Au procès du 13-Novembre, les noms des victimes résonnent dans la salle d'audience

Ce croquis d'audience réalisé le 8 septembre 2021, montre une vue générale lors de la première journée du procès des attentats de Paris et de Saint-Denis du 13 novembre 2015, dans une salle d'audience provisoire au Palais de Justice de Paris le 8 septembre 2021. (AFP)
Ce croquis d'audience réalisé le 8 septembre 2021, montre une vue générale lors de la première journée du procès des attentats de Paris et de Saint-Denis du 13 novembre 2015, dans une salle d'audience provisoire au Palais de Justice de Paris le 8 septembre 2021. (AFP)
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Publié le Samedi 11 septembre 2021

Au procès du 13-Novembre, les noms des victimes résonnent dans la salle d'audience

  • Dans la salle d'audience, les parties civiles remplissent la majorité des dizaines de rangées de bancs. On retient ou pas ses sanglots. Des mains s'agrippent. Des voisins de place s'enlacent
  • Debout entre les rangées, des membres de l'association Paris aide aux victimes scrutent les visages, se penchent parfois pour dire un mot de soutien

PARIS : "Dans la soirée du vendredi 13 novembre 2015, trois équipes, chacune composée de trois hommes, attaquaient différents lieux de la région parisienne"... Dans la salle d'audience de la cour d'assises spéciale de Paris, le silence se fait lourd quand le président commence à lire son rapport sur les attentats du 13-Novembre.

Après plus de deux heures à citer la liste des témoins et des experts qui vont se succéder à la barre, la troisième journée du procès a été essentiellement consacrée à la lecture du rapport résumant l'enquête, titanesque.

D'une voix neutre, le président Jean-Louis Périès reprend minute par minute le déroulé des attaques qui ont fait 130 morts et des centaines de blessés, les plus meurtriers ayant jamais frappé la France. 

"21h16, première explosion au Stade de France, 21h20, deuxième explosion au Stade de France, 21h24, première fusillade au Carillon et au Petit Cambodge, 21h26, deuxième fusillade à la Bonne bière et au Casa Nostra, 21h36, troisième fusillade à la Belle équipe, 21h41, explosion au Comptoir Voltaire, 21h47, début de l'attaque au Bataclan, 21h53, troisième explosion au stade de France".

Avec les termes cliniques caractéristiques de ces rapports, Jean-Louis Périès revient sur chacun des événements.

A chaque fois, il termine en donnant le nombre de morts. Un au Stade de France, 39 sur les terrasses, 90 au Bataclan. Puis il lit, lentement, les prénoms, noms et âges des victimes.


Tête baissée

Dans la salle d'audience, les parties civiles remplissent la majorité des dizaines de rangées de bancs. On retient ou pas ses sanglots. Des mains s'agrippent. Des voisins de place s'enlacent.

Le président évoque le Bataclan. "Une vraie scène de guerre où des cadavres se mêlaient à des personnes blessées ou indemnes se faisant passer pour mortes afin de ne pas déclencher de tirs sur elles", décrit-il.

Certains quittent la salle. Le président lit les noms des victimes. Baptiste C., 24 ans, Aurélie de P., 33 ans, Cécile M. épouse Z., 31 ans... La lecture dure plus de cinq minutes.

Debout entre les rangées, des membres de l'association Paris aide aux victimes scrutent les visages, se penchent parfois pour dire un mot de soutien.

Dans le box, les accusés écoutent bras croisés sur la poitrine. Certains ont la tête baissée. Seul membre encore en vie des commandos, Salah Abdelsam, qui a multiplié les provocations les deux premiers jours d'audience, reste silencieux.

Onze hommes comparaissent détenus dans le box de la salle d'audience construite pour l'occasion dans l'historique palais de justice de Paris. Trois accusés, sous contrôle judiciaire, comparaissent libres. Les six autres sont jugés en leur absence: cinq sont présumés morts, un dernier incarcéré en Turquie.

Sur les 20 accusés, douze encourent la réclusion à perpétuité.

Attaques coordonnées

La nuit de terreur du 13 novembre 2015 a débuté aux abords du Stade du France, à Saint-Denis, où se jouait le match de football France-Allemagne. Trois jihadistes y ont successivement déclenché leur ceinture explosive.

Un peu plus tard, au cœur de Paris, d'autres assaillants tirent sur des terrasses de cafés et de restaurants. Puis un autre commando fait irruption au Bataclan, avec armes de guerre et ceintures explosives, et mitraille les spectateurs d'un concert. 

Les enquêteurs - jusqu'à 1.000 au début de l'enquête - et les cinq magistrats antiterroristes saisis établissent rapidement que les attentats ont été coordonnés de Belgique. Ils identifient aussi leur commanditaire en Syrie: Oussama Atar, un Belge surnommé "Abou Ahmad al-Iraki", membre important du groupe Etat islamique (EI), vraisemblablement mort en 2017 dans une frappe de la coalition en zone irako-syrienne.

Vers 21h30, alors que le rapport aborde le parcours de chacun des accusés, les avocats de la défense se succèdent pour demander à mettre fin à l'audience. Leurs clients n'ont "pas mangé depuis 10h30" et ne suivent "plus rien", plaident-il.

