Eruption aux Canaries: 6 000 personnes évacuées, la lave attendue sur la côte

Le Cumbre Vieja crache des colonnes de fumées atteignant plusieurs centaines de mètres de haut et entre 8 000 et 10 500 tonnes de dioxyde de souffre par jour, selon l'Involcan. (AFP)
Le Cumbre Vieja crache des colonnes de fumées atteignant plusieurs centaines de mètres de haut et entre 8 000 et 10 500 tonnes de dioxyde de souffre par jour, selon l'Involcan. (AFP)
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Publié le Mardi 21 septembre 2021

Eruption aux Canaries: 6 000 personnes évacuées, la lave attendue sur la côte

  • «L''île est désormais coupée en deux», résume Juan Aragón Cruz, qui a dû quitter lui aussi son logement. «On ne sait pas combien de temps ça va durer»
  • Les autorités attendent à présent l'arrivée de la lave dans la mer, initialement prévue lundi soir mais retardée par le ralentissement des coulées

LOS LLONAS DE ARIDANE:  Un regain d'activité du volcan Cumbre Vieja a entraîné l'évacuation de 500 personnes supplémentaires dans la nuit de lundi à mardi, portant le total à 6 000 déplacés sur l'île espagnole de La Palma, où des coulées de lave sont attendues sur la côte.


Selon les scientifiques, la rencontre de la lave avec l'océan dans cette île de l'archipel des Canaries pourrait entraîner le dégagement de gaz toxiques, amenant les autorités à instaurer une zone d'exclusion pour éviter tout danger.


"L'apparition d'une nouvelle bouche éruptive" dans la zone de Tacande, sur la commune d'El Paso, a entraîné l'"évacuation des habitants", a tweeté le service des secours d'urgence de l'archipel lundi soir, tandis que les images de l'AFPTV montraient des files de voitures roulant dans la nuit. 


"Quelque 500 personnes" ont ainsi dû abandonner leur domicile dans la nuit, a confirmé à l'AFP mardi matin Lorena Hernandez Labrador, conseillère municipale à Los Llanos de Aridane, village voisin très touché par les coulées de lave.


L'ouverture de cette bouche éruptive est intervenue après un nouveau séisme d'une magnitude de 4,1, enregistré à 21H32 (20H32 GMT), selon l'Institut volcanologique des Canaries (Involcan).


Au total, environ 6 000 personnes ont donc été évacuées depuis le début de l'éruption du volcan dimanche. 


Comme Israel Castro Hernandez, dont le domicile a été détruit. "C'est pratiquement toute ta vie qui part comme ça... Le volcan se réveille, il dit +Je sors par là+ et il met pratiquement toute ta vie en l’air", se désole-t-il. 


A ses côtés, son épouse Yurena Torres Abreu ne réalise toujours pas. "On n’arrive pas à y croire. On se dit que notre maison est désormais sous ce volcan. Il n’y a rien à faire, c’est la nature", lâche-t-elle, désabusée.

«Tout perdu»
Si elle n'a fait aucune victime, cette éruption, qui est la première depuis 1971 sur l'île peuplée de près de 85.000 habitants, a provoqué d'énormes dégâts.


Les images diffusées par médias, autorités et riverains montrent des coulées noires et oranges dévalant lentement les flancs du volcan et engloutissant arbres, routes et maisons sur leur passage.


"On a tellement d’amis qui ont tout perdu. Ils sont sortis comme nous, avec ce qu'ils avaient sur eux et rien d'autre. Ils ont laissé toute leur vie là-bas", confie Elizabeth Torres Abreu, la soeur de Yurena, qui a elle aussi perdu sa maison.


Le volcan a détruit au total 166 bâtiments et la lave recouvre 103 hectares, selon le système européen de mesures géospatiales Copernicus, qui a publié sur Twitter une image satellite de l'île montrant les zones touchées.

Gaz toxiques 
Les autorités attendent à présent l'arrivée de la lave dans la mer, initialement prévue lundi soir mais retardée par le ralentissement des coulées.


Une rencontre redoutée en raison de sa dangerosité potentielle car elle peut donner lieu à des explosions, des vagues d'eau bouillante et l'émanation de gaz toxiques, selon l'Institut d'études géologiques des États-Unis (USGS).


Le gouvernement régional des Canaries a donc demandé aux curieux de ne pas se rendre sur la zone et a décrété un "rayon d'exclusion de 2 milles marins" autour de l'endroit où est prévue l'arrivée des coulées.


