A Doha, enfants afghans cherchent parents, désespérément

Des ressortissants afghans à double nationalité se préparent à embarquer sur un vol Qatar Airways à l'aéroport international de Kaboul Hamid Karazai à destination de Doha le 10 septembre 2021. Les doubles ressortissants du Canada, de Grande-Bretagne, d'Allemagne et de France ont été évacués d'Afghanistan vers le Qatar. (Marwan Tahtah / MOFA)
Des ressortissants afghans à double nationalité se préparent à embarquer sur un vol Qatar Airways à l'aéroport international de Kaboul Hamid Karazai à destination de Doha le 10 septembre 2021. Les doubles ressortissants du Canada, de Grande-Bretagne, d'Allemagne et de France ont été évacués d'Afghanistan vers le Qatar. (Marwan Tahtah / MOFA)
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Publié le Samedi 11 septembre 2021

A Doha, enfants afghans cherchent parents, désespérément

  • Quelque 200 petits Afghans vivent depuis plusieurs jours à Doha, dans une structure d'accueil mise à leur disposition après leur évacuation de Kaboul
  • Un policier français qui était aux portes de l'aéroport raconte: une femme "désespérée a jeté son bébé dans les barbelés en direction des forces spéciales françaises qui l'ont récupéré et confié aux médecins américains"

DOHA, Qatar : "Où est-ce qu'on va?", "est-ce que je peux avoir des chips?" Deux questions à la fois banales et fondamentales, posées par des enfants afghans traumatisés, déracinés, après avoir été évacués de Kaboul et accueillis au Qatar sans leurs parents.

Il y a aussi dans ces questions l'avenir impossible à dessiner et le quotidien indispensable à préserver. Quelque 200 petits Afghans vivent depuis plusieurs jours à Doha, dans une structure d'accueil mise à leur disposition après leur évacuation de Kaboul.

Traumatisés, ils sont protégés des journalistes et des trafiquants de tous poils par la Qatar Charity, une organisation humanitaire de l'émirat à qui ils ont été confiés.

"Il est très difficile d'imaginer le traumatisme que ces enfants ont subi", explique un responsable humanitaire basé au Moyen-Orient ayant requis l'anonymat. "Ils sont en état de choc et de traumatisme semblable à ce que l'on a vu dans des endroits comme l'Irak et la Syrie, chez ceux qui revenaient de zones" contrôlées par le groupe jihadiste Etat islamique (EI).

Comment sont-ils arrivés à l'aéroport de Kaboul? Pourquoi ont-ils été évacués à bord d'avions américains? Les autorités américaines n'ont pas répondu aux questions de l'AFP.

Un policier français qui était aux portes de l'aéroport raconte: une femme "désespérée a jeté son bébé dans les barbelés en direction des forces spéciales françaises qui l'ont récupéré et confié aux médecins américains".

"Le bébé a été soigné et évacué vers Doha. C'était vraiment un nourrisson. Sa mère a disparu dans la foule", poursuit-il.

- "On pleure beaucoup" -

Autre histoire, autre drame. "Un homme est arrivé avec trois enfants en bas âge qu'il a présentés comme les siens. C'était des orphelins. Il les a utilisés pour se faire ouvrir la porte sans doute, mais du coup, ils ont été évacués aussi", relate toujours le policier.

Il ajoute: "Des histoires comme ça, on en a vu plein dans le chaos. Elles font partie de cette débâcle".

Les enfants dont s'occupent la Qatar Charity ont entre 8 et 17 ans, les plus petits sont dans une autre structure. Tous ont un point commun: ils sont déchirés de l'intérieur.

Dans des logements gérés par la Qatar Charity -- auxquels l'AFP n'a pas eu accès --, ils ont été répartis par âge ou par famille lorsqu'ils sont arrivés à plusieurs. Mais dès que possible, ils sont regroupés en fonction des liens qui se sont tissés lors de leur exode.

"Ils peuvent s'attacher très vite les uns aux autres. Ils ont des sentiments plus forts que quiconque", constate Fatima-Zahra Bakkari, chargée de la coopération internationale pour l'ONG.

Elle évoque deux enfants de 12 et 13 ans qui ne se lâchaient plus d'une semelle. Lorsque le plus âgé a appris qu'il allait partir, il a décidé de ne plus dormir dans la même chambre que son copain, pour s'habituer à ne plus se voir. Il est des circonstances où l'on grandit plus vite que d'autres.

