13-Novembre: Des témoignages de souffrance et d'humanité

"Je lui ai demandé à trois reprises : +Est-ce que tu es mort ?+. Il ne m'a jamais répondu. Je pense que si je n'ai pas réussi à lui demander s'il était en vie, c'est parce que je savais qu'il était déjà décédé" (Photo, AFP)
"Je lui ai demandé à trois reprises : +Est-ce que tu es mort ?+. Il ne m'a jamais répondu. Je pense que si je n'ai pas réussi à lui demander s'il était en vie, c'est parce que je savais qu'il était déjà décédé" (Photo, AFP)
Short Url
Publié le Samedi 02 octobre 2021

13-Novembre: Des témoignages de souffrance et d'humanité

  • «Rien ni personne ne pourra me faire oublier ce que j'ai vécu. Chaque jour, je m'efforce de vivre par respect pour ceux qui ne se sont pas relevés»
  • Un parent d’une victime s’adresse aux accusés : «Vous sortirez de l'Histoire, la France ne s'est pas divisée, elle tient»

PARIS : "Est-ce que tu es mort?"... La voix de Juliette s'étrangle dans un sanglot. Au procès des attentats du 13 novembre 2015 en France, les témoignages de proches des victimes et de rescapés de l'attaque d'un des bars visés ont bouleversé vendredi la cour d'assises.


Ces attentats, les plus sanglants jamais commis en France, ont fait 130 morts et plus de 350 blessés à Paris et à Saint-Denis, en banlieue.


Il faisait doux le soir du 13 novembre 2015, ont rappelé les témoins qui ont défilé à la barre, un temps idéal pour se retrouver en terrasse. Celle de La Belle Equipe, un bar au cœur du Paris populaire, réunissait ce soir là une soixantaine de personnes. On y fêtait deux anniversaires.


Juliette, 23 ans à l'époque, y venait pour la première fois pour y boire un verre avec Cédric, rencontré peu de temps auparavant sur un site de rencontre. "J'avais un rendez-vous avec un garçon", dit-elle.


Elle se souvient avoir insisté pour être placée en terrasse, pour fumer. Les deux jeunes gens viennent de commander quand Juliette se rappelle avoir été surprise "par des tirs de pétards".


Ce sont des tirs d'armes automatiques. "Mon bras a été touché par une balle, il a valsé", raconte-t-elle. "Sans comprendre ce qui se passait, j'ai voulu qu'on se cache, j'ai attrapé Cédric par la main".


Les balles fusent. Le jeune homme qu'elle ne connaissait pas vraiment tente de la protéger en faisant bouclier de son corps. "Il se fait fusiller à mes côtés", dit-elle en larmes. Un claquement de portière, une voiture qui redémarre, les assaillants filent.


"J'ai posé ma main délicatement sur le torse de Cédric. Je n'avais pas envie d'aggraver ses blessures. Je lui ai demandé à trois reprises : +Est-ce que tu es mort ?+. Il ne m'a jamais répondu. Je pense que si je n'ai pas réussi à lui demander s'il était en vie, c'est parce que je savais qu'il était déjà décédé", dit la jeune femme dans une salle d'audience muette et bouleversée.

«La fin de l'insouciance»

Comme d'autres témoins, Juliette évoquera "la fin de l'insouciance". "J'espère qu'un jour, je retrouverai la Juliette de 23 ans, qui était sur cette terrasse, insouciante et légère", dit-elle le visage rougi, la voix brisée.


Il y a aussi "la culpabilité" des survivants qui rongent la mémoire de plusieurs rescapés venus témoigner.


"Rien ni personne ne pourra me faire oublier ce que j'ai vécu", poursuit Juliette dont le visage a gardé des traces d'enfance. "Chaque jour, je m'efforce de vivre par respect pour ceux qui ne se sont pas relevés".


Avant elle, Chloé, "Parigote depuis trois générations", comme elle s'est fièrement présentée avec un solide accent populaire parisien, a raconté la mort de "son héros, son poto" Ludo.


