Ethiopie: offensive de l'armée contre les rebelles tigréens en Amhara

Des soldats des Forces de défense nationale éthiopiennes (ENDF) crient des slogans après avoir terminé leur entraînement sur le terrain de Dabat, à 70 kilomètres au nord-est de la ville de Gondar, en Éthiopie, le 14 septembre 2021. (Photo, aFP)
Des soldats des Forces de défense nationale éthiopiennes (ENDF) crient des slogans après avoir terminé leur entraînement sur le terrain de Dabat, à 70 kilomètres au nord-est de la ville de Gondar, en Éthiopie, le 14 septembre 2021. (Photo, aFP)
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Publié le Dimanche 10 octobre 2021

Ethiopie: offensive de l'armée contre les rebelles tigréens en Amhara

  • L'offensive inclut des «bombardements d'artillerie et aériens, notamment par drones»
  • Le Tigré est soumis à ce que l'ONU qualifie de «blocus humanitaire de facto», alimentant les craintes d'une famine de grande ampleur à l'image de ce qu'avait vécu l'Ethiopie dans les années 1980

ADDIS ABEBA : Les forces gouvernementales éthiopiennes et des milices régionales alliées ont engagé une offensive aérienne et terrestre contre les rebelles tigréens dans la région d'Amhara, voisine de la région en guerre du Tigré (nord), ont indiqué vendredi à l'AFP des sources humanitaires et tigréennes.

Les opérations militaires se déroulent dans diverses zones de la région depuis jeudi, ont indiqué des sources humanitaires sous couvert d'anonymat, dans un contexte de craintes croissantes récemment d'une possible reprise des combats au Tigré.

Il s'agit d'une "offensive massive", a indiqué Getachew Reda, le porte-parole des rebelles du Front de libération du peuple du Tigré (TPLF), en conflit depuis onze mois dans le nord de l'Ethiopie avec les forces gouvernementales.

L'offensive inclut des "bombardements d'artillerie et aériens, notamment par drones", a ajoute Getachew Reda en dénonçant une "concentration de dizaines de milliers de troupes" en Amhara, notamment dans les zones de Gondar et Wollo.

"Nous sommes prêts à faire face à cette offensive sur tous les fronts, nous tiendrons nos positions jusqu'à la levée du siège", a-t-il ajouté.

Des responsables de la région d'Amhara, des sources fédérales et militaires n'ont pas répondu aux demandes de commentaire sur ces offensives, qui n'ont pu être vérifiées de manière indépendante par l'AFP.

Lundi, le Premier ministre éthiopien Abiy Ahmed a été investi pour un nouveau mandat de cinq ans, et si la guerre au Tigré suscite de sévères critiques, notamment de Washington, un allié d'Addis Abeba, le Premier ministre a promis de ne pas plier malgré la pression internationale.

"Aucune amitié ne devrait se faire au prix du sacrifice de l'honneur de l'Ethiopie", a-t-il déclaré.

Nouvelle région

Le Tigré est en proie aux combats depuis novembre, quand Abiy Ahmed, prix Nobel de la paix 2019, y a envoyé l'armée éthiopienne pour renverser les autorités régionales issues du Front de libération du peuple du Tigré (TPLF), parti longtemps au  pouvoir à Addis Abeba, qu'il accuse d'avoir orchestré des attaques contre des camps militaires fédéraux.

Le conflit s'est enlisé durant plusieurs mois, avant que les combattants pro-TPLF reprennent de manière inattendue le contrôle de la région fin juin et que les troupes gouvernementales s'en retirent largement.

Depuis, les combats ont gagné les régions voisines de l'Afar et de l'Amhara. Et le Tigré est soumis à ce que l'ONU qualifie de "blocus humanitaire de facto", alimentant les craintes d'une famine de grande ampleur à l'image de ce qu'avait vécu l'Ethiopie dans les années 1980.

Des spéculations ont récemment émergé sur une possible offensive gouvernementale avec la fin de la saison des pluies et une mobilisation massive dans tout le pays, notamment dans la région de l'Amhara. 