Le Cumbre Vieja crache des colonnes de fumées atteignant plusieurs centaines de mètres de haut et entre 8 000 et 10 500 tonnes de dioxyde de souffre par jour, selon l'Involcan.


L'espace aérien n'a toutefois pas été fermé. Tous les vols prévus lundi à l'aéroport de La Palma sont bien arrivés ou partis et 48 autres sont programmés mardi, a annoncé mardi matin le gestionnaire espagnol d'aéroports Aena.


Ce volcan était sous haute surveillance depuis une semaine en raison d'une intense activité sismique et selon Involcan, l'éruption pourrait durer "plusieurs semaines voire quelques mois".


"L''île est désormais coupée en deux", résume Juan Aragón Cruz, qui a dû quitter lui aussi son logement. "On sait quand ça a commencé, mais on ne sait pas combien de temps ça va durer".


Tanzanie : la présidente investie malgré les violences électorales

Lors de son investiture, elle a regretté "les actes de violence qui ont entraîné des pertes de vies humaines", reconnaissant pour la première fois des décès, sans donner de bilan. (AFP)
Lors de son investiture, elle a regretté "les actes de violence qui ont entraîné des pertes de vies humaines", reconnaissant pour la première fois des décès, sans donner de bilan. (AFP)
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  • Mme Hassan, 65 ans, avait été promue à la tête de la Tanzanie à la mort de John Magufuli en 2021
  • Saluée au début pour avoir assoupli les restrictions instaurées par son prédécesseur, elle a été accusée ensuite de réprimer ses détracteurs, notamment en amont du scrutin

NAIROBIE: Samia Suluhu Hassan a été investie lundi présidente de la Tanzanie, où l'internet reste coupé depuis les manifestations réprimées dans le sang contre son élection, l'opposition évoquant au moins 800 morts.

Mme Hassan, 65 ans, avait été promue à la tête de la Tanzanie à la mort de John Magufuli en 2021. Saluée au début pour avoir assoupli les restrictions instaurées par son prédécesseur, elle a été accusée ensuite de réprimer ses détracteurs, notamment en amont du scrutin.

"Moi, Samia Suluhu Hassan, jure que je remplirai mes fonctions de présidente de la République (...) avec diligence et un cœur sincère", a-t-elle affirmé. La cheffe de l'Etat, qui portait un voile rouge et un long vêtement noir, a également prôné dans un discours "l'unité et la solidarité".

Lors de son investiture, elle a regretté "les actes de violence qui ont entraîné des pertes de vies humaines", reconnaissant pour la première fois des décès, sans donner de bilan.

La cérémonie, qui n'était pas ouverte au public, contrairement aux précédentes, s'est tenue dans un espace ressemblant à un terrain de parade militaire de la capitale Dodoma, où quelques podiums dressés ne réussissaient pas à masquer un grand vide.

Des chanteurs et chanteuses se sont succédé, avant l'arrivée de la présidente, pour chanter les louanges de "Mama Samia", son surnom parmi ses soutiens, devant un parterre de dignitaires et de militaires. Parmi les invités étaient notamment présents les présidents de la Zambie, de la Somalie et du Burundi.

Mme Hassan a, selon la commission électorale, obtenu 97,66% des suffrages. L'élection a été qualifiée de "parodie de démocratie" par l'opposition, les deux principaux opposants ayant été soit emprisonné, soit disqualifié.

L'opposition a également dénoncé d'importantes tricheries le jour de l'élection, mais aussi sur le taux de participation de 87% selon la commission électorale.

Le scrutin a surtout été marqué par un fort niveau de violence, des manifestations anti-régime ayant été réprimées dans le sang et la Tanzanie mise sous cloche: l'internet reste coupé depuis mercredi, ce qui ralentit considérablement la sortie d'informations.

Cadavres 

De premières photos et vidéos de cadavres, parfois empilés les uns sur les autres, mais aussi d'hommes en uniforme usant de leur arme à feu, commencent à apparaître sur les réseaux sociaux.

Le service de fact-checking de l'AFP a pu vérifier que certaines d'entre elles n'avaient jamais été postées auparavant. Plusieurs éléments montrent qu'elles ont été prises en Tanzanie.

Un porte-parole du principal parti d'opposition, Chadema, a estimé vendredi qu'au moins 700 manifestants hostiles au régime ont été tués en Tanzanie en trois jours. Un chiffre estimé crédible par une source sécurité, qui a alors mentionné "des centaines de morts".

Le samedi, ce porte-parole, John Kitoka, a ensuite fait état d'au moins 800 tués.

