Pour les compagnies aériennes, les nouveaux pirates à craindre sont informatiques

Vue prise le 17 août 2004 d'un tableau d'affichage des vols au départ du terminal 2E de l'aéroport de Roissy. (Jack Guez/AFP)
Vue prise le 17 août 2004 d'un tableau d'affichage des vols au départ du terminal 2E de l'aéroport de Roissy. (Jack Guez/AFP)
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Publié le Vendredi 10 septembre 2021

Pour les compagnies aériennes, les nouveaux pirates à craindre sont informatiques

  • Les nouveaux dangers sont devenus invisibles, qu'il s'agisse du coronavirus, qui touche de plein fouet l'ensemble du trafic aérien depuis près de deux ans, ou des attaques informatiques
  • Au fur et à mesure que le secteur de l'aviation adopte des nouvelles technologies, développe des services en ligne, propose aux passagers de se connecter en wifi, de nouvelles portes d'entrée s'ouvrent pour les hackers

NEW YORK : Les mesures de sécurité mises en place dans les aéroports et les avions après les attentats du 11-Septembre ont drastiquement limité le risque d'un terroriste faisant irruption dans le cockpit. Les compagnies aériennes craignent désormais davantage les potentielles attaques de pirates informatiques.

Entre le blindage des portes des pilotes, les appareils sophistiqués de détection d'explosifs, le fichage de certains passagers, l'interdiction d'objets pointus ou le contrôle des appareils électroniques, chaussures et liquides en cabine, "nous sommes plus en sécurité" dans les avions aujourd'hui, affirme le directeur général de l'Association internationale du transport aérien (Iata), Willie Walsh, dans une note mercredi.

Si un individu tentait malgré tout de prendre physiquement le contrôle d'un appareil, "les passagers eux-mêmes, sachant ce qui s'est passé le 11-Septembre, se débattraient", avance Dan Cutrer, un ancien pilote devenu expert en sécurité aérienne pour l'université américaine Embry-Riddle.

Pour lui, les nouveaux dangers sont devenus invisibles, qu'il s'agisse du coronavirus, qui touche de plein fouet l'ensemble du trafic aérien depuis près de deux ans, ou des attaques informatiques.

Ces dernières font partie des "risques émergents" pour la sécurité à surveiller activement, aux côtés des drones ou des menaces en interne, abonde Willie Walsh.

- Nouvelles portes -

Au fur et à mesure que le secteur de l'aviation adopte des nouvelles technologies, développe des services en ligne, propose aux passagers de se connecter en wifi, de nouvelles portes d'entrée s'ouvrent pour les hackers.

La prise de contrôle des commandes d'un avion à distance est peu probable, estiment plusieurs experts interrogés par l'AFP: le système utilisé pour piloter un appareil est clairement séparé de celui gérant les écrans des passagers.

Et même si ces systèmes présentaient des failles, "ils ne constituent pas une cible attractive pour la plupart des acteurs en raison de l'accès et de l'expertise requis, ainsi que du risque de morts", avance Katelyn Bailey de la société de cyber-sécurité FireEye.

La menace la plus tangible vient peut-être du système permettant les échanges entre les pilotes et les contrôleurs aériens, qui n'est pas crypté, avance Pablo Hernandez, chercheur à l'institut spécialisé dans les données sur l'aviation Innaxis. Avec le bon appareil radio, il peut être assez simple de s'immiscer dans une conversation.

Mais la sûreté des vols étant la priorité dans l'aviation, les équipements sensibles sont sécurisés, affirme-t-il.

Les attaques sur les systèmes "au sol", comme ceux gérant les réservations de billets ou les bagages, sont en revanche devenues monnaie courante, comme quand des pirates ont accédé en 2020 aux données personnelles d'environ 9 millions de clients de la société britannique EasyJet.

L'organisme de surveillance du trafic Eurocontrol en a recensé 1.260 l'an dernier, principalement contre des compagnies mais aussi contre les constructeurs, les aéroports, les autorités, etc.

Chaque semaine en moyenne, un acteur du secteur dans le monde est désormais victime d'un rançongiciel, un logiciel installé frauduleusement par des pirates demandant de l'argent pour débloquer le système ou ne pas rendre public des données volées, ajoute l'organisme dans une note publiée début juillet.