Durement touchée au bras, elle doit d'être en vie à cet ami qui l'a plaquée au sol dès les premiers tirs. Le frère de Ludo est à la barre pour la soutenir, dans tous les sens du terme.


Après la fusillade, un "silence glaçant", puis "des cris et des gémissements de douleur". Ludo ne bouge plus. "Je suis entourée de cadavres (...) Les corps sont imbriqués les uns sur les autres". Chloé, Ludo et toute une bande de copains étaient à La Belle Equipe pour fêter l'anniversaire de Hodda qui décèdera de ses blessures à son arrivée à l'hôpital.


Tous les amis disparus revivront le temps d'un instant par la grâce d'un petit film diffusé dans la salle de la cour d'assises. Des images d'une autre fête d'anniversaire filmée quelques jours plus tôt, emplies de joie et d'innocence.


Dans le box, les accusés ne bronchent pas. Roman, le compagnon d'une jeune femme grièvement blessée dans la fusillade, parle du "dédain et du mépris" que les accusés lui inspirent. Il dénonce leurs "inepties tout droit sortie du +Terrorisme pour les Nuls+".


"Vous sortirez de l'Histoire", leur prédit-il. "La France ne s'est pas divisée, elle tient".


Le pays est la cible depuis 2015 d'une série d'attaques jihadistes qui a fait plus de 260 morts.


Le procès, la plus grande audience criminelle jamais organisée en France, reprendra mardi avec de nouveaux témoignages.


Metz: un forcené tué par balles, un policier touché à la main

Un homme "menaçant", détenteur de plusieurs armes à feu, a succombé à des blessures par balles lundi à Metz après un échange de coups de feu avec la police, tandis qu'un agent a été blessé, a annoncé le parquet. (AFP)
Un homme "menaçant", détenteur de plusieurs armes à feu, a succombé à des blessures par balles lundi à Metz après un échange de coups de feu avec la police, tandis qu'un agent a été blessé, a annoncé le parquet. (AFP)
Short Url
  • Alors que les forces de l'ordre interviennent, "l'homme est retranché chez lui et refuse de se rendre à la police", a poursuivi M. Grosdidier
  • Un peu avant 3H00, l'homme, installé au premier étage, "faisait feu depuis sa fenêtre sur la patrouille située dans la rue", a indiqué dans un communiqué le procureur de la République adjoint de Metz, Thomas Bernard

STRASBOURG: Un homme "menaçant", détenteur de plusieurs armes à feu, a succombé à des blessures par balles lundi à Metz après un échange de coups de feu avec la police, tandis qu'un agent a été blessé, a annoncé le parquet.

Les faits ont commencé dimanche soir dans une rue très passante de la vieille ville de Metz. "Vers 22h00, un individu menace depuis sa fenêtre, avec une arme à canon long, un passant", a rapporté le maire François Grosdidier sur sa page Facebook.

Alors que les forces de l'ordre interviennent, "l'homme est retranché chez lui et refuse de se rendre à la police", a poursuivi M. Grosdidier.

Un peu avant 3H00, l'homme, installé au premier étage, "faisait feu depuis sa fenêtre sur la patrouille située dans la rue", a indiqué dans un communiqué le procureur de la République adjoint de Metz, Thomas Bernard.

"Il sortait alors de son studio, tenant dans chaque main un revolver, et faisait feu sur les policiers présents dans le couloir", a-t-il ajouté. "Un policier était blessé à une main, tandis qu'un de ses collègues tirait à trois reprises, touchant l'individu à l'abdomen et au bras".

L'homme de 56 ans a été hospitalisé mais est décédé lundi matin. "Son casier judiciaire porte trace de neuf condamnations", selon M. Bernard.

Le policier blessé a également été hospitalisé.

L'homme détenait "plusieurs armes, de poing et d'épaule, dans son appartement", selon le maire qui a salué l'intervention des forces de l'ordre.


