Maire de Paris et candidate en campagne, le double défi d'Anne Hidalgo

«Elle va exercer ses compétences de maire de Paris de manière complète et entière» tout en étant «en campagne quelques jours par semaine». (Photo, AFP)
«Elle va exercer ses compétences de maire de Paris de manière complète et entière» tout en étant «en campagne quelques jours par semaine». (Photo, AFP)
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Publié le Samedi 11 septembre 2021

Maire de Paris et candidate en campagne, le double défi d'Anne Hidalgo

  • La candidate annoncée du PS «continuera à arbitrer les dossiers les plus importants»
  • Du côté des collaborateurs, l'entrée en campagne ne va que peu affecter l'organisation interne, assure-t-on au cabinet

PARIS: Sa déclaration de candidature, attendue dimanche, inquiète ses alliés de la majorité municipale mais son entourage l'assure: Anne Hidalgo "reste plus que jamais maire de Paris", où elle a l'intention de poursuivre son programme de mandature.

L'ambiance sera-t-elle différente lundi à l'Hôtel de Ville, une fois que l'édile de la capitale depuis 2014 aura mis fin au faux suspense en officialisant à Rouen sa volonté de porter l'étendard du PS à l'élection présidentielle d'avril 2022 ?

Non, assure-t-on dans son entourage, contacté par l'AFP. "Elle va exercer ses compétences de maire de Paris de manière complète et entière" tout en étant "en campagne quelques jours par semaine", explique-t-on au sein de son cabinet. Si "elle sera sans doute physiquement moins présente qu'elle ne l'a été", reconnaît son adjoint (PS) chargé de l'éducation Patrick Bloche, "elle reste plus que jamais maire de Paris".

La candidate annoncée du PS "continuera à arbitrer les dossiers les plus importants", assure M. Bloche, à l'heure où les dossiers sensibles de sa deuxième mandature entrent en phase de réalisation: stationnement payant pour les deux-roues motorisés, police municipale... 

L'imminence de son entrée en campagne ne l'a pas dissuadée d'avancer sur les centres d'accueil de consommateurs de crack, un sujet explosif, fait valoir un collaborateur. Autre "preuve": les 30 km/h dans la capitale ont été instaurés "en dépit des impacts qu'ils pouvaient avoir sur la campagne".

«Incertitude budgétaire»

Mais alliés écologistes et communistes sont dubitatifs. "Les projets pourraient ne plus avancer pour éviter toute polémique", redoute un élu écologiste.

Pour Nathalie Maquoi, cheffe de file des élus Génération.s, "l'incertitude budgétaire" est source de craintes "par rapport aux grands enjeux". Même son de cloche chez David Belliard (EELV), l'adjoint aux transports et mobilités: "Aujourd'hui, le dispositif de gouvernance n'est pas clair, on n'a pas d'info, on ne sait pas comment les prises de décision vont être faites", estime-t-il en pointant du doigt l'absence de Plan d'investissement de la mandature (PIM).

"On nous dit que rien ne va changer mais tout le monde sait que tout va changer", dit encore ce soutien de Yannick Jadot.

Nicolas Bonnet-Oulaldj (PCF) va encore plus loin: "Ma crainte, c'est d'être mis devant le fait accompli d'événements et que la maire, ou son cabinet, garde des informations au fil de sa campagne".

Les fissures apparues entre elle et ses alliés communistes et écologistes, et notamment avec ces derniers une polémique autour d'un hommage à l'enseignant décapité Samuel Paty, peuvent-elles s'élargir?

"Notre adversaire, ce n'est pas Anne Hidalgo, c'est la droite et le RN", rassure M. Bonnet-Oulaldj qui soutiendra le candidat communiste Fabien Roussel. "Ce n'est pas la première fois qu'on vit ensemble dans la majorité municipale et qu'il y a des choix différents qui s'expriment sur des échéances nationales", abonde le premier adjoint (PS) Emmanuel Grégoire.

Séparer «Ville et campagne»

En place depuis 2018 et la démission fracassante de Bruno Julliard qui avait dénoncé "l'inconstance" de la maire de Paris, M. Grégoire "sera amené à représenter un peu plus" Mme Hidalgo, acquiesce Patrick Bloche.

Déjà largement en première ligne pour communiquer sur les dossiers majeurs, comme le crack, Emmanuel Grégoire n'a pas pâti du couac autour d'un possible reconfinement de Paris fin février. "Anne Hidalgo sait qu'elle peut compter sur moi pour être là où je suis, et c'est à Paris", déclare-t-il.

Du côté des collaborateurs, l'entrée en campagne ne va que peu affecter l'organisation interne, assure-t-on au cabinet. "Il va y avoir une vraie équipe de campagne et Anne a demandé à ce qu'il y ait une vraie séparation entre la Ville et la campagne", assure un conseiller.

