Au coeur du 13 novembre, des pompiers et médecins sauveteurs, et parfois victimes

Les secours prennent des blessés en charge, la nuit du 13 novembre 2015 à Paris (Photo, AFP).
Les secours prennent des blessés en charge, la nuit du 13 novembre 2015 à Paris (Photo, AFP).
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Publié le Mercredi 08 septembre 2021

Au coeur du 13 novembre, des pompiers et médecins sauveteurs, et parfois victimes

  • Les secours prennent des blessés en charge, la nuit du 13 novembre 2015 à Paris (Photo, AFP).
  • Avec autant de blessés, il a fallu recourir aux moyens de fortune, faire des garrots avec des ceintures, des morceaux de vêtements déchirés

PARIS: "A la fois sauveteurs et victimes": le 13 novembre 2015, pompiers et médecins se sont démultipliés comme ils ont pu au milieu du chaos  pour "sauver les sauvables", malgré le choc, l'horreur et le sentiment d'une mission impossible.

Il est à peine 21h30 ce soir-là, dans le XIe arrondissement de Paris. L'adjudant-chef des pompiers de Paris Christophe et son équipage, appelés pour une "fusillade", se garent à 50 mètres du bar La Belle équipe. Le sous-officier sort seul faire un état des lieux et des risques.

Mitraillée sept minutes plus tôt, la terrasse est une "scène de terreur" qui lui met comme "un coup de fouet en pleine tête".

"On a une cinquantaine de personnes qui courent dans tous les sens, crient, hurlent", l'implorent de venir sauver leur mari, leur femme, leur ami fauché par les balles. Devant le bar, "des dizaines de corps sont allongés, enchevêtrés dans les tables, les chaises" et "beaucoup de sang" qui s'écoule.

L'adjudant-chef revient en courant vers son camion, où sa dizaine d'hommes attend son rapport.

En s'efforçant de "cacher ses émotions", il ouvre la porte du véhicule et leur lance: "les équipes avec moi, les chefs, vous commandez". En clair: les victimes sont innombrables, nous ne sommes qu'une dizaine, déployez-vous en petites équipes pour secourir un maximum de personnes.

Après les premières attaques un peu plus tôt au Stade de France, le "plan rouge alpha" a été déclenché chez les pompiers de Paris: pour sauver un maximum de vie, ils doivent identifier "urgence absolue", tenter d'arrêter les hémorragies et évacuer rapidement ceux qui tiennent le coup vers des hôpitaux.

"Faites le mort"

Mais par qui commencer? Comment trier ? "Les premiers instants ont été compliqués", admet l'adjudant-chef Christophe. "Toutes les plaies sont importantes, mais on ne peut pas sauver tout le monde".

Avec autant de blessés, il a fallu recourir aux moyens de fortune, faire des garrots avec des ceintures, des morceaux de vêtements déchirés, "ce que l'on avait" sous la main.

Installer un poste médical avancé sur les tables d'un restaurant voisin, le Petit Baiona, y faire de la "médecine de guerre" et persévérer, même quand des victimes succombent aux blessures des kalachnikovs.

Les jeunes pompiers, dont certains ont à peine 20 ans, doivent contrôler leurs émotions face à ce amas de victimes dont beaucoup ont leur âge, et leur peur que le bar soit soudain à nouveau attaqué. 

Plus de cinq ans après, l'adjudant-chef reste admiratif de ses "gars" qui "ont tout donné et beaucoup encaissé", comme la vue de ces victimes qui rendent l'âme alors que l'écran de leur portable s'allume en affichant "Papa" ou "Maman".

Au total, la Brigade des sapeurs-pompiers de Paris (BSPP) enverra 450 pompiers et plus de 125 véhicules sur les sites attaqués. Et près de 400 autres seront mobilisés pour d'autres tâches, notamment les centres d'appels, submergés.

Les appels, qu'ils prennent par centaines, sont parfois déchirants. "Ils ont entendu des gens qui hurlaient, des rafales en direct, puis plus rien au bout du fil", explique le commandant Matthieu, psychologue à la BSPP. A certains otages du Bataclan, "ils ont donné des conseils: mettez sur silencieux, faites le mort… en se demandant sans cesse s'ils ne les mettaient pas en danger".

Au Bataclan justement, vers 22h35, le Dr Matthieu Langlois, embarqué avec le Raid, pénètre dans la salle, où morts et survivants sont entassés dans la fosse inondée de sang, alors que deux assaillants sont toujours au premier étage.

"Les blessés les plus graves sont déjà morts" faute d'avoir été soignés à temps, se souvient-il.

