13-Novembre, le «regard» du jihadiste

Le Palais de Justice de Paris, où se déroule le procès des attentats du 13 novembre. (Photo, AFP)
Le Palais de Justice de Paris, où se déroule le procès des attentats du 13 novembre. (Photo, AFP)
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Publié le Mercredi 13 octobre 2021

13-Novembre, le «regard» du jihadiste

  • De son échange avec l'assaillant, Guillaume garde «la sensation qu'il voulait peut-être faire durer le moment, peut-être par cynisme»
  • Ces attentats, les plus sanglants jamais commis en France, ont fait 130 morts et plus de 350 blessés à Paris et à Saint-Denis, en banlieue

PARIS : Debout sur la scène, les mains en l'air, il était tenu en joue par un assaillant quand deux policiers sont entrés dans la salle de spectacle du Bataclan, à Paris. Au procès des attentats du 13-Novembre, Guillaume a raconté mardi le "regard" qu'il a échangé avec un jihadiste.

"J'ai été sauvé in extremis par ces deux hommes. Sans eux, je ne serais probablement pas ici".

Le soir du 13 novembre 2015, deux fonctionnaires de la Brigade anti-criminalité de Paris sont entrés, les premiers, dans la salle de spectacle attaquée par un commando. En arrivant, ils ont vu un jeune homme, sur scène, menacé par une kalachnikov.

Trois semaines après le témoignage de l'un de ces policiers, ce spectateur se tient à la même barre et raconte l'autre versant du même épisode.

Ce soir-là, Guillaume, 21 ans, vient assister au concert des Eagles of Death Metal avec sa copine. Au moment où les premiers tirs éclatent, "j'ai vite compris que c'était un attentat", commence le jeune homme d'une voix claire, les mains nouées dans le dos.

Réfugié derrière un "amas de bois", il cherche, accroupi, à rejoindre "une sortie de secours". Lorsque les tirs cessent un moment, il tente de "prendre la fuite".

"Sauf que j'entends des bruits de pas sur un escalier en bois et je vois alors le troisième terroriste, qui se révèlera être Samy Amimour, qui croise mon regard", se rappelle-t-il. "Il me fait signe, avec son regard, qu'il ne me tuera pas - ou du moins, pas maintenant".

«Toi, tu es avec moi»

L'assaillant "a une démarche assez nonchalante et sa manière de tenir l'arme m'a particulièrement marqué, il tient son arme par la crosse et il semble balancer, un peu comme on tient un jouet", continue Guillaume, très calme dans sa chemise blanche et sa veste noire.

"Il me regarde et il me dit: +toi, tu es avec moi, lève-toi !+". "+Lève-toi, sinon je te tire une balle dans la tête+".

Guillaume monte alors sur la scène, "les bras en l'air" et réalise l'ampleur de l'horreur, le nombre de victimes dans la fosse.

"Il me demande d'aller relever une vieille personne, accroupie dans la fosse et qui regardait dans notre direction. Il dit: +aide ce fils de pute à se relever, on va regarder s'il est mort+", poursuit Guillaume.

Le moment est "assez confus", il "semblait improviser", estime-t-il. Au point qu'un des deux autres jihadistes, "surpris" de le voir sur scène depuis le balcon, lui demande ce qu'il "fout là".

Samy Amimour répond: "C'est bon, il est avec nous". Mais l'autre s'emporte, menace Guillaume de lui "tirer une balle dans la tête".

"Je lève les bras et je dis: +je suis avec vous+. C'était une façon d'apaiser un peu l'excitation du balcon, parce que j'avais à côté de moi quelqu'un d'assez détendu et calme", se remémore-t-il.

«Ombres bienveillantes»

C'est à ce moment-là qu'il voit "deux ombres au fond de la salle", "des ombres bienveillantes". "J'ai assez vite compris qu'il s'agissait de policiers".

Les deux fonctionnaires commencent à tirer sur Samy Amimour. "Je profite de cette fenêtre pour sauter et sortir de la salle" puis "j'entends une grande explosion et je ressens le souffle sur les jambes", dit-il.

Le jihadiste vient d'actionner sa ceinture d'explosifs. Il est environ 22h00, l'assaut final des policiers ne sera lancé qu'à 00h18. 

Ces attentats, les plus sanglants jamais commis en France, ont fait 130 morts et plus de 350 blessés à Paris et à Saint-Denis, en banlieue.

"L'après", ajoute Guillaume, "ça a été une grande épreuve mais j'ai eu la chance d'avoir été contacté par le commissaire une semaine après, qui avait cru que j'avais été emporté par le souffle de l'explosion".

"Cette rencontre a été fondamentale dans mon processus de reconstruction", assure-t-il. "Il a été non seulement un sauveur durant l'attentat mais aussi pour l'après".

De son échange avec l'assaillant, Guillaume garde "la sensation qu'il voulait peut-être faire durer le moment, peut-être par cynisme".

"Il n'a pas dû croiser beaucoup de regards ce soir-là. Peut-être que c'était plus difficile de le faire (tuer, NDLR) après avoir échangé".