Jean-Louis Périès autorise une première courte suspension. Une partie civile fait passer un paquet de biscuits pour les accusés.

Le président finit par consentir, à contre-coeur, à suspendre l'audience pour la journée à 23h30.

"On aura les mêmes problèmes la semaine prochaine", prévient-il, exaspéré, rappelant que les audiences commencent justement à la mi-journée pour ménager les accusés. "Alors bon, faut prendre sur vous un peu, messieurs".

La dernière partie du rapport, lu à trois voix avec ses deux premières assesseures, se fera donc lundi à 12h30. 


Légion d'honneur, Sarkozy « prend acte », rappelant que la CEDH doit encore examiner son recours

La Cour d'appel a confirmé l'année dernière la condamnation de l'ancien président français Nicolas Sarkozy pour avoir tenté illégalement d'obtenir des faveurs d'un juge et lui a ordonné de porter un bracelet électronique à la cheville au lieu de purger une peine d'un an de prison. (Photo d'archive AFP)
La Cour d'appel a confirmé l'année dernière la condamnation de l'ancien président français Nicolas Sarkozy pour avoir tenté illégalement d'obtenir des faveurs d'un juge et lui a ordonné de porter un bracelet électronique à la cheville au lieu de purger une peine d'un an de prison. (Photo d'archive AFP)
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  • L'ex-président (2007-2012) a rappelé que son recours devant la CEDH « est toujours pendant ». Il l'avait déposé après sa condamnation devenue définitive en décembre, à un an de prison ferme pour corruption dans l'affaire des écoutes. 
  • Nicolas Sarkozy, déjà exclu de l'ordre national du Mérite, est ainsi devenu le deuxième chef de l'État français privé de cette distinction, après le maréchal Pétain.

PARIS : L'ancien président Nicolas Sarkozy a « pris acte » dimanche de son exclusion de la Légion d'honneur et rappelle que la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH) doit encore se prononcer sur son recours dans l'affaire des écoutes, a indiqué son avocat Patrice Spinosi dans une déclaration transmise à l'AFP.

« Nicolas Sarkozy prend acte de la décision prise par le grand chancelier. Il n’a jamais fait de cette question une affaire personnelle », a affirmé Patrice Spinosi, soulignant que si l'ancien chef de l'État « a fait valoir des arguments juridiques, c’était au nom de la fonction même de président de la République ».

L'ex-président (2007-2012) a rappelé que son recours devant la CEDH « est toujours pendant ». Il l'avait déposé après sa condamnation devenue définitive en décembre, à un an de prison ferme pour corruption dans l'affaire des écoutes. 

« La condamnation de la France (par la CEDH) impliquera la révision de la condamnation pénale prononcée à l'encontre de Nicolas Sarkozy, en même temps que l’exclusion de l’ordre de la Légion d’Honneur ; l’une n’étant que la conséquence de l’autre », a assuré Patrice Spinosi.

Nicolas Sarkozy, déjà exclu de l'ordre national du Mérite, est ainsi devenu le deuxième chef de l'État français privé de cette distinction, après le maréchal Pétain, à qui la Légion d'honneur avait été retirée en 1945 pour haute trahison et intelligence avec l'ennemi.

« Ce lien avec le maréchal Pétain est indigne », a déclaré la porte-parole du gouvernement Sophie Primas (LR), prenant « acte » elle aussi de cette décision « automatique qui fait partie du code de la Légion d’Honneur ».

« Le président Sarkozy a été là pour la France à des moments extrêmement compliqués », a-t-elle déclaré, se disant « un peu réservée non pas sur la règle, mais sur ce qu’elle entraîne comme comparaison ».

« C'est une règle, mais c'est aussi une honte », a déploré sur franceinfo Othman Nasrou, le nouveau secrétaire général de LR et proche de Bruno Retailleau, apportant son « soutien et son respect » à l'ex-président.

À gauche, le député écologiste Benjamin Lucas s'est félicité de la décision, appelant sur X à ce que « la République prive de ses privilèges et de son influence institutionnelle celui qui a déshonoré sa fonction et trahi le serment sacré qui lie le peuple à ses élus, celui de la probité ».


Echanges de frappes entre Israël et l'Iran : la France renforce la vigilance sur son territoire

 Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau  (Photo AFP)
Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau (Photo AFP)
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  • « Il convient de porter une vigilance particulière à l'ensemble des sites qui pourraient être ciblés par des actes de terrorisme ou de malveillance de la part d'une puissance étrangère », a-t-il indiqué dans un télégramme
  • Le ministre a appelé à la mobilisation des services de renseignements, des forces de sécurité intérieure, des polices municipales et des élus locaux, ainsi que du dispositif Sentinelle.

PARIS : Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau a appelé les préfets à renforcer la vigilance sur le territoire national. Il a notamment demandé de cibler les lieux de culte, les rassemblements festifs et les intérêts israéliens et américains. Cette demande a été transmise par télégramme. Elle a été envoyée vendredi. Cela fait suite à l'attaque israélienne en Iran.

