Un village libanais s’alarme d’une « reprise de contrôle » syrienne

Un fermier libanais labourant son champ face à un avant-poste syrien à la frontière syro-libanaise. (archives, Joseph EID/AFP)
Un fermier libanais labourant son champ face à un avant-poste syrien à la frontière syro-libanaise. (archives, Joseph EID/AFP)
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Publié le Lundi 13 juillet 2020

Un village libanais s’alarme d’une « reprise de contrôle » syrienne

  • Il semble qu’un citoyen libanais du village a acheté un terrain où était placé un poste-frontière syrien et a commencé à le cultiver
  • Hariri a fait valoir que la menace qui pèse sur Tfail pourrait faire partie d’un « complot pour déplacer les habitants en vue de changements démographiques dans la région »

BEYROUTH: Les habitants de Tfail, village agricole libanais à la frontière avec la Syrie, déplorent leur incapacité à empêcher la destruction de leurs terres par des bulldozers surveillés par des hommes armés qui semblent vouloir prendre le contrôle du village. D’après les résidents anxieux, le flou du marquage frontalier entre le Liban et la Syrie exacerbe le problème, de nombreux segments de la frontière n’ayant jamais été définis. Ce problème a attiré l’attention des dirigeants libanais, parmi lesquels l’ancien Premier ministre et actuel chef du courant du Futur Saad Hariri, qui a exprimé mardi sa « profonde inquiétude » de la situation à Tfail. Hariri a fait valoir que la menace qui pèse sur Tfail pourrait faire partie d’un « complot pour déplacer les habitants en vue de changements démographiques dans la région ».

Longue de 380km, la frontière syro-libanaise n’est délimitée que sur un segment de 40km depuis la création du grand Liban en 1935. La guerre en Syrie a interrompu les tentatives de délimiter la partie restante. Le ministre syrien des Affaires étrangères Walid Moallem a déclaré il y a 10 jours que son pays « ne délimitera pas ses frontières avec le Liban et n’acceptera pas le déploiement de forces internationales sur les frontières, car cela ne se fait qu’entre ennemis ».

Tfail ressemble à une péninsule à l’intérieur du territoire syrien et le village n’est pas accessible du côté libanais. Pour accéder à d’autres villes ou villages libanais, les résidents doivent d’abord passer par Damas avant de se rediriger vers le au Liban et vice-versa. Cependant, la guerre en Syrie, et plus particulièrement les affrontements dans les montagnes syriennes du Qalamoun, ont causé le déplacement des habitants de Tfail, réfugiés libanais ou syriens, vers plusieurs régions libanaises via le village de Brital. Les résidents de Tfail, majoritairement sunnites, travaillent dans l’agriculture ou servent dans l’armée libanaise.

La frontière syro-libanaise mesure 380 km de long, mais seul un ruban de 40 km a été délimité après la création du grand Liban en 1935, et la guerre en Syrie a paralysé les tentatives de délimitation du reste. Trois villages syriens se situent près de Tfail : Hosh Arab à l’Est, Assal Al-Ward au Nord et Rankous au Sud. Ham est le village libanais le plus proche de Tfail auquel il est relié par des routes escarpées. Tfail dépend de la Syrie pour ses services de base, y compris les télécommunications et l’électricité.

Lors d’une enquête menée par Arab News, Cheikh Ayman Al-Rifai, ancien mufti du gouvernorat de Baalbeck-Hermel, a affirmé que « La banque centrale du Liban détient 1800 parts des terrains du village, confisquées à la banque MEPCO, alors que d’autres biens fonciers sont détenus par différentes personnes. Entre temps, certaines personnes ont empiété sur ces terres, les ont cultivées et léguées sans en posséder les titres de propriété. Il semble qu’un citoyen libanais du village a acheté un terrain où était placé un poste-frontière syrien et a commencé à le cultiver, ce qui a indigné certains habitants de Tfail ». Al-Rifai ajoute qu’il a contacté l’armée libanaise afin de faire la lumière sur l’affaire. « L’officier en charge m’a informé que le nivellement du terrain permettait à l’armée syrienne de placer un poste-frontière à cet endroit, ce qui est dans l’intérêt du Liban », a-t-il indiqué.

