Macron annonce des moyens pour la santé mentale, éprouvée par la crise Covid

Un personnel médical s'entretient avec une psychologue dans une salle de repos du CHU de Strasbourg, le 6 mai 2020 (AFP)
Un personnel médical s'entretient avec une psychologue dans une salle de repos du CHU de Strasbourg, le 6 mai 2020 (AFP)
Short Url
Publié le Mardi 28 septembre 2021

Macron annonce des moyens pour la santé mentale, éprouvée par la crise Covid

  • Pour répondre à la forte demande de soins, l'Assurance maladie remboursera dès l'an prochain des consultations de psychologues libéraux «pour toute la population à partir de l'âge de 3 ans»
  • Selon les derniers résultats de l'enquête CoviPrev publiés le 17 septembre, 15% des Français montrent des signes d'un état dépressif

PARIS: Remboursement de consultations de psychologues, création de postes dans les centres médico-psychologiques, soutien à la recherche: Emmanuel Macron a détaillé mardi son plan pour la santé mentale, "enjeu majeur" mis en lumière par la crise du Covid-19, sans satisfaire toutes les attentes.

"La pandémie a révélé l'importance du sujet", a déclaré le chef de l'Etat en clôture des Assises de la santé mentale et de la psychiatrie, reconnaissant que "pendant longtemps les moyens mis n'ont pas été à la hauteur".

Selon les derniers résultats de l'enquête CoviPrev publiés le 17 septembre, 15% des Français montrent des signes d'un état dépressif (+5 points par rapport au niveau hors épidémie), 23% des signes d'un état anxieux (+10 points) et 10% ont eu des pensées suicidaires au cours de l'année (+5 points).

L'isolement, les angoisses, les violences intra-familiales dans l'intimité des confinements ont été les détonateurs de nouvelles souffrances.

Pour répondre à la forte demande de soins, l'Assurance maladie remboursera dès l'an prochain des consultations de psychologues libéraux "pour toute la population à partir de l'âge de 3 ans".

Cette prise en charge se fera toutefois sous conditions: les patients devront être "adressés par prescription médicale" dans le cadre d'un forfait de huit consultations remboursées, la première séance étant à 40 euros et les suivantes 30 euros chacune, le tout renouvelable l'année suivante si besoin. Quant aux "psychologues qui veulent pratiquer hors de ces parcours de soin", ils pourront "continuer à le faire", a assuré le président.

Avec cette prise en charge, Emmanuel Macron a dit accéder à "une demande historique", en concédant que "toute la profession des psychologues n'était pas totalement ravie", y voyant "une forme de paradoxe".

"C'est absolument scandaleux ce qu'on vient d'entendre, ça marque un mépris profond de notre profession et de la population", s'est de fait insurgé Patrick Ange Raoult, secrétaire général du Syndicat national des psychologues (SNP), vent debout notamment contre le passage obligatoire par un généraliste pour bénéficier de ce forfait.

"Les psychologues veulent défendre leur indépendance vis-à-vis de la médecine", a aussi expliqué Laurent Laporte, de la CGT, lors d'un rassemblement devant la ministère de la Santé organisé peu avant les annonces présidentielles. "On voudrait être associés, on ne l’est pas, ils décident de tout sans nous, avec des médecins", a abondé Christine Manuel, du SNP.

Toujours dans l'optique d'améliorer l'accès aux soins, Emmanuel Macron a également annoncé la création de 800 postes dans les centres médico-psychologiques "à partir de l'année prochaine". Ces renforts doivent permettre de "réduire au maximum les délais d'attente" dans ces structures, qui sont parfois "supérieurs à 18 mois dans les territoires les plus en tension".

- Réforme "indispensable" -

S'y ajouteront la création de 20 équipes mobiles pour la prise en charge des personnes âgées en Ehpad et dans les structures médico-sociales, la mise en place d'une maison des adolescents dans chaque département et de 100 places en accueil familial thérapeutique sur deux ans.

Un autre effort budgétaire sera fait en matière de recherche, avec une enveloppe de 80 millions d'euros "dédiée à la santé mentale" dans le cadre du quatrième programme d'investissements d'avenir (PIA4).