- Argent et espionnage -

Le risque le plus redouté est une cyber-attaque "perturbant les opérations", explique à l'AFP Deneen DeFiore, cheffe de la sécurité de l'information pour United Airlines.

"Dans l'aviation, il n'y a pas de temps mort", rappelle-t-elle: des appareils décollent et atterrissent sans arrêt dans le monde et toute panne peut avoir des répercussions en cascade.

Et entre l'abandon progressif des billets papier, le partage croissant des données avec des prestataires, le recours grandissant à des logiciels permettant de mieux gérer les plannings ou la consommation de carburant, ce risque s'amplifie.

La grande majorité des hackers semblent motivés par l'argent, qu'ils peuvent gagner en piratant les données bancaires, en revendant des données personnelles ou en exigeant une rançon.

Mais au vu des nombreuses informations disponibles sur les passagers, depuis leur nom jusqu'à leur historique de vols, certains Etats peuvent aussi être tentés de mener des opérations d'espionnage, remarque Katelyn Bailey de FireEye. 

L'existence, depuis 2014, d'un centre de partage des informations et d'analyse dédié à la cyber-sécurité dans l'aviation (Aviation ISAC) est une aide précieuse pour les compagnies, selon Deneen DeFiore.

Les cyber-risques représentent, selon elle, une nouvelle réalité que l'ensemble des intervenants doit prendre en compte, des responsables de la sûreté aérienne aux équipes de maintenance.


A Rafah, la mort vient du ciel avant l'assaut terrestre annoncé

Une femme et des enfants palestiniens examinent les décombres d'un bâtiment touché par un bombardement israélien à Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, le 20 avril 2024 (AFP)
Une femme et des enfants palestiniens examinent les décombres d'un bâtiment touché par un bombardement israélien à Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, le 20 avril 2024 (AFP)
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  • La famille Radwan, parents, frères, sœurs et cousins, dormait quand la mort les a saisis.
  • Peu après le début de la guerre dans la bande de Gaza, le 7 octobre, Israël a demandé aux Palestiniens vivant dans le nord de se rendre dans des "zones de sécurité" situées dans le sud, comme Rafah.

RAFAH : Neuf personnes, parents et enfants d'une même famille, ont péri dans une frappe israélienne sur leur maison. A Rafah, la mort vient du ciel avant l'assaut terrestre annoncé par Israël sur la ville du sud de la bande de Gaza.

Avant que n'éclate la guerre entre Israël et le mouvement islamiste palestinien Hamas en octobre l'an dernier, Rafah, dont les faubourgs lèchent la frontière égyptienne, comptaient 250.000 habitants.

Les Nations unies en recensent aujourd'hui environ 1,5 million - sur le 1,7 million de déplacé sur l'ensemble du territoire côtier, dont un million vit sous des tentes ou à proximité d'abris déployés par les ONG.

Repoussés toujours plus au sud par la guerre, ils sont aujourd'hui entassés dans des conditions extrêmement précaires à Rafah, où manquent eau, vivres, médicaments et logements.

Et désormais souvent, comme dans la nuit de vendredi à samedi, alors que la ville est restée des mois durant le dernier refuge de Gaza, elle est visée par des frappes israéliennes.

La famille Radwan, parents, frères, sœurs et cousins, dormait quand la mort les a saisis.

"Neuf martyrs, dont six enfants, ont été extraits des décombres" de leur maison, dans le quartier de Tal al Sultan, a déclaré le porte-parole de la Défense civile de Gaza, Mahmoud Bassal, dans un communiqué transmis à l'AFP.

Six enfants âgés de un à 16 ans figurent parmi les morts, ainsi que deux femmes et un homme, a précisé l'hôpital Al-Najjar où ils avaient été admis.

A l'extérieur de l'hôpital, un journaliste de l'AFP a vu des proches pleurer les défunts et se recueillir devant de petits sacs mortuaires en plastique blanc. Une femme a caressé le front d'un garçon mort alors que des avions grondaient au-dessus d'elle.

"Les gens dormaient paisiblement", a témoigné un voisin, Abou Mohammed Ziyadah. "Comme vous pouvez le voir, il n'y avait pas de combattants, pas même d'hommes adultes, à l'exception du chef de famille. Il n'y avait que des femmes et des enfants", a-t-il dit sur place à l'AFP.