Les quelques-uns qui embraieront vers la campagne puiseront d'abord dans leurs congés ou leur compte épargne temps (CET), puis "leur contrat à l'Hôtel de Ville sera résilié et ils basculeront vers des contrats campagne", précise un autre membre du cabinet.


Légion d'honneur, Sarkozy « prend acte », rappelant que la CEDH doit encore examiner son recours

La Cour d'appel a confirmé l'année dernière la condamnation de l'ancien président français Nicolas Sarkozy pour avoir tenté illégalement d'obtenir des faveurs d'un juge et lui a ordonné de porter un bracelet électronique à la cheville au lieu de purger une peine d'un an de prison. (Photo d'archive AFP)
La Cour d'appel a confirmé l'année dernière la condamnation de l'ancien président français Nicolas Sarkozy pour avoir tenté illégalement d'obtenir des faveurs d'un juge et lui a ordonné de porter un bracelet électronique à la cheville au lieu de purger une peine d'un an de prison. (Photo d'archive AFP)
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  • L'ex-président (2007-2012) a rappelé que son recours devant la CEDH « est toujours pendant ». Il l'avait déposé après sa condamnation devenue définitive en décembre, à un an de prison ferme pour corruption dans l'affaire des écoutes. 
  • Nicolas Sarkozy, déjà exclu de l'ordre national du Mérite, est ainsi devenu le deuxième chef de l'État français privé de cette distinction, après le maréchal Pétain.

PARIS : L'ancien président Nicolas Sarkozy a « pris acte » dimanche de son exclusion de la Légion d'honneur et rappelle que la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH) doit encore se prononcer sur son recours dans l'affaire des écoutes, a indiqué son avocat Patrice Spinosi dans une déclaration transmise à l'AFP.

« Nicolas Sarkozy prend acte de la décision prise par le grand chancelier. Il n’a jamais fait de cette question une affaire personnelle », a affirmé Patrice Spinosi, soulignant que si l'ancien chef de l'État « a fait valoir des arguments juridiques, c’était au nom de la fonction même de président de la République ».

L'ex-président (2007-2012) a rappelé que son recours devant la CEDH « est toujours pendant ». Il l'avait déposé après sa condamnation devenue définitive en décembre, à un an de prison ferme pour corruption dans l'affaire des écoutes. 

« La condamnation de la France (par la CEDH) impliquera la révision de la condamnation pénale prononcée à l'encontre de Nicolas Sarkozy, en même temps que l’exclusion de l’ordre de la Légion d’Honneur ; l’une n’étant que la conséquence de l’autre », a assuré Patrice Spinosi.

Nicolas Sarkozy, déjà exclu de l'ordre national du Mérite, est ainsi devenu le deuxième chef de l'État français privé de cette distinction, après le maréchal Pétain, à qui la Légion d'honneur avait été retirée en 1945 pour haute trahison et intelligence avec l'ennemi.

« Ce lien avec le maréchal Pétain est indigne », a déclaré la porte-parole du gouvernement Sophie Primas (LR), prenant « acte » elle aussi de cette décision « automatique qui fait partie du code de la Légion d’Honneur ».

« Le président Sarkozy a été là pour la France à des moments extrêmement compliqués », a-t-elle déclaré, se disant « un peu réservée non pas sur la règle, mais sur ce qu’elle entraîne comme comparaison ».

« C'est une règle, mais c'est aussi une honte », a déploré sur franceinfo Othman Nasrou, le nouveau secrétaire général de LR et proche de Bruno Retailleau, apportant son « soutien et son respect » à l'ex-président.

À gauche, le député écologiste Benjamin Lucas s'est félicité de la décision, appelant sur X à ce que « la République prive de ses privilèges et de son influence institutionnelle celui qui a déshonoré sa fonction et trahi le serment sacré qui lie le peuple à ses élus, celui de la probité ».


Echanges de frappes entre Israël et l'Iran : la France renforce la vigilance sur son territoire

 Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau  (Photo AFP)
Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau (Photo AFP)
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  • « Il convient de porter une vigilance particulière à l'ensemble des sites qui pourraient être ciblés par des actes de terrorisme ou de malveillance de la part d'une puissance étrangère », a-t-il indiqué dans un télégramme
  • Le ministre a appelé à la mobilisation des services de renseignements, des forces de sécurité intérieure, des polices municipales et des élus locaux, ainsi que du dispositif Sentinelle.

PARIS : Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau a appelé les préfets à renforcer la vigilance sur le territoire national. Il a notamment demandé de cibler les lieux de culte, les rassemblements festifs et les intérêts israéliens et américains. Cette demande a été transmise par télégramme. Elle a été envoyée vendredi. Cela fait suite à l'attaque israélienne en Iran.

« Il convient de porter une vigilance particulière à l'ensemble des sites qui pourraient être ciblés par des actes de terrorisme ou de malveillance de la part d'une puissance étrangère », a-t-il indiqué dans un télégramme consulté par l'AFP, alors qu'Israël et l'Iran poursuivaient leurs échanges de frappes meurtrières.

