Commémorations des attentats terroristes: à quoi servent-elles?

 Lumières du «Tribute in Light» dans le ciel de New York. (AFP).
Lumières du «Tribute in Light» dans le ciel de New York. (AFP).
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Publié le Vendredi 17 septembre 2021

Commémorations des attentats terroristes: à quoi servent-elles?

  • Les cérémonies en souvenir des attentats du 11-Septembre ont été nombreuses aux États-Unis
  • «Commémorer les victimes, c’est une manière de réaffirmer les valeurs du contrat social», estime la psychologue Evelyne Josse

SAINT-MALO : Lumières du «Tribute in Light» dans le ciel de New York, cérémonie d’hommage avec Joe Biden et les anciens présidents Clinton et Obama, minutes de silence, concert avec Bruce Springsteen interprétant I’ll See You In My Dreams, écrans affichant les noms des 2977 victimes à Times Square… Vingt ans après les attentats du 11-Septembre, les commémorations ont été légion.

Mais à quoi servent-elles? Maître de conférences et chargée de cours à l’université de Metz, psychologue, psychotraumatologue, auteure de l’ouvrage Le traumatisme psychique chez l’adulte*, Evelyne Josse, soulève l’importance de ces commémorations publiques, qui jouent un rôle pour les victimes, leurs proches et leur communauté. «Ces cérémonies sont des étapes nécessaires dans le parcours du deuil. On honore la mémoire du défunt. C’est crucial pour les victimes, mais aussi les blessés, ceux qui sont sortis indemnes ou ont été témoins de ces horreurs», explique-t-elle pour Arab News en français.

«C’est une manière de reconnaître les préjudices vécus par ces personnes. À Manhattan, la vie a repris son cours. Les personnes qui ont été touchées de près ou de loin dans leur chair peuvent se sentir abandonnées. Commémorer, c’est officialiser leur douleur et leur tristesse. C’est recevoir la compassion des politiques et de la société en général», souligne l’experte.

Devoir et travail de mémoire

Ces actes cathartiques ont également une dimension communautaire. «Les attentats terroristes remettent en cause les valeurs du vivre-ensemble. Pour qu’une société fonctionne, elle doit reposer sur des conventions et des lois. Les attentats sont des coups de canif dans ce contrat social, qui est basé sur la sécurité, le respect de la vie, la morale et la justice. Ces actes délibérés font tout basculer», assure la psychologue. «Commémorer les victimes, c’est une manière de réaffirmer ces valeurs. Participer à ces rituels marque notre identité sociale. Les terroristes veulent imposer une façon de penser. Honorer la mémoire de leurs victimes, c’est conforter notre appartenance au groupe, à la nation et à l’humanité dans son ensemble. On met de côté son ʺmoiʺ individuel au profit du ʺmoiʺ social. Ce qui nous rassemble devient alors plus important que ce qui nous sépare. L’identitaire et le politique rejoignent alors le communautaire», poursuit Evelyne Josse.

Le caractère officiel des commémorations vient participer au travail de mémoire. La psychologue évoque ainsi une dimension d’historisation (travail de mémoire). «On va permettre à ces actes de rentrer dans l’Histoire. Aujourd’hui, pour un adulte, le 11 septembre 2001 fait partie de son histoire personnelle. Ce n’est pas le cas d’un plus jeune. En travaillant sur la mémoire, on fait entrer l’événement dans l’histoire collective. Je pense toutefois que le travail de mémoire, c’est se souvenir et oublier. Si on oublie les tragédies comme les guerres ou les attentats, on prend le risque que cela se reproduise. Cependant, il est important d’oublier pour ne pas garder de rancune entraînant un besoin de vengeance. Prenons l’exemple des pays d’ex-Yougoslavie. Les Serbes ont massacré les Croates et les Bosniaques dans les années 1990, et cela ressemble à une revanche des Serbes pour les crimes commis par l’État indépendant de Croatie à leur égard entre 1941 et 1945. Ne pas oublier, c’est conserver une colère et une haine qui peuvent ressurgir à tout moment», prévient Evelyne Josse.