Macron et von der Leyen inciteront lundi les chercheurs étrangers à choisir l'Europe

Le président français Emmanuel Macron accueille la présidente de la Commission européenne Ursula Von der Leyen à son arrivée au sommet de la « coalition des volontaires » au palais de l'Élysée, à Paris, le 27 mars 2025. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
Le président français Emmanuel Macron accueille la présidente de la Commission européenne Ursula Von der Leyen à son arrivée au sommet de la « coalition des volontaires » au palais de l'Élysée, à Paris, le 27 mars 2025. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
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  • Le président français clôturera cette conférence dans la prestigieuse université de la Sorbonne, « dédiée à la science, à l'attractivité de l'Union européenne, mais aussi plus largement à l'innovation, à la recherche et aux libertés académiques »
  • « Ici, en France, la recherche est une priorité, l’innovation est une culture et la science est un horizon sans limite », avait-il assuré.

PARIS : À Paris, le président Emmanuel Macron et la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen participeront lundi à une conférence pour vanter les mérites de l'Europe auprès des chercheurs étrangers, notamment américains, confrontés à « un certain nombre de menaces », a annoncé l'Élysée mercredi.

Le président français clôturera cette conférence dans la prestigieuse université de la Sorbonne, « dédiée à la science, à l'attractivité de l'Union européenne, mais aussi plus largement à l'innovation, à la recherche et aux libertés académiques », ont affirmé ses services à la presse.

Le message de cette rencontre sera « très clair » : « Choose Science, Choose Europe ».

Selon son entourage, il s'agit de dire, « dans un moment où les libertés académiques connaissent un certain nombre de reculs ou de menaces, que l'Europe est un continent attractif et que l'innovation, l'attractivité, la science et la recherche sont des éléments essentiels pour la croissance européenne ».

Le chef de l'État aura à cette occasion un entretien avec la présidente de la Commission européenne, qui participera à la conférence. 

Le 18 avril, Emmanuel Macron avait donné rendez-vous le 5 mai aux chercheurs « du monde entier ». Sur le réseau X, il les avait invités à « choisir la France et l'Europe », dans une tentative d'attirer les chercheurs américains menacés par la politique de Donald Trump.

« Ici, en France, la recherche est une priorité, l’innovation est une culture et la science est un horizon sans limite », avait-il assuré.

Parallèlement, le gouvernement a lancé une plateforme baptisée « Choose France for Science », présentée comme « une première étape pour préparer l'accueil des chercheurs internationaux ».

Depuis le retour de Donald Trump à la Maison Blanche en janvier, chercheurs et universités sont dans le collimateur de son gouvernement et redoutent pour leur avenir, entre libertés académiques et de recherche menacées et financements réduits.

De plus en plus de chercheurs ou d'aspirants chercheurs réfléchissent donc à quitter le pays, considéré jusqu'ici comme le paradis de la recherche dans nombre de domaines.

En France, dès début mars, le ministre chargé de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, Philippe Baptiste, a demandé aux universités de réfléchir à des moyens de les accueillir. 


« La France ne se définit ni par une race, ni par une religion », affirme Macron

Le président français Emmanuel Macron regarde avant d'accueillir le Premier ministre belge pour un déjeuner de travail au palais présidentiel de l'Élysée à Paris, le 29 avril 2025. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
Le président français Emmanuel Macron regarde avant d'accueillir le Premier ministre belge pour un déjeuner de travail au palais présidentiel de l'Élysée à Paris, le 29 avril 2025. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
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  • « La France est une patrie de volonté et de bravoure qui ne se définit ni par le sang, ni par une race, ni par une religion, ni par une identité figée », a déclaré le président de la République.
  • Près de 150 nationalités se côtoient au sein de la Légion étrangère, où les légionnaires sont commandés par des officiers français.

AUBAGNE, FRANCE : lors d'une cérémonie militaire commémorant la bataille de Camerone, à Aubagne, où est basé le commandement de la Légion étrangère, Emmanuel Macron a affirmé  mercredi que « la France ne se définit ni par une race, ni par une religion, ni par une identité figée ».

« La France est une patrie de volonté et de bravoure qui ne se définit ni par le sang, ni par une race, ni par une religion, ni par une identité figée », a déclaré le président de la République devant plusieurs dizaines de légionnaires réunis pour commémorer la bataille de Camerone, qui s'est déroulée le 30 avril 1863 au Mexique.

« La France se définit par une volonté chaque jour recommencée d'accomplir de grandes choses avec une poignée de notre terre dans la main. Un rêve d'universel, un idéal, cette solidarité, cette fidélité à la patrie », a poursuivi M. Macron, qui s'est déplacé à Aubagne (Bouches-du-Rhône) pour commémorer cet événement fondateur de la Légion étrangère, célébré chaque année par tous les régiments. 

M. Macron a prononcé ce discours après avoir reçu mardi des représentants d'institutions musulmanes qui ont dénoncé le « climat islamophobe ambiant » et demandé au président de la République des « actes concrets » pour protéger les musulmans, après le meurtre d'un fidèle dans une mosquée du Gard.