"On pleure tous beaucoup", confie Mme Bakkari, en parlant des volontaires de l'ONG. Mais "on rit beaucoup" aussi, quand les gamins se lèvent la nuit pour chaparder des paquets de chips.

- "Les plus vulnérables" -

La question de l'avenir, elle, ne fait pas rire. Car elle n'a pas de réponse claire. "On leur dit que leur tour va venir. Mais on ne sait pas quand", reconnaît Mme Bakkari. "On leur dit qu'on sera avec eux jusqu'à ce qu'il soient en sécurité". 

La prise de pouvoir des talibans a replongé le pays dans les souvenirs de leur précédente période à la tête du pays (1996-2001), marquée par les pires exactions, les violences et la mort.

Selon l'Unicef, l'agence de l'ONU pour l'enfance, environ 300 enfants non accompagnés ont été évacués d'Afghanistan. Un départ dans la cohue et la panique, le bruit et la fureur, les armes et la poussière.

Les enfants séparés de leurs parents sont "parmi (...) les plus vulnérables", a prévenu dans un communiqué Henrietta Fore, directrice générale de l'Unicef. "Il est vital qu'ils soient rapidement identifiés et gardés en sécurité pendant les processus de recherche et de réunification des familles".

Au Qatar, ils bénéficient d'un toit, reçoivent des soins physiques et psychologiques, de la nourriture et de l'amour. "C'est après que cela se complique", relève le responsable humanitaire ayant requis l'anonymat. "Le scénario idéal, c'est qu'on trouve un parent du premier degré. Une grand-mère, un oncle, une tante". Mais "souvent, on n'en est pas capable", regrette-t-il.

La Qatar Charity a mis en place un centre d'appel pour que les enfants téléphonent. Mais certains n'ont pas de numéro à composer. Il faudra sans doute passer à l'étape suivante: le placement dans un lieu où l'enfant tentera de reprendra le cours de sa vie, en grandissant dans une communauté sûre, poursuit le responsable.


Washington dénonce une enquête pénale contre X en France

Une personne arrive pour participer à un événement à Paris, le 20 janvier 2025, pour célébrer une "nouvelle ère numérique" organisée par le collectif derrière "HelloQuitteX", une application développée pour aider les utilisateurs à migrer l'ensemble de leur communauté en ligne de X d'Elon Musk vers des plateformes sociales concurrentes. (AFP/File)
Une personne arrive pour participer à un événement à Paris, le 20 janvier 2025, pour célébrer une "nouvelle ère numérique" organisée par le collectif derrière "HelloQuitteX", une application développée pour aider les utilisateurs à migrer l'ensemble de leur communauté en ligne de X d'Elon Musk vers des plateformes sociales concurrentes. (AFP/File)
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  • Les Etats-Unis ont dénoncé vendredi une enquête pénale ouverte en France contre le réseau social X, propriété d'Elon Musk, suspecté d'ingérence étrangère
  • Depuis son retour au pouvoir en janvier, le président américain Donald Trump a dénoncé, ainsi que le vice-président JD Vance et le secrétaire d'Etat Marco Rubio, ce qu'il considère comme étant des menaces à la liberté d'expression en Europe

WASHINGTON: Les Etats-Unis ont dénoncé vendredi une enquête pénale ouverte en France contre le réseau social X, propriété d'Elon Musk, suspecté d'ingérence étrangère.

"Dans le cadre d'une enquête criminelle, un procureur français militant demande des informations sur l'algorithme propriétaire de X et a classé X comme un groupe criminel organisé", a indiqué le département d'Etat américain dans un message vendredi sur ce même réseau.

"Les gouvernements démocratiques devraient permettre à toutes les voix de s'exprimer, et non pas museler les discours qui leur déplaisent", a accusé le Bureau des droits humains, de la démocratie et du travail, qui dépend du département d'Etat, dans ce message sur X.

"Les Etats-Unis défendront la liberté d'expression de tous les Américains contre les actes de censure étrangère", a-t-il ajouté.

Depuis son retour au pouvoir en janvier, le président américain Donald Trump a dénoncé, ainsi que le vice-président JD Vance et le secrétaire d'Etat Marco Rubio, ce qu'il considère comme étant des menaces à la liberté d'expression en Europe.

Visée par une enquête pénale de la justice française, la plateforme X, suspectée d'avoir biaisé son algorithme après des accusations d'ingérence étrangère, a dénoncé lundi dernier un "agenda politique", et dit avoir refusé d'accéder aux demandes du parquet de Paris requérant l'accès à son algorithme.

