Au Bataclan, «les plus aguerris devant» pour l'assaut de la BRI

Des officiers de la BRI posent avec le bouclier qui a servi lors de l’assaut des forces de l’ordre au Bataclan (Photo, AFP).
Des officiers de la BRI posent avec le bouclier qui a servi lors de l’assaut des forces de l’ordre au Bataclan (Photo, AFP).
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Publié le Mercredi 08 septembre 2021

Au Bataclan, «les plus aguerris devant» pour l'assaut de la BRI

  • Le 13 novembre 2015 à 00H18, le patron de la Brigade de recherche et d'intervention (BRI), donne le «top» de l'assaut du Bataclan, au milieu de centaines de corps et de blessés
  • L'opération a duré «moins d'une minute», se souvient Jérémy. Un assaut «très bref, mais très violent»

PARIS: C'était la "meilleure chance" de sauver des vies, mais "sur le papier, la pire des solutions": à 00H18, Christophe Molmy, patron de la Brigade de recherche et d'intervention (BRI), donne le "top" de l'assaut du Bataclan, au milieu de centaines de corps et de blessés.

Cette soirée du 13 novembre 2015, il en connaît tous les détails, minute par minute. "J'étais chez moi. Il y avait du foot, j'aime pas le foot, je regardais en famille autre chose".

A "21H47", raconte-t-il, tout s'accélère. Un journaliste l'informe de tirs sur les terrasses au cœur de Paris.

"Ce soir-là, en 33 minutes, Paris a été victime de huit attentats". Il insiste: "huit attentats!" "Les attaques étaient tellement éparses qu'on ne savait pas exactement où aller".

L'équipe passe donc par "le 36", quai des Orfèvres, en plein centre de la capitale. "De là, on peut rayonner partout. On reprend du matériel, un bouclier lourd, des explosifs..."

Le commissaire Molmy et ses hommes sont envoyés rue de Charonne. En route, contre-ordre, direction le Bataclan. "Il est 22H10-22H15 lorsque nous arrivons". Jérémy, le chef de la colonne qui mènera l'assaut, se remémore "des gens qui criaient, pleuraient" autour de la salle et "des corps".

Dans la rue, le patron de la BRI fait le point avec le chef-adjoint de la BAC (Brigade anti-criminalité) de nuit et son chauffeur, qui sont intervenus les premiers. Le "courage exemplaire" de ce policier qui a tiré sur un des jihadistes a été unanimement salué. Blessé, l'assaillant s'est fait exploser.

Quand Christophe Molmy pénètre dans la salle, c'est le silence. "Des centaines de personnes" sont "couchées dans la fosse". "Un charnier". "C'était très silencieux, à part des râles de douleur, des plaintes", complète Jérémy.

Sécuriser les lieux

"Sur le moment", le commissaire ne "comprend pas comment" les assaillants "ont pu faire autant de victimes en si peu de temps". Il réalise ensuite qu'il y a des survivants "traumatisés (qui) ne bougent pas, le temps de comprendre que la police est arrivée".

Mais pas question de les laisser sortir immédiatement. "On ne sait pas qui est dans la salle, combien étaient les terroristes, s'ils sont postés dans un coin d'ombre pour nous tirer dessus, s'ils n'ont pas piégé la salle", explique le patron de la BRI.

Sécuriser les lieux requiert temps et méthode.

Ses hommes mettent un quart d'heure pour faire le tour de la salle, avant de faire sortir les valides et de les fouiller. Ensuite, les blessés légers. Puis les "très graves". "La kalach est une arme terrible qui fait des dégâts affreux sur le corps humain".

Il n'est "pas loin de 23H00" quand la BRI monte dans les étages. "Pas un bruit, personne ne bougeait, ne criait", poursuit Christophe Molmy. "On a trouvé des blessés, des gens tassés dans les toilettes, les faux plafonds, un placard électrique... Sûrement une bonne centaine, facile".

A 23H15, la colonne bute sur une porte poussante. Elle entend un otage hurler "de ne pas entrer", qu'ils sont plusieurs "menacés par deux terroristes avec kalachnikov et gilets explosifs".

Un otage donne son numéro de téléphone à la BRI pour que le négociateur entre en contact avec les jihadistes. Lui et le psychologue sont rompus à l'exercice. En janvier, ils ont traité avec Amédy Coulibaly à l'Hyper Cacher.