Pour la psychologue, le travail de mémoire permet de dépasser le traumatisme. «L’événement doit devenir un chapitre de l’histoire parmi d’autres. Les monuments aux morts des deux guerres mondiales ont aujourd’hui perdu leur charge émotionnelle et donc leur caractère dangereux, car l’émotion se diffuse avec les générations, et perd de son intensité. Cet apprentissage de l’horreur passée permet que l’Histoire ne se répète pas.»

*Deuxième édition, parue en 2019 aux Editions De Boeck Supérieur - www.resilience-psy.com

 


En ce Noël, unissons-nous pour souhaiter la paix dans toute la région

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  • Noël au Moyen-Orient incarne un message puissant d’harmonie interconfessionnelle, de résilience et de respect mutuel
  • De Bethléem à Riyad, les célébrations deviennent un acte d’espoir partagé et un appel sincère à la paix régionale

RIYAD : Fidèle à une tradition initiée en décembre 2022, Arab News souhaite un joyeux Noël à ses lecteurs chrétiens et à tous ceux qui célèbrent cette fête. Cette édition spéciale met cette année en lumière Noël à travers le Moyen-Orient, en soulignant l’harmonie interconfessionnelle, la résilience et l’intégration culturelle. Le tout est porté par un message particulier, sincère et plein d’espoir : voir la paix se diffuser dans toute la région en 2026.

En tête de cette couverture figure une tribune exclusive du grand érudit Dr Mohammad bin Abdulkarim Al-Issa, secrétaire général de la Ligue islamique mondiale et président de l’Organisation des savants musulmans. Son message rappelle un principe essentiel : « Il n’existe aucun texte de la charia interdisant de féliciter les non-musulmans à l’occasion de leurs fêtes religieuses, y compris Noël. » Il présente cette bienveillance non comme un affaiblissement de la foi, mais comme l’expression de sa force — une force qui affirme la dignité humaine et favorise l’harmonie sociale si nécessaire aujourd’hui.

Ce même esprit de solidarité face à la souffrance résonne depuis Bethléem, où le pasteur palestinien, le révérend Dr Munther Isaac, explique que le christianisme palestinien est indissociable de l’identité nationale. En réponse à la dévastation de Gaza, sa communauté a érigé une crèche faite de gravats, l’enfant Jésus enveloppé dans un keffieh. « C’était un message de foi », affirme-t-il. « Le Christ est solidaire de ceux qui souffrent… parce qu’il est né dans la souffrance. »

De cette profondeur naissent aussi des récits de renouveau. À Damas, les illuminations festives réapparaissent alors que des Syriens de toutes confessions s’accrochent à une paix fragile. Au Liban, les célébrations percent la morosité politique par des instants de joie. En Jordanie, les espaces publics s’illuminent de sapins et des hymnes de Noël de Fairouz, tandis qu’aux Émirats arabes unis, la diaspora multiculturelle s’anime dans une effervescence festive et unitaire.

La profondeur historique et intellectuelle de l’héritage chrétien de la région est mise en lumière par le Dr Abdellatif El-Menawy, qui rappelle le rôle indispensable de l’Égypte dans la transformation du christianisme, passé d’un message spirituel à une véritable civilisation. Cet héritage ancien trouve aujourd’hui une expression moderne et dynamique.

En Arabie saoudite, la période des fêtes est reconnue à travers une hospitalité innovante, où des chefs réinventent les menus de Noël en y intégrant des saveurs locales et une identité culinaire créative.

Cette édition spéciale offre bien plus qu’une simple atmosphère festive. Elle dépeint un Moyen-Orient où les différentes confessions approfondissent leurs propres racines en respectant celles des autres, où les célébrations sont tissées de résistance historique, et où le message de Noël — espoir, paix et humanité partagée — résonne avec confiance et optimisme.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Le prince héritier parraine le lancement d’un centre de calligraphie arabe à Médine

