La lutte à distance contre Al-Qaïda en Afghanistan quasi impossible, selon élus et experts

Un drone survolant l’aéroport de Kaboul le 31 août (Photo, AFP).
Un drone survolant l’aéroport de Kaboul le 31 août (Photo, AFP).
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Publié le Jeudi 30 septembre 2021

La lutte à distance contre Al-Qaïda en Afghanistan quasi impossible, selon élus et experts

  • La dernière frappe de drone américaine en Afghanistan s'est révélée une erreur tragique, tuant 10 civils dont 7 enfants le 29 août à Kaboul
  • Contrairement à la lutte contre le groupe Etat islamique en Irak et Syrie, les Etats-Unis n'ont cette fois pas de base en Afghanistan ou dans un pays voisin, ni d'alliés sur le terrain

WASHINGTON: Le gouvernement de Joe Biden affirme qu'il va empêcher une résurgence d'Al-Qaïda en Afghanistan par des frappes aériennes menées à distance, mais experts et élus s'accordent à considérer l'exercice comme quasiment impossible, compte tenu notamment de la géographie.

En annonçant en avril le retrait total des forces étrangères d'Afghanistan, d'où avaient été organisés les attentats du 11-Septembre, le président américain avait assuré que les Etats-Unis n'y permettraient pas un retour d'Al-Qaïda.

Depuis, le Pentagone assure régulièrement être capable de mener des opérations antijihadistes depuis "au-delà de l'horizon", c'est-à-dire des frappes aériennes lancées depuis une base américaine ou un porte-avions positionné dans la région.

"Les opérations au-delà de l'horizon sont difficiles mais absolument possibles", a encore affirmé mercredi le ministre américain de la Défense Lloyd Austin, qui était entendu au Congrès à propos du retrait d'Afghanistan.

"Les renseignements qui les permettent proviennent de sources diverses, pas seulement de troupes sur le terrain", a-t-il ajouté, alors que la dernière frappe de drone américaine en Afghanistan s'est révélée une erreur tragique, tuant 10 civils dont 7 enfants le 29 août à Kaboul.

Lloyd Austin a refusé d'en dire davantage publiquement, promettant aux élus de leur expliquer sa stratégie à huis-clos, mais de nombreux élus et experts doutent de l'efficacité de frappes à distance, alors que l'Afghanistan est un pays enclavé, à des milliers de kilomètres de la base américaine la plus proche.

«Bonne chance»

"Tuer des terroristes en Afghanistan depuis +au-delà de l'horizon+? Bonne chance", jugeait récemment James Holmes, professeur de stratégie maritime au Naval War College.

"Les opérations au-delà de l'horizon fonctionnent bien quand le champ de bataille se trouve à portée des forces maritimes ou aériennes" et un accès à des bases dans des Etats limitrophes peut aider, soulignait-il dans une tribune sur le site spécialisé 19fortyfive.

Or, rien de tout ceci ne s'applique à l'Afghanistan.

"Un avion partant d'une base aérienne du Golfe doit contourner par le sud l'espace aérien hostile de l'Iran, survoler la mer d'Arabie puis traverser plein nord l'espace aérien du Pakistan pour frapper des cibles en Afghanistan", explique cet ancien officier de la Navy.

"Un porte-avions a un avantage en termes de distance, puisque sa piste d'atterrissage mobile peut naviguer en mer d'Arabie, mais la capitale afghane Kaboul se trouve à plus de 1.100 km du point le plus proche sur la côte pakistanaise", poursuit M. Holmes.

"Un ravitaillement en vol sera indispensable", conclut-il.

Contrairement à la lutte contre le groupe Etat islamique en Irak et Syrie, menée en coopération avec le gouvernement irakien et les combattants kurdes, les Etats-Unis n'ont cette fois pas de base en Afghanistan ou dans un pays voisin, ni d'alliés sur le terrain, a rappelé mercredi l'élu républicain Mike Waltz.

«Accès négocié»

Des drones devront "consommer 70 à 80% de leur carburant avant même de s'approcher de la moindre cible", a souligné cet ancien soldat des forces spéciales, qui a notamment combattu en Afghanistan.

Les Etats-Unis, qui disposaient au début des années 2000 de bases militaires dans plusieurs pays limitrophes, notamment l'Ouzbékistan, le Tadjikistan et le Kirghizstan, pour mener leurs opérations en Afghanistan, n'ont plus d'accès à ces pays d'Asie centrale, que Moscou considère comme son pré carré.