"On tire très peu"

"Il est près de minuit. Mais dès le premier appel (...) on a vite compris qu'une reddition n'était pas possible".

Christophe Molmy sort du Bataclan pour dire au préfet de police de Paris Michel Cadot sa conviction qu'ils n'arriveront "pas à faire sortir les otages autrement que par un assaut", malgré la configuration des lieux. "Pousser une porte dans un couloir et attaquer des terroristes réfugiés derrière des otages. Sur le papier, c'est la pire des solutions".

La décision d'y aller sans tarder est prise. Tout le monde se met en place dans la colonne, "les plus aguerris, qui étaient à l'Hyper Cacher, devant". Dans la salle, Jérémy a décroché le plan d'évacuation du Bataclan pour préparer l'assaut. Il l'a gardé depuis dans son bureau.

"C'est compliqué. Le couloir est très étroit, les fenêtres sont obturées par des otages. Il leur a été demandé de se mettre contre les fenêtres pour pas que nos tireurs puissent voir la situation. On a aucune vue sur ce qu'on va découvrir", raconte Jérémy.

Il y aura "cinq appels en tout" entre les assaillants et le négociateur, poursuit le commissaire Molmy. "Chaque fois qu'ils appelaient, il fallait s'arrêter". "Ça rebondit comme ça jusqu'à 00H18". Quelques secondes avant, nouvel appel des jihadistes, mais là, Christophe Molmy décide d'en profiter pour donner "le top de l'assaut".

Des otages ont été placés devant la porte pour la bloquer. Elle finit par céder. "Immédiatement, on a un premier échange de coups de feu. Nous on tire très, très peu de cartouches. Mais en face, on prend un chargeur complet de kalachnikov dans le bouclier", détaille Jérémy. 

"27 cartouches" touchent le bouclier, complète Christophe Molmy. La tactique? "Ne pas ouvrir un feu nourri parce qu'on avait des otages au milieu".

Les otages rampent jusqu'aux policiers, qui les extraient tout en continuant à avancer mètre par mètre. Mais il y a des petites marches que personne n'a vues, le bouclier de 80 kg, surnommé "le sarcophage", bascule en avant, comme un "pont-levis".

"Le premier de la colonne a fait preuve d'un courage extraordinaire. Il ne s'arrête pas", se souvient Jérémy. "Il n'a plus rien entre lui et les deux terroristes. Il sort son arme et tire tout en avançant". Puis il voit une ombre qui fonce vers lui, tire et blesse un terroriste. Celui-ci repart en sens inverse, tombe et fait sauter son gilet explosif.

La "chance"

Bobby, le deuxième de la colonne, décrit un terroriste qui "part en mille morceaux. Sa tête d'un côté, le tronc dans l'escalier et tout le reste collé au mur".

Il tire entre les otages, qui fuient, pour ne pas les toucher. "Ça a été chirurgical", dit-il. Au total, les hommes de la BRI n'ont utilisé que sept grenades et 11 cartouches.

Le couloir fait un angle. Le deuxième terroriste est là, sonné, "assis dos au mur, qui cherche son détonateur", décrit le commissaire. Un homme de la BRI l'abat pour éviter une seconde explosion.

L'opération a duré "moins d'une minute", se souvient Jérémy. Un assaut "très bref, mais très violent".

Un officier a été gravement blessé à une main. "J'ai cru qu'il était mort", raconte Christophe Molmy. Il reconnaît "une part de chance qu'on ne maîtrise pas". "On ne partait pas gagnants".

Encore aujourd'hui, à la BRI, cette nuit du 13 novembre 2015 "revient quasiment quotidiennement dans les discussions", raconte Jérémy.

Bobby, qui part bientôt à la retraite, assure qu'il n'y a pas eu de "syndrome post-traumatique". "Tous ceux qui étaient là ont été marqués mais (...) pas traumatisés", assure le commissaire Molmy.

Des psychologues sont venus dans le service. Ils ont aussi reçu les familles qui avaient suivi, la peur au ventre, les événements de la nuit à la télé. Au total, 90 personnes sont mortes au Bataclan.