Non loin de là, Wissam al-Arja a vu sa dernière heure arriver: un officier israélien l'a appelé pour lui dire de quitter son logement dans les 15 minutes, car l'armée allait la bombarder. Une heure après cet appel, une bombe tombait sur l'immeuble.

Avec ses proches, il fouillait les décombres samedi pour tenter de récupérer quelques affaires: là un manteau couvert de poussière extirpé des ruines par un enfant, ici des couvertures, une tasse, une casserole, intactes malgré le déluge de feu.

Des soldats israéliens encerclent une maison lors d'un raid dans le camp de réfugiés palestiniens de Nur Shams, en Cisjordanie occupée, le 20 avril 2024. (AFP)
Des soldats israéliens encerclent une maison lors d'un raid dans le camp de réfugiés palestiniens de Nur Shams, en Cisjordanie occupée, le 20 avril 2024. (AFP)

- Routes fermées -

Peu après le début de la guerre dans la bande de Gaza, le 7 octobre, Israël a demandé aux Palestiniens vivant dans le nord de se rendre dans des "zones de sécurité" situées dans le sud, comme Rafah.

Six mois plus tard, Rafah est sous la menace d'une offensive terrestre imminente. Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, s'est dit déterminé à lancer l'assaut sur la ville où, selon lui, se concentrent quatre bataillons du Hamas.

Mais les ONG et un nombre croissant de chancelleries étrangères s'opposent à cette opération, craignant qu'elle ne fasse de nombreuses victimes civiles.

Le porte-parole de la Défense civile de Gaza a souligné que des frappes avaient touché plusieurs zones à Rafah au cours de la nuit, y compris le quartier de Salam où une personne a été tuée et plusieurs autres blessées.

Il a ajouté que l'armée avait frappé une maison et une école maternelle. "La nuit a été très dure pour le gouvernorat de Rafah", a-t-il déclaré.

Les frappes et l'offensive terrestre israéliennes sur la bande de Gaza ont fait 34.049 morts, en majorité des femmes et des enfants, selon un bilan du ministère de la Santé du Hamas publié samedi.

La guerre a été déclenchée en représailles à l'attaque sans précédent du mouvement islamiste sur le territoire israélien le 7 octobre qui a entraîné la mort de 1.170 personnes, également une majorité de civils, selon un décompte de l'AFP fondé sur des chiffres officiels israéliens.

Samedi, des médias israéliens ont affirmé que 250.000 personnes avaient récemment quitté Rafah en direction du nord, à la faveur du retrait par Israël de l'essentiel de ses troupes au sol.

Contacté par l'AFP, le Cogat, organisme du ministère israélien de la Défense chargé des affaires civiles palestiniennes, n'a pas commenté ces chiffres.

"C'est faux", a en revanche réagi un porte-parole du gouvernement du Hamas. "Les déplacés ne sont pas retournés chez eux parce que l'occupation (l'armée israélienne) a fermé les routes" reliant le sud au nord de Gaza, a déclaré à l'AFP Mael al-Thawabta.

 


Erdogan appelle les Palestiniens "à l'unité" après sa rencontre avec Haniyeh

Le président turc Tayyip Erdogan rencontre Ismail Haniyeh, chef du groupe islamiste palestinien Hamas, à Istanbul le 20 avril 2024. (Reuters)
Le président turc Tayyip Erdogan rencontre Ismail Haniyeh, chef du groupe islamiste palestinien Hamas, à Istanbul le 20 avril 2024. (Reuters)
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  • la réponse la plus forte à Israël et le chemin vers la victoire passent par l'unité et l'intégrité", a déclaré le chef de l'Etat turque
  • la Turquie "poursuivrait son aide humanitaire à la Palestine afin de soulager autant que possible les souffrances" de la population de Gaza.

ISTAMBUL : Le président turc Recep Tayyip Erdogan a appelé samedi les Palestiniens "à l'unité" face à Israël, au terme de sa rencontre avec le chef du Hamas Ismaïl Haniyeh à Istanbul.