Le chef d'état-major américain, le général Mark Milley, a indiqué mercredi avoir récemment discuté de la question avec son homologue russe, le général Valéri Guérassimov. "Nous ne demandons pas une permission" à la Russie, a-t-il assuré aux élus de la Chambre des représentants, préférant le terme d'"accès négocié".

Le survol même de l'espace aérien afghan pose en outre des problèmes légaux, a noté l'élu démocrate Andy Kim, soulignant que l'Afghanistan est un pays souverain.

Le ministre de la Défense Lloyd Austin lui a assuré que les Etats-Unis avaient le droit de mener ces opérations mais il a refusé d'en dire plus publiquement, demandant là aussi à le faire à huis-clos.

Les talibans ont accusé mardi Washington de violer le droit international en faisant survoler l'Afghanistan par des drones. "Ces violations doivent être rectifiées et empêchées", ont-ils prévenu dans un communiqué.


Réunion sur Gaza vendredi à Miami entre Etats-Unis, Qatar, Egypte et Turquie

L'émissaire américain Steve Witkoff se réunira vendredi à Miami (Floride, sud-est) avec des représentants du Qatar, de l'Egypte et de la Turquie pour discuter des prochaines étapes concernant la bande de Gaza, a appris l'AFP jeudi auprès d'un responsable américain. (AFP)
L'émissaire américain Steve Witkoff se réunira vendredi à Miami (Floride, sud-est) avec des représentants du Qatar, de l'Egypte et de la Turquie pour discuter des prochaines étapes concernant la bande de Gaza, a appris l'AFP jeudi auprès d'un responsable américain. (AFP)
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  • Le Qatar et l'Egypte, qui font office de médiateurs autant que de garants du cessez-le-feu dans le territoire palestinien ravagé par deux ans de guerre, ont récemment appelé à passer à la prochaine phase du plan de Donald Trump
  • Celle-ci prévoit le désarmement du Hamas, le retrait progressif de l'armée israélienne de tout le territoire, la mise en place d'une autorité de transition et le déploiement d'une force internationale

WSAHINGTON: L'émissaire américain Steve Witkoff se réunira vendredi à Miami (Floride, sud-est) avec des représentants du Qatar, de l'Egypte et de la Turquie pour discuter des prochaines étapes concernant la bande de Gaza, a appris l'AFP jeudi auprès d'un responsable américain.

Le Qatar et l'Egypte, qui font office de médiateurs autant que de garants du cessez-le-feu dans le territoire palestinien ravagé par deux ans de guerre, ont récemment appelé à passer à la prochaine phase du plan de Donald Trump.

Celle-ci prévoit le désarmement du Hamas, le retrait progressif de l'armée israélienne de tout le territoire, la mise en place d'une autorité de transition et le déploiement d'une force internationale.

Le cessez-le-feu à Gaza, entré en vigueur en octobre entre Israël et le Hamas, demeure précaire, les deux camps s'accusant mutuellement d'en violer les termes, tandis que la situation humanitaire dans le territoire reste critique.

Le président américain n'en a pas moins affirmé mercredi, dans une allocution de fin d'année, qu'il avait établi la paix au Moyen-Orient "pour la première fois depuis 3.000 ans."

La Turquie sera représentée à la réunion par le ministre des Affaires étrangères Hakan Fidan.

Dans un discours, le président turc Recep Tayyip Erdogan a quant à lui affirmé que son pays se tenait "fermement aux côtés des Palestiniens".

 

 


Zelensky dit que l'Ukraine a besoin d'une décision sur l'utilisation des avoirs russes avant la fin de l'année

ze;"Nos partenaires ont été informés que la décision doit être prise d'ici la fin de cette année", a déclaré Zelensky. (AFP)
ze;"Nos partenaires ont été informés que la décision doit être prise d'ici la fin de cette année", a déclaré Zelensky. (AFP)
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  • Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a estimé jeudi que l'Ukraine avait besoin d'une décision européenne sur l'utilisation des avoirs russes gelés avant la fin de l'année
  • "Nos partenaires ont été informés que la décision doit être prise d'ici la fin de cette année", a-t-il déclaré. Il avait indiqué auparavant que Kiev aurait un "gros problème" si les dirigeants européens ne parvenaient pas à un accord

BRUXELLES: Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a estimé jeudi que l'Ukraine avait besoin d'une décision européenne sur l'utilisation des avoirs russes gelés avant la fin de l'année, lors d'une conférence de presse à Bruxelles en marge d'un sommet des dirigeants de l'UE sur le sujet.