Jérémy parle du "retour à la maison à 05H00 du matin, sans filtre". "En très peu de temps, on passe de la maison à un théâtre de guerre et un retour à la maison. Ça, c'est un peu compliqué".


Paris salue la conférence de New York et poursuit l’initiative avec Riyad

Le président français Emmanuel Macron s'adresse aux médias lors d'une visite des entrepôts du Croissant-Rouge égyptien où est stockée l'aide destinée à Gaza, dans la ville frontalière égyptienne d'El-Arish, en Égypte, le 8 avril 2025. (AFP)
Le président français Emmanuel Macron s'adresse aux médias lors d'une visite des entrepôts du Croissant-Rouge égyptien où est stockée l'aide destinée à Gaza, dans la ville frontalière égyptienne d'El-Arish, en Égypte, le 8 avril 2025. (AFP)
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  • Paris et Riyad poussent pour une reconnaissance collective de l’État palestinien
  • La France appelle à un cessez-le-feu, la levée du blocus et le désarmement du Hamas

PARIS: Sur fond de crise humanitaire d’une cruauté inqualifiable dans la bande de Gaza, le président Emmanuel Macron a annoncé une opération de largage de vivres conduite par la France, avec le soutien de la Jordanie, des Émirats arabes unis et de l’Allemagne.

« Face à l’urgence absolue, nous venons de conduire une opération de largage de vivres à Gaza », a déclaré le chef de l’État sur X, en remerciant les partenaires impliqués et saluant l’engagement des forces armées françaises.

Mais, de son point de vue, ces largages restent insuffisants : « Il faut qu’Israël ouvre un plein accès humanitaire », a-t-il insisté, réitérant l’exigence française d’une levée immédiate du blocus des aides.

Au-delà de la réponse d’urgence, Paris entend porter une initiative diplomatique structurante : la conférence internationale co-présidée à New York par la France et l’Arabie saoudite a marqué un tournant en posant un cadre politique ambitieux.

Cette conférence, tenue en l’absence des États-Unis et d’Israël, a réuni plus de 40 ministres et 120 participants, aboutissant à l’adoption d’un plan d’action en 42 points.

Malgré les réticences et le scepticisme ambiants, elle a permis l’émergence d’une dynamique inédite vers la reconnaissance de l’État palestinien et un processus de paix régional.

Le plan d’action validé à New York constitue désormais un socle politique partagé entre acteurs européens, puissances arabes, Union européenne et Ligue arabe.

Ce texte appelle à un cessez-le-feu immédiat à Gaza, à la libération de tous les otages, à l’acheminement massif de l’aide humanitaire, mais surtout à la mise en œuvre concrète de la solution à deux États.

Il prévoit notamment un processus progressif de désarmement du Hamas, condition indispensable à la stabilisation durable de la région.

Pour la France, ce texte marque une rupture avec l’impasse diplomatique des dernières décennies et propose pour la première fois un mécanisme concerté de démilitarisation et de réintégration de Gaza dans le giron de l’Autorité palestinienne.

Le document évoque même la possibilité de confier les armes du Hamas à une tierce partie sous supervision internationale, afin de garantir qu’elles ne soient plus utilisées.

Ce volet, essentiel pour Israël, est aussi le fruit d’un consensus entre les États arabes partenaires, y compris ceux perçus comme proches du Hamas.

Sur le front politique, Paris se réjouit de l’effet de levier de la conférence : peu après, plusieurs pays — Portugal, Royaume‑Uni, Canada — ont annoncé leur volonté de reconnaître l’État palestinien, à l’occasion de l’Assemblée générale des Nations unies en septembre.

Une coalition de volontaires est en train de se constituer : quinze États, aux côtés de la Ligue arabe et de l’Union européenne, ont d’ores et déjà signé une déclaration commune en ce sens.

La France espère ensuite entraîner d’autres partenaires européens, notamment l’Allemagne. « Nous continuons à travailler en E3 avec nos partenaires allemands et britanniques », indique une source haut placée.

Si Berlin reste prudent, des signes d’évolution apparaissent dans les récentes déclarations de sa ministre des Affaires étrangères. Paris entend maintenir ces échanges diplomatiques jusqu’à septembre.

Contrairement aux critiques israéliennes et américaines, la France affirme que cette dynamique de reconnaissance ne constitue pas un obstacle à la paix, mais un levier pour la relancer.

