Avec la pandémie, les «cuisines fantômes» explosent en Asie

Des employés de l'entreprise taïwanaise Just Kitchen, un réseau de "cuisines fantômes" qui préparent des plats à livrer uniquement, se préparant à cuire du pain pour des plats à emporter dans l'un de leurs emplacements à Taipei, le 18 août 2021. (Photo, AFP)
Des employés de l'entreprise taïwanaise Just Kitchen, un réseau de "cuisines fantômes" qui préparent des plats à livrer uniquement, se préparant à cuire du pain pour des plats à emporter dans l'un de leurs emplacements à Taipei, le 18 août 2021. (Photo, AFP)
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Publié le Jeudi 16 septembre 2021

Avec la pandémie, les «cuisines fantômes» explosent en Asie

  • L'Asie-Pacifique, où vivent 4,3 milliards de personnes, représente environ 60% du marché international
  • Dans les villes densément peuplées de la région, où l'espace est limité, manger dans des restaurants bon marché ou sur des stands de rue est souvent plus abordable et plus pratique que de cuisiner chez soi

TAIPEI, TAIWAN : Dans une unité industrielle de la banlieue de Taipei, des chefs préparent des plats qui ne seront jamais servis dans un restaurant : bienvenue dans le monde des "cuisines fantômes".


Avant même que les restrictions liées à la pandémie ne bousculent le secteur de la restauration, les clients étaient de plus en plus habitués à se faire livrer rapidement des repas de qualité restaurant.


Pour répondre à cette demande, un nombre croissant de restaurants ont mis en place des cuisines réservées à la livraison, des "cloud kitchens" ("cuisines fantômes"), ou ont loué des espaces.


Puis la pandémie a frappé, mettant fin aux repas à l'extérieur pour des milliards de personnes. 


"La pandémie a entraîné l'ensemble du secteur dans une sorte d’hyper-croissance", déclare à l'AFP Jason Chen, directeur général de Just Kitchen.


Just Kitchen a commencé à exploiter la première cuisine fantôme de Taïwan au début de l'année dernière. Il en gère maintenant 18, dont une à Hong Kong, et veut s'étendre aux Philippines et à Singapour d'ici la fin de l'année.


Grab, géant régional de la livraison basé à Singapour, a ouvert 20 nouvelles cuisines virtuelles en Asie du Sud-Est l'année dernière, en plus des 42 qu'il possédait avant la pandémie.


Selon un rapport de Researchandmarkets.com, le secteur pourrait croître de plus de 12% par an pour atteindre une valeur de 139,37 milliards de dollars en 2028. 

«Masque à oxygène»

L'Asie-Pacifique, où vivent 4,3 milliards de personnes, représente environ 60% du marché international. 


Dans les villes densément peuplées de la région, où l'espace est limité, manger dans des restaurants bon marché ou sur des stands de rue est souvent plus abordable et plus pratique que de cuisiner chez soi.


Le groupe de recherche Euromonitor estime qu'il y a actuellement quelque 7.500 "cuisines fantômes" en activité en Chine et 3.500 en Inde, contre 1.500 aux États-Unis. 


Ces cuisines collectives sont moins lucratives que les restaurants, car les gens n'y commandent pas autant de plats, estime Natalie Phanphensophon, à la tête de des chaînes Mango Tree et Coca, mais ont des coûts d'exploitation bien inférieurs. 


L'entreprise familiale a ouvert une première "cuisine fantôme" dans la banlieue de Bangkok en début d'année et doit en ouvrir deux autres dans quelques semaines. 


"Pendant le Covid-19, c'est un masque à oxygène", renchérit Thitanun Taveebhol, directeur du groupe iBerry, qui exploite des restaurants et glaciers dans des centres commerciaux en Thaïlande. 

Montagnes de plastique

Les chaînes de restauration ne sont pas seules à s'intéresser au secteur.  


Ancien dirigeant d'Air India à la retraite, Nirjash Roy Chowdhury, 61 ans, a investi ses économies pour créer une "cuisine en nuage" à Bombay. 


Avec ses six employés, il estime qu'il lui faudra six mois pour être rentable, mais est confiant pour l'avenir. 


"Je pense que cette culture des 'cuisines fantômes' va perdurer", prédit-il.


Nailul Huda, analyste à l'Institute for Development of Economics and Finance, un groupe de réflexion basé à Jakarta, estime que la baisse des coûts d'exploitation et les habitudes de commande des jeunes générations assureront une croissance continue du secteur.


"Une fois qu'on l'a fait, on s'y habitue tellement qu'il est difficile de se passer de ce confort", estime Jason Chen, de Just Kitchen, "très positif quant aux perspectives".  


