Kim ne doit pas être autorisé à imposer ses conditions au reste du monde

La Corée du Nord a affirmé avoir lancé un nouveau missile hypersonique. (AP)
La Corée du Nord a affirmé avoir lancé un nouveau missile hypersonique. (AP)
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Publié le Dimanche 17 octobre 2021

Kim ne doit pas être autorisé à imposer ses conditions au reste du monde

Kim ne doit pas être autorisé à imposer ses conditions au reste du monde
  • En théorie, un missile entièrement développé ne sera pas limité par la portée géographique, ce qui fait que tous les pays du monde, y compris les États-Unis, risquent d’être visés à une vitesse record
  • Il est temps pour le dirigeant nord-coréen de reconnaître qu’il ne peut pas imposer ses conditions au reste du monde

Avant que le tollé international suscité par les deux tests balistiques récents de la Corée du Nord ne s’apaise, le gouvernement communiste a décidé de repousser ses limites en testant un nouveau missile planeur hypersonique, qui a immédiatement été considéré comme une nouvelle menace mondiale sérieuse.

La semaine dernière, l’Agence centrale de presse coréenne (KCNA), qui appartient à l’État, a affirmé que l’essai de ce qu’elle décrit comme une «arme stratégique de grande importance» pour la stratégie d’autodéfense du pays avait été couronné de succès. Le lancement du Hwasong-8 a confirmé le contrôle de la navigation et la stabilité du missile, de même que «la manœuvrabilité de son système de guidage et les caractéristiques de vol plané de l’ogive hypersonique détachée», a rapporté KCNA.

Mais pourquoi cet essai a-t-il soulevé des préoccupations générales? Quelles sont les répercussions de la possession par Kim Jong Un d’une arme aussi sophistiquée?

Pour commencer, le véhicule planeur hypersonique est l’une des armes les plus rapides et les plus précises au monde qui puisse être conçue pour transporter des ogives nucléaires. Sa capacité à manœuvrer en plein vol le rend difficile à repérer et réduit la possibilité qu’il soit intercepté. De plus, un système de défense fiable, capable d’intercepter ces armes rapides, n’a pas encore été entièrement développé. C’est pourquoi la plupart des dirigeants les considèrent comme l’une des plus dangereuses menaces militaires auxquelles le monde est actuellement confronté.

En théorie, un missile entièrement développé ne sera pas limité par la portée géographique, ce qui fait que tous les pays du monde, y compris les États-Unis, risquent d’être visés à une vitesse record si le dirigeant nord-coréen décide de mener une attaque.

Après l’échec des négociations nucléaires entre les États-Unis et la Corée du Nord en 2019 sur l’allègement des sanctions et les concessions que Kim serait prêt à faire en échange, Pyongyang a repris le développement et les tests de ses missiles. Elle a continué à se concentrer sur le développement de son système de missiles hypersoniques que le dictateur communiste considère comme l’une des cinq grandes priorités de son plan quinquennal d’armement stratégique.

 

«Le dirigeant nord-coréen doit savoir que la constitution de son arsenal d’armes de destruction massive, tout en visant à saboter l’alliance entre les États-Unis et la Corée du Sud, n’est pas acceptable.»

Dalia al-Aqidi

En dépit des déclarations et des menaces du régime de Pyongyang, le monde ne connaît pas complètement ses véritables capacités militaires ni la crédibilité et l’exactitude de ses déclarations. Par exemple, la rapidité et la précision du Hwasong-8 n’a été révélée ou confirmée par aucune source indépendante, ce qui pourrait signifier que le missile hypersonique n’a pas été entièrement développé et qu’il s’agissait coup monté pour obtenir plus de poids politique et diplomatique.

Cette volonté s’est clairement manifestée devant la communauté internationale la semaine dernière, lorsque l’ambassadeur nord-coréen auprès des Nations unies, Kim Song, a accusé Washington d’antagoniser Pyongyang depuis plus de soixante-dix ans.

Devant l’Assemblée générale de l’ONU, il a expliqué que la raison pour laquelle son pays était déterminé à se doter d’un arsenal d’armes nucléaires était l’hostilité des Américains envers son gouvernement. «Nous avons constitué une puissance fiable pour nous défendre en déployant des efforts continus, avec une vision claire des exigences de l’époque, ce qui nous oblige à avoir une puissance suffisante pour la défense nationale face à l’environnement géopolitique et à l’équilibre des forces dans la péninsule coréenne, ainsi qu’aux relations internationales toujours tendues», a déclaré Song aux délégués.

Le diplomate nord-coréen a également fait part de la volonté de son dirigeant de s’abstenir de recourir à la puissance militaire contre les États-Unis, la Corée du Sud et d’autres pays voisins.

Song a préféré éviter d’aborder la situation économique désastreuse et les crises médicales auxquelles son pays est actuellement confronté et qui menacent de déstabiliser le régime déjà fragile.

Malgré la déclaration du chef militaire sud-coréen, dans laquelle il indique que le nouveau missile hypersonique est toujours dans sa phase initiale de développement et que son déploiement prendra un temps considérable, la menace a atteint un niveau important qui ne doit pas être pris à la légère.

Kim ne devrait pas être autorisé à avoir le beurre et l’argent du beurre. Il est temps pour le dirigeant nord-coréen de reconnaître qu’il ne peut pas imposer ses conditions au reste du monde. Il doit savoir que la constitution de son arsenal d’armes de destruction massive, tout en visant à saboter l’alliance entre les États-Unis et la Corée du Sud, n’est pas acceptable.

La violation des sanctions internationales par Pyongyang exige l’imposition de mesures plus strictes jusqu’à ce que le régime montre sa volonté d’éliminer ses programmes d’armes nucléaires et de missiles balistiques et prenne des mesures sérieuses pour atteindre cet objectif.

Alors que l’administration américaine croule déjà sous le poids de plusieurs crises nationales et étrangères, elle doit agir rapidement, avec ses alliés, pour faire davantage pression sur Kim avant qu’il ne parvienne à déstabiliser la sécurité de la péninsule coréenne et de toute la région de l’Asie du Nord-Est.

 

* Dalia al-Aqidi est chercheure principale au Center for Security Policy.

 

Twitter : @DaliaAlAqidi

 

NDLR: Les opinions exprimées dans cette rubrique sont celles de leurs auteurs et ne reflètent pas nécessairement le point de vue d’Arab News.

 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com