« Il convient de porter une vigilance particulière à l'ensemble des sites qui pourraient être ciblés par des actes de terrorisme ou de malveillance de la part d'une puissance étrangère », a-t-il indiqué dans un télégramme consulté par l'AFP, alors qu'Israël et l'Iran poursuivaient leurs échanges de frappes meurtrières.

Les hostilités ont été déclenchées par une attaque israélienne massive contre des sites militaires et nucléaires iraniens, à laquelle Téhéran riposte avec des missiles balistiques. 

Dans ce contexte, M. Retailleau demande aux préfets de porter « une attention particulière » à la sécurité des lieux de culte, des établissements scolaires, des établissements publics et institutionnels, ainsi que des sites à forte affluence, notamment au moment des entrées et des sorties, et ce, incluant les « rassemblements festifs, culturels ou cultuels ».

Ces mesures de protection renforcée s'appliquent également aux « intérêts israéliens et américains ainsi qu'aux établissements de la communauté juive ».

Le ministre a appelé à la mobilisation des services de renseignements, des forces de sécurité intérieure, des polices municipales et des élus locaux, ainsi que du dispositif Sentinelle.

Vendredi soir, le président Emmanuel Macron a annoncé un « renforcement » du dispositif Sentinelle, qui déploie des militaires en France, « pour faire face à toutes les potentielles menaces sur le territoire national ».


Selon ManPowerGroup, l'IA pourrait réduire l'importance des « compétences » dans le recrutement

Des visiteurs font le tour des stands du salon VivaTech dédié aux start-ups technologiques et à l'innovation, à Paris Expo Porte de Versailles, à Paris, le 12 juin 2025. (Photo de Thomas SAMSON / AFP)
Des visiteurs font le tour des stands du salon VivaTech dédié aux start-ups technologiques et à l'innovation, à Paris Expo Porte de Versailles, à Paris, le 12 juin 2025. (Photo de Thomas SAMSON / AFP)
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  • L'irruption de l'intelligence artificielle (IA) bouleverse le marché du travail ainsi que les modes de recrutement et pourrait amener les employeurs à privilégier le « potentiel » des candidats plutôt que leurs « compétences ».
  • « un travailleur sur quatre dans le monde exerce une profession plus ou moins exposée à l'IA générative, mais la plupart des emplois seront transformés au lieu d'être supprimés, car une intervention humaine reste indispensable ».

PARIS : L'irruption de l'intelligence artificielle (IA) bouleverse le marché du travail ainsi que les modes de recrutement et pourrait amener les employeurs à privilégier le « potentiel » des candidats plutôt que leurs « compétences », selon un dirigeant de ManPowerGroup.

En effet, « les compétences pourraient s'avérer obsolètes dans six mois », explique Tomas Chamorro-Premuzic, directeur de l'innovation du géant américain du travail temporaire, rencontré par l'AFP au salon Vivatech, à Paris, qui ferme ses portes samedi.  Selon lui, « il vaut mieux savoir que vous travaillez dur, que vous êtes curieux, que vous avez de bonnes aptitudes relationnelles et ça, l'IA peut vous aider à l'évaluer ».

Selon l'Organisation internationale du travail (OIT), « un travailleur sur quatre dans le monde exerce une profession plus ou moins exposée à l'IA générative, mais la plupart des emplois seront transformés au lieu d'être supprimés, car une intervention humaine reste indispensable ».

Cependant, les tâches informatiques (utilisation d'Internet, messagerie, etc.) pouvant être accomplies de manière autonome par des agents d'IA connaissent une « rapide expansion ». 

Dans ce contexte, les employeurs pourraient rechercher de plus en plus de salariés dotés de compétences hors de portée de l'IA, telles que le jugement éthique, le service client, le management ou la stratégie, comme l'indique une enquête de ManpowerGroup menée auprès de plus de 40 000 employeurs dans 42 pays et publiée cette semaine.

M. Chamorro-Premuzic déplore toutefois que ces compétences ne soient pas encore davantage mises en avant dans la formation. « Pour chaque dollar que vous investissez dans la technologie, vous devez investir huit ou neuf dollars dans les ressources humaines, la transformation culturelle, la gestion du changement », dit-il.

Les craintes d'un chômage de masse provoqué par l'IA restent par ailleurs exagérées à ce stade, estime le dirigeant, malgré certaines prédictions alarmistes.

D'après Dario Amodei, patron de la société d'intelligence artificielle Anthropic, cette technologie pourrait faire disparaître la moitié des emplois de bureau les moins qualifiés d'ici cinq ans. 

« Si l'histoire nous enseigne une chose, c'est que la plupart des prévisions sont fausses », répond M. Chamorro-Premuzic.

Concernant le recrutement, activité principale de ManPowerGroup, le dirigeant ajoute que « les agents d'intelligence artificielle ne deviendront certainement pas le cœur de notre métier dans un futur proche ». Il constate également que l'IA est utilisée par les demandeurs d'emploi.

« Des candidats sont capables d'envoyer 500 candidatures parfaites en une journée, de passer des entretiens avec leurs bots et de déjouer certains éléments des évaluations », énumère-t-il.