Selon X, les autorités françaises ont requis l'accès à son algorithme de recommandation ainsi qu'aux données en temps réel concernant toutes les publications des utilisateurs de la plateforme.

Le Parquet de Paris avait indiqué le 11 juillet qu'une enquête avait été confiée à la gendarmerie concernant le réseau X, en tant que personne morale, et contre les "personnes physiques" qui le dirigent.

Cette enquête, confiée à la Direction générale de la gendarmerie nationale, porte "notamment" sur l'altération du fonctionnement d'un système de traitement automatisé de données en bande organisée et l'extraction frauduleuse de données d'un système de traitement automatisé de données en bande organisée.

L'enquête intervient après deux signalements reçus en janvier qui "faisaient état de l'utilisation supposée de l'algorithme de X (ex-Twitter) à des fins d'ingérence étrangère", selon le ministère public.

X "nie catégoriquement" les accusations de manipulation de son algorithme à des fins d'ingérence étrangère, "une allégation qui est totalement fausse", a répondu le réseau social lundi, dans un post partagé par le département d'Etat américain.


Efforts à l'ONU pour raviver la solution à deux Etats, israélien et palestinien

Le ministre français de l'Europe et des affaires étrangères, Jean-Noël Barrot (C), pose avec des participants lors d'une conférence intitulée "Appel de Paris pour la solution à deux États, la paix et la sécurité régionale" réunissant des acteurs influents des sociétés civiles israélienne et palestinienne engagés dans la promotion de la solution à deux États, à Paris, le 13 juin 2025. (AFP/File)
Le ministre français de l'Europe et des affaires étrangères, Jean-Noël Barrot (C), pose avec des participants lors d'une conférence intitulée "Appel de Paris pour la solution à deux États, la paix et la sécurité régionale" réunissant des acteurs influents des sociétés civiles israélienne et palestinienne engagés dans la promotion de la solution à deux États, à Paris, le 13 juin 2025. (AFP/File)
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  • Portés par la décision française de reconnaître la Palestine, les Etats membres de l'ONU vont tenter la semaine prochaine d'insuffler un peu de vie à la solution à deux Etats, israélien et palestinien
  • Après plus de 21 mois de guerre à Gaza, la crainte que la création d'un Etat palestinien soit physiquement impossible gagne du terrain

Nations unies, États-Unis: Portés par la décision française de reconnaître la Palestine, les Etats membres de l'ONU vont tenter la semaine prochaine d'insuffler un peu de vie à la solution à deux Etats, israélien et palestinien, une réunion sans Israël, sous pression pour cesser la guerre à Gaza.

La conférence convoquée par l'Assemblée générale des Nations unies, coprésidée par la France et l'Arabie saoudite, devait avoir lieu en juin au plus haut niveau. Reportée en raison de la guerre déclenchée par Israël contre l'Iran, un premier segment au niveau ministériel commence lundi à New York avant un sommet attendu en septembre.

Juste avant cette réunion, le président français Emmanuel Macron a annoncé jeudi qu'il reconnaîtrait solennellement un Etat de Palestine en septembre.

Alors que la conférence semblait "vouée à l'insignifiance", "l'annonce de Macron change la donne", estime Richard Gowan, analyste à l'International Crisis Group. "D'autres participants vont réfléchir à la hâte pour savoir s'ils doivent aussi déclarer une intention de reconnaître la Palestine", explique-t-il à l'AFP.

Parmi les grandes puissances que la France aimerait convaincre de sauter le pas, le Royaume-Uni. Mais le Premier ministre britannique Keith Starmer a répété vendredi qu'une reconnaissance devait "s'inscrire dans un plan plus global". Tandis que l'Allemagne ne l'envisage pas "à court terme".

Selon le décompte et les vérifications de l'AFP, au moins 142 des 193 Etats membres de l'ONU -- en comptant la France -- reconnaissent désormais l'Etat palestinien proclamé par la direction palestinienne en exil en 1988.

En 1947, une résolution de l'Assemblée générale de l'ONU avait décidé le partage de la Palestine alors sous mandat britannique, en deux Etats indépendants, l'un juif et l'autre arabe. L'année suivante, l'Etat d'Israël était proclamé.

- "Plus nécessaire que jamais" -

Depuis plusieurs décennies, la grande majorité de la communauté internationale soutient le principe d'une solution à deux Etats, israélien et palestinien, vivant côte à côte en paix et sécurité.

