Eric Zemmour, ce polémiste à droite de la droite qui secoue la politique française

D'après le sondage Harris Interactive, le polémiste perdrait largement face au président sortant s'il parvenait au second tour en avril prochain. (Photo, AFP)
D'après le sondage Harris Interactive, le polémiste perdrait largement face au président sortant s'il parvenait au second tour en avril prochain. (Photo, AFP)
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Publié le Jeudi 07 octobre 2021

Eric Zemmour, ce polémiste à droite de la droite qui secoue la politique française

  • Il séduit un tiers des électeurs de l'ancien candidat de la droite François Fillon et un tiers de ceux de Marine Le Pen à la présidentielle de 2017, selon un sondage
  • Le Rassemblement national de Marine Le Pen, qui le ménageait quand il était bas dans les sondages, est récemment passé à l'offensive

PARIS : Ses déclarations controversées le placent parfois à droite de l'extrême droite traditionnelle française. Et son étoile ne cesse de monter. Le polémiste Eric Zemmour tutoie les sommets dans les sondages.

Pour la première fois, une enquête d'opinion l'a donné mercredi qualifié au second tour de l'élection présidentielle de 2022, avec 17 à 18% des votes, derrière le président Emmanuel Macron (24 à 27%).

La cheffe de file du Rassemblement National et fille de l'ancien héraut de l'extrême droite Jean-Marie Le Pen, n'obtiendrait, elle, que 15 à 16% des suffrages et serait éliminée de la finale qu'elle avait disputée en 2017.

"Jamais un candidat n’a connu en si peu de temps, dans des mesures d'intentions de vote, une évolution telle que celle que connaît Eric Zemmour", commente Antoine Gautier, chargé d'études chez Harris Interactive, l'institut auteur du sondage, même si M. Zemmour n'est pas officiellement déclaré candidat.

Début septembre, lorsque cette éventualité avait été testée dans un premier sondage, il n'avait recueilli que 7% des intentions de vote. Mais le sulfureux polémiste, condamné à deux reprises pour provocation à la haine raciale, a fortement progressé, à mesure qu'il saturait l'espace médiatique, déroulant sa réthorique contre l'immigration.

«Trump, mais plus intello»

"Les Français se sentent colonisés", a-t-il lancé fin septembre dans un débat face à Jean-Luc Mélenchon, le candidat de l'extrême-gauche.

Les "élites françaises" ont "fait la folie criminelle de laisser venir des millions et des millions d'immigrés de la civilisation arabo-musulmane", a-t-il poursuivi.

Zemmour, "c'est un (Donald) Trump, mais plus intello", estime Philippe Corcuff, professeur de sciences politiques à l'Institut d'études politiques de Lyon. Le polémiste et l'ex-président américain "sont assez proches dans les discours", mais le Français est "une figure plus intellectuelle", poursuit-il.

Agé de 63 ans, cet homme fluet au regard vert perçant, issu d'une famille juive algérienne modeste, démarre sa carrière comme journaliste politique. 

Marié et père de trois enfants, il se révèle au grand public dans des émissions "d'infotainment" à la télévision et voit sa popularité exploser lorsque CNews, parfois qualifiée de "Foxnews française", l'engage en 2019. La collaboration s'arrêtera finalement mi-septembre.

"Eric Zemmour est raciste, négationniste", affirmait mardi le ministre de la Justice français, Eric Dupond-Moretti, dénoncant "l'ultra médiatisation dont il bénéficie".

«Candidat chamboule-tout»

Un engouement qui perturbe tous les pronostics à droite car il séduit un tiers des électeurs de l'ancien candidat de la droite François Fillon et un tiers de ceux de Marine Le Pen à la présidentielle de 2017, selon le sondage de Harris Interactive.

"Il est beaucoup plus à l'extrême-droite que Marine Le Pen, mais il est plus respectable à droite", estime Philippe Corcuff.

Eric Zemmour, également chroniqueur au Figaro, le quotidien conservateur français de référence, "joue sur le fait que la droite (traditionnelle) n’a jamais résolu une contradiction" en son sein, entre son aile centriste et celle des plus "durs", qu'il "est là pour siphonner", remarque le politologue Jean-Yves Camus.

Ce "candidat chamboule-tout", qui "espère aussi prendre des voix aux abstentionnistes qui le voient comme un candidat hors système", selon M. Camus, doit toutefois bientôt se déclarer candidat, et donc réunir les parrainages de 500 élus.

"Tout le discours de Zemmour, c’est de faire l’union de la droite et l’extrême droite", analyse l'eurodéputé proche du parti socialiste Raphaël Glucksmann.

Le Rassemblement national de Marine Le Pen, qui le ménageait quand il était bas dans les sondages, est récemment passé à l'offensive. 

Sur l'immigration, "à part une forme de brutalité, qu'apporte-t-il de plus en termes de solutions ?", a déclaré la cheffe du parti qui était quasiment assurée de passer au deuxième tour jusqu'à l'irruption du phénomène Zemmour.