Jeudi, le porte-parole de cette région indiquait sur Twitter: "Attendu qu'une opération pour libérer notre peuple en difficulté à cause des terroristes du TPLF peut être menée à n'importe quel moment, sur tous les fronts, nous devons être vigilants 24 heures sur 24".

Parallèlement, les habitants de six zones administratives de la région des Nations, Nationalités et Peuples du Sud (SNNP, sud) ont approuvé massivement, lors d'un référendum en septembre, leur séparation de celle-ci et leur regroupement au sein d'une nouvelle région "du Sud-Ouest", selon les résultats annoncés samedi par la radiotélévision Fana BC, affiliée à l'Etat.

La Chambre haute du Parlement doit désormais entériner la création de cette onzième région du pays, lequel est gouverné selon un système de "fédéralisme ethnique" au sein duquel les régions, découpées sur des bases ethniques, sont dotées d'une large autonomie.

Les réformes lancées à son arrivée au pouvoir en 2018 par Abiy Ahmed, nommé Premier ministre au terme de grandes vagues de manifestations contre le pouvoir fédéral, ont ravivé les tensions régionales et notamment les ambitions autonomistes en SNNP, mosaïque d'ethnies.

La Constitution éthiopienne permet à tout groupe d'ethnique de réclamer un référendum pour former une nouvelle région, mais le gouvernement fédéral a longtemps refréné toute velléité, parfois violemment.


Washington doit exclure de nouvelles frappes pour une reprise des discussions, selon Téhéran

Téhéran a été informé que les Etats-Unis ne voulaient "pas s'engager dans un changement de régime en Iran" en ciblant le Guide suprême du pays, l'ayatollah Ali Khamenei, a aussi rapporté le ministre iranien. (AFP)
Téhéran a été informé que les Etats-Unis ne voulaient "pas s'engager dans un changement de régime en Iran" en ciblant le Guide suprême du pays, l'ayatollah Ali Khamenei, a aussi rapporté le ministre iranien. (AFP)
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  • Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a martelé vouloir empêcher Téhéran de se doter de la bombe atomique
  • Une ambition farouchement rejetée par le pouvoir iranien qui revendique toutefois un droit au nucléaire civil notamment pour produire de l'énergie

LONDRES: Les discussions diplomatiques avec Washington ne pourront reprendre que si les États-Unis excluent de nouvelles frappes sur l'Iran, a déclaré le vice-ministre iranien des Affaires étrangères, Majid Takht-Ravanchi, à la BBC.

"Nous entendons dire que Washington veut nous parler", a dit le responsable iranien, dans une interview diffusée dimanche soir par la BBC.

"Nous ne nous sommes pas mis d'accord sur une date. Nous ne nous sommes pas mis d'accord sur les modalités", a-t-il indiqué. "Nous cherchons une réponse à cette question: allons-nous assister à une répétition d'un acte d'agression alors que nous sommes engagés dans le dialogue?", a poursuivi le responsable iranien.

Les Etats-Unis "n'ont pas encore clarifié leur position", a souligné Majid Takht-Ravanchi.

Téhéran a été informé que les Etats-Unis ne voulaient "pas s'engager dans un changement de régime en Iran" en ciblant le Guide suprême du pays, l'ayatollah Ali Khamenei, a aussi rapporté le ministre iranien.

Israël a ouvert le 13 juin les hostilités en bombardant l'Iran et en tuant ses principaux responsables militaires et des scientifiques liés à son programme nucléaire.

Les Etats-Unis se sont joints à l'offensive de leur allié israélien en bombardant trois sites nucléaires dans la nuit du 21 au 22 juin.

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a martelé vouloir empêcher Téhéran de se doter de la bombe atomique.

Une ambition farouchement rejetée par le pouvoir iranien qui revendique toutefois un droit au nucléaire civil notamment pour produire de l'énergie.

Après 12 jours de bombardements réciproques, un cessez-le-feu est entré en vigueur le 24 juin, imposé par le président américain Donald Trump.

