Ruée de familles libanaises vers Chypre pour fuir l'enfer des pénuries 

Depuis le début de la crise en 2019, plusieurs milliers de personnes ont quitté le pays dont beaucoup à destination de Chypre. Impossible toutefois d'évaluer leur nombre exact en l'absence de données officielles. (AFP)
Depuis le début de la crise en 2019, plusieurs milliers de personnes ont quitté le pays dont beaucoup à destination de Chypre. Impossible toutefois d'évaluer leur nombre exact en l'absence de données officielles. (AFP)
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Publié le Mardi 07 septembre 2021

Ruée de familles libanaises vers Chypre pour fuir l'enfer des pénuries 

  • Le pays, qui est membre de l'Union européenne, «offre la résidence permanente à toute personne qui investit dans l'immobilier»
  • A Nicosie, l'école franco-chypriote a été inondée de demandes d'inscription pour des enfants libanais

LARNACA: Nanor Abachian attendait avec impatience son vol pour Chypre. Comme elle, des centaines de Libanais se ruent depuis quelques mois vers l'île méditerranéenne, située à 200 km à vol d'oiseau, afin de s'y installer, ne serait-ce que temporairement, pour fuir l'enfer des pénuries dans leur pays.


"Ma souffrance est énorme. J'ai dû quitter mon pays et mes parents pour offrir un meilleur avenir à mes enfants", confie à l'AFP cette Libanaise de 30 ans, après avoir atterri à Larnaca avec son mari, leurs deux enfants, et sept valises bien remplies.


Le Liban est en proie à l'une des pires crises économiques de l'histoire depuis 1850, selon la Banque mondiale. A court de devises étrangères, le pays connaît de graves pénuries de carburant, de pain et de médicaments, tandis que les coupures de courant atteignent plus de 22 heures par jour.


Depuis le début de la crise en 2019, plusieurs milliers de personnes ont quitté le pays dont beaucoup à destination de Chypre. Impossible toutefois d'évaluer leur nombre exact en l'absence de données officielles.


Selon l'ambassadrice du Liban à Chypre, Claude el-Hajal, le nombre de familles libanaises installées sur l'île méditerranéenne a connu "une hausse importante" depuis l'explosion dévastatrice du port de Beyrouth le 4 août 2020, qui a fait plus de 200 morts.

Sauver l'année scolaire 
Mais ce n'est pas la première fois que les Libanais trouvent refuge sur l'île voisine. Dans les années 80, en pleine guerre civile (1975-1990), "environ 100 000 familles libanaises" avaient été accueillies à Chypre, selon Mme el-Hajal qui précise qu'un grand nombre d'entre elles étaient rentrées au pays à la fin des combats. 


En 2006, lors du conflit entre Israël et le Hezbollah, Chypre a servi de base de repli pour évacuer près de 60 000 civils du Liban.


Georges Obeid, la quarantaine, a lui aussi opté pour Chypre pour sauver l'année scolaire de ses enfants.


"Il n'y a pas d'espoir pour l'année scolaire au Liban", dit-il à l'AFP, évoquant les coupures d'électricité et la pénurie de carburant qui paralysent les services et les activités des écoles. 


Mais il y aussi "la peur" face l'insécurité croissante liée à la paupérisation, ajoute-t-il. Selon l'ONU, 78% des Libanais vivent désormais sous le seuil de la pauvreté --contre moins de 30% avant 2019.


A Nicosie, l'école franco-chypriote a été inondée de demandes d'inscription pour des enfants libanais. Leur nombre est évalué à 250, selon des sources proches du dossier.

«Un deuxième pays»
L'île attire aussi de plus en plus d'investisseurs libanais. 


Chypre "a mis en place en octobre une procédure accélérée pour l'établissement des entreprises étrangères sur l'île", a expliqué à l'AFP Constantinos Karageorgis, haut fonctionnaire au sein du ministère du Commerce et de l'Industrie. Depuis, sept compagnies libanaises s'y sont installées avec près de 200 salariés accompagnés de leurs familles.


