Commerce et tech: Américains et Européens veulent plus de coopération

Européens et Américains sont en discussions pour régler leur différend sur l'acier et l'aluminium (Photo, AFP).
Européens et Américains sont en discussions pour régler leur différend sur l'acier et l'aluminium (Photo, AFP).
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Publié le Mercredi 29 septembre 2021

Commerce et tech: Américains et Européens veulent plus de coopération

  • Les Etats-Unis et l'Union européenne sont réunis à Pittsburgh mercredi et jeudi, avec la volonté de resserrer leurs liens commerciaux mis à mal par l'administration Trump
  • Les Européens veulent également produire davantage afin de réduire leur dépendance vis-à-vis de l'Asie

PITTSBURGH: De hauts responsables des Etats-Unis et de l'Union européenne sont réunis à Pittsburgh mercredi et jeudi, avec la volonté de resserrer leurs liens commerciaux mis à mal par l'administration Trump et de coopérer dans le secteur des technologies, à l'heure de la pénurie mondiale des semi-conducteurs.

Le choix de cette ville américaine de Pennsylvanie, capitale sidérurgique reconvertie dans la tech, pour accueillir la première réunion du conseil UE-Etats-Unis sur le Commerce et la Technologie (TTC) est en soi tout un symbole puisque Européens et Américains sont en discussions pour régler leur différend sur l'acier et l'aluminium, qui polluent leurs relations commerciales depuis plus de trois ans.

Washington et Bruxelles ont pris le soin de faire savoir que la résolution de ce conflit, provoqué par l'imposition, en juin 2018, de droits de douane punitifs de 25% sur l'acier européen et de 10% sur l'aluminium européen au nom de la sécurité nationale des Etats-Unis, ne faisait pas partie des discussions à Pittsburgh.

Mais ce dossier est présent dans tous les esprits.

Intelligence artificielle

Sa résolution, en marge de cette réunion, serait le signal que la relation transatlantique repart sur de bonnes bases après les nombreux coups de canif américains au contrat de confiance.

En effet, si en juin la Maison Blanche avait signalé sa volonté de retrouver des relations apaisées avec Bruxelles en enterrant la hache de guerre sur le vieux conflit opposant Boeing à Airbus, Joe Biden a suscité récemment le courroux en retirant de Kaboul des troupes américaines sans préavis, fin août. 

Puis, l'annonce de la mise en œuvre d'un pacte de sécurité entre les Etats-Unis, l'Australie et la Grande-Bretagne sans aucune consultation des Européens a achevé de mettre en doute sa volonté de coopération.

A Pittsburgh, Antony Blinken, le secrétaire d'Etat américain, Gina Raimondo, la secrétaire au Commerce, et Katherine Tai, la représentante au Commerce, seront aux côtés de Valdis Dombrovskis et Margrethe Vestager, tous deux vice-présidents de la Commission européenne, et qui négocient au nom des Vingt-Sept.

Avant son départ pour la Pennsylvanie, Valdis Dombrovskis a expliqué depuis Washington que le TTC allait s'organiser autour de dix groupes de travail qui passeront au crible des sujets aussi divers que sensibles citant la régulation des plates-formes numériques, l'encadrement de l'intelligence artificielle pour respecter la vie privée, le contrôle des investissements étrangers, les exportations stratégiques, et surtout la pénurie de semi-conducteurs.

La demande pour les appareils électroniques de toutes sortes a explosé depuis le début de la pandémie, entre l'essor du télétravail et des loisirs à la maison. 

Les fabricants de semi-conducteurs, qui ont parfois aussi dû temporairement fermer leurs usines en raison du Covid, peinent à répondre à la demande mondiale.

Les Américains aimeraient décrocher un accord avec les Européens sur les semi-conducteurs. 

M. Dombrovskis a évoqué "une communication" sur ce sujet à l'issue de la réunion.

"Il y a 20 ans, nous fabriquions près de 40% de toutes les puces. Aujourd'hui, notre part de la production mondiale est de seulement 12% et nous fabriquons 0% des puces technologiquement avancées", a déploré mardi Gina Raimondo devant le Club économique de Washington.