Le président Macron estime que cette reconnaissance, inscrite dans un cadre politique exigeant — avec une gouvernance palestinienne réformée et un désarmement du Hamas — peut rebâtir les conditions d’une solution durable.

Les ruptures des négociations avec le Hamas sont antérieures aux annonces de Paris, souligne-t-on à l’Élysée, et ne peuvent donc pas lui être imputées.

La reconnaissance collective envisagée en septembre serait également un signal fort en direction des modérés palestiniens, en particulier l’Autorité palestinienne, qui s’est engagée début juin à respecter une série d’exigences posées par la communauté internationale en matière de gouvernance et de lutte contre la corruption.

Un des apports majeurs de la conférence de New York est l’introduction formelle de la question du désarmement du Hamas dans un cadre diplomatique multilatéral.

Jusqu’ici marginalisée ou qualifiée d’irréaliste, cette exigence est clairement codifiée dans le plan d’action. Des discussions sont en cours, y compris sur l’exil éventuel de certains cadres du mouvement auprès d’États tiers.

Le Hamas n’a pas accepté ces conditions, mais le message politique est clair : son isolement au sein du monde arabe s’accentue et sa marge de manœuvre se rétrécit.

Face à cette dynamique, Israël et l’administration américaine ont haussé le ton, estimant qu’une reconnaissance unilatérale de la Palestine constituerait une « insulte » aux victimes israéliennes du 7 octobre.

Le président américain Donald Trump a même imposé des sanctions ciblées contre certains membres de l’Autorité palestinienne et de l’OLP, en contradiction avec les efforts en cours pour renforcer cette autorité.

La position américaine révèle un décalage croissant avec une partie de la communauté internationale, y compris des alliés traditionnels, en raison de son soutien inconditionnel à Israël, malgré l’ampleur des pertes civiles à Gaza et la persistance de la colonisation en Cisjordanie.

Cet état de fait suscite déjà des interrogations en Europe, où des pays comme la Suède exigent, par exemple, le gel de la partie commerciale de l’accord d’association entre l’Union européenne et Israël.

La France, de son côté, entend poursuivre cette dynamique au-delà de la conférence de New York. Un sommet est prévu les 21 et 22 septembre, juste avant l’Assemblée générale de l’ONU, pour réunir les États prêts à reconnaître collectivement la Palestine et à faire vivre ce nouveau cadre politique.

« Il s’agit d’une coalition inédite, qui repose sur un équilibre entre exigences sécuritaires et reconnaissance des droits politiques du peuple palestinien », souligne-t-on à Paris.

En réaffirmant l’exigence d’un cessez-le-feu immédiat, la levée du blocus humanitaire, la libération des otages, mais aussi le désarmement du Hamas et la mise en place d’un État palestinien souverain, la France, de concert avec l’Arabie saoudite, tente de reconstruire une architecture de paix.


La défiance à l'égard de Macron et de Bayrou au plus haut, selon un sondage Paris, France

Le Premier ministre français François Bayrou et le président français Emmanuel Macron assistent à une réunion avec les élus de Nouvelle-Calédonie et les représentants de l'État au palais de l'Élysée, à Paris, le 12 juillet 2025. (AFP)
Le Premier ministre français François Bayrou et le président français Emmanuel Macron assistent à une réunion avec les élus de Nouvelle-Calédonie et les représentants de l'État au palais de l'Élysée, à Paris, le 12 juillet 2025. (AFP)
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  • La défiance à l'égard du président Emmanuel Macron s'est accrue en juillet pour atteindre le niveau le plus élevé de son second quinquennat
  • Le Premier ministre François Bayrou a établi un nouveau record d'impopularité, selon un sondage Elabe pour Les Echos publié jeudi

PARIS: La défiance à l'égard du président Emmanuel Macron s'est accrue en juillet pour atteindre le niveau le plus élevé de son second quinquennat, tandis que le Premier ministre François Bayrou a établi un nouveau record d'impopularité, selon un sondage Elabe pour Les Echos publié jeudi.

Près des trois quarts des Français interrogés (73%) affirment ne pas faire confiance au chef de l'Etat et la moitié (49%) va jusqu'à "ne pas lui faire du tout confiance", le niveau le plus élevé atteint de son second mandat, qu'il n'a dépassé qu'une seule fois depuis son arrivée à l'Elysée en 2017 au plus fort de la crise des gilets jaunes en décembre 2018.

