Pétrole: l'Opep+ aux prises avec le cadeau empoisonné des cours hauts

Une photo prise le 19 mai 2019, montre les membres du groupe OPEP+ posant pour une photo à la suite de la réunion dans la ville saoudienne de Djeddah. (Photo, AFP)
Une photo prise le 19 mai 2019, montre les membres du groupe OPEP+ posant pour une photo à la suite de la réunion dans la ville saoudienne de Djeddah. (Photo, AFP)
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Publié le Lundi 04 octobre 2021

Pétrole: l'Opep+ aux prises avec le cadeau empoisonné des cours hauts

  • Un pétrole cher alimente l'inflation et menace la reprise d'économies à la convalescence fragile, un risque sérieux pour la demande de pétrole à moyen terme
  • Dans une récente étude, les analystes de Morgan Stanley jugent que le seuil de 80 dollars le baril marque l'entrée dans une zone de «destruction de la demande»

LONDRES : Les membres de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) et leurs alliés ont rendez-vous lundi pour statuer sur une possible ouverture plus large que prévu du robinet d'or noir afin de calmer la surchauffe des prix.

Le sommet des vingt-trois producteurs de l'alliance Opep+, emmenée par l'Arabie saoudite et la Russie, doit débuter à 13H00 GMT (15H00 à Paris et à Vienne, siège du cartel) par visioconférence. Une réunion technique réunissant également les ministres est prévue une heure avant.

Si le diagnostic a peu bougé depuis leur dernière réunion début septembre - une demande solide face à une offre contrainte -, le pic du prix du baril de Brent mardi dernier à plus de 80 dollars, une première depuis près de trois ans, met les producteurs dans l'embarras.

Bien que tentant pour leurs finances, un pétrole cher alimente l'inflation et menace la reprise d'économies à la convalescence fragile, un risque sérieux pour la demande de pétrole à moyen terme.

Et ce n'est pas là le seul effet contre-productif pour les producteurs: des cours élevés attirent sur le marché de nouveaux concurrents aux gisements devenus soudain rentables et encouragent les acheteurs à se tourner vers d'autres sources d'énergies, pourquoi pas plus propres.

Revoir le calendrier?

Dans une récente étude, les analystes de Morgan Stanley jugent que le seuil de 80 dollars le baril marque l'entrée dans une zone de "destruction de la demande".

Le ministre irakien du pétrole Ihssan Ismaïl, cité par l'agence de presse étatique, a évoqué en septembre un objectif de prix autour de 70 dollars. Or dans la situation actuelle, Goldman Sachs voit plutôt le Brent s'envoler vers 90 dollars d'ici la fin de l'année.

C'est pourquoi le cartel, qui a jusqu'à présent opté pour une prudente hausse de la production globale de 400.000 barils par jour, pourrait être tenté d'ouvrir plus largement les vannes.

Les producteurs de l'Opep+ laissent encore quotidiennement près de 5 millions de barils de brut sous terre.

C'était en tout cas l'appel du pied de l'administration de Joe Biden dès le mois d'août, lorsque son conseiller à la Sécurité nationale Jake Sullivan avait expliqué que l'alliance n'en faisait "pas assez".

Helima Croft, analyste chez RBC, voit "la pression de Washington s'intensifier" pour libérer davantage de barils du sol.

"Avec l'Europe et la Chine en proie à une crise énergétique, les chances que le groupe de producteurs revienne sur son calendrier initial augmentent", reprend-elle.

Vouloir et pouvoir

A l'approche du sommet, le secrétaire général de l'Opep, Mohammed Barkindo, a jugé la stratégie actuelle pertinente: elle contribue à "répondre à l'augmentation progressive de la demande" sans verser dans une "surcharge de l'offre".

Il a dans le même temps précisé que la politique de l'Opep+ "a contribué à éliminer l'excès de stocks du marché", laissant donc entendre que l'objectif était atteint et qu'une nouvelle phase pouvait potentiellement s'ouvrir.

Mais même s'ils le voulaient, sont-ils tous capables d'augmenter la cadence?

Le Nigeria, l'Angola ou encore la Libye "continuent de faire face à leurs éternels problèmes d'infrastructure, d'investissements et de sécurité", pointe Mme Croft.

