont été blessés.

Le dîner était organisé par l'association des correspondants à la Maison Blanche. Cet événement annuel donne aussi lieu à une remise de prix et à une distribution de bourses à des étudiants en journalisme.

L'an dernier, 2.600 invités avaient assisté à l'événement.