Tourisme en France : entre recherche de soleil, contraintes budgétaires et destinations alternatives

Cette photo prise le 22 mars 2024 montre un bateau navette naviguant sur la Garonne alors que l'église Saint-Louis-des-Chartrons (à gauche) surplombe les quais de Bordeaux, dans le sud-ouest de la France. Bordeaux accueillera certains des tournois de football des Jeux olympiques de Paris 2024 l'été prochain. (AFP)
Cette photo prise le 22 mars 2024 montre un bateau navette naviguant sur la Garonne alors que l'église Saint-Louis-des-Chartrons (à gauche) surplombe les quais de Bordeaux, dans le sud-ouest de la France. Bordeaux accueillera certains des tournois de football des Jeux olympiques de Paris 2024 l'été prochain. (AFP)
Short Url
  • les Français semblent partager la même priorité : partir en vacances sans trop grever leur budget.
  • L’ensoleillement demeure un facteur clé dans les choix de destination. Les zones méditerranéennes continuent de séduire, au détriment des régions plus tempérées

RIYAD : Alors que l'été 2025 se profile, les Français semblent partager la même priorité : partir en vacances sans trop grever leur budget. Si 61 % d’entre eux envisagent de prendre quelques jours de congé, selon un sondage OpinionWay pour Liligo, leur comportement de consommation évolue. Pour la première fois en cinq ans, le budget moyen baisse de 74 euros par personne.

L’ensoleillement demeure un facteur clé dans les choix de destination. Les zones méditerranéennes continuent de séduire, au détriment des régions plus tempérées comme la Bretagne, la Normandie ou le nord de la France. Cette tendance s’explique notamment par deux étés précédents jugés peu cléments sur le plan météorologique, ce qui dissuade certains vacanciers de s'y rendre à nouveau.

Dans les établissements touristiques du Grand Ouest, les professionnels constatent un recul des séjours d'une semaine, compensé par une légère hausse des courts séjours (2 à 6 nuits). Les réservations de dernière minute restent fréquentes et très dépendantes des prévisions météorologiques du dimanche soir.

Confrontés à une inflation persistante et à des inquiétudes concernant leur pouvoir d’achat, les Français adaptent leurs comportements. Ils réduisent leurs dépenses dans les restaurants, les commerces ou les activités annexes, et sont plus prudents dans la planification de leurs séjours. Les formules « tout compris », jugées plus économiques et prévisibles, rencontrent un succès croissant.

Selon le cabinet Pro tourisme, les prix des hébergements touristiques ont grimpé de 27 % en quatre ans. Dans ce contexte, les territoires proposant des tarifs plus accessibles, comme l’intérieur des terres ou les destinations proches des grandes agglomérations comme l’Eure, la Vienne, l’Ain ou l’Oise, enregistrent une forte progression des recherches, parfois jusqu’à +150 %.

Si les littoraux restent prisés, un rééquilibrage s’opère en faveur des zones rurales et périurbaines. Ces destinations sont non seulement plus abordables, puisque les locations y sont en moyenne 20 à 30 % moins chères que sur la côte, mais elles offrent également un cadre de vie plus agréable.

Ces destinations répondent à une demande croissante de nature, de tranquillité et d’authenticité. La France rurale, longtemps en retrait, bénéficie désormais d’une attractivité renouvelée. Un phénomène accentué par l’essor du télétravail, le besoin de déconnexion et la quête d’expériences plus simples. L’arrière-pays n’est plus perçu comme une alternative de repli, mais comme un véritable choix de qualité.

Sur le plan international, la France reste solidement installée comme première destination mondiale avec 100 millions de touristes étrangers en 2024, devant l’Espagne. Les métropoles touristiques qui accueillent une clientèle étrangère à fort pouvoir d’achat, comme Paris, Cannes, Nice ou les régions viticoles, affichent des perspectives encourageantes.

Les analystes estiment que les Jeux Olympiques 2024 ont amplifié la visibilité de la France sur la scène mondiale, générant un regain d’intérêt pour la capitale et ses alentours. À Paris, la fréquentation touristique devrait rester élevée en 2025 grâce à l’effet post-événementiel.