Ce dernier a prévenu que le Pentagone mènerait "sans aucun doute" de nouvelles frappes si l'Iran enrichissait de l'uranium à des niveaux lui permettant de fabriquer des armes nucléaires.

Majid Takht-Ravanchi a de nouveau revendiqué le droit de l'Iran à enrichir de l'uranium à hauteur de 60% pour produire de l'énergie.

"Le niveau peut être discuté, la capacité peut être discutée, mais dire que vous (...) devriez avoir zéro enrichissement, et que si vous n'êtes pas d'accord, nous allons vous bombarder, c'est la loi de la jungle", a critiqué le ministre.


L'ONU appelle à « relancer le moteur du développement » face au « chaos climatique » et aux conflits

Le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, prononce son discours d'ouverture lors de la 4e Conférence internationale des Nations unies sur le financement et le développement à Séville, le 30 juin 2025. (Photo de Pierre-Philippe MARCOU / AFP)
Le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, prononce son discours d'ouverture lors de la 4e Conférence internationale des Nations unies sur le financement et le développement à Séville, le 30 juin 2025. (Photo de Pierre-Philippe MARCOU / AFP)
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  • Le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, a exhorté lundi la communauté internationale à « relancer le moteur du développement »
  • « Aujourd’hui, le développement, et son principal levier, la coopération internationale, sont confrontés à des vents contraires massifs », a déploré Antonio Guterres.

SEVILLE, ESPAGNE : Le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, a exhorté lundi la communauté internationale à « relancer le moteur du développement », alors que le monde est confronté à un « chaos climatique », à une multiplication des conflits et à un ralentissement économique global. Il s’exprimait lors de l’ouverture de la quatrième Conférence internationale sur le financement du développement (FfD4), qui se tient à Séville, dans le sud de l’Espagne, sous une chaleur accablante.

« Aujourd’hui, le développement, et son principal levier, la coopération internationale, sont confrontés à des vents contraires massifs », a déploré Antonio Guterres. Il a dressé un tableau sombre de la situation mondiale : « Un monde où la confiance s’effrite, où le multilatéralisme est mis à rude épreuve. Un monde ralenti par les tensions commerciales, des budgets d’aide amputés, secoué par les inégalités, la crise climatique et des conflits déchaînés. »

Face à ces défis, le chef de l’ONU a insisté sur la nécessité d’« accélérer les investissements à la hauteur des enjeux » afin de « réparer et relancer » la dynamique du développement. Il a rappelé que « les deux tiers des objectifs de développement durable » adoptés dans le cadre de l’Agenda 2030 accusaient déjà un sérieux retard.

« Il ne s’agit pas seulement d’une crise de chiffres, mais d’une crise humaine », a-t-il martelé, appelant les États à renforcer la mobilisation des ressources domestiques et à investir dans les domaines à fort impact, tels que l’éducation, la santé et les énergies renouvelables.

Jusqu’à jeudi, la conférence réunit quelque 50 chefs d’État et de gouvernement, dont le Premier ministre espagnol Pedro Sánchez, aux côtés des dirigeants des principales institutions financières internationales et de plus de 4 000 représentants de la société civile. Il s’agit de la quatrième conférence de ce type depuis 2002.

L’un des objectifs centraux de cette rencontre est de trouver des solutions concrètes au déficit de financement auquel font face les pays du Sud. Selon l’ONU, ce manque est estimé à 4 000 milliards de dollars par an pour atteindre les Objectifs de développement durable (ODD) d’ici 2030.

Ce sommet intervient dans un contexte particulièrement tendu pour l’aide internationale, fragilisée notamment par la réduction drastique des fonds alloués à l’aide humanitaire par l’administration de Donald Trump. L’ancien président américain avait en effet supprimé 83 % du budget de l’USAID consacré aux programmes de développement à l’étranger, mettant en péril de nombreux projets dans les pays les plus vulnérables.