Les hostilités ont été déclenchées par une attaque israélienne massive contre des sites militaires et nucléaires iraniens, à laquelle Téhéran riposte avec des missiles balistiques. 

Dans ce contexte, M. Retailleau demande aux préfets de porter « une attention particulière » à la sécurité des lieux de culte, des établissements scolaires, des établissements publics et institutionnels, ainsi que des sites à forte affluence, notamment au moment des entrées et des sorties, et ce, incluant les « rassemblements festifs, culturels ou cultuels ».

Ces mesures de protection renforcée s'appliquent également aux « intérêts israéliens et américains ainsi qu'aux établissements de la communauté juive ».

Le ministre a appelé à la mobilisation des services de renseignements, des forces de sécurité intérieure, des polices municipales et des élus locaux, ainsi que du dispositif Sentinelle.

Vendredi soir, le président Emmanuel Macron a annoncé un « renforcement » du dispositif Sentinelle, qui déploie des militaires en France, « pour faire face à toutes les potentielles menaces sur le territoire national ».


Selon ManPowerGroup, l'IA pourrait réduire l'importance des « compétences » dans le recrutement

Des visiteurs font le tour des stands du salon VivaTech dédié aux start-ups technologiques et à l'innovation, à Paris Expo Porte de Versailles, à Paris, le 12 juin 2025. (Photo de Thomas SAMSON / AFP)
Des visiteurs font le tour des stands du salon VivaTech dédié aux start-ups technologiques et à l'innovation, à Paris Expo Porte de Versailles, à Paris, le 12 juin 2025. (Photo de Thomas SAMSON / AFP)
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  • L'irruption de l'intelligence artificielle (IA) bouleverse le marché du travail ainsi que les modes de recrutement et pourrait amener les employeurs à privilégier le « potentiel » des candidats plutôt que leurs « compétences ».
  • « un travailleur sur quatre dans le monde exerce une profession plus ou moins exposée à l'IA générative, mais la plupart des emplois seront transformés au lieu d'être supprimés, car une intervention humaine reste indispensable ».

PARIS : L'irruption de l'intelligence artificielle (IA) bouleverse le marché du travail ainsi que les modes de recrutement et pourrait amener les employeurs à privilégier le « potentiel » des candidats plutôt que leurs « compétences », selon un dirigeant de ManPowerGroup.

En effet, « les compétences pourraient s'avérer obsolètes dans six mois », explique Tomas Chamorro-Premuzic, directeur de l'innovation du géant américain du travail temporaire, rencontré par l'AFP au salon Vivatech, à Paris, qui ferme ses portes samedi.  Selon lui, « il vaut mieux savoir que vous travaillez dur, que vous êtes curieux, que vous avez de bonnes aptitudes relationnelles et ça, l'IA peut vous aider à l'évaluer ».

Selon l'Organisation internationale du travail (OIT), « un travailleur sur quatre dans le monde exerce une profession plus ou moins exposée à l'IA générative, mais la plupart des emplois seront transformés au lieu d'être supprimés, car une intervention humaine reste indispensable ».

Cependant, les tâches informatiques (utilisation d'Internet, messagerie, etc.) pouvant être accomplies de manière autonome par des agents d'IA connaissent une « rapide expansion ». 

Dans ce contexte, les employeurs pourraient rechercher de plus en plus de salariés dotés de compétences hors de portée de l'IA, telles que le jugement éthique, le service client, le management ou la stratégie, comme l'indique une enquête de ManpowerGroup menée auprès de plus de 40 000 employeurs dans 42 pays et publiée cette semaine.

M. Chamorro-Premuzic déplore toutefois que ces compétences ne soient pas encore davantage mises en avant dans la formation. « Pour chaque dollar que vous investissez dans la technologie, vous devez investir huit ou neuf dollars dans les ressources humaines, la transformation culturelle, la gestion du changement », dit-il.

Les craintes d'un chômage de masse provoqué par l'IA restent par ailleurs exagérées à ce stade, estime le dirigeant, malgré certaines prédictions alarmistes.

D'après Dario Amodei, patron de la société d'intelligence artificielle Anthropic, cette technologie pourrait faire disparaître la moitié des emplois de bureau les moins qualifiés d'ici cinq ans. 

« Si l'histoire nous enseigne une chose, c'est que la plupart des prévisions sont fausses », répond M. Chamorro-Premuzic.

Concernant le recrutement, activité principale de ManPowerGroup, le dirigeant ajoute que « les agents d'intelligence artificielle ne deviendront certainement pas le cœur de notre métier dans un futur proche ». Il constate également que l'IA est utilisée par les demandeurs d'emploi.

« Des candidats sont capables d'envoyer 500 candidatures parfaites en une journée, de passer des entretiens avec leurs bots et de déjouer certains éléments des évaluations », énumère-t-il.