Plusieurs responsables des Républicains (droite) sont également montés au front contre le polémiste. 

"La France n'a rien à voir avec le pétainisme (l'idéologie du régime collaborationniste, paternaliste et antisémite du maréchal Philippe Pétain sous l'occupation allemande de 1940 à 1944) ou l'extrême droite", a raillé le député Damien Abad, pour qui "les Français ont droit à un débat éclairé pour comprendre ce qui différencie la droite républicaine d'Eric Zemmour".

D'après le sondage Harris Interactive, le polémiste perdrait toutefois largement face au président sortant (45% contre 55%) s'il parvenait au second tour en avril prochain. 


Dix passeurs présumés jugés pour un naufrage meurtrier dans la Manche

Une femme passe devant les restes d'un bateau de contrebande endommagé sur la plage de Bleriot à Sangatte, près de Calais, dans le nord de la France, le 11 juin 2025. (AFP)
Une femme passe devant les restes d'un bateau de contrebande endommagé sur la plage de Bleriot à Sangatte, près de Calais, dans le nord de la France, le 11 juin 2025. (AFP)
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  • Trente-neuf migrants, dont huit mineurs, avaient pu être sauvés, mais quatre avaient été retrouvé morts et quatre autres n'ont jamais été retrouvés
  • La même nuit, sept autres départs d'embarcations clandestines avaient été dénombrés dans la Manche

LILLE: Dix hommes, dont huit Afghans, sont jugés à partir de lundi à Lille pour leur rôle présumé de passeurs dans le naufrage d'une embarcation clandestine qui avait fait quatre morts et quatre disparus dans la Manche en décembre 2022.

Parti entre 1H00 et 1H30 du matin dans la nuit du 13 au 14 décembre 2022, le canot, qui transportait en majorité des migrants afghans, avait fait naufrage à quelques kilomètres des côtes anglaises.

Trente-neuf migrants, dont huit mineurs, avaient pu être sauvés, mais quatre avaient été retrouvé morts et quatre autres n'ont jamais été retrouvés.

La même nuit, sept autres départs d'embarcations clandestines avaient été dénombrés dans la Manche.

Selon les éléments de l'enquête, alors que les migrants gonflaient le bateau avant le départ, plusieurs ont entendu une détonation, synonyme selon eux de crevaison. Les passeurs leur ont dit de ne pas s'en faire et qu'il s'agissait du seul bateau disponible pour eux.

D'après les témoignages des rescapés, il n'y avait pas assez de gilets de sauvetage pour tout le monde et aucune des personnes décédées n'en portait un. La température était glaciale et la mer très agitée.

Après une ou deux heures de traversée, un boudin a commencé à se dégonfler et l'eau à entrer dans l'embarcation, jusqu'à atteindre les genoux des passagers. Paniqués, ils se sont mis debout pour tenter de faire signe à un bateau. Mais le fond du canot, peu solide, a ployé sous leur poids et celui de l'eau, et tous se sont retrouvés à l'eau.

Neuf des prévenus sont jugés, jusqu'à vendredi, pour homicide involontaire par violation d'une obligation de sécurité, deux d'entre eux le sont pour blanchiment, tous pour aide au séjour irrégulier. Huit sont afghans, un syrien, un irakien.

Certains des prévenus sont soupçonnés d'avoir recruté des passeurs et assuré la logistique auprès des passagers, d'autres d'avoir géré l'organisation sur le camp de migrants de Loon-Plage (Nord), où vivaient les migrants avant leur tentative de traversée, toujours selon les éléments de l'enquête. D'autres encore sont jugés pour s'être occupés du transport des migrants vers la plage et de la mise à l'eau du canot, et deux pour avoir collecté une partie des paiements.

Le mineur sénégalais qui pilotait le canot est, lui, inculpé dans le cadre d'une procédure au Royaume-Uni.

Apparu en 2018, le phénomène des traversées de la Manche en petites embarcations est à l'origine de nombreux naufrages, le plus meurtrier ayant coûté la vie à 27 personnes en novembre 2021.

Depuis le début de l'année, au moins 15 migrants sont morts dans la Manche, bras de mer parmi les plus fréquentés du monde et où les conditions météorologiques sont souvent difficiles, selon un décompte de l'AFP à partir de chiffres officiels. En 2024, 78 étaient morts ainsi, un record.


Légion d'honneur, Sarkozy « prend acte », rappelant que la CEDH doit encore examiner son recours

La Cour d'appel a confirmé l'année dernière la condamnation de l'ancien président français Nicolas Sarkozy pour avoir tenté illégalement d'obtenir des faveurs d'un juge et lui a ordonné de porter un bracelet électronique à la cheville au lieu de purger une peine d'un an de prison. (Photo d'archive AFP)
La Cour d'appel a confirmé l'année dernière la condamnation de l'ancien président français Nicolas Sarkozy pour avoir tenté illégalement d'obtenir des faveurs d'un juge et lui a ordonné de porter un bracelet électronique à la cheville au lieu de purger une peine d'un an de prison. (Photo d'archive AFP)
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  • L'ex-président (2007-2012) a rappelé que son recours devant la CEDH « est toujours pendant ». Il l'avait déposé après sa condamnation devenue définitive en décembre, à un an de prison ferme pour corruption dans l'affaire des écoutes. 
  • Nicolas Sarkozy, déjà exclu de l'ordre national du Mérite, est ainsi devenu le deuxième chef de l'État français privé de cette distinction, après le maréchal Pétain.