"Les retards dans les travaux de maintenance et le manque d'investissements, en partie dus à la crise sanitaire et en partie à la transition des combustibles fossiles vers les énergies renouvelables", pèsent sur la production de certains membres, renchérit Tamas Varga, de PVM.


Les pays riches doivent 500 milliards de dollars par an de dette morale aux pays pauvres, affirme Esther Duflo

L'économiste franco-américaine et co-lauréate du prix Nobel 2019 de sciences économiques, Esther Duflo, pose lors d'une séance photo à Paris le 20 juin 2023. (Photo, AFP)
L'économiste franco-américaine et co-lauréate du prix Nobel 2019 de sciences économiques, Esther Duflo, pose lors d'une séance photo à Paris le 20 juin 2023. (Photo, AFP)
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  • Les pays du G7 (Allemagne, Canada, Etats-Unis, France, Italie, Japon, Royaume-Uni), soit 10% de la population de la planète, émettent environ 25% du CO2 lié au système énergétique mondial
  • Esther Duflo se base sur les travaux de l'économiste américain Michael Greenstone qui, en partant d'une valeur monétaire donnée pour une année de vie et de l'effet du réchauffement climatique sur l'augmentation de la mortalité, évalue à 37 dollars le coût

PARIS: Les pays riches doivent 500 milliards de dollars par an de "dette morale" aux pays pauvres, évalue la prix Nobel d'économie Esther Duflo, qui propose de faire assumer aux pays développés la responsabilité du réchauffement climatique à travers deux taxes.

"C'est ce que j'appelle une dette morale. Ce n'est pas ce que cela coûterait de s'adapter; ce n'est pas ce que cela coûterait d'atténuer. C'est ce que nous devons", a détaillé l'économiste dans un entretien au Financial Times lundi, se basant surtout sur l'effet du réchauffement climatique sur la mortalité dans les pays pauvres.

"Il y aura des dégâts énormes", poursuit Mme Duflo qui se base une étude menée par le Global Impact Lab en 2020 ayant montré que le nombre de décès liés à la chaleur risquait de bondir dans les pays pauvres d'ici à la fin du siècle.

"Ces dégâts seront concentrés dans les pays pauvres en dehors de l'OCDE", ajoute-t-elle, pointant la responsabilité des pays riches sur le changement climatique.

Les pays du G7 (Allemagne, Canada, Etats-Unis, France, Italie, Japon, Royaume-Uni), soit 10% de la population de la planète, émettent environ 25% du CO2 lié au système énergétique mondial, selon l'AIE.

Esther Duflo se base sur les travaux de l'économiste américain Michael Greenstone qui, en partant d'une valeur monétaire donnée pour une année de vie et de l'effet du réchauffement climatique sur l'augmentation de la mortalité, évalue à 37 dollars le coût d'une tonne de carbone. Multiplié par la quantité d'émissions annuelles attribuables à l'Europe et aux Etats-Unis, 14 milliards de tonnes de CO2 équivalent, le prix de la "dette morale" monte alors à 518 milliards, soutient Mme Duflo.

Pour la financer, elle propose d'augmenter le taux minimal d'imposition des multinationales et de taxer les grandes fortunes, deux mécanismes qui permettraient selon elle de couvrir l'enveloppe annuelle.

L'aide financière climatique due par les pays riches aux pays en développement est fixée actuellement à 100 milliards de dollars par an. La COP29, en novembre à Bakou, doit établir le nouveau montant au-delà de 2025.

Le futur objectif, crucial pour renouer la confiance entre le Nord et le Sud, restera quoi qu'il arrive très en-deçà des besoins: les pays en développement (hors Chine) ont besoin de 2.400 milliards de dollars par an d'ici 2030 pour financer leur transition et s'adapter au changement climatique, selon un calcul d'experts de l'ONU.

En parallèle, de multiples pistes sont au coeur des négociations internationales pour trouver comment combler l'écart, parmi lesquelles l'allègement de la dette des pays pauvres ou des innovations financières via de nouvelles taxes internationales.