"Nos partenaires ont été informés que la décision doit être prise d'ici la fin de cette année", a-t-il déclaré. Il avait indiqué auparavant que Kiev aurait un "gros problème" si les dirigeants européens ne parvenaient pas à un accord sur l'utilisation de ces avoirs pour financer l'Ukraine. En l'absence d'accord, Kiev sera à court d'argent dès le premier trimestre 2026.

 

 


Trump impose des restrictions d'entrée à sept autres pays et aux Palestiniens

Des personnes arrivent à l'aéroport international John F. Kennedy de New York, le 9 juin 2025. (AFP)
Des personnes arrivent à l'aéroport international John F. Kennedy de New York, le 9 juin 2025. (AFP)
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  • Donald Trump élargit les interdictions d’entrée aux États-Unis à sept pays supplémentaires, dont la Syrie, et inclut les Palestiniens munis de documents de l’Autorité palestinienne
  • La Maison Blanche invoque la sécurité nationale, tout en prévoyant des exceptions limitées, dans le cadre d’un durcissement général de la politique migratoire

WASHINGTON: Donald Trump a étendu mardi les interdictions d'entrée aux Etats-Unis aux ressortissants de sept pays, dont la Syrie, ainsi qu'aux Palestiniens.

Le président américain a signé une proclamation "restreignant et limitant davantage l'entrée des ressortissants étrangers afin de protéger la sécurité des Etats-Unis", a indiqué la Maison Blanche.

Les nouveaux pays concernés par cette mesure sont le Burkina Faso, le Niger, le Mali, le Soudan du Sud et la Syrie, tandis que le Laos et la Sierra Leone passent de restrictions partielles à totales.

Les Palestiniens disposant de documents de voyage émis par l'Autorité palestinienne sont également visés.

L'administration Trump avait déjà imposé des restrictions totales visant les ressortissants de douze pays et des dizaines d'autres pays se sont vus imposer des restrictions partielles.

S'agissant de la Syrie, la mesure intervient quelques jours après une attaque meurtrière contre des soldats américains dans le centre de ce pays.

L'administration Trump dit avoir identifié des pays où les vérifications sont "tellement insuffisantes qu'elles justifiaient une suspension totale ou partielle de l'admission des ressortissants de ces pays".

La proclamation prévoit cependant des exceptions pour les résidents permanents légaux, les titulaires de visas existants, certaines catégories de visas comme les athlètes et les diplomates, et les personnes dont "l'entrée sert les intérêts nationaux des Etats-Unis".

Depuis son retour au pouvoir en janvier, Donald Trump mène une vaste campagne contre l'immigration illégale et a considérablement durci les conditions d'entrée aux Etats-Unis et l'octroi de visas, arguant de la protection de la sécurité nationale.

Ces mesures visent ainsi à interdire l'entrée sur le territoire américain aux étrangers qui "ont l'intention de menacer" les Américains, selon la Maison Blanche.

De même, pour les étrangers qui "pourraient nuire à la culture, au gouvernement, aux institutions ou aux principes fondateurs" des Etats-Unis.

Le président américain s'en est récemment pris avec virulence aux Somaliens, disant qu'il "ne voulait pas d'eux chez nous".

En juin, il avait annoncé des interdictions d'entrée sur le territoire américain aux ressortissants de douze pays, principalement en Afrique et au Moyen-Orient (Afghanistan, Birmanie, Tchad, Congo-Brazzaville, Guinée équatoriale, Erythrée, Haïti, Iran, Libye, Somalie, Soudan, Yémen).

En revanche, le Turkménistan, pays qui figure parmi les plus reclus au monde, se voit accorder un satisfécit, la Maison Blanche évoquant mardi des "progrès significatifs" dans cet Etat d'Asie centrale.

Du coup, les ressortissants de ce pays pourront à nouveau obtenir des visas américains, mais uniquement en tant que non-immigrants.

Lors de son premier mandat (2017-2021), Donald Trump s'en était pris de façon similaire à certains pays, ciblant principalement des pays musulmans.