Présidentielle : la droite peine pour imposer son champion et ses idées

La droite a un électorat, elle contrôle la majorité des grandes villes, des départements et des régions en France, mais LR reste un parti incroyablement affaibli et traumatisé par l'épisode Fillon. (Photo, AFP)
La droite a un électorat, elle contrôle la majorité des grandes villes, des départements et des régions en France, mais LR reste un parti incroyablement affaibli et traumatisé par l'épisode Fillon. (Photo, AFP)
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Publié le Mardi 28 septembre 2021

Présidentielle : la droite peine pour imposer son champion et ses idées

  • Le projet des Républicains reprend les thèmes traditionnels de la droite française: libéralisme économique, revalorisation du travail et du mérite, souveraineté
  • LR peine également face à l'omniprésence du président Emmanuel Macron, plus que probable candidat à sa reélection en avril 2022, et qui braconne allègrement sur les terres de la droite

PARIS : Traumatisée par le désastre de la présidentielle de 2017, affaiblie par ses divisions et sans leader naturel, la droite française, dans l'opposition depuis presque une décennie, peine à se mettre en ordre de marche et à imposer son projet à sept mois de l'élection reine, dans une France déjà entrée en campagne.

Cinq personnalités, certaines dans les starting blocs depuis plusieurs mois, ambitionnent de faire revenir la droite au pouvoir en avril 2022. Xavier Bertrand, président de la région des Hauts-de-France (nord), Valérie Pécresse, présidente de la région parisienne Ile-de-France, et Michel Barnier, l'ex "Monsieur Brexit" de l'UE, mènent la course devant le député Eric Ciotti et le maire Philippe Juvin.

Mais il faudra attendre début décembre pour que le parti Les Républicains (LR) désigne son champion, et ce alors que la France est déjà entrée en campagne. Les adhérents de LR (qui en compte au total 80 000) ont décidé ce week-end par vote électronique qu'ils départageraient leurs candidats lors d'un congrès à deux tours, plutôt que par une primaire ouverte, comme cela avait été le cas pour la dernière présidentielle.

Vainqueur de la primaire de droite en 2016, le candidat François Fillon s'était alors maintenu dans la course à l'Elysée malgré une succession de retentissants scandales pendant la campagne, jusqu'à son élimination au premier tour derrière Emmanuel Macron et la candidate d'extrême-droite Marine Le Pen, qui restent, cinq ans plus tard, les favoris des sondages pour s'opposer au second tour.

Il s'agissait de la deuxième défaite d'affilée du parti gaulliste à la présidentielle: en 2012, le président sortant de droite Nicolas Sarkozy avait été battu par le socialiste François Hollande.

"La droite a un électorat, elle contrôle la majorité des grandes villes, des départements et des régions en France, mais LR reste un parti incroyablement affaibli et traumatisé par l'épisode Fillon", constate pour l'AFP le politologue Pascal Perrineau, qui a supervisé l'été dernier une enquête géante de l'institut Ifop pour sonder les attentes de l'électorat de droite et du centre. Selon les sondages actuels, la droite atteint la 3e position au premier tour.

"Son problème n'est pas qu'elle n'a pas de leaders, c'est qu'elle en a trop, et aucun ne s'impose naturellement", estime-t-il, relevant que le camp de la droite, qui a pourtant un programme, peine paradoxalement à en faire un objet de débat public.

Thèmes régaliens

Le projet des Républicains, publié sur leur site, "Protéger, libérer, rassembler", reprend les thèmes traditionnels de la droite française: libéralisme économique, revalorisation du travail et du mérite, souveraineté. 

Sécurité, santé, islamisme et immigration clandestine, thèmes prioritaires de l'électorat de droite selon l'enquête de l'Ifop, sont au coeur du projet, qui prévoit notamment l'inscription dans la Constitution d'un "état de nécessité antiterroriste" ou des quotas d'immigration annuellement votés par le Parlement.

Les candidats à l'investiture centrent d'ailleurs leurs interventions publiques sur ces thèmes régaliens, au risque de la surenchère pour ne pas se laisser déborder sur leur droite, notamment par le polémiste d'extrême-droite Eric Zemmour.

Ce dernier, non encore officiellement candidat, est crédité de 10% des voix, tire toute la couverture médiatique à lui, et pourrait mordre non seulement sur l'électorat de l'extrême droite de Marine Le Pen, mais aussi sur celui de LR, qu'il a qualifié de "parti de notables centristes" ayant "trahi la droite".

LR peine également face à l'omniprésence du président Emmanuel Macron, plus que probable candidat à sa reélection en avril 2022, et qui braconne allègrement sur les terres de la droite.