Sonneries de portables

Près de la gare du Nord, l'hôpital Lariboisière accueille les "urgences absolues". En voyant la tête des premiers ambulanciers venus des terrasses, eux-mêmes en état de choc, Océane Sultan, interne qui vient de commencer sa garde, comprend l'ampleur du désastre.

Les victimes font preuve d'un courage et d'une patience qu'elle n'a jamais revus depuis. Comme ces deux blessés qui "nous regardaient, l'un avec sa balle au bras, l'autre au ventre". "Quand ils voyaient des cas plus plus graves, ils restaient silencieux, ils avaient la patience d'attendre".

De l'intérieur du Bataclan, le médecin chef des pompiers Olivier se rappelle lui ce lourd silence troublé par les sonneries des portables des victimes entassées "les unes sur les autres".

Au total, 843 pompiers auront participé aux secours ce soir-là. "Dans ces cas-là, on peut être à la fois sauveteur et victime", explique le commandant Matthieu, le psychologue de la BSPP, en soulignant que "même si on est formé, on n'est jamais totalement préparé" à de telles scènes de guerre.

"Il y a heureusement du positif, des vies sauvées. Mais le pompier va toujours se poser des questions sur celles qu'il n'a pas sauvées, car il se sent responsable d'autrui", explique-t-il.

Cinq ans après, "je n'ai pas vu de pompier qui ne s'en sortait pas", note le commandant Matthieu. Mais, ajoute-t-il, pendant un certain temps, des chefs d'équipe "ont fait des détours, par exemple pour ne pas passer devant le Bataclan".


Un homme tué par balles près de Grenoble

Un homme non identifié et porteur de deux impacts de balles a été retrouvé mort dans la nuit de mardi à mercredi à Echirolles, en périphérie de Grenoble, a indiqué la police. (AFP)
Un homme non identifié et porteur de deux impacts de balles a été retrouvé mort dans la nuit de mardi à mercredi à Echirolles, en périphérie de Grenoble, a indiqué la police. (AFP)
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  • L'homme a été retrouvé par une passante, vers 02H00, gisant inanimé au sol dans une mare de sang
  • La Division de la criminalité organisée et spécialisée (DCOS, ex-PJ) a été saisie de l'enquête

GRENOBLE: Un homme non identifié et porteur de deux impacts de balles a été retrouvé mort dans la nuit de mardi à mercredi à Echirolles, en périphérie de Grenoble, a indiqué la police.

L'homme a été retrouvé par une passante, vers 02H00, gisant inanimé au sol dans une mare de sang, la mâchoire brisée, avec une trottinette à ses pieds. En arrêt cardio-respiratoire, il a été déclaré décédé sur place par le SAMU.

Deux impacts de balles dans son dos et dans sa mâchoire ont été relevés par la suite par le médecin légiste, selon même la source.

La Division de la criminalité organisée et spécialisée (DCOS, ex-PJ) a été saisie de l'enquête.


«Mieux vaut être un homme en politique»: quand les députés testent le programme Evars

En plein débat budgétaire, les associations veulent convaincre les élus de débloquer des moyens pour ces séances, qu'elles évaluent à 620 millions d’euros par an. (AFP)
En plein débat budgétaire, les associations veulent convaincre les élus de débloquer des moyens pour ces séances, qu'elles évaluent à 620 millions d’euros par an. (AFP)
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  • Prévu dans la loi depuis 2001 et doté d'un contenu depuis la rentrée, le programme d'Education à la vie affective, relationnelle et sexuelle (Evars) aborde, de façon adaptée à chaque âge, la santé reproductive, la prévention, l’égalité filles-garçons
  • A l'Assemblée, une petite vingtaine de députés, sur 577, ont répondu mardi après-midi à l'invitation de Marie-Charlotte Garin (écologiste), Véronique Riotton (EPR) et le Collectif pour une véritable éducation à la sexualité

PARIS: "Mieux vaut être un homme, en politique, qu’une femme". Comme des collégiens ou des lycéens, des députés ont suivi une séance d'Evars, un programme proposé aux élèves pour notamment remettre en cause les stéréotypes sexistes.

Prévu dans la loi depuis 2001 et doté d'un contenu depuis la rentrée, le programme d'Education à la vie affective, relationnelle et sexuelle (Evars) aborde, de façon adaptée à chaque âge, la santé reproductive, la prévention, l’égalité filles-garçons, la lutte contre les violences sexistes et sexuelles, ainsi que les questions d’orientation et d’identité sexuelles.

A l'Assemblée, une petite vingtaine de députés, sur 577, - principalement de la gauche au centre-droit - ont répondu mardi après-midi à l'invitation de Marie-Charlotte Garin (écologiste), Véronique Riotton (EPR) et le Collectif pour une véritable éducation à la sexualité (Planning familial, Sidaction, Fédération des centres d' information sur les droits des femmes et des familles...) qui milite depuis 2023 pour la généralisation de ces séances.