Ottawa annule une taxe visant les géants de la tech, reprise des négociations avec Washington

Tiff Macklem (G), gouverneur de la Banque du Canada, et Fracois-Philippe Champagne, ministre canadien des Finances et du Revenu national, font un geste après leur conférence de presse de clôture lors de la réunion des ministres des Finances et des gouverneurs des banques centrales du G7 à Banff, Alberta, Canada, le 22 mai 2025. (AFP)
Tiff Macklem (G), gouverneur de la Banque du Canada, et Fracois-Philippe Champagne, ministre canadien des Finances et du Revenu national, font un geste après leur conférence de presse de clôture lors de la réunion des ministres des Finances et des gouverneurs des banques centrales du G7 à Banff, Alberta, Canada, le 22 mai 2025. (AFP)
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  • Le Canada a annoncé dimanche annuler une taxe visant les géants de la tech dans l'espoir de parvenir à un accord commercial avec les Etats-Unis
  • Cette détente entre le Canada et les Etats-Unis survient deux jours après la rupture des discussions par le président américain

Ottawa, Canada: Le Canada a annoncé dimanche annuler une taxe visant les géants de la tech dans l'espoir de parvenir à un accord commercial avec les Etats-Unis, et la reprise des négociations en ce sens rompues deux jours plus tôt par Donald Trump.

Le ministre canadien des Finances, François-Philippe Champagne, "a annoncé aujourd'hui (dimanche, NDLR) que le Canada annulerait la taxe sur les services numériques (TSN)", selon un communiqué du gouvernement. Celui-ci précise que la reprise des négociations doit déboucher sur un accord commercial avec Washington d'ici au 21 juillet.

Cette détente entre le Canada et les Etats-Unis survient deux jours après la rupture des discussions par le président américain, qui avait qualifié de "coup direct et évident" porté au Etats-Unis la taxe d'Ottawa visant les géants du numérique.

Cette ponction de 3% sur les revenus tirés de la publicité en ligne, des plateformes de vente, des réseaux sociaux ou de la vente de données personnelles, devait entrer en vigueur lundi et toucher particulièrement les poids lourds américains de la tech.

Elle ciblait notamment les mastodontes Google, Apple, Meta (Facebook), Amazon ou Microsoft. Ceux-ci sont accusés de profiter du caractère immatériel de leur activité pour échapper à l'impôt.

"Retirer la taxe sur les services numériques fera avancer les discussions et appuiera nos efforts pour créer des emplois et bâtir de la prospérité", a estimé sur X le ministre canadien des Finances François-Philippe Champagne.

Donald Trump et la Maison Blanche n'ont pas réagi dans l'immédiat.

La TSN avait été adoptée l'an dernier à titre temporaire, dans l'attente de l'aboutissement de négociations internationales sur la taxation des multinationales.

Cette taxe ciblait les acteurs du numérique qui génèrent un chiffre d'affaires mondial annuel supérieur à 1,1 milliard de dollars canadiens, et des revenus annuels au Canada supérieurs à 20 millions de dollars canadiens.

- Droits de douane -

Vendredi, Donald Trump avait qualifié la TSN de "scandaleuse" sur son application Truth Social et indiqué que les Etats-Unis communiqueraient au Canada, dans les sept jours, le niveau des droits de douane qui lui serait imposé.

Le Premier ministre canadien Mark Carney avait promis en retour de "continuer à mener ces négociations complexes, dans l'intérêt supérieur des Canadiens".

Depuis le retour de Donald Trump au pouvoir en janvier, l'administration américaine a annoncé –- puis suspendu, dans l'attente de négociations -– plusieurs taxes sur les importations canadiennes aux Etats-Unis, tandis que le Canada a riposté en imposant des droits de douane.

Le président américain a visé en particulier les secteurs canadiens de l'automobile, de l'acier et de l'aluminium, alors que les Etats-Unis et le Canada sont, avec le Mexique, membre d'un accord de libre-échange (ACEUM ou USMCA en anglais).

Les relations entre Ottawa et Washington se sont détériorées sous le second mandat de Donald Trump, qui a demandé à plusieurs reprises que le Canada devienne le 51e Etat américain.