Elle a exhorté le Congrès à investir massivement pour augmenter drastiquement la production américaine de semi-conducteurs.

Quelle alternative à la confrontation avec Pékin ?

Les Européens veulent également produire davantage afin de réduire leur dépendance vis-à-vis de l'Asie. La présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen en a même fait une "question de souveraineté".

Outre les semi-conducteurs, seront évoquées les pratiques commerciales inéquitables comme les subventions ou le transfert de technologies forcé, avec en toile de fond la politique commerciale à mener vis-à-vis de la Chine.

Pour l'heure, l'administration Biden s'inscrit dans le sillage de son prédécesseur Donald Trump en prônant la fermeté envers Pékin. Son administration a ainsi maintenu en place les droits de douane punitifs sur les marchandises chinoises.

Sur ce point, Valdis Dombrovskis a semblé prendre de la distance mardi en soulignant que le TTC n'avait pas vocation à cibler un pays en particulier.

La semaine dernière, Thierry Breton, le commissaire européen au Marché intérieur, avait lui pris l'exemple de la technologie de l'internet ultra rapide 5G, pour montrer que les Européens avaient choisi de s'engager dans une voie alternative à la confrontation brutale avec Pékin.

Il avait alors expliqué que les Européens avaient choisi la réglementation plutôt que l'interdiction des groupes chinois.


Automobile: les équipementiers français pressent Bruxelles d'imposer un contenu local

 Trois des plus gros équipementiers automobiles français ont demandé à Bruxelles d'imposer l'obligation d'un contenu local dans les véhicules, lors des annonces attendues mardi sur la révision de l'interdiction de vendre des voitures neuves autres que tout électriques, selon une lettre consultée lundi. (AFP)
Trois des plus gros équipementiers automobiles français ont demandé à Bruxelles d'imposer l'obligation d'un contenu local dans les véhicules, lors des annonces attendues mardi sur la révision de l'interdiction de vendre des voitures neuves autres que tout électriques, selon une lettre consultée lundi. (AFP)
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  • Les équipementiers européens "contribuent pour 75% à la valeur d'un véhicule et représentent 1,7 million d'emplois" en Europe
  • Mais "les surcapacités mondiales, les importations subventionnées (par le pays exportateur, NDLR) et un déséquilibre commercial accru érodent les fondations de notre industrie"

PARIS: Trois des plus gros équipementiers automobiles français ont demandé à Bruxelles d'imposer l'obligation d'un contenu local dans les véhicules, lors des annonces attendues mardi sur la révision de l'interdiction de vendre des voitures neuves autres que tout électriques, selon une lettre consultée lundi.

Dans cette missive adressée à la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen et datée du 12 décembre, les dirigeants des équipementiers Valeo, Forvia et OPmobility demandent à la Commission "des mesures claires sur le contenu local lors des annonces du 16 décembre".

Les équipementiers européens "contribuent pour 75% à la valeur d'un véhicule et représentent 1,7 million d'emplois" en Europe, mais "les surcapacités mondiales, les importations subventionnées (par le pays exportateur, NDLR) et un déséquilibre commercial accru érodent les fondations de notre industrie", écrivent Christophe Périllat (Valeo), Martin Fisher (Forvia) et Félicie Burelle (OPmobility).

"Les perspectives actuelles indiquent que 350.000 emplois et 23% de la valeur ajoutée des automobiles dans l'UE sont en danger d'ici 2030 si des mesures fortes ne sont pas prises de manière urgente", ajoutent-ils.

Ces équipementiers soutiennent "la position des ministres français en faveur de +flexibilités ciblées+ dans la réglementation sur (les émissions de) CO2 si elle est assortie de conditions de critères de contenu local, dans l'intérêt des emplois, du savoir-faire dans l'automobile" et de "l'empreinte carbone" en Europe.

Les constructeurs automobiles européens et l'Allemagne notamment réclament depuis des semaines de nets assouplissements dans l'interdiction de vendre des voitures neuves thermiques ou hybrides prévue à partir de 2035.

Les annonces de la Commission sont attendues mardi après-midi.