Les innovations engendrées, notamment en neurosciences, en intelligence artificielle ou dans les dispositifs médicaux, permettront selon le chef de l'Etat "des améliorations du soin au quotidien, et une transformation de nos pratiques".

Dans un communiqué, la Fédération hospitalière de France (FHF) s'est globalement réjouie des annonces d'Emmanuel Macron, y voyant la confirmation d'une réforme "indispensable pour mettre fin au sous-financement historique" de la psychiatrie publique.

En ouverture des assises lundi, le ministre de la Santé, Olivier Véran, avait annoncé que le nouveau numéro national de prévention du suicide entrerait en fonctionnement vendredi.

Mardi matin, le secrétaire d'Etat chargé de l'Enfance et des Familles, Adrien Taquet, a lui promis l'instauration début 2022 d'un repérage systématique de la dépression post-partum, qui toucherait entre 15 et 30% des mères. 


L’histoire de Donia, arrivée de Gaza à Paris, le quotidien morbide des Gazaouis qui ne veulent que vivre

Marcher la peur au ventre, occultant la faim et la fatigue, enjamber des gravats, des cadavres, marcher dans des égouts, tenir sans espoir aucun, se sachant, comme tous ses semblables, abandonnée par tous. (AFP)
Marcher la peur au ventre, occultant la faim et la fatigue, enjamber des gravats, des cadavres, marcher dans des égouts, tenir sans espoir aucun, se sachant, comme tous ses semblables, abandonnée par tous. (AFP)
Short Url
  • Donia Al-Amal Ismail, poète, journaliste et mère de quatre enfants, habitante de Gaza, arrivée à Paris il y a presque trois mois. Elle raconte son histoire à Arab News en français.
  • Difficile de ne pas se sentir anéantie face à ce visage doux et tendre, à ces yeux verts empreints d’une tristesse insondable.

PARIS: Depuis le début de la guerre à Gaza, les récits qui parviennent à franchir les ruines et le silence imposé sont rares.
Derrière les chiffres et les bilans atones relayés par les médias, il y a des voix : celles de civils qui ont vu leur existence basculer en quelques heures.
Parmi elles, Donia Al-Amal Ismail, poète, journaliste et mère de quatre enfants, habitante de Gaza, arrivée à Paris il y a presque trois mois. Elle raconte son histoire à Arab News en français.
Difficile de ne pas se sentir anéantie face à ce visage doux et tendre, à ces yeux verts empreints d’une tristesse insondable. Donia témoigne de ce que signifie vivre la guerre : vivre avec la peur, la faim, fuir sous les bombes, errer d’un abri de fortune à un autre.
Marcher pour ne pas crever, marcher avec le seul souci de garder en vie ses deux enfants (une fille et un garçon) restés avec elle, les deux autres étant en Égypte.
Marcher la peur au ventre, occultant la faim et la fatigue, enjamber des gravats, des cadavres, marcher dans des égouts, tenir sans espoir aucun, se sachant, comme tous ses semblables, abandonnée par tous.
Son récit, émouvant par-dessus tout, saccadé par de longs silences et des larmes qui coulent spontanément sur les joues, n’en est pas moins ferme : pour elle, indéniablement, Gaza est le foyer des Gazaouis qui feront tout pour reconstruire.

 


Lecornu recevra les socialistes mercredi, annonce Olivier Faure

Le nouveau Premier ministre Sébastien Lecornu recevra mercredi matin les responsables du Parti socialiste, avec qui il devra négocier à l'automne un accord sur le budget 2026 pour éviter une censure, a annoncé leur Premier secrétaire Olivier Faure. (AFP)
Le nouveau Premier ministre Sébastien Lecornu recevra mercredi matin les responsables du Parti socialiste, avec qui il devra négocier à l'automne un accord sur le budget 2026 pour éviter une censure, a annoncé leur Premier secrétaire Olivier Faure. (AFP)
Short Url
  • Depuis sa nomination mardi, Sébastien Lecornu a commencé ses consultations avec d'abord les partis de son "socle commun" (bloc central et LR), puis les syndicats et organisations patronales avec qui il a des entretiens encore lundi et mardi
  • Mais le rendez-vous le plus attendu est celui avec les socialistes. Déjà menacé de censure par LFI et le RN, c'est eux qui peuvent éviter à M. Lecornu de connaître le même sort que ses prédécesseurs