Des informations crédibles corroborent l'idée que des centaines, et peut-être même des milliers de personnes ont été tuées lors des violences électorales, a de son côté estimé une source diplomatique interrogée par l'AFP.

D'après des "rapports préoccupants", la police utilise également le blocage d'internet pour "traquer les membres de l'opposition et les manifestants qui pourraient avoir des vidéos" de ses atrocités, a poursuivi cette source.

La Mission d'observation électorale de la Communauté de développement de l'Afrique australe (SADC), dont la Tanzanie fait partie, a pointé lundi dans un rapport préliminaire "un faible nombre d'électeurs dans tous les bureaux de vote" où ses observateurs se trouvaient, avec parfois "plus de policiers que de votants", des irrégularités et des incidents violents "au cours desquels des membres de la police ont fait usage d'armes à feu".

Les écoles restent fermées lundi et les transports publics à l'arrêt. La capitale économique Dar es Salaam et les principales villes du pays ont retrouvé un peu de calme depuis le week-end.

Dimanche, le pape Léon XIV a indiqué prier "pour la Tanzanie" et évoqué les "nombreuses victimes" des affrontements ayant éclaté après les élections.

L'élection présidentielle était couplée avec les législatives.

Le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres a réclamé vendredi une "enquête minutieuse et impartiale sur les accusations d'utilisation excessive de la force".


Islamabad assure que le cessez-le-feu avec l'Afghanistan «tient»

Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
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  • "Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu"
  • Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite

ISLAMABAD: Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères.

"Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu", a assuré Tahir Andrabi, porte-parole de ce ministère. Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite.

 


Soudan: le Conseil de sécurité de l'ONU condamne «l'assaut» des paramilitaires sur El-Facher

Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
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  • Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher"
  • El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir"

NATIONS-UNIES: Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils".

Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher", dont les paramilitaires des Forces de soutien rapide viennent de prendre le contrôle, et condamne les "atrocités qu'auraient commises les FSR contre la population civile, y compris exécutions sommaires et détentions arbitraires".

El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir, avec des informations crédibles d'exécutions de masse" après l'entrée des paramilitaires, a dénoncé devant le Conseil de sécurité le chef des opérations humanitaires de l'ONU, Tom Fletcher.

"Nous ne pouvons pas entendre les cris, mais pendant que nous sommes assis ici, l'horreur se poursuit. Des femmes et des filles sont violées, des gens mutilés et tués, en toute impunité", a-t-il ajouté.

Mais "la tuerie n'est pas limitée au Darfour", a-t-il alerté, s'inquiétant notamment de la situation dans le Kordofan voisin.

"Des combats féroces au Kordofan-Nord provoquent de nouvelles vagues de déplacement et menacent la réponse humanitaire, y compris autour de la capitale El-Obeid".

Des informations font état "d'atrocités à large échelle commises par les Forces de soutien rapide à Bara, dans le Kordofan-Nord, après la récente prise de la ville", a également dénoncé Martha Ama Akyaa Pobee, sous-secrétaire générale de l'ONU chargée de l'Afrique.

"Cela inclut des représailles contre des soi-disant collaborateurs, souvent ethniquement motivées", a-t-elle déploré.

"Au moins 50 civils ont été tués ces derniers jours à Bara, à cause des combats et par des exécutions sommaires. Cela inclut l'exécution sommaire de cinq bénévoles du Croissant rouge", a-t-elle indiqué.

Le Kordofan "est probablement le prochain théâtre d'opérations militaires pour les belligérants", a-t-elle mis en garde.

"Des attaques de drones de la part des deux parties touchent de nouveaux territoires et de nouvelles cibles. Cela inclut le Nil Bleu, Khartoum, Sennar, le Kordofan-Sud et le Darfour-Ouest, ce qui laisse penser que la portée territoriale du conflit s'élargit", a ajouté la responsable onusienne.

Décrivant la situation "chaotique" à El-Facher où "personne n'est à l'abri", elle a d'autre part noté qu'il était difficile d'y estimer le nombre de victimes.

La guerre au Soudan a fait des dizaines de milliers de morts, des millions de déplacés et provoqué la pire crise humanitaire actuelle, selon l'ONU.

Elle a été déclenchée en avril 2023 par une lutte de pouvoir entre deux anciens alliés: le général Abdel Fattah al-Burhane, commandant de l'armée et dirigeant de facto du Soudan depuis le coup d'Etat de 2021, et le général Mohamed Daglo, à la tête des FSR.