Ce nouveau mécanisme a permis de réduire le délai des procédures à dix à quinze jours contre deux à trois mois auparavant, précise Mme el-Hajal.      


Le secteur de l'immobilier est également très sollicité par les Libanais en quête de stabilité.


Interrogé par l'AFP, l'homme d'affaires libanais Georges Chahwan, propriétaire de dizaines de projets immobiliers à Chypre, affirme avoir "vendu près de 400 appartements à des Libanais entre 2016 et 2021 (…) dont une centaine au cours des six derniers mois."


Le pays, qui est membre de l'Union européenne, "offre la résidence permanente à toute personne qui investit dans l'immobilier", explique-t-il. Et "les banques chypriotes facilitent l'obtention d'un prêt pour les Libanais dont le salaire est versé en dollars", ajoute-t-il.


"L'île est à deux pas du Liban. C'est un endroit stable et sûr" et pour les Libanais c'est comme un "deuxième pays", estime-t-il.


La Turquie mobilise ses partenaires musulmans autour de Gaza

La Turquie réunit lundi à Istanbul les ministres des Affaires étrangères de sept pays musulmans pour tenter de peser sur l'avenir de Gaza en les mobilisant sur la reconstruction du territoire palestinien. (AFP)
La Turquie réunit lundi à Istanbul les ministres des Affaires étrangères de sept pays musulmans pour tenter de peser sur l'avenir de Gaza en les mobilisant sur la reconstruction du territoire palestinien. (AFP)
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  • Devant le Comité permanent pour la coopération économique de l'OCI, réuni lundi à Istanbul, le président turc Recep Tayyip Erdogan a critiqué l'attitude "très médiocre" d'Israël
  • "Nous devons apporter davantage d'aide humanitaire aux habitants de Gaza, puis commencer les efforts de reconstruction" a poursuivi le chef de l'Etat en appelant la Ligue arabe et l'OCI à jouer "un rôle moteur" en ce sens

ISTANBUL: La Turquie réunit lundi à Istanbul les ministres des Affaires étrangères de sept pays musulmans pour tenter de peser sur l'avenir de Gaza en les mobilisant sur la reconstruction du territoire palestinien.

Les ministres de ces sept pays (Turquie, Arabie saoudite, Qatar, Emirats arabes unis, Jordanie, Pakistan et Indonésie), tous membres de l'organisation de la coopération islamique (OCI), avaient été reçus par Donald Trump fin septembre à New York en marge de l'Assemblée générale de l'ONU, avant la présentation du plan de paix américain six jours plus tard.

Devant le Comité permanent pour la coopération économique de l'OCI, réuni lundi à Istanbul, le président turc Recep Tayyip Erdogan a critiqué l'attitude "très médiocre" d'Israël depuis l'entrée en vigueur du cessez-le-feu le 10 octobre, alors que "le Hamas semble déterminé" à respecter l'accord, estime-t-il.

"Nous devons apporter davantage d'aide humanitaire aux habitants de Gaza, puis commencer les efforts de reconstruction" a poursuivi le chef de l'Etat en appelant la Ligue arabe et l'OCI à jouer "un rôle moteur" en ce sens.

En amont de cette réunion, le chef de la diplomatie turque Hakan Fidan a reçu samedi une délégation du bureau politique du Hamas emmenée par Khalil al-Hayya, le négociateur en chef du mouvement islamiste palestinien.

Selon des responsables du ministère des Affaires étrangères, M. Fidan doit appeler à la mise en place de mécanismes permettant aux Palestiniens d'assurer la sécurité et la gouvernance de Gaza.

"Agir avec prudence" 

"Nous devons mettre fin au massacre à Gaza. Un cessez-le-feu à lui seul ne suffit pas", a insisté M. Fidan lors d'un forum à Istanbul.

"Nous devons reconnaître que Gaza doit être gouvernée par les Palestiniens et agir avec prudence", a encore souligné le ministre turc, plaidant de nouveau pour une solution à deux Etats.