"Emmanuel Macron a fracturé la France et opposé les Français", accuse LR dans son projet, en attaquant notamment le chef de l'Etat sur sa gestion de la crise sanitaire du Covid-19 ou sur son bilan régalien.

Les trois candidats en tête pour l'investiture LR se positionnent sur ces différents terrains: Xavier Bertrand s'appuie sur son bilan régional pour prôner une France des territoires, Valérie Pécresse se pose en championne d'une "fierté française" retrouvée, Michel Barnier joue sur sa stature internationale, même si ses propos très durs contre la justice européenne ont récemment suscité une certaine stupéfaction.


Laurent Wauquiez dépose une proposition de loi pour interdire le voile aux mineures

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  • Sa proposition vise à modifier la loi du 11 octobre 2010 interdisant la dissimulation du visage dans l'espace public
  • Il apparaît toutefois peu probable que ce texte soit examiné avant deux mois : la journée annuelle réservée aux propositions du groupe LR n’est prévue que le 22 janvier

PARIS: Le chef des députés Les Républicains Laurent Wauquiez a déposé lundi une proposition de loi pour interdire aux mineures de porter le voile dans l'espace public, mais son examen rapide semble peu probable et sa constitutionnalité mise en doute par des juristes.

M. Wauquiez veut interdire "à tout parent d'imposer à sa fille mineure ou de l'autoriser à porter, dans l'espace public, une tenue destinée à dissimuler sa chevelure", selon l'article unique de sa proposition de loi.

Il s'appuie notamment sur un rapport sur les Frères musulmans commandé par le gouvernement et publié en mai dernier, relatant l'augmentation "massive et visible du nombre de petites filles portant le voile".

Il estime que "le voilement de jeunes filles" heurte les principes républicains "les plus fondamentaux", tels que la "protection de l'enfant", "la liberté de conscience" et "l'égalité entre les hommes et les femmes".

Sa proposition vise à modifier la loi du 11 octobre 2010 interdisant la dissimulation du visage dans l'espace public.

Il apparaît toutefois peu probable que ce texte soit examiné avant deux mois : la journée annuelle réservée aux propositions du groupe LR n’est prévue que le 22 janvier.

En outre, des professeurs de droit public interrogés par l'AFP émettent de sérieuses réserves quant à la conformité avec la Constitution de cette proposition déjà formulée, tout en la circonscrivant aux moins de 15 ans, par le patron des députés macronistes Gabriel Attal en mai - même si celui-ci n'avait pas déposé de texte.

Pour la constitutionnaliste Anne-Charlène Bezzina, elle n'a "aucune chance d'être conforme", rappelant que la loi sur la dissimulation du visage que son texte vient modifier a un motif de "sécurité à l'ordre public" et ne "vise aucune religion en particulier".

Or, M. Wauquiez cible très clairement le voile islamique dans l'espace public, contrevenant "au principe de liberté de religion", ajoute l'enseignante.

Jean-Philippe Derosier, professeur de droit public à l’Université de Lille, se dit également "très réservé".

Bien que le texte se heurte au principe de liberté religieuse, Laurent Wauquiez justifie sa démarche par la "préservation des droits de l’enfant", ce qui est "assez habile", reconnaît-il, mais insuffisant pour garantir sa conformité constitutionnelle.

Assimiler le port du voile par une mineure à "une forme d’asservissement" reste juridiquement fragile. "Incontestablement, une fillette de 9 ans pourrait le faire par mimétisme ou sous l'effet d’une instrumentalisation", observe-t-il. "Mais une adolescente de 16 ans peut davantage le porter par conviction personnelle."

Il rappelle par ailleurs que l’interdiction de dissimulation du visage est justifiée par des raisons de sécurité, avec la nécessité de pouvoir "identifier les personnes", un raisonnement difficilement transposable au fait de se couvrir la chevelure.


Quatre associations musulmanes portent plainte contre un sondage Ifop

Le recteur de la grande mosquée de Lyon, Kamel Kabtane, pose dans la grande mosquée de Lyon le 30 septembre 2025. (AFP)
Le recteur de la grande mosquée de Lyon, Kamel Kabtane, pose dans la grande mosquée de Lyon le 30 septembre 2025. (AFP)
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  • Les Conseils départementaux du culte musulman (CDCM) du Loiret, de l'Aube, des Bouches-du-Rhône et de Seine-et-Marne ont déposé plainte contre X auprès du tribunal judiciaire de Paris après la publication le 18 novembre du sondage Ifop
  • Les CDCM sont l'échelon départemental du Conseil français du culte musulman (CFCM), ex-instance de représentation de l'islam auprès des pouvoirs publics, tombée en disgrâce en 2021

PARIS: Quatre associations du culte musulman ont porté plainte lundi pour dénoncer le manque d'objectivité supposé d'un sondage Ifop sur le rapport des fidèles à l'islam, ont annoncé leurs avocats à l'AFP.