À Aubagne, le président a passé en revue les troupes de la Légion étrangère, la force combattante de l'armée de terre qui compte plus de 9 500 hommes.

Près de 150 nationalités se côtoient au sein de la Légion étrangère, où les légionnaires sont commandés par des officiers français.

L'hymne national a été joué et deux avions Rafale ont survolé la cérémonie à laquelle ont assisté les élus locaux et plusieurs centaines de spectateurs.

La cérémonie de Camerone, qui est une fête de la Légion, commémore une bataille survenue à Camerone, dans l'État de Veracruz, dans l'est du Mexique, au cours de laquelle 62 légionnaires français ont résisté à 2 000 soldats mexicains lors de l'expédition française au Mexique. 

Le président Macron a décrit la bataille menée par une « poignée de légionnaires assiégés par 2 000 ennemis » qui ont « tenu une position pendant 11 heures », saluant une « histoire de courage insensé ».

Chargés de protéger le passage d'un convoi de ravitaillement pour les troupes françaises assiégeant la ville de Puebla, les légionnaires retranchés dans une hacienda du village de Camaron de Tejeda avaient fait le serment de se battre jusqu'à la mort.

Après une journée d'affrontement, les derniers encore en état de combattre refusèrent de se rendre et chargèrent les Mexicains à la baïonnette. 


Panneaux solaires, spatial, pharmacie : neuf projets d'usines reçoivent des subventions France 2030

Un employé de TotalEnergies devant des panneaux solaires et des éoliennes du parc éolien de La Perrière à Sainte-Suzanne sur l'île de la Réunion, le 22 janvier 2025. (Photo Richard BOUHET / AFP)
Un employé de TotalEnergies devant des panneaux solaires et des éoliennes du parc éolien de La Perrière à Sainte-Suzanne sur l'île de la Réunion, le 22 janvier 2025. (Photo Richard BOUHET / AFP)
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  • Neuf nouveaux projets d'usines au total vont recevoir des subventions à hauteur de 49 millions d'euros, a annoncé le gouvernement mercredi.
  • Ces aides publiques, issues du programme d'investissement France 2030, ont été accordées en réponse au septième appel d'offres lancé dans le cadre du dispositif « Premières usines ».

PARIS : La giga-usine Holosolis de cellules photovoltaïques en Moselle, ainsi qu'un site de chimie verte en Martinique : 9 nouveaux projets d'usines au total vont recevoir des subventions à hauteur de 49 millions d'euros, a annoncé le gouvernement mercredi.

Ces aides publiques, issues du programme d'investissement France 2030, ont été accordées en réponse au septième appel d'offres lancé dans le cadre du dispositif « Premières usines », destiné à soutenir les projets d'ouverture d'usines des start-up et PME industrielles innovantes, indique un communiqué.

À l'exception d'un projet de ferme aquacole écoresponsable « Mangrove » en Bretagne et d'un projet de chimie verte SHB Biotech en Martinique pour la production d'ingrédients naturels à partir de co-produits agricoles, les projets retenus s'inscrivent géographiquement dans la moitié est de la France. 

L'usine de la société française Holosolis, annoncée en grande pompe lors du sommet Choose France de 2023 pour produire des cellules et modules photovoltaïques à Hambach en Moselle, figure sur la liste. Le montant de l'aide n'a pas été divulgué.

Holosolis, dont l'actionnaire principal est InnoEnergy (institut européen d'innovation et de technologie), est un consortium européen de partenaires engagés dans la transition énergétique et la réindustrialisation. Il réunit la société d'investissement immobilier Idec, l'industriel breton Armor Group, le spécialiste français de l'agrivoltaïsme TSE et le groupe allemand Heraeus. Son usine, un investissement de 851 millions d'euros susceptible de générer 1 700 emplois, a obtenu un permis de construire en janvier.

Autre projet soutenu : celui du groupe Bordet en Bourgogne Franche-Comté qui se lance dans la production de carbone végétal pour remplacer les matières fossiles dans l'industrie chimique ou la cimenterie, grâce à un procédé de pyrolyse. 

Un autre projet de chimie est soutenu : Separative (SEP30), une société auvergnate bardée de brevets qui propose des solutions innovantes pour réduire la consommation d'énergie et l'empreinte carbone de l'industrie pharmaceutique.

Dans le secteur de la santé, InBrain Pharma, également aidée, est basée dans les Hauts-de-France et développe une technologie de perfusion cérébrale (Percepar) permettant l'administration ciblée de médicaments pour corriger les troubles des maladies neurologiques. En Île-de-France, Vertikale propose une solution qui miniaturise les bioprocédés et simplifie la production de médicaments biologiques.

Dans le secteur spatial, France 2030 a accordé une subvention à la société Latitude, basée dans le Grand Est, qui développe un micro-lanceur (Zephyr).

Enfin, dans l'agroalimentaire, l'entreprise de biotechnologie Mycophyto, située à Grasse, qui développe des solutions biologiques (biostimulants, bio-intrants) pour tous types de cultures, reçoit également une subvention.