"Il est vital que les Palestiniens agissent dans l'unité dans ce processus; la réponse la plus forte à Israël et le chemin vers la victoire passent par l'unité et l'intégrité", a déclaré le chef de l'Etat selon un communiqué de la présidence turque.

Après les tensions récentes entre Israël et l'Iran, M. Erdoğan a souligné que "ce qui s'est passé ne devait pas faire gagner du terrain à Israël et qu'il est important d'agir de façon à conserver l'attention sur Gaza", poursuit le texte.

Enfin, toujours selon le communiqué, le chef de l'Etat a également assuré que la Turquie "poursuivrait son aide humanitaire à la Palestine afin de soulager autant que possible les souffrances" de la population de Gaza.

La Turquie qui est l'un des principaux pays à envoyer de l'aide à la population du territoire palestinien a déjà fait parvenir 45.00 tonnes de vivres et de médicaments dans la région.

M. Erdogan a également rappelé que son pays avait pris "un certain nombre de sanctions contre Israël, y compris des restrictions commerciales", ces dernières depuis le 9 avril.


L'Indonésie est en état d'alerte maximale alors que le volcan Sulawesi continue d'entrer en éruption

Le volcan du Mont Ruang entre en éruption à Sitaro, Sulawesi du Nord, le 19 avril 2024. (AFP)
Le volcan du Mont Ruang entre en éruption à Sitaro, Sulawesi du Nord, le 19 avril 2024. (AFP)
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  • Plus de 7 500 personnes vivant à proximité du volcan ont été évacuées à ce jour.
  • L'activité volcanique est fréquente en Indonésie, qui se trouve sur la "ceinture de feu" du Pacifique.

JAKARTA : Les autorités indonésiennes étaient en état d'alerte maximale samedi, alors qu'un volcan situé dans le nord de l'île de Sulawesi continue d'entrer en éruption. Des milliers de personnes vivant à proximité ont été contraintes de quitter leur domicile.

Le mont Ruang, situé au nord de l'île des Célèbes, a connu au moins huit éruptions depuis le 16 avril, dont une importante le mercredi soir, ce qui a incité l'agence indonésienne de volcanologie à lancer son alerte maximale, qui indique une éruption active.

Le centre a enregistré au moins deux éruptions samedi, le cratère émettant une fumée blanche et grise à plus de 1 200 mètres au-dessus de son sommet après minuit, suivie d'une autre éruption à midi qui a libéré une colonne de cendres d'environ 250 mètres.

"D'après les observations visuelles, le 20 avril 2024 à 12 h 15, l'activité volcanique du mont Ruang est toujours élevée", a déclaré Muhammad Wafid, chef du département de géologie du ministère de l'énergie et des ressources minérales, dans un communiqué.

"Le danger potentiel est une éruption explosive qui peut provoquer la projection de roches volcaniques dans différentes directions, suivie de nuages, ainsi qu'une éruption effusive ou une coulée de lave.

Les autorités ayant établi une zone d'exclusion de six kilomètres autour du volcan, environ 7 500 personnes ont été évacuées à ce jour, dont plus de 1 500 habitants de la petite île où se dresse le mont Ruang et environ 6 000 personnes vivant sur l'île voisine de Tagulandang, au nord-est du volcan, selon les dernières données de l'Agence nationale indonésienne d'atténuation des catastrophes. Des milliers d'autres personnes sont encore menacées.

L'aéroport international de la ville de Manado, située à moins de 100 kilomètres du mont Ruang, est fermé au moins jusqu'à dimanche en raison des cendres volcaniques.

"Des inquiétudes subsistent, car nos appareils continuent d'enregistrer des tremblements et des séismes volcaniques, ce qui indique que les fluides magmatiques continuent de se déplacer des profondeurs vers la surface", a déclaré à Arab News Hendra Gunawan, directeur de l'agence indonésienne de volcanologie.

"Il y a encore un potentiel pour d'autres éruptions... Et un tsunami peut se produire s'il y a un grand flux de matériaux volcaniques dans la mer.

L'Indonésie, un vaste archipel, compte environ 120 volcans actifs. Le pays connaît une activité sismique et volcanique fréquente en raison de sa situation sur l'arc de volcans et de lignes de faille du bassin du Pacifique, connu sous le nom de "cercle de feu".

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com