Entre contraintes économiques, recherche d’ensoleillement et désir de proximité, le tourisme en France est en pleine mutation. Les professionnels s’adaptent à une clientèle plus exigeante, plus mobile et surtout plus attentive à l’équilibre entre plaisir et dépenses. Le paysage touristique français, longtemps polarisé entre le littoral et la montagne, s’enrichit désormais d’une diversité de choix stratégiques, économiques et culturels.


Dix passeurs présumés jugés pour un naufrage meurtrier dans la Manche

Une femme passe devant les restes d'un bateau de contrebande endommagé sur la plage de Bleriot à Sangatte, près de Calais, dans le nord de la France, le 11 juin 2025. (AFP)
Une femme passe devant les restes d'un bateau de contrebande endommagé sur la plage de Bleriot à Sangatte, près de Calais, dans le nord de la France, le 11 juin 2025. (AFP)
Short Url
  • Trente-neuf migrants, dont huit mineurs, avaient pu être sauvés, mais quatre avaient été retrouvé morts et quatre autres n'ont jamais été retrouvés
  • La même nuit, sept autres départs d'embarcations clandestines avaient été dénombrés dans la Manche

LILLE: Dix hommes, dont huit Afghans, sont jugés à partir de lundi à Lille pour leur rôle présumé de passeurs dans le naufrage d'une embarcation clandestine qui avait fait quatre morts et quatre disparus dans la Manche en décembre 2022.

Parti entre 1H00 et 1H30 du matin dans la nuit du 13 au 14 décembre 2022, le canot, qui transportait en majorité des migrants afghans, avait fait naufrage à quelques kilomètres des côtes anglaises.

Trente-neuf migrants, dont huit mineurs, avaient pu être sauvés, mais quatre avaient été retrouvé morts et quatre autres n'ont jamais été retrouvés.

La même nuit, sept autres départs d'embarcations clandestines avaient été dénombrés dans la Manche.

Selon les éléments de l'enquête, alors que les migrants gonflaient le bateau avant le départ, plusieurs ont entendu une détonation, synonyme selon eux de crevaison. Les passeurs leur ont dit de ne pas s'en faire et qu'il s'agissait du seul bateau disponible pour eux.

D'après les témoignages des rescapés, il n'y avait pas assez de gilets de sauvetage pour tout le monde et aucune des personnes décédées n'en portait un. La température était glaciale et la mer très agitée.

Après une ou deux heures de traversée, un boudin a commencé à se dégonfler et l'eau à entrer dans l'embarcation, jusqu'à atteindre les genoux des passagers. Paniqués, ils se sont mis debout pour tenter de faire signe à un bateau. Mais le fond du canot, peu solide, a ployé sous leur poids et celui de l'eau, et tous se sont retrouvés à l'eau.

Neuf des prévenus sont jugés, jusqu'à vendredi, pour homicide involontaire par violation d'une obligation de sécurité, deux d'entre eux le sont pour blanchiment, tous pour aide au séjour irrégulier. Huit sont afghans, un syrien, un irakien.

Certains des prévenus sont soupçonnés d'avoir recruté des passeurs et assuré la logistique auprès des passagers, d'autres d'avoir géré l'organisation sur le camp de migrants de Loon-Plage (Nord), où vivaient les migrants avant leur tentative de traversée, toujours selon les éléments de l'enquête. D'autres encore sont jugés pour s'être occupés du transport des migrants vers la plage et de la mise à l'eau du canot, et deux pour avoir collecté une partie des paiements.

Le mineur sénégalais qui pilotait le canot est, lui, inculpé dans le cadre d'une procédure au Royaume-Uni.

Apparu en 2018, le phénomène des traversées de la Manche en petites embarcations est à l'origine de nombreux naufrages, le plus meurtrier ayant coûté la vie à 27 personnes en novembre 2021.

Depuis le début de l'année, au moins 15 migrants sont morts dans la Manche, bras de mer parmi les plus fréquentés du monde et où les conditions météorologiques sont souvent difficiles, selon un décompte de l'AFP à partir de chiffres officiels. En 2024, 78 étaient morts ainsi, un record.