Selon le sondage, seuls 21% des Français font confiance à Emmanuel Macron, soit un point de moins qu'en juin et 6 de perdus par rapport à mars.

Pour François Bayrou, qui a présenté à la mi-juillet les mesures d'économie prévues par le gouvernement dans son projet de budget pour l'année prochaine, la chute se poursuit avec seulement 12% des Français qui disent lui faire confiance, soit un nouveau record d'impopularité (-2 points).

La défiance à l'égard du chef du gouvernement a progressé, avec 80% des Français (+5 points en un mois) qui disent ne pas lui faire confiance et 56% qui affirment ne pas lui faire "du tout" confiance, soit un bond de 9 points depuis juin.

Au classement des personnalités, le RN Jordan Bardella conserve la première place avec 39% des Français (+3 points) qui ont une image positive de lui, devant l'ancien Premier ministre Edouard Philippe (37%) et Marine Le Pen (35%).

A gauche, le mieux classé est l'ancien président François Hollande qui s'installe en huitième position grâce à un bond de 6 points en un mois.

Sondage réalisé par internet les 29 et 30 juillet auprès d'un échantillon de 1.000 personnes représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus, selon la méthode des quotas. Marge d'erreur entre 1,4 et 3,1 points.


Accord EU-USA: Bayrou juge que la France a été "un peu seule"

Le Premier ministre français, François Bayrou, s'adresse à la presse après une visite au siège de Tracfin, le service de lutte contre le blanchiment d'argent du ministère des Finances, à Montreuil, près de Paris, le 31 juillet 2025. (AFP)
Le Premier ministre français, François Bayrou, s'adresse à la presse après une visite au siège de Tracfin, le service de lutte contre le blanchiment d'argent du ministère des Finances, à Montreuil, près de Paris, le 31 juillet 2025. (AFP)
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  • Le Premier ministre, François Bayrou, a jugé jeudi que la France avait été "un peu seule" dans la bataille commerciale face aux Etats-unis
  • Le chef du gouvernement, qui avait vivement critiqué lundi l'accord commercial conclu entre l'Union européenne et les Etats-Unis, déplorant une "soumission" de l'Europe, a estimé que ce n'était "pas la fin de l'histoire"

PARIS: Le Premier ministre, François Bayrou, a jugé jeudi que la France avait été "un peu seule" dans la bataille commerciale face aux Etats-unis, en marge d'un déplacement dans les locaux de Tracfin, organisme de lutte contre la criminalité financière, à Montreuil (93).

Le chef du gouvernement, qui avait vivement critiqué lundi l'accord commercial conclu entre l'Union européenne et les Etats-Unis, déplorant une "soumission" de l'Europe, a estimé que ce n'était "pas la fin de l'histoire", et qu'il fallait "un processus encore pas totalement élucidé de ratification" de cet accord.

"Il y a à vérifier quelle est la portée exacte de ces accords, et les Etats auront d'une manière ou d'une autre leur mot à dire", a-t-il ajouté.

"Je sais que toutes les autorités françaises, et en particulier le président de la République (Emmanuel Macron), ont été ceux qui se sont battus le plus contre des concessions qu'on considérait comme excessives", a-t-il affirmé avant de s'interroger: "Est-ce que nous avons été un peu seuls? Oui".

"Est-ce qu'on a le sentiment qu'à l'intérieur de l'Union européenne, des forces politiques et économiques étaient plutôt sur une ligne de trouver des accommodements? Oui", a-t-il ajouté, en estimant que de son point de vue, "la voie pour l'Europe est une voie d'affirmation et de résistance quand il faut et de fierté le plus souvent possible".

La classe politique française a été unanime à dénoncer l'accord conclu entre le président américain, Donald Trump, et la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, qui prévoit notamment une hausse de 15% des droits de douane sur les exportations européennes.

Le président Emmanuel Macron a déploré mercredi en Conseil des ministres que l'Union européenne n'ait pas été assez "crainte" dans ses négociations commerciales avec les Etats-Unis, affirmant que la France continuerait de faire montre "d'exigence et de fermeté" dans la suite des discussions.