Les Conseils départementaux du culte musulman (CDCM) du Loiret, de l'Aube, des Bouches-du-Rhône et de Seine-et-Marne ont déposé plainte contre X auprès du tribunal judiciaire de Paris après la publication le 18 novembre du sondage Ifop "Etat des lieux du rapport à l'islam et à l'islamisme des musulmans de France".

Les CDCM sont l'échelon départemental du Conseil français du culte musulman (CFCM), ex-instance de représentation de l'islam auprès des pouvoirs publics, tombée en disgrâce en 2021.

Ce sondage "viole le principe d'objectivité posé par la loi du 19 juillet 1977 relative à la publication et la diffusion des sondages d'opinion", se "fonde sur des questions orientées" et se "focalise sur des résultats minoritaires mis en avant à des fins polémiques", accusent les avocats Mes Raphaël Kempf et Romain Ruiz, dans un communiqué.

Selon eux, le sondage distille "le poison de la haine dans l'espace public", renforçant "les amalgames".

Contacté par téléphone, François Kraus, directeur du pôle politique/actualités de l'Ifop, a indiqué qu'il répondrait à l'AFP par écrit, ce qu'il n'avait pas fait dans l'après-midi.

Le CFCM avait déjà dans un communiqué vendredi déploré "une nouvelle mise à l’index des citoyens français de confession musulmane et de leurs pratiques religieuses", avec des analyses et données "contestables".

L'enquête Ifop, basée sur un échantillon de 1.005 personnes de religion musulmane, a été commandée par le média confidentiel "Ecran de veille", qui se présente comme "le mensuel pour résister aux fanatismes".

L'attention médiatique et politique s'est beaucoup focalisée sur le sous-échantillon des 15-24 ans, constitué de 291 personnes, et révélant une forte pratique (87% se considèrent religieux, 67% disent prier "au moins une fois par jour", 83% font le ramadan)

François Kraus écrit dans sa conclusion sur le site de l'Ifop que "cette enquête dessine très nettement le portrait d'une population musulmane traversée par un processus de réislamisation, structurée autour de normes religieuses rigoristes et tentée de plus en plus par un projet politique islamiste".

Le sondage a provoqué de vives réactions, l'extrême droite y voyant un signe d'"islamisation", tandis que des représentants de la communauté musulmane ont regretté "une stigmatisation".

"A mal poser les questions, on finit toujours par fabriquer les peurs qu’on prétend mesurer", affirmait dans son billet hebdomadaire le recteur de la Grande mosquée de Paris Chems-eddine Hafiz.

Le politiste Haouès Seniguer qualifie pour sa part de raccourci "grossier et réducteur" l'idée, sous-jacente selon lui au sondage, qu'une observance stricte de l'islam soit la porte d'entrée mécanique vers l'islamisme.


Macron invité de RTL mardi matin

 Emmanuel Macron, en déplacement en Afrique en ce début de semaine, sera l'invité de RTL mardi matin à 07h35, a annoncé la radio lundi dans un communiqué. (AFP)
Emmanuel Macron, en déplacement en Afrique en ce début de semaine, sera l'invité de RTL mardi matin à 07h35, a annoncé la radio lundi dans un communiqué. (AFP)
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  • Après sa participation au G20 ce week-end à Johannesburg et une visite au Gabon, le chef de l'Etat Français a décollé lundi pour l'Angola, où il doit participer au sommet Union européenne-Union africaine
  • Emmanuel Macron se rendra notamment jeudi à Varces (Isère), sur un site de l'armée de terre, où il pourrait annoncer l'instauration d'un service militaire volontaire

PARIS: Emmanuel Macron, en déplacement en Afrique en ce début de semaine, sera l'invité de RTL mardi matin à 07h35, a annoncé la radio lundi dans un communiqué.

Le président de la République sera notamment interrogé sur la situation internationale, alors qu'une nouvelle réunion de la "coalition des volontaires" au soutien de l'Ukraine est prévue mardi en visioconférence.

Après sa participation au G20 ce week-end à Johannesburg et une visite au Gabon, le chef de l'Etat a décollé lundi pour l'Angola, où il doit participer au sommet Union européenne-Union africaine.

M. Macron sera aussi interrogé sur "les menaces qui pèsent sur la France", selon le communiqué de RTL.

Emmanuel Macron se rendra notamment jeudi à Varces (Isère), sur un site de l'armée de terre, où il pourrait annoncer l'instauration d'un service militaire volontaire.