La semaine dernière, plusieurs ministres français avaient envoyé une lettre aux commissaires européens pour dire qu'ils acceptaient des "flexibilités ciblées", à condition qu'elles s'accompagnent d'une règlementation incitative à la production en Europe.

"On est prêt à faire preuve de flexibilité", avait ensuite expliqué Roland Lescure, ministre français de l'Economie. "Si vous voulez vendre encore un peu de moteurs thermiques en 2035 très bien, mais il faut qu’ils soient faits en Europe", avec "au moins 75% de la valeur ajoutée faite en Europe", avait-il ajouté.


Espagne: amende de 64 millions d'euros contre Airbnb pour avoir publié des annonces de logements interdits

Le gouvernement espagnol a annoncé lundi avoir infligé une amende de 64 millions d'euros à la plateforme Airbnb pour avoir notamment publié des annonces de logements interdits, une infraction qualifiée de "grave", en pleine crise du logement dans le pays. (AFP)
Le gouvernement espagnol a annoncé lundi avoir infligé une amende de 64 millions d'euros à la plateforme Airbnb pour avoir notamment publié des annonces de logements interdits, une infraction qualifiée de "grave", en pleine crise du logement dans le pays. (AFP)
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  • L'amende qui vise Airbnb et atteint précisément 64.055.311 euros est "définitive", a précisé dans un communiqué le ministère de la Consommation
  • "Des milliers de familles vivent dans la précarité à cause de la crise du logement, tandis que quelques-uns s'enrichissent grâce à des modèles économiques qui expulsent les gens de chez eux"

MADRID: Le gouvernement espagnol a annoncé lundi avoir infligé une amende de 64 millions d'euros à la plateforme Airbnb pour avoir notamment publié des annonces de logements interdits, une infraction qualifiée de "grave", en pleine crise du logement dans le pays.

En Espagne, les plateformes de location de courte durée suscitent un vif débat, surtout dans les grandes villes touristiques, où de nombreux habitants leur reprochent de contribuer à la flambée des loyers.

L'amende qui vise Airbnb et atteint précisément 64.055.311 euros est "définitive", a précisé dans un communiqué le ministère de la Consommation, ajoutant que la plateforme basée aux Etats-Unis devait désormais "corriger les manquements constatés en supprimant les contenus illégaux".

"Des milliers de familles vivent dans la précarité à cause de la crise du logement, tandis que quelques-uns s'enrichissent grâce à des modèles économiques qui expulsent les gens de chez eux", a critiqué le ministre de la Consommation, Pablo Bustinduy, cité dans le communiqué.

"Aucune entreprise en Espagne, aussi grande ou puissante soit-elle, n'est au-dessus des lois", a-t-il poursuivi.

L'Espagne a accueilli en 2024 un nombre record de 94 millions de visiteurs, ce qui en fait la deuxième destination touristique dans le monde derrière la France. Ce chiffre pourrait être battu cette année.

Mais si le tourisme est un moteur de l'économie, de nombreux Espagnols dénoncent la congestion des infrastructures, la disparition des commerces traditionnels, remplacés par des boutiques touristiques, et surtout la flambée des loyers, les propriétaires de logements se tournant vers la location touristique, y compris sur Airbnb, nettement plus rentable.

Face à cette poussée de colère, plusieurs régions et municipalités ont annoncé des mesures ces derniers mois, à l'image de la mairie de Barcelone (nord-est), qui a promis de ne pas renouveler les licences de quelque 10.000 appartements touristiques, qui expireront en novembre 2028.

 


La RATP se cherche un ou une présidente

Cette photographie montre le logo de la société française de transports publics RATP, sur un bâtiment à Paris, le 3 mars 2025. (AFP)
Cette photographie montre le logo de la société française de transports publics RATP, sur un bâtiment à Paris, le 3 mars 2025. (AFP)
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  • Après le départ de Jean Castex à la SNCF, l’Élysée s’apprête à nommer rapidement le nouveau président ou la nouvelle présidente de la RATP
  • Plusieurs profils circulent, tandis que la régie fait face à d’importants défis

PARIS: Après le départ de Jean Castex à la SNCF, la RATP se cherche un ou une présidente, dont la nomination pourrait intervenir "rapidement", selon des sources concordantes.