D’après les rumeurs, l’acheteur serait un Syrien lié au régime Assad. Arab News a contacté le nouveau propriétaire du terrain, Mohammed Hassan Diqqo, un homme d’affaires libanais âgé de 35 ans et vivant à Tfail. Diqqo a expliqué avoir acheté 20 000 dounams (soit l’équivalent de 20 000 mètres carré) à Mahmoud Ali Khanafer, un Libanais du Sud, et qu’il en possède les titres de propriété émis par les autorités libanaises. Toutefois, il a refusé de révéler le montant qu’il a payé, mentionnant qu’il est « partenaire avec la Banque du Liban dans la propriété du village ». Selon Diqqo, Tfail comprend 70 maisons, dont 45 sont habitées par des Syriens et 25 par des Libanais ». Il a souligné que le Hezbollah et le régime syrien n’ont aucun rapport avec ce qu’il entreprend dans le village et a insisté sur le fait qu’il « réalise un projet de développement qui a pour but la plantation de 100 arbres fruitiers et forestiers sur une période de cinq ans. Ce projet fait partie d’un plan d’investissement pour la mise en place d’une usine de remplissage d’eau, vu que les ressources en eau sont abondantes à Tfail ». Diqqo affirme avoir créé des emplois pour 200 citoyens libanais et syriens et précise par ailleurs qu’une route qui a été réparée pour relier le village au territoire libanais est illégale puisqu’elle a été mise en place sans acquisition de terrains.

Ce texte est la traduction d'un article paru sur ArabNews.com


Le président libanais accuse Israël de répondre à son offre de négociations en intensifiant ses attaques

Le président libanais Joseph Aoun a accusé vendredi Israël de répondre à son offre de négociation en intensifiant ses frappes aériennes, dont la dernière a tué un homme à moto dans le sud du Liban. (Reuters/File)
Le président libanais Joseph Aoun a accusé vendredi Israël de répondre à son offre de négociation en intensifiant ses frappes aériennes, dont la dernière a tué un homme à moto dans le sud du Liban. (Reuters/File)
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  • Le président libanais Joseph Aoun accuse Israël d’avoir répondu à son offre de négociations par une intensification des frappes, qui ont tué deux personnes dans le sud du Liban
  • En visite à Beyrouth, le ministre allemand Johann Wadephul appelle à un retrait israélien du sud du Liban et à un désarmement du Hezbollah, condition jugée essentielle pour la reprise du dialogue

BEYROUTH: Le président libanais, Joseph Aoun, a accusé Israël de répondre à l'offre de négociations du Liban par une intensification de ses frappes, les dernières ayant tué vendredi deux hommes dans le sud du pays selon Beyrouth.

"Le Liban est prêt à des négociations pour mettre fin à l'occupation israélienne, mais toute négociation (...) a besoin d'une volonté réciproque, ce qui n'est pas le cas", a affirmé M. Aoun à l'issue d'un entretien avec le ministre allemand des Affaires étrangères, Johann Wadephul.

Le chef de l'Etat s'était déjà prononcé le 13 octobre pour des négociations entre les deux pays voisins, toujours formellement en état de guerre, et qui ont émergé en novembre dernier d'un an de conflit meurtrier entre Israël et le Hezbollah libanais.

Israël "répond à cette option en menant davantage d'attaques contre le Liban (...) et en intensifiant la tension", a déploré M. Aoun

Selon le ministère de la Santé libanais, deux personnes ont été tuées vendredi lors de deux frappes israéliennes dans le sud du pays.

L'Agence nationale d'information libanaise (Ani, officielle) a indiqué qu'un drone avait notamment visé un homme à moto dans le village de Kounine.

L'armée israélienne a affirmé avoir tué un "responsable de la maintenance du Hezbollah", qui oeuvrait selon elle à rétablir des infrastructures du mouvement pro-iranien.

La veille, une unité israélienne s'était introduite dans le village frontalier de Blida, où les soldats ont tué un employé municipal.