Le ministre de la Culture, le prince Badr ben Abdullah ben Farhane, prend la parole lors de l'inauguration du Centre mondial pour la calligraphie arabe Prince Mohammed ben Salmane. (Fourni)
Le ministre de la Culture, le prince Badr ben Abdullah ben Farhane, prend la parole lors de l'inauguration du Centre mondial pour la calligraphie arabe Prince Mohammed ben Salmane. (Fourni)
Un nouveau centre dédié à la calligraphie arabe, placé sous le patronage du prince héritier Mohammed ben Salmane, a officiellement ouvert ses portes lundi à Médine. (Fourni)
Un nouveau centre dédié à la calligraphie arabe, placé sous le patronage du prince héritier Mohammed ben Salmane, a officiellement ouvert ses portes lundi à Médine. (Fourni)
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  • Le Centre mondial Prince Mohammed ben Salmane pour la calligraphie arabe a été inauguré par le prince Salman ben Sultan ben Abdulaziz

RIYAD : Un nouveau centre dédié à la calligraphie arabe, sous le patronage du prince héritier Mohammed ben Salmane, a officiellement ouvert ses portes à Médine lundi.

Le Centre mondial Prince Mohammed ben Salmane pour la calligraphie arabe a été inauguré par le prince Salman ben Sultan ben Abdulaziz, gouverneur de la région de Médine.

Il était accompagné du ministre de la Culture, le prince Badr ben Abdallah ben Farhane, qui a visité les espaces d’exposition du nouveau centre et assisté à des présentations sur la programmation culturelle et les réalisations du centre.

Ils ont également découvert des collections mettant en valeur l’importance artistique et historique de la calligraphie arabe.

Lors de l’inauguration, le prince Badr a déclaré : « Depuis cette terre d’érudition et de savoir, nous lançons fièrement une plateforme mondiale dédiée à la calligraphie arabe, un patrimoine culturel inestimable. »

Il a ajouté que le soutien « généreux et illimité » du prince héritier envers le secteur culturel avait rendu ce projet possible.

Le ministre a précisé que le centre montrait au monde l’héritage de la calligraphie arabe tout en soulignant l’engagement de l’Arabie saoudite à préserver son identité et son patrimoine culturel.

Selon le prince Badr, le centre représente une vision ambitieuse visant à élever la calligraphie arabe comme outil universel de communication et élément central de l’héritage, de l’art, de l’architecture et du design arabes.

Le centre a également pour objectif de renforcer l’identité culturelle du Royaume et sa présence internationale, en ciblant calligraphes, talents émergents, artistes visuels, chercheurs en arts islamiques, institutions éducatives et culturelles, ainsi que les passionnés d’art et de patrimoine à travers le monde.

Il proposera des programmes spécialisés, incluant services de recherche et d’archivage, enseignement de la calligraphie, bourses académiques, musée permanent, expositions itinérantes, association internationale de calligraphie et incubateur soutenant les entreprises liées à la calligraphie.

D’autres initiatives incluent des programmes de résidence d’artistes, des ateliers dirigés par des experts, l’élaboration de programmes pédagogiques standardisés, ainsi que des partenariats éducatifs internationaux visant à la conservation du patrimoine et à la promotion mondiale de cet art ancestral.

L’établissement du centre à Médine revêt une signification particulière, compte tenu du rôle historique de la ville comme berceau de la calligraphie arabe et de son association avec la transcription du Coran et la préservation du savoir islamique.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


La musique traditionnelle du rababah attire les foules au festival du chameau

(SPA)
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  • Des performances sont proposées à l’exposition « Security Oasis » du ministère de l’Intérieur
  • Le rababah, instrument de musique traditionnel à une seule corde, attire un large public au festival

RIYAD : Le rababah, un instrument traditionnel local à une seule corde issu des communautés bédouines, a suscité l’intérêt des visiteurs du Festival du chameau du roi Abdulaziz, qui se tient jusqu’au 2 janvier, rapporte l’Agence de presse saoudienne.

L’instrument se joue en faisant glisser un archet sur son unique corde, tandis que les doigts de l’autre main contrôlent la hauteur du son.

Il est souvent accompagné de vers poétiques chantés, dans un mélange de musique et de tradition orale.

La principauté de la région des Frontières du Nord présente des performances de rababah dans le cadre de l’exposition « Security Oasis » du ministère de l’Intérieur, organisée lors du festival du chameau.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com