L'annonce se fera par communiqué de l'Elysée en vertu de l'article 13 de la Constitution qui prévoit que le président de la République nomme aux emplois civils et militaires de l'Etat.

Suivront, deux semaines plus tard, deux auditions de l'impétrant devant les sénateurs, puis devant les députés. Les parlementaires ont la possibilité de s'opposer au candidat d'Emmanuel Macron s'ils réunissent trois cinquième de leurs votes cumulés contre le nom choisi par l'Elysée.

En revanche, si le candidat est adoubé par le Parlement, son nom est proposé en conseil d'administration comme nouvel administrateur, puis confirmé dans la foulée par un décret suivant le conseil des ministres.

Depuis l'arrivée de l'ancien Premier ministre Jean Castex à la tête de la SNCF début novembre, les rumeurs se multiplient sur le nom de celui ou celle qui sera chargé de lui succéder aux commandes de la Régie autonome des transports parisiens, vieille dame créée le 21 mars 1948 et désormais plongée dans le grand bain de l'ouverture à la concurrence.

Les articles de presse pèsent les différents "profils" pressentis, politiques ou techniques qui pourraient "faire le job".

Les noms qui reviennent le plus souvent sont ceux de Xavier Piechaczyk, président du directoire du distributeur d'électricité RTE et ex-conseiller énergie-transport de Jean-Marc Ayrault et François Hollande, Alain Krakovitch, actuel directeur des TGV et Intercités à SNCF Voyageurs, Jean-François Monteils, président du directoire de la Société des grands projets (SGP) et selon la Tribune, Valérie Vesque-Jeancard, présidente de Vinci Airways et directrice déléguée de Vinci Airports.

"Si le nom sort de l'Elysée avant la fin de l'année, cela permettrait au PDG de prendre ses fonctions fin janvier-début février" souligne un fin connaisseur des milieux ferroviaires qui requiert l'anonymat.

- "Aller vite" -

"Une entreprise industrielle comme la RATP ne peut pas rester sans pilote très longtemps" souligne une autre source, proche du dossier, qui requiert aussi l'anonymat, avant d'ajouter "il faut aller vite, car c'est aussi une boite politique, la RATP".

Une entreprise aux enjeux d'autant plus complexes, que malgré son ancrage initial parisien, la RATP dépend du financement de la région Ile-de-France pour ses matériels, s'étend de plus en plus loin dans la banlieue, voire en métropole, et gère des réseaux de transports dans 16 pays sur les cinq continents.

En France, elle est notamment pressentie pour gérer les transports ferroviaires régionaux autour de Caen en Normandie à partir de 2027 après avoir répondu - via sa filiale RATP Dev - à des appels d'offre d'ouverture à la concurrence.

A Paris, la RATP est en train d'introduire progressivement de nouveaux matériels sur son réseau. Le nouveau métro MF19 construit par Alstom, ira d'abord sur la ligne 10 puis sept autres lignes (7 bis, 3 bis, 13 d'ici 2027, puis 12, 8, 3 et 7 d'ici 2034).

L'ensemble du processus prendra une dizaine d'années environ de travaux de modernisation sur les lignes concernées: beaucoup d'ingénierie fine à organiser pour réaliser les travaux pendant la nuit sans interrompre le trafic diurne et de désagréments pour les voyageurs.

A échéance plus lointaine, le ou la future patronne devra déterminer la stratégie du groupe dans les nouvelles ouvertures à la concurrence qui se dessinent: les tramway en 2030 puis le métro en 2040.

Sur le réseau de bus francilien, où la RATP a d'ores et déjà perdu son monopole, elle est parvenue à conserver l'exploitation de 70% des lignes d'autobus qu'elle gérait à l'issue des dernières vagues d'appels d'offre de mise en concurrence qui se sont achevées cet automne.

En particulier, elle continue d'exploiter via RATP Dev tous les bus de Paris intra-muros et a engagé un processus de verdissement de sa flotte de bus, financé par Ile-de-France Mobilités (IDFM), l'autorité organisatrice des transports.

Ses concurrents Keolis (filiale de la SNCF), Transdev et l'italien ATM ont pris les rênes le 1er novembre des lignes remportées.