M. Aoun a demandé à l'armée de "faire face" à toute nouvelle incursion israélienne en territoire libanais.

- "Condition sine qua non" -

Malgré le cessez-le-feu ayant mis fin en novembre 2024 à la guerre entre le Hezbollah et Israël, ce dernier continue de mener des frappes régulières au Liban disant viser des cibles du mouvement chiite, et a intensifié ses raids ces derniers jours.

L'armée israélienne se maintient aussi dans cinq positions dans le sud du Liban.

Selon un bilan de l'AFP basé sur des données du ministère de la Santé, au moins 25 personnes, dont un Syrien, ont été tuées en octobre.

L'ONU avait indiqué mardi que 111 civils avaient été tués au Liban par les forces israéliennes depuis la fin de la guerre.

Le chef de la diplomatie allemande a apporté son soutien au président libanais, affirmant qu'il exhorterait son homologue israélien, Gideon Saar, à retirer l'armée israélienne du sud du Liban.

"Il doit y avoir un retrait des troupes israéliennes. Je comprends qu'Israël ait besoin de sécurité (...) Mais nous avons maintenant besoin d'un processus de confiance mutuelle. Et je m'engage à ce que les deux parties se parlent", a dit le ministre allemand.

Il a également "encouragé le gouvernement libanais à veiller à ce qu'un processus crédible, compréhensible et rapide de désarmement du Hezbollah soit mis en place", une "tâche colossale" mais, a-t-il estimé, "la condition sine qua non" pour régler les relations avec Israël.

Le Hezbollah est sorti très affaibli du conflit et les Etats-Unis exercent une intense pression sur le gouvernement libanais pour que le mouvement chiite livre ses armes à l'armée nationale, ce qu'il refuse jusqu'à présent.


Israël a rendu à Gaza 30 corps de Palestiniens en échange de deux dépouilles d'otages 

Israël a rendu vendredi à l'hôpital Nasser les corps de 30 Palestiniens en échange de deux dépouilles d'otages israéliens restituées la veille par le mouvement islamiste palestinien Hamas, a indiqué à l'AFP cet établissement du sud de la bande de Gaza. (AFP)
Israël a rendu vendredi à l'hôpital Nasser les corps de 30 Palestiniens en échange de deux dépouilles d'otages israéliens restituées la veille par le mouvement islamiste palestinien Hamas, a indiqué à l'AFP cet établissement du sud de la bande de Gaza. (AFP)
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  • "Les corps de 30 prisonniers palestiniens ont été reçus de la partie israélienne dans le cadre de l'accord d'échange", a précisé l'hôpital, situé à Khan Younès
  • Au total, en échange de 15 dépouilles d'Israéliens, 225 dépouilles de Palestiniens ont été rendues conformément aux termes de l'accord de cessez-le feu en vigueur depuis le 10 octobre

GAZA: Israël a rendu vendredi à l'hôpital Nasser les corps de 30 Palestiniens en échange de deux dépouilles d'otages israéliens restituées la veille par le mouvement islamiste palestinien Hamas, a indiqué à l'AFP cet établissement du sud de la bande de Gaza.

"Les corps de 30 prisonniers palestiniens ont été reçus de la partie israélienne dans le cadre de l'accord d'échange", a précisé l'hôpital, situé à Khan Younès.

Les otages avaient été enlevés lors de l'attaque sans précédent du Hamas en Israël le 7 octobre 2023, qui avait déclenché la guerre dans la bande Gaza.

Au total, en échange de 15 dépouilles d'Israéliens, 225 dépouilles de Palestiniens ont été rendues conformément aux termes de l'accord de cessez-le feu en vigueur depuis le 10 octobre.

Depuis cette date, le Hamas a également rendu deux dépouilles d'otages non-israéliens, un Thaïlandais et un Népalais.

Le mouvement islamiste a jusqu'à présent restitué les restes de 17 des 28 corps qui se trouvaient encore à Gaza et auraient dû être rendus au début de la trêve, assurant que localiser les autres dépouilles est "complexe" dans le territoire dévasté par deux ans de guerre.

Des équipes égyptiennes autorisées à entrer dans le territoire palestinien par Israël participent aux recherches avec des engins de chantiers.