PARIS: Le nouveau Premier ministre Sébastien Lecornu recevra mercredi matin les responsables du Parti socialiste, avec qui il devra négocier à l'automne un accord sur le budget 2026 pour éviter une censure, a annoncé leur Premier secrétaire Olivier Faure.

"On a rendez-vous mercredi matin et donc nous le verrons pour la première fois", a déclaré M. Faure lundi sur France 2. Les Ecologistes de Marine Tondelier et le Parti communiste de Fabien Roussel ont également indiqué à l'AFP être reçus mercredi, respectivement à 14H et 18H.

Depuis sa nomination mardi, Sébastien Lecornu a commencé ses consultations avec d'abord les partis de son "socle commun" (bloc central et LR), puis les syndicats et organisations patronales avec qui il a des entretiens encore lundi et mardi.

Mais le rendez-vous le plus attendu est celui avec les socialistes. Déjà menacé de censure par LFI et le RN, c'est eux qui peuvent éviter à M. Lecornu de connaître le même sort que ses prédécesseurs.

Au coeur de ce rendez-vous le projet de budget 2026 que le nouveau gouvernement devra présenter avant la mi-octobre au Parlement.

Les socialistes posent notamment comme conditions un moindre effort d'économies l'année prochaine que ce qu'envisageait François Bayrou et une fiscalité plus forte des plus riches, à travers la taxe sur les très hauts patrimoines élaborée par l'économiste Gabriel Zucman (2% sur les patrimoines de plus de 100 millions d'euros).

Mais Sébastien Lecornu, s'il s'est dit prêt samedi à "travailler sans idéologie" sur les questions "de justice fiscale" et de "répartition de l'effort", a déjà fait comprendre son hostilité à cette taxe Zucman, et notamment au fait de taxer le patrimoine professionnel "car c'est ce qui permet de créer des emplois".

"Quand on parle patrimoine professionnel, vous pensez à la machine outil ou aux tracteurs mais pas du tout. On parle d'actions, la fortune des ultrariches, elle est essentiellement en actions", lui a répondu M. Faure.

"Si vous dites que, dans la base imposable, on retire ce qui est l'essentiel de leur richesse, en réalité, vous n'avez rien à imposer", a-t-il argumenté.

"C'était déjà le problème avec l'Impôt sur la fortune (ISF, supprimé par Emmanuel Macron) qui touchait les +petits riches+ et épargnaient les +ultrariches+ parce que les +ultrariches+ placent leur argent dans des holdings", a-t-il reconnu.

 


Pour Sébastien Lecornu, un premier déplacement consacré à la santé

Sébastien Lecornu assiste à la présentation du supercalculateur Asgard au Mont Valérien à Suresnes, près de Paris, le 4 septembre 2025. (AFP)
Sébastien Lecornu assiste à la présentation du supercalculateur Asgard au Mont Valérien à Suresnes, près de Paris, le 4 septembre 2025. (AFP)
Short Url
  • Déplacement symbolique à Mâcon : Pour son premier déplacement, Sébastien Lecornu met l'accent sur l'accès aux soins et le quotidien des Français
  • Conscient de l'absence de majorité, il consulte partis et syndicats, cherchant des terrains d'entente sur le budget, tout en laissant la porte ouverte à une fiscalité plus juste

PARIS: Sébastien Lecornu se rend samedi en province, à Mâcon, pour son premier déplacement en tant que Premier ministre consacré à la santé et à "la vie quotidienne" des Français, délaissant pendant quelques heures les concertations qu'il mène activement à Paris avant de former un gouvernement.