Tandis qu'une grande partie du secteur de la restauration était dévastée, les "cuisines fantômes" ont permis aux chefs, aux livreurs et aux grossistes de rester en activité. Mais elles ont inévitablement ajouté à la montagne de plastique déjà produite.


Une étude récente menée à Bangkok a révélé que les déchets plastiques ont presque doublé pendant la pandémie, en grande partie à cause des services de livraison de nourriture. 


L'écrivain gastronomique Leslie Tay admet que les "cuisines fantômes" ont "enlevé la personnalité ou l'âme de la nourriture, dans une certaine mesure". 


Mais il pense qu'il y a de la place pour que restaurants et "cuisines fantômes" prospèrent ensemble.  


"Au bout du compte, je pense que la nourriture parle d'elle-même... si votre nourriture est bonne, les gens en parleront."  


Le Golden Gate Bridge de San Francisco bloqué par des manifestants pro-palestiniens

Le Golden Gate Bridge est photographié après que des manifestants pro-palestiniens l'ont bloqué pendant des heures à San Francisco, en Californie, le 15 avril 2024. (AFP)
Le Golden Gate Bridge est photographié après que des manifestants pro-palestiniens l'ont bloqué pendant des heures à San Francisco, en Californie, le 15 avril 2024. (AFP)
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  • Les manifestants, qui empêchaient les entrées ou sorties par ce côté de la ville californienne, arboraient une banderole "Arrêtez le monde pour Gaza"
  • Des actions doivent se dérouler dans de multiples pays, dont le Canada, la Belgique, l'Italie, la Colombie et la Corée du Sud

SAN FRANCISCO: Le Golden Gate Bridge, pont emblématique de la ville de San Francisco, a été bloqué par des manifestants pro-palestiniens pendant plusieurs heures lundi, dans le cadre d'une action mondiale pour protester contre la guerre menée par Israël à Gaza.

Une longue file de voitures a été coincée sur ce célèbre pont rouge du sud-ouest des Etats-Unis, tandis que les voies en sens inverse étaient complètement désertes, selon des images aériennes.

Les manifestants, qui empêchaient les entrées ou sorties par ce côté de la ville californienne, arboraient une banderole "Arrêtez le monde pour Gaza".

La manifestation était organisée par "A15 Action", un mouvement qui cherche à bloquer des infrastructures clés dans une quarantaine de métropoles du monde entier "en solidarité avec la Palestine". Elle a pris fin vers la mi-journée (heure locale).

"Dans chaque ville, nous identifierons et bloquerons les principaux points d'étranglement de l'économie, en nous concentrant sur les points de production et de circulation, dans le but d'avoir le plus grand impact économique", expliquent les organisateurs sur leur site web.

Plus de six mois après le début de la guerre à Gaza, les manifestants protestaient contre le lourd bilan humain de l'offensive israélienne: 33.797 personnes, en majorité des civils, ont été tuées dans le territoire palestinien, selon le dernier bilan du ministère de la Santé du Hamas.

Israël a juré d'anéantir le Hamas après l'attaque sans précédent menée sur son sol le 7 octobre par le mouvement islamiste palestinien, qui a fait 1.170 morts, en majorité des civils, selon un bilan de l'AFP établi à partir de données officielles israéliennes.

Ralentir l'économie  

Les manifestants espéraient ralentir l'économie. "Nous avons senti qu'il était temps de dépasser l'action symbolique pour prendre des risques plus calculés contre le système capitaliste, parce que nous savons que l'argent est vraiment ce qui parle aux dirigeants", a confié au San Francisco Chronicle une organisatrice, qui dit s'appeler Hayshawiya.

De multiples actions ont eu lieu aux Etats-Unis ce lundi. Un rassemblement a notamment perturbé l'accès à l'aéroport de Chicago (nord), forçant les passagers à s'y rendre à pied, selon les médias locaux.

Des manifestants ont également bloqué l'accès à une usine d'aérospatiale dans le Connecticut (nord-est) et une autoroute dans l'Oregon (nord-ouest).

A Los Angeles (sud-ouest), quelques centaines de personnes ont défilé dans le centre-ville, derrière une banderole "Stop au siège de Gaza, stop au financement américain d'Israël".

Des actions doivent se dérouler dans de multiples pays, dont le Canada, la Belgique, l'Italie, la Colombie et la Corée du Sud.

Le compte Twitter d'A15 montre notamment des photos de manifestations autour du port d'Athènes en Grèce, de celui de Barcelone en Espagne, ou devant le bureau de la ministre des Affaires étrangères australienne à Adélaïde.