Lundi soir, le Hamas avait rendu à Israël les restes d'un otage, identifié comme étant ceux d'Ofir Tzarfati, dont une partie de la dépouille avait déjà été récupérée en deux fois.

Les retards successifs dans la remise des corps des otages ont provoqué la colère du gouvernement israélien, qui a accusé le Hamas de violer l'accord de trêve. Et les familles des otages ont exigé des mesures plus sévères pour contraindre le groupe palestinien à se conformer à l'accord.

Dix corps d'otages du 7-Octobre seraient encore à Gaza, ainsi que celui d'un soldat mort durant une guerre en 2014. Tous sont israéliens sauf un Tanzanien et un Thaïlandais.

Par ailleurs, à deux reprises depuis le 10 octobre, Israël a mené des bombardements massifs sur Gaza en représailles à des tirs qui ont tué trois de ses soldats. Le 19 octobre, les bombardements israéliens avaient fait au moins 45 morts et mardi 104.

Le Hamas, qui dément avoir tiré sur les soldats israéliens, a accusé Israël de violer le cessez-le-feu.


Frappe israélienne sur le sud du Liban: un mort 

Une frappe israélienne a tué vendredi un homme qui circulait à moto dans le sud du Liban, a annoncé le ministère de la Santé, ce qui porte à au moins 25 le nombre de morts dans des raids israéliens au cours du mois d'octobre. (AFP)
Une frappe israélienne a tué vendredi un homme qui circulait à moto dans le sud du Liban, a annoncé le ministère de la Santé, ce qui porte à au moins 25 le nombre de morts dans des raids israéliens au cours du mois d'octobre. (AFP)
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  • Vendredi, un drone a visé un homme à moto dans le village de Kounine, selon l'Agence nationale d'information (Ani, officielle). Le ministère de la Santé a fait état d'un mort et d'un blessé
  • Cette frappe intervient au lendemain de l'incursion d'une unité israélienne dans le village frontalier de Blida, où les soldats ont tué un employé municipal

BEYROUTH: Une frappe israélienne a tué vendredi un homme qui circulait à moto dans le sud du Liban, a annoncé le ministère de la Santé, ce qui porte à au moins 25 le nombre de morts dans des raids israéliens au cours du mois d'octobre.

Malgré le cessez-le-feu ayant mis fin en novembre 2024 à la guerre entre le Hezbollah et Israël, ce dernier continue de mener des frappes régulières au Liban, affirmer viser la formation pro-iranienne.

Vendredi, un drone a visé un homme à moto dans le village de Kounine, selon l'Agence nationale d'information (Ani, officielle). Le ministère de la Santé a fait état d'un mort et d'un blessé.

Israël n'a pas réagi dans l'immédiat.

Cette frappe intervient au lendemain de l'incursion d'une unité israélienne dans le village frontalier de Blida, où les soldats ont tué un employé municipal.

Le président Joseph Aoun a demandé à l'armée de "faire face" à toute nouvelle incursion israélienne en territoire libanais.

Ces derniers jours, l'aviation israélienne a intensifié ses frappes au Liban, affirmant viser des membres ou des infrastructures du Hezbollah.

Selon un bilan compilé par l'AFP à partir des données du ministère de la Santé, au moins 25 personnes, dont un Syrien, ont été tuées depuis le début du mois.

L'ONU avait indiqué mardi que 111 civils avaient été tués au Liban par les forces israéliennes depuis la fin de la guerre.

Lors d'un entretien vendredi avec son homologue allemand Johann Wadephul, en visite à Beyrouth, le ministre libanais des Affaires étrangères Youssef Rajji lui a demandé "d'aider à faire pression sur Israël pour qu'il cesse ses agressions".

"Seule une solution diplomatique, et non militaire, peut assurer la stabilité et garantir le calme dans le sud", a assuré le ministre libanais, selon ses propos rapportés par l'Ani.

Il a assuré que "le gouvernement libanais poursuit la mise en œuvre progressive de sa décision de placer toutes les armes sous son contrôle".

Le Hezbollah est sorti très affaibli du conflit et les Etats-Unis exercent une intense pression sur le gouvernement libanais pour que le mouvement chiite livre ses armes à l'armée nationale, ce qu'il refuse jusqu'à présent.