PARIS : L'ancien président Nicolas Sarkozy a « pris acte » dimanche de son exclusion de la Légion d'honneur et rappelle que la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH) doit encore se prononcer sur son recours dans l'affaire des écoutes, a indiqué son avocat Patrice Spinosi dans une déclaration transmise à l'AFP.

« Nicolas Sarkozy prend acte de la décision prise par le grand chancelier. Il n’a jamais fait de cette question une affaire personnelle », a affirmé Patrice Spinosi, soulignant que si l'ancien chef de l'État « a fait valoir des arguments juridiques, c’était au nom de la fonction même de président de la République ».

L'ex-président (2007-2012) a rappelé que son recours devant la CEDH « est toujours pendant ». Il l'avait déposé après sa condamnation devenue définitive en décembre, à un an de prison ferme pour corruption dans l'affaire des écoutes. 

« La condamnation de la France (par la CEDH) impliquera la révision de la condamnation pénale prononcée à l'encontre de Nicolas Sarkozy, en même temps que l’exclusion de l’ordre de la Légion d’Honneur ; l’une n’étant que la conséquence de l’autre », a assuré Patrice Spinosi.

Nicolas Sarkozy, déjà exclu de l'ordre national du Mérite, est ainsi devenu le deuxième chef de l'État français privé de cette distinction, après le maréchal Pétain, à qui la Légion d'honneur avait été retirée en 1945 pour haute trahison et intelligence avec l'ennemi.

« Ce lien avec le maréchal Pétain est indigne », a déclaré la porte-parole du gouvernement Sophie Primas (LR), prenant « acte » elle aussi de cette décision « automatique qui fait partie du code de la Légion d’Honneur ».

« Le président Sarkozy a été là pour la France à des moments extrêmement compliqués », a-t-elle déclaré, se disant « un peu réservée non pas sur la règle, mais sur ce qu’elle entraîne comme comparaison ».

« C'est une règle, mais c'est aussi une honte », a déploré sur franceinfo Othman Nasrou, le nouveau secrétaire général de LR et proche de Bruno Retailleau, apportant son « soutien et son respect » à l'ex-président.

À gauche, le député écologiste Benjamin Lucas s'est félicité de la décision, appelant sur X à ce que « la République prive de ses privilèges et de son influence institutionnelle celui qui a déshonoré sa fonction et trahi le serment sacré qui lie le peuple à ses élus, celui de la probité ».


Echanges de frappes entre Israël et l'Iran : la France renforce la vigilance sur son territoire

 Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau  (Photo AFP)
Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau (Photo AFP)
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  • « Il convient de porter une vigilance particulière à l'ensemble des sites qui pourraient être ciblés par des actes de terrorisme ou de malveillance de la part d'une puissance étrangère », a-t-il indiqué dans un télégramme
  • Le ministre a appelé à la mobilisation des services de renseignements, des forces de sécurité intérieure, des polices municipales et des élus locaux, ainsi que du dispositif Sentinelle.

PARIS : Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau a appelé les préfets à renforcer la vigilance sur le territoire national. Il a notamment demandé de cibler les lieux de culte, les rassemblements festifs et les intérêts israéliens et américains. Cette demande a été transmise par télégramme. Elle a été envoyée vendredi. Cela fait suite à l'attaque israélienne en Iran.

« Il convient de porter une vigilance particulière à l'ensemble des sites qui pourraient être ciblés par des actes de terrorisme ou de malveillance de la part d'une puissance étrangère », a-t-il indiqué dans un télégramme consulté par l'AFP, alors qu'Israël et l'Iran poursuivaient leurs échanges de frappes meurtrières.

Les hostilités ont été déclenchées par une attaque israélienne massive contre des sites militaires et nucléaires iraniens, à laquelle Téhéran riposte avec des missiles balistiques. 

Dans ce contexte, M. Retailleau demande aux préfets de porter « une attention particulière » à la sécurité des lieux de culte, des établissements scolaires, des établissements publics et institutionnels, ainsi que des sites à forte affluence, notamment au moment des entrées et des sorties, et ce, incluant les « rassemblements festifs, culturels ou cultuels ».

Ces mesures de protection renforcée s'appliquent également aux « intérêts israéliens et américains ainsi qu'aux établissements de la communauté juive ».

Le ministre a appelé à la mobilisation des services de renseignements, des forces de sécurité intérieure, des polices municipales et des élus locaux, ainsi que du dispositif Sentinelle.

Vendredi soir, le président Emmanuel Macron a annoncé un « renforcement » du dispositif Sentinelle, qui déploie des militaires en France, « pour faire face à toutes les potentielles menaces sur le territoire national ».