Le chef de la diplomatie turque accuse Israël de chercher des prétextes pour rompre le cessez-le-feu.

Mais les efforts d'Ankara, qui multiplie les contacts diplomatiques avec les pays de la région et cherche à infléchir la position pro-israélienne des Etats-Unis, sont vus d'un mauvais œil par Israël qui juge Ankara trop proche du Hamas.

Les dirigeants israéliens ont exprimé à plusieurs reprises leur refus de voir la Turquie participer à la force internationale de stabilisation à Gaza.

En vertu du plan de Donald Trump, sur lequel est basé l'accord de cessez-le-feu, cette force de stabilisation, formée principalement de troupes de pays arabes et musulmans, doit se déployer à Gaza à mesure que l'armée israélienne s'en retirera.

Seuls des pays jugés "impartiaux" pourront rejoindre cette force, a cependant prévenu le ministre israélien des Affaires étrangères, Gideon Saar.

Autre signe de la méfiance du gouvernement israélien : une équipe de secouristes turcs dépêchée pour participer à la recherche de corps, y compris israéliens, dans les ruines de Gaza, attendait toujours en fin de semaine dernière le feu vert israélien pour entrer dans le territoire palestinien, selon Ankara.


Soudan: des dizaines de milliers de personnes fuient le conflit qui s'étend à l'est du Darfour 

Dans un communiqué publié dimanche soir, l'Organisation internationale pour les migrations (OIM) a déclaré que 36.825 personnes avaient fui cinq localités du Kordofan-Nord, un Etat situé à quelques centaines de kilomètres à l'est du Darfour, région où les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR) ont pris le dernier grand bastion que l'armée y contrôlait. (AFP)
Dans un communiqué publié dimanche soir, l'Organisation internationale pour les migrations (OIM) a déclaré que 36.825 personnes avaient fui cinq localités du Kordofan-Nord, un Etat situé à quelques centaines de kilomètres à l'est du Darfour, région où les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR) ont pris le dernier grand bastion que l'armée y contrôlait. (AFP)
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  • Plus de 36.000 civils soudanais ont fui des villes et des villages face à l'avancée des combats dans une vaste région à l'est du Darfour, un peu plus d'une semaine après la prise de la ville d'El-Facher par les paramilitaires, a indiqué une agence onusien
  • Ces dernières semaines, la région du Kordofan est devenue un nouveau champ de bataille entre l'armée et les FSR, en guerre depuis avril 2023

PORT-SOUDAN: Plus de 36.000 civils soudanais ont fui des villes et des villages face à l'avancée des combats dans une vaste région à l'est du Darfour, un peu plus d'une semaine après la prise de la ville d'El-Facher par les paramilitaires, a indiqué une agence onusienne.

Dans un communiqué publié dimanche soir, l'Organisation internationale pour les migrations (OIM) a déclaré que 36.825 personnes avaient fui cinq localités du Kordofan-Nord, un Etat situé à quelques centaines de kilomètres à l'est du Darfour, région où les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR) ont pris le dernier grand bastion que l'armée y contrôlait.

Ces dernières semaines, la région du Kordofan est devenue un nouveau champ de bataille entre l'armée et les FSR, en guerre depuis avril 2023.

Des habitants ont rapporté lundi à l'AFP que des villes entières étaient devenues des cibles militaires, alors que l'armée et les FSR s'affrontent pour le contrôle d'El-Obeid, capitale de l'Etat du Kordofan-Nord, important centre logistique et de commandement reliant le Darfour à Khartoum, qui abrite également un aéroport.

"Aujourd'hui, toutes nos forces ont convergé sur le front de Bara", a affirmé un membre des FSR dans une vidéo diffusée dimanche soir par les paramilitaires, en citant une localité située au nord d'El-Obeid. Les FSR avaient revendiqué la prise de Bara la semaine précédente.

Souleiman Babiker, habitant d'Oum Smeima, à l'ouest d'El-Obeid, a déclaré à l'AFP qu'après la prise d'El-Facher par les paramilitaires, "le nombre de véhicules des FSR a augmenté".

