Mort d'Emiliano Sala: l'intermédiaire jugé motivé par l'argent, selon le parquet

David Henderson arrive au Cardiff Crown Court le 18 octobre 2021 pour être jugé dans le cadre de l'accident d'avion qui a tué le footballeur Emiliano Sala. (AFP)
David Henderson arrive au Cardiff Crown Court le 18 octobre 2021 pour être jugé dans le cadre de l'accident d'avion qui a tué le footballeur Emiliano Sala. (AFP)
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Publié le Mardi 19 octobre 2021

Mort d'Emiliano Sala: l'intermédiaire jugé motivé par l'argent, selon le parquet

  • L'accusé devait initialement piloter l'appareil, qui s'est abîmé dans la Manche le 21 janvier 2019
  • Le corps du joueur de 28 ans, dont la disparition avait ému le monde du football, avait été retrouvé dans la carcasse de l'appareil, plus de deux semaines après l'accident, à 67 mètres de profondeur

LONDRES: Le parquet britannique a reproché mardi à l'homme accusé d'avoir organisé le vol ayant transporté le footballeur Emiliano Sala, mort dans le crash de l'avion en 2019, d'avoir été motivé par l'appât du gain au mépris de la sécurité, embauchant un pilote qu'il savait non qualifié.

David Henderson, 67 ans, est jugé à Cardiff, au Pays de Galles, pour avoir agi d'une manière imprudente ou négligente susceptible d'avoir mis en danger l'avion dans lequel l'attaquant argentin du FC Nantes voyageait pour rejoindre le club de Cardiff City, où il venait d'être transféré pour 17 millions d'euros.

"M. Henderson, en tant qu'opérateur, a organisé" les vols aller et retour entre Nantes et Cardiff en janvier 2019, a expliqué aux jurés le procureur Martin Goudie. Ces deux vols "ont été organisés parce que c'était dans son intérêt financier", a-t-il affirmé, et "il a ignoré certaines exigences (de sécurité) lorsque cela l'arrangeait, lui et ses intérêts commerciaux."

Selon M. Goudie, l'accusé devait initialement piloter l'appareil, qui s'est abîmé dans la Manche le 21 janvier 2019. Mais, occupé, il avait fait en sorte que David Ibbotson, pilote de 59 ans dont le corps n'a pas été retrouvé, prenne sa place.

Le procureur a accusé le sexagénaire d'avoir ainsi agi par négligence "en utilisant un pilote" dont il savait pertinemment qu'il "n'était ni qualifié ni compétent pour effectuer ces vols". 

En effet, "M. Ibbotson n'avait pas de licence de pilote commercial, sa qualification pour (ce) type d'avion avait expiré en novembre 2018 et il n'était pas compétent pour voler dans les conditions météorologiques que M. Henderson savait que ces vols pourraient rencontrer", a souligné Martin Goudie.

-"Boite de pandore"-

David Henderson avait bien été averti d'inquiétudes concernant les compétences d'Ibbotson, mais il les avait balayées, écrivant au pilote dans un SMS que le seul "prérequis était la volonté d'écouter et d'apprendre". 

"Nous avons tous les deux la possibilité de nous faire de l'argent", avait-il aussi envoyé au pilote décédé, dans un texto lu par le procureur, "mais pas si nous contrarions les clients ou si nous attirons l'attention de la CAA", l'organisme qui réglemente l'aviation civile au Royaume-Uni.

Quelques heures après le crash, l'accusé avait envoyé des messages à plusieurs personnes leur demandant de "se taire" et suggérant que l'incident ouvrirait "toute une boîte de Pandore", a fait savoir le procureur aux jurés.

"Ibbo a fait s'écraser le Malibu et s'est tué avec le passager VIP ! Sacré désastre. Il y aura une enquête", a-t-il aussi envoyé le lendemain, à la personne qui s'était inquiétée des compétences du pilote. 

Celui-ci a perdu le contrôle de l'appareil, qui s'est ensuite brisé en vol, lors d'une manœuvre effectuée à une vitesse trop élevée, "probablement" destinée à éviter le mauvais temps pour pouvoir voler à vue, avait affirmé en mars 2020 le rapport définitif du bureau d'enquête britannique sur les accidents aériens (AAIB).

Le corps du joueur de 28 ans, dont la disparition avait ému le monde du football, avait été retrouvé dans la carcasse de l'appareil, plus de deux semaines après l'accident, à 67 mètres de profondeur. Sa dépouille avait été rapatriée en février 2019 en Argentine.

Le procès, qui a commencé lundi avec la sélection des jurés, est prévu pour durer deux semaines.


Le pape François s'entretient avec le chef de la Ligue islamique mondiale au Vatican

Le pape François s'entretient avec le chef de la Ligue islamique mondiale au Vatican (Photo, Fournie).
Le pape François s'entretient avec le chef de la Ligue islamique mondiale au Vatican (Photo, Fournie).
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  • Les deux interlocuteurs ont discuté d'un certain nombre de questions liées aux valeurs partagées et à l'alliance entre les civilisations
  • Le pape François a tenu un certain nombre de réunions privées samedi un jour après les avoir annulés en raison d'une fièvre

LONDRES : Le secrétaire général de la Ligue musulmane mondiale, le cheikh Mohammed Al-Issa, s'est entretenu samedi avec le pape François dans son bureau de la Maison Sainte-Marthe au Vatican, a indiqué l'organisation.