Quatre jours à peine après sa nomination, le nouveau et jeune (39 ans) locataire de Matignon va à la rencontre des Français, pour qui il reste encore un inconnu. Il échangera notamment avec des salariés d'un centre de santé de Saône-et-Loire dont le but est d'améliorer l'accès aux soins.

Lui-même élu local de l'Eure, où il a été maire, président de département et sénateur, ce fils d'une secrétaire médicale et d'un technicien de l'aéronautique avait assuré dès le soir de sa nomination "mesurer les attentes" de ses concitoyens et "les difficultés" qu'ils rencontraient.

Celles-ci sont souvent "insupportables" pour accéder à un médecin ou à un professionnel de santé, parfois "source d'angoisse", souligne son entourage. Le Premier ministre entend dans ce contexte "témoigner de la reconnaissance de la Nation à l’égard des personnels soignants" et "réaffirmer la volonté du gouvernement de faciliter l’accès aux soins".

Il s'agit aussi pour Sébastien Lecornu de convaincre l'opinion, autant que les forces politiques, du bien-fondé de sa méthode: trouver des terrains d'entente, en particulier sur le budget, permettant de gouverner sans majorité.

Sébastien Lecornu est très proche d'Emmanuel Macron, avec qui il a encore longuement déjeuné vendredi à l'Elysée.

- Mouvements sociaux -

Sa nomination coïncide avec plusieurs mouvements sociaux. Le jour de sa prise de fonction, une mobilisation lancée sur les réseaux sociaux pour "bloquer" le pays a réuni 200.000 manifestants, et une autre journée de manifestations à l'appel des syndicats est prévue jeudi.

"Il y a une grande colère" chez les salariés, a rapporté Marylise Léon, la secrétaire générale de la CFDT, premier syndicat de France, à l'issue d'une entrevue vendredi avec le nouveau Premier ministre, qui lui a dit travailler sur une "contribution des plus hauts revenus" dans le budget 2026.

C'est sur le budget que ses deux prédécesseurs, François Bayrou et Michel Barnier, sont tombés. Et Sébastien Lecornu cherche en priorité une forme d'entente avec les socialistes.

Mais il lui faut dans le même temps réduire les déficits, alors que l'agence de notation Fitch a dégradé vendredi soir la note de la dette française.

Le centre et la droite de la coalition gouvernementale se disent prêts à taxer plus fortement les ultra-riches sans pour autant aller jusqu'à l'instauration de la taxe Zucman sur les plus hauts patrimoines, mesure phare brandie par les socialistes et dont LR ne veut pas.

Une telle mesure marquerait en tout cas une des "ruptures" au fond prônées par Sébastien Lecornu à son arrivée, puisqu'elle briserait le tabou des hausses d'impôts de la macronie.

- Méthode -

Sébastien Lecornu veut aussi des changements de méthode.

Il a d'abord réuni jeudi --pour la première fois depuis longtemps-- les dirigeants des partis du "socle commun", Renaissance, Horizons, MoDem et Les Républicains, afin qu'ils s'entendent sur quelques priorités communes.

Un format "présidents de parti" qui "permet de travailler en confiance, de façon plus directe, pour échanger sur les idées politiques, sur les arbitrages", salue un participant.

Avant les oppositions et à quelques jours d'une deuxième journée de manifestations, il a consulté les partenaires sociaux, recevant vendredi la CFDT et Medef, avant la CGT lundi.

En quête d'un compromis pour faire passer le budget, le chef de gouvernement pourrait repartir du plan de son prédécesseur François Bayrou délesté de ses mesures les plus controversées. A l'instar de la suppression de deux jours fériés.

L'hypothèse d'une remise sur les rails du conclave sur les retraites semble aussi abandonnée. Les partenaires sociaux refusent de toute façon de le rouvrir.

Des gestes sont attendus à l'égard des socialistes alors qu'à l'Elysée, on estime que le Rassemblement national, premier groupe à l'Assemblée nationale, se range désormais comme la France insoumise du côté du "dégagisme".

Cultivant une parole sobre voire rare, Sébastien Lecornu ne s'exprimera qu'à l'issue de ces consultations "devant les Français", avant la traditionnelle déclaration de politique générale, devant le Parlement.