"Nous voulons faire de la pédagogie auprès des députés pour qu’ils deviennent nos ambassadeurs dans les territoires", explique Marie-Charlotte Garin, en signalant que les députés reçoivent des courriers de parents opposés au programme, notamment de l'association Parents vigilants.

"Nous voulons faire vivre ces séances aux députés pour leur donner des arguments, il y a beaucoup de fantasmes autour de ce programme", observe Mme Riotton, présidente de la Délégation aux droits des femmes.

"On galère" 

Après une première partie sur des sujets à destination des CP (vocabulaire des parties intimes, prévention des violences sexuelles), le Planning familial propose ensuite aux élus de tester "la rivière du doute", outil utilisé cette fois au collège pour réfléchir aux stéréotypes sexistes.

"Je vais vous dire une affirmation et ceux qui sont d'accord se placent à gauche, ceux qui sont contre à droite: +Il vaut mieux être un homme en politique qu’une femme+, lance sa présidente Sarah Durocher.

Chez les députés présents, six sont d'accord. Et comme en classe, le dialogue s’engage.

"Je dis oui, mais c’est ce qu’il faut changer", commence Jean-Francois Rousset (EPR).

"C'est plus difficile d'être une femme, on galère, c'est difficile de se faire entendre", confirme Soumya Bourouaha (GDR). "Il y a beaucoup à changer et ça ne viendra pas des hommes" , renchérit une autre élue.

Second stéréotype: "Les hommes savent naturellement prendre la parole en public. D'accord ou pas?"

"Qu'ils soient compétents ou pas, la réalité montre qu’ils osent plus", remarque Anne-Cécile Violland (Horizons). "Tout à l'heure, j’ai pris spontanément la parole et je ne m’en suis même pas aperçu", constate Jean-Francois Rousset.

 "Sujet politique" 

"Nous voulons que ce programme devienne un sujet politique, dont s'emparent les députés. Il permet d'éviter les LGBTphobies, les féminicides, les maladies sexuellement transmissibles, c'est bénéfique pour les individus et collectivement", plaide Sarah Durocher.

En plein débat budgétaire, les associations veulent convaincre les élus de débloquer des moyens pour ces séances, qu'elles évaluent à 620 millions d’euros par an.

Depuis 2001, la loi impose trois séances annuelles d’information et d’éducation à la sexualité dans les écoles, collèges et lycées, mais elles n’ont jamais été généralisées.

Saisi par le Planning familial, Sidaction et SOS Homophobie, le tribunal administratif de Paris a reconnu mardi que l’État avait manqué à ses obligations, en tardant jusqu'en février dernier pour adopter le programme Evars. Dans son jugement, il écarte les arguments avancés par le ministère de l'Education qui avait fait valoir "la sensibilité du sujet et les controverses qu'il suscite" pour expliquer ce retard.

Les trois associations demandent "la reconnaissance" du "rôle central des associations" dans sa mise en œuvre". "Nous avons formé 150.000 jeunes dans 3.600 établissements, mais nous avons refusé autant de demandes faute de moyens", explique la présidente du Planning.

Pour Sandrine Josso (Horizons), "les députés devraient aussi suivre une formation sur les violences sexistes et sexuelles. Il en existe une depuis 2022 et personne n’y va".


Ukraine: Zelensky accueilli par Macron à Paris pour faire le point sur les négociations

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a été accueilli lundi par son homologue français Emmanuel Macron au palais présidentiel de l'Elysée pour faire le point sur les intenses négociations en cours pour tenter de mettre fin à la guerre en Ukraine. (AFP)
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a été accueilli lundi par son homologue français Emmanuel Macron au palais présidentiel de l'Elysée pour faire le point sur les intenses négociations en cours pour tenter de mettre fin à la guerre en Ukraine. (AFP)
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  • Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a été accueilli lundi par son homologue français Emmanuel Macron au palais présidentiel de l'Elysée
  • Cette nouvelle visite en France, la dixième depuis le début de l'invasion russe de l'Ukraine en février 2022, intervient au lendemain de discussions entre délégations américaine et ukrainienne en Floride

PARIS: Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a été accueilli lundi par son homologue français Emmanuel Macron au palais présidentiel de l'Elysée pour faire le point sur les intenses négociations en cours pour tenter de mettre fin à la guerre en Ukraine, a constaté un journaliste de l'AFP.

Cette nouvelle visite en France, la dixième depuis le début de l'invasion russe de l'Ukraine en février 2022, intervient au lendemain de discussions entre délégations américaine et ukrainienne en Floride, et à la veille d'une rencontre à Moscou entre l'émissaire de Donald Trump, Steve Witkoff, et le président russe Vladimir Poutine.