Soutien américain à Israël 

Ces manifestations se déroulent au moment où le conflit menace d'embraser plus largement le Moyen-Orient. Ce week-end, l'Iran a pour la première fois lancé une attaque depuis son sol contre Israël, avec 350 drones et missiles.

La quasi-totalité a été interceptée par la défense antiaérienne israélienne avec l'aide des Etats-Unis et d'autres pays alliés.

Israël envisage actuellement une riposte à cette attaque massive et sans précédent, que Téhéran présente comme une riposte à la frappe sur son consulat à Damas le 1er avril, attribuée à Israël et qui a tué sept membres des Gardiens de la Révolution.

Le président américain Joe Biden a dit lundi vouloir éviter un embrasement au Moyen-Orient.

Son soutien "inébranlable" à Israël place le démocrate dans une position délicate, à l'approche de l'élection présidentielle de novembre où il doit affronter le républicain Donald Trump.

Une partie de la gauche américaine et des jeunes électeurs dénoncent la responsabilité des Etats-Unis, qui reste le plus grand allié d'Israël et son principal fournisseur d'armes.

Depuis plusieurs mois, certains affublent le président du surnom "Joe le génocidaire" et assurent qu'ils ne voteront pas pour lui si son gouvernement maintient cette ligne.


Scholz presse Xi Jinping d'agir pour une «paix juste» en Ukraine

Le président chinois Xi Jinping (à droite) accueille le chancelier allemand Olaf Scholz au Grand Hall de Pékin, le 4 novembre 2022. (AFP)
Le président chinois Xi Jinping (à droite) accueille le chancelier allemand Olaf Scholz au Grand Hall de Pékin, le 4 novembre 2022. (AFP)
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  • «La Chine et l'Allemagne sont les deuxième et troisième économies mondiales», a souligné M. Xi
  • Cette visite intervient au moment où l'UE a engagé un bras de fer avec la Chine, qu'elle accuse de fausser le marché européen en l'inondant de produits à bas prix

PEKIN: Le chancelier allemand Olaf Scholz a déclaré mardi à Pékin lors d'une rencontre avec le président chinois Xi Jinping qu'il voulait discuter avec la Chine sur la façon d'aboutir à une "paix juste" en Ukraine.

Olaf Scholz est arrivé en Chine dimanche, accompagné d'une importante délégation composée de ministres et de chefs d'entreprise. Il s'agit de sa deuxième venue dans le pays asiatique depuis son entrée en fonction fin 2021.

Durant sa visite de trois jours, qui l'a déjà conduit dans la grande ville de Chongqing (sud-ouest), la capitale économique Shanghai et désormais à Pékin, le chancelier allemand est confronté à un exercice d'équilibriste.

Il entend renforcer les liens économiques de son pays avec la Chine, principal partenaire commercial de l'Allemagne, tout en représentant une Union européenne (UE) qui désire moins dépendre économiquement du géant asiatique.

Lors d'une rencontre mardi avec Xi Jinping dans le complexe diplomatique de Diaoyutai à Pékin, Olaf Scholz a déclaré selon ses services vouloir discuter avec lui de la manière de "contribuer davantage à une paix juste en Ukraine".

Sur la crise ukrainienne, la Chine appelle au dialogue, s'oppose à tout recours à l'arme nucléaire et exhorte au respect de l'intégrité territoriale "de tous les pays" - sous-entendu Ukraine comprise.

Mais Pékin n'a jamais condamné publiquement Moscou pour l'invasion de l'Ukraine et appelle régulièrement à prendre en considération les préoccupations de sécurité de toutes les parties, dont celles de la Russie face à l'Otan.

«Impact négatif»

"La guerre d'agression russe en Ukraine et l'armement de la Russie ont un impact négatif très important sur la sécurité en Europe", a déclaré Olaf Scholz à Xi Jinping, d'après un enregistrement fourni par les services du chancelier.

"Ils affectent directement nos intérêts fondamentaux", a poursuivi M. Scholz. "Indirectement, ils nuisent à l'ensemble de l'ordre international parce qu'ils violent un principe de la Charte des Nations unies - le principe de l'inviolabilité des frontières des Etats", a-t-il ajouté.

La Chine et la Russie se rapprochent depuis plus d'une décennie en raison de leur dénonciation commune de ce qu'ils présentent comme l'hégémonie occidentale sur la scène internationale.

Les deux pays ont renforcé leur coopération économique, militaire et diplomatique depuis l'invasion de l'Ukraine. Le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov était encore à Pékin la semaine dernière.

Olaf Scholz a également évoqué avec Xi Jinping les domaines de coopération bilatérale, notamment le climat.