"Nous avons cessé d'aller dans nos champs, de peur des affrontements", a-t-il ajouté.

Un autre habitant, ayant requis l'anonymat pour des raisons de sécurité, a également fait état d'"une forte augmentation des véhicules et du matériel militaire à l'ouest et au sud d'El-Obeid" au cours des deux dernières semaines.

Martha Pobee, secrétaire générale adjointe de l'ONU pour l'Afrique, a alerté la semaine dernière sur de "vastes atrocités" et des "représailles à motivation ethnique" commises par les FSR à Bara, évoquant des schémas similaires à ceux observés au Darfour, où les combattants paramilitaires sont accusés de massacres, de violences sexuelles et d'enlèvements visant les communautés non arabes après la chute d'El-Facher.

La guerre au Soudan a fait des dizaines de milliers de morts, déplacé près de 12 millions de personnes et provoqué la pire crise humanitaire au monde, selon l'ONU.


Israël dit avoir identifié les corps rendus dimanche par le Hamas comme ceux de trois otages

"Selon les informations fournies par la Croix-Rouge, trois cercueils de personnes décédées prises en otage ont été transférés sous leur garde et sont en route vers les troupes de Tsahal dans la bande de Gaza", indique un communiqué de l'armée israélienne. (AFP)
"Selon les informations fournies par la Croix-Rouge, trois cercueils de personnes décédées prises en otage ont été transférés sous leur garde et sont en route vers les troupes de Tsahal dans la bande de Gaza", indique un communiqué de l'armée israélienne. (AFP)
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  • "Selon les informations fournies par la Croix-Rouge, trois cercueils de personnes décédées prises en otage ont été transférés sous leur garde et sont en route vers les troupes de Tsahal dans la bande de Gaza"
  • L'armée israélienne a annoncé dimanche que le Hamas avait remis à la Croix-Rouge dans la bande de Gaza des cercueils contenant les corps de trois otages

JERUSALEM: Les autorités israéliennes ont annoncé lundi avoir identifié les dépouilles rendues par le Hamas la veille comme étant celles de trois soldats enlevés le 7 octobre 2023, ce qui porte à 20 le nombre d'otages morts rendus par le mouvement islamiste sur un total de 28 qu'il doit remettre.

"Après l’achèvement du processus d’identification par l’Institut national de médecine légale, en coopération avec la police israélienne et le rabbinat militaire", l'armée a "informé les familles des otages tombés au combat (...) que leurs proches ont été rapatriés en Israël et identifiés", a indiqué le bureau du Premier ministre, Benjamin Netanyahu, dans un communiqué.

Les défunts ont été identifiés comme le capitaine américano-israélien Omer Neutra, 21 ans lors de son enlèvement, le caporal Oz Daniel, 19 ans, et le colonel Assaf Hamami, 40 ans, l'officier le plus gradé tombé aux mains du Hamas.

Selon le Forum des familles d'otages, les trois ont été tués dans des combats lors de l'attaque du Hamas sur le sol israélien du 7-Octobre qui a déclenché la guerre à Gaza,  et leurs corps ensuite enlevés dans le territoire palestinien.

Israël avait annoncé dimanche soir avoir reçu les dépouilles de trois otages remises par la Croix-Rouge, dans le cadre de l'accord de cessez-le-feu entre Israël et le Hamas.

Malgré plusieurs moments de tension, une trêve fragile tient à Gaza depuis le 10 octobre, dans le cadre d'un accord négocié par les Etats-Unis, prévoyant le retour de tous les otages enlevés en Israël, vivants ou morts.

En application de l'accord de cessez-le-feu, le Hamas a libéré les derniers 20 otages vivants détenus à Gaza en échange de la libération de près de 2.000 prisonniers palestiniens, et doit encore restituer huit otages décédés.

Israël a à plusieurs reprises accusé le Hamas de ralentir le processus de restitution des corps, tandis que l'organisation islamiste affirme que la lenteur s'explique par le fait que de nombreuses dépouilles sont enfouies sous les décombres de Gaza.