 

 


L'Asie paye le prix fort aux aléas climatiques

Des habitants traversent les eaux de crue après avoir été évacués d’une zone inondée suite à de fortes pluies dans la ville de Qingyuan, dans la province méridionale du Guangdong en Chine. (AFP)
Des habitants traversent les eaux de crue après avoir été évacués d’une zone inondée suite à de fortes pluies dans la ville de Qingyuan, dans la province méridionale du Guangdong en Chine. (AFP)
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  • L'année 2023 a été la plus chaude jamais enregistrée dans le monde. Et en Asie l'impact des vagues de chaleur devient de plus en plus sévère
  • L'Asie se réchauffe plus rapidement que la moyenne mondiale, avec des températures l'année dernière de près de deux degrés Celsius supérieures à la moyenne de 1961 à 1990

GENEVE: L'Asie a été "la région du monde la plus touchée par les catastrophes" liées à la météo en 2023, inondations et tempêtes ayant fait le plus de victimes et de pertes économiques, indique l'ONU mardi.

"Le changement climatique a exacerbé la fréquence et la gravité de tels événements, impactant profondément les sociétés, les économies et, plus important encore, les vies humaines et l'environnement dans lequel nous vivons", a déclaré Celeste Saulo, directrice de l'Organisation mondiale de la météorologie (OMM) dans un communiqué.

L'année 2023 a été la plus chaude jamais enregistrée dans le monde. Et en Asie l'impact des vagues de chaleur devient de plus en plus sévère, souligne l'OMM, ajoutant que la fonte des glaciers -notamment dans la chaîne de l'Himalaya- menace la sécurité hydrique de la région.

En outre, l'Asie se réchauffe plus rapidement que la moyenne mondiale, avec des températures l'année dernière de près de deux degrés Celsius supérieures à la moyenne de 1961 à 1990.

"Les conclusions du rapport donnent à réfléchir", a déclaré la cheffe de l'OMM.

"De nombreux pays de la région ont connu en 2023 leur année la plus chaude jamais enregistrée, accompagnée d'une série de conditions extrêmes, allant des sécheresses et des vagues de chaleur aux inondations et aux tempêtes", souligne le rapport.

Le rapport sur l'état du climat en Asie 2023 souligne l'accélération du rythme des principaux indicateurs du changement climatique tels que la température de surface, le retrait des glaciers et l'élévation du niveau de la mer, affirmant qu'ils auraient de graves répercussions sur les sociétés, les économies et les écosystèmes de la région.


Alistithmar Capital et Ezdihar Real Estate s'associent pour lancer un fonds de développement immobilier de 293 millions de dollars

Khalid bin Abdulaziz Al-Rayes , PDG d'Investment Capital, et Abdul Mohsen bin Fawaz Al Hokair, PDG d'Izdihar Real Estate Development Co. (Fournie)
Khalid bin Abdulaziz Al-Rayes , PDG d'Investment Capital, et Abdul Mohsen bin Fawaz Al Hokair, PDG d'Izdihar Real Estate Development Co. (Fournie)
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  • 'objectif est de stimuler la croissance du capital des investisseurs immobiliers
  • e partenariat avec Ezdihar vise à poursuivre des objectifs communs dans le domaine de l'immobilier et à offrir aux investisseurs des opportunités adaptées à leurs objectifs

RIYADH : La société saoudienne Alistithmar Capital s'associe à Ezdihar Real Estate Development Co pour créer un fonds immobilier de 1,1 milliard de SR (293 millions de dollars), ce qui profitera au paysage commercial et de bureaux de Riyad.

Dans un communiqué, Alistithmar Capital, la filiale d'investissement de la Saudi Investment Bank, a annoncé que l'objectif est de stimuler la croissance du capital des investisseurs en obtenant des droits d'usufruit sur une parcelle de 103 000 m² dans les locaux de l'Université du Roi Saoud sur la route Prince Turki Al-Awwal à Riyad, afin de développer le terrain en un complexe de bureaux commerciaux générant des revenus.

Le PDG de la société, Khalid Al-Rayes, a déclaré que le partenariat avec Ezdihar vise à poursuivre des objectifs communs dans le domaine de l'immobilier et à offrir aux investisseurs des opportunités adaptées à leurs objectifs et à l'évolution du paysage immobilier.

Il a ajouté que son organisation se consacre à offrir des perspectives d'investissement de haute qualité aux investisseurs immobiliers grâce à des fonds méticuleusement structurés et adaptés aux exigences de chaque projet. Cette approche garantit des avantages maximaux et des retours sur investissement optimaux.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com