"Ce n'est qu'ensemble que nous parviendrons à trouver des solutions pour stopper le changement climatique et gérer la transition énergétique verte de manière socialement équitable", a plaidé le chancelier.

Promenade bucolique 

De son côté, Xi Jinping a jugé "indispensable" une "coopération entre grandes puissances" afin d'affronter les "risques et défis croissants" auxquels est confrontée la communauté internationale, selon la télévision d'Etat chinoise CCTV.

"La Chine et l'Allemagne sont les deuxième et troisième économies mondiales", a souligné M. Xi. "L'importance de la consolidation et du développement des relations sino-allemandes dépasse le cadre des relations bilatérales et a un impact important sur le continent eurasien et même sur le monde entier."

CCTV a diffusé la vidéo des deux hommes se promenant après leurs discussions au milieu des arbres en fleurs, des ponts de pierre et de bâtiments chinois traditionnels aux colonnes rouges.

Olaf Scholz doit s'entretenir mardi après-midi avec le Premier ministre chinois Li Qiang, rencontrer un comité économique Chine-Allemagne, puis s'adresser à la presse dans la soirée.

Sa visite intervient au moment où l'UE a engagé un bras de fer avec la Chine, qu'elle accuse de fausser le marché européen en l'inondant de produits à bas prix, des véhicules électriques aux éoliennes en passant par les panneaux solaires.


Attaque de Sydney: une célèbre présentatrice britannique accusée d’islamophobie

Rachel Riley est accusée de racisme et d’islamophobie et des appels à son limogeage par Channel 4 ont été lancés. (AFP)
Rachel Riley est accusée de racisme et d’islamophobie et des appels à son limogeage par Channel 4 ont été lancés. (AFP)
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  • Rachel Riley semble établir un lien entre l’attaque au couteau de Sydney, samedi, et les manifestations en cours appelant à une intifada ou un soulèvement palestinien
  • «Je suis désolée si ce message a été mal compris, ce n’était nullement mon intention», écrit-elle

LONDRES: La présentatrice de télévision britannique Rachel Riley a répondu aux critiques qu’elle a reçues après avoir publié sur X un message dans lequel elle semble établir un lien entre une attaque au couteau dans un centre commercial de Sydney, samedi, qui a fait six morts, et les manifestations en cours appelant à une intifada ou un soulèvement palestinien.

La célébrité, connue surtout pour son apparition dans les jeux télévisés «Countdown» et «8 out of 10 Cats Does Countdown» sur Channel 4, se dit désolée si ses paroles ont été «mal comprises».

Dans un message publié peu de temps après les attentats, Riley, dont la mère est juive, a écrit: «Cela fait six mois maintenant que les gens appellent fièrement à l’intifada dans nos rues. Si vous voulez savoir à quoi ressemble l’intifada mondialisée, il faut aller au centre commercial de Sydney.»

Elle a immédiatement fait l’objet de réactions négatives, notamment des accusations de racisme et d’islamophobie, exigeant son limogeage par Channel 4.

Elle a alors publié, dimanche, un message dans lequel elle déclare que son tweet n’a pas pour but d’établir un lien entre l’attaque de Sydney et l’extrémisme islamique, mais plutôt de remettre en question la tolérance persistante à l’égard des manifestations à Londres et dans le monde appelant à l’intifada, qu’elle assimile à «la violence dans nos rues».

Elle écrit: «Malheureusement, l’attaque à laquelle on a assisté hier à Sydney est exactement le genre de violence induit par la précédente intifada et j’espère que nous pourrons l’éviter à l’avenir. Mais, à mon avis, ignorer le problème ne le fera pas disparaître.»

«Les attaques contre les juifs ont récemment été qualifiées de “résistance” dans certains cercles et nous devrions condamner d’une seule voix tous les actes de violence, quels qu’en soient les auteurs ou les victimes.»

«Je suis désolée si ce message a été mal compris, ce n’était nullement mon intention.»

Malgré ses explications, elle continue de faire l’objet de critiques en ligne, notamment d’accusations selon lesquelles sa réponse serait «insuffisante» et une sorte d’«autovictimisation égocentrique» dans le but d’échapper à ses responsabilités.

Samedi, Joel Cauchi a attaqué un certain nombre de personnes, pour la plupart des femmes, au centre commercial Westfield Bondi Junction. Il a tué cinq femmes et un homme. Plusieurs autres personnes, dont une petite fille, ont été blessées avant que Cauchi ne soit abattu par la police. Les autorités australiennes ont déclaré que l’attaque n’a pas de lien avec le terrorisme et découle très probablement des problèmes de santé mentale de l’agresseur.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com