Mais après plus de 21 mois de guerre à Gaza, l'extension de la colonisation israélienne en Cisjordanie et les velléités de responsables israéliens d'annexer ce territoire occupé, la crainte que la création d'un Etat palestinien soit physiquement impossible gagne du terrain.

D'où l'idée de cette conférence à laquelle sont notamment attendus le Premier ministre palestinien Mohammad Mustafa et plusieurs dizaines de ministres du monde entier.

La réunion intervient à un moment où à la fois la solution à deux Etats est "plus affaiblie que jamais", mais aussi "plus nécessaire que jamais", a commenté une source diplomatique française.

Au-delà de créer une dynamique pour la reconnaissance de l'Etat palestinien, la conférence se concentrera sur trois autres axes: la réforme de la gouvernance de l'Autorité palestinienne, le désarmement du Hamas et son exclusion de la gouvernance palestinienne, et enfin la normalisation des relations avec Israël par les Etats arabes qui ne l'ont pas encore fait.

Mais la source diplomatique a prévenu qu'aucune annonce de normalisation avec Israël n'était attendue la semaine prochaine.

- "Opportunité unique" -

La conférence "offre une opportunité unique de transformer le droit international et le consensus international en un plan réaliste, et de prouver la détermination de mettre fin à l'occupation et au conflit une fois pour toute", a plaidé cette semaine l'ambassadeur palestinien à l'ONU Riyad Mansour, réclamant du "courage".

Israël et les Etats-Unis en revanche ne participeront pas à la réunion.

L'ambassadeur israélien à l'ONU Danny Danon "a annoncé qu'Israël ne prendra part à cette conférence qui ne répond pas à l'urgence de condamner le Hamas et de permettre le retour de tous les otages", a déclaré à l'AFP Jonathan Harounoff, un porte-parole de la mission israélienne.

La pression internationale ne cesse de s'intensifier sur Israël pour mettre fin à la guerre à Gaza, déclenchée par les attaques du Hamas du 7 octobre 2023.

La catastrophe humanitaire dans le petit territoire ravagé devrait donc être au coeur des discours des représentants de plus de 100 pays annoncés à la tribune de lundi à mercredi.

Richard Gowan prédit ainsi des "critiques très féroces contre Israël" de la part d'Etats membres de plus en plus frustrés.


Gaza: le Hamas «ne voulait pas d'accord», veut «mourir», dit Trump

Donald Trump a déclaré vendredi que le Hamas "ne voulait pas d'accord" après l'échec des négociations en vue d'un cessez-le-feu dans la bande de Gaza, et voulait "mourir", disant s'attendre à ce qu'Israël "finisse le travail". (AFP)
Donald Trump a déclaré vendredi que le Hamas "ne voulait pas d'accord" après l'échec des négociations en vue d'un cessez-le-feu dans la bande de Gaza, et voulait "mourir", disant s'attendre à ce qu'Israël "finisse le travail". (AFP)
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  • "Le Hamas ne voulait pas vraiment conclure un accord. Je pense qu'ils veulent mourir. Et c'est très, très grave", a déclaré le président américain à la presse à la Maison Blanche peu avant son départ pour l'Ecosse
  • Le président américain Donald Trump a minimisé vendredi les déclarations de son homologue français Emmanuel Macron sur la reconnaissance d'un Etat palestinien, disant qu'elles n'avaient guère "de poids" et "ne changeront rien"

WASHINGTON: Donald Trump a déclaré vendredi que le Hamas "ne voulait pas d'accord" après l'échec des négociations en vue d'un cessez-le-feu dans la bande de Gaza, et voulait "mourir", disant s'attendre à ce qu'Israël "finisse le travail".

"Le Hamas ne voulait pas vraiment conclure un accord. Je pense qu'ils veulent mourir. Et c'est très, très grave", a déclaré le président américain à la presse à la Maison Blanche peu avant son départ pour l'Ecosse.

"On en est arrivé à un point où il va falloir finir le travail", a-t-il dit, soulignant que le mouvement islamiste palestinien ne souhaitait pas conclure un accord car "ils savent ce qui se passe après qu'on a récupéré les derniers otages".

"Je vous l'ai dit (...), il sera très difficile pour le Hamas de conclure un accord, car il perdra son bouclier, sa couverture", a poursuivi le président américain, disant s'attendre à ce qu'ils soient "traqués".