Les deux interlocuteurs ont discuté d'un certain nombre de questions liées aux valeurs partagées et à l'alliance entre les civilisations, a ajouté l'organisation.

À l'issue de la rencontre, M. Alissa s'est dit ravi du dialogue sincère, fraternel et profond qu'il a eu avec le pape François dans sa résidence. 

"Nous avons discuté de nos valeurs communes et de la construction de ponts entre les civilisations sur la base d'initiatives efficaces et durables", a-t-il ajouté. "J'apprécie l'aimable hospitalité et les nobles sentiments du pape François.

Le pape François a tenu un certain nombre de réunions privées samedi, après avoir repris ses rendez-vous habituels un jour après les avoir annulés en raison d'une fièvre.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Hong Kong s'en prend à Amnesty qui a annoncé la disparition d'un Ouïghour

Un militant ouïghour porte un masque avec le drapeau du Turkestan oriental (Photo, AFP).
Un militant ouïghour porte un masque avec le drapeau du Turkestan oriental (Photo, AFP).
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  • Son dernier message a été un bref sms envoyé à son ami qui l'attendait à l'aéroport de Hong Kong
  • La Chine est accusée d'avoir placé en détention plus d'un million d'Ouïghours

HONG KONG: Hong Kong a "fermement condamné" samedi Amnesty International pour avoir annoncé qu'un Ouïghour avait disparu après son arrivée de l'étranger à l'aéroport de ce territoire.

L'ONG de défense des droits de l'homme avait déclaré la veille dans un communiqué qu'Abuduwaili Abudureheman, né au Xinjiang, une région du nord-ouest de la Chine, avait quitté la Corée du Sud le 10 mai pour rendre visite à un ami et n'avait plus donné de nouvelles depuis.

Son dernier message a été un bref sms envoyé à son ami qui l'attendait à l'aéroport de Hong Kong : "La police chinoise me pose des questions", peut-on lire dans ce texto dont Amnesty a fait prendre connaissance à l'AFP.

Dans un communiqué diffusé samedi soir, les autorités de Hong Kong ont qualifié d'"infondées" les affirmations de l'ONG qui comportent des "calomnies sur la situation des droits de l'homme" dans cette ex-colonie britannique.

"Les archives du gouvernement de Hong Kong montrent que cette personne n'est pas entrée ou s'est vu refuser l'entrée par Hong Kong", a assuré un porte-parole officiel, exigeant qu'Amnesty International présente des excuses.

Amnesty préoccupée

Amnesty a pour sa part dit à l'AFP qu'elle restait "préoccupée par la sécurité" d'Abuduwaili Abudureheman et que son ami n'était toujours pas en mesure de le contacter.

Ce dernier, qui a requis l'anonymat, a raconté samedi à l'AFP qu'Abuduwaili Abudureheman avait bel et bien décidé de se rendre à Hong Kong.

"Il a mal calculé (...), il n'a pas compris les graves conséquences" d'un tel déplacement, a-t-il ajouté.

Dans le sms attribué à Abuduwaili Abudureheman - l'AFP n'a pas pu en vérifier l'authenticité de manière indépendante -, il est écrit à son ami de partir sans lui.

"Je suis contrôlé, la police chinoise me pose des questions et cela peut prendre du temps avant que je ne sorte", lit-on dans le message.

Abuduwaili Abudureheman, qui a obtenu l'année dernière un doctorat à l'Université Kookmin de Séoul, figurait sur une "liste de surveillance" des autorités chinoises en raison de ses voyages à l'étranger, a expliqué Amnesty International.

La Chine est accusée d'avoir placé en détention plus d'un million d'Ouïghours et de membres d'autres minorités musulmanes au Xinjiang.

Washington et des parlements d'autres pays occidentaux ont parlé à ce sujet de "génocide".

Pékin rejette ces accusations, invoquant la lutte contre le terrorisme.

Les autorités chinoises font de plus en plus pression sur les Ouïghours hors des frontières de la Chine et ont, dans certains cas, procédé à leur rapatriement forcé, selon Amnesty International.


L'émissaire de l'ONU sur la sellette au Soudan

De la fumée s'élève dans la capitale soudanaise Khartoum le 27 mai 2023, cinq jours après le début d'un cessez-le-feu d'une semaine (Photo AFP).
De la fumée s'élève dans la capitale soudanaise Khartoum le 27 mai 2023, cinq jours après le début d'un cessez-le-feu d'une semaine (Photo AFP).
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  • Le général Abdel Fattah al-Burhane a réclamé le limogeage de l'émissaire de l'ONU, lui faisant porter la responsabilité de la guerre
  • Alors que de nombreux observateurs prédisaient un échec des discussions, l'émissaire de l'ONU au Soudan Volker Perthes proclamait son «optimisme»

KHARTOUM: Le chef de l'armée soudanaise a réclamé le limogeage de l'émissaire de l'ONU, lui faisant porter la responsabilité de la guerre qui a éclaté il y a six semaines avec les paramilitaires et fait plus de 1.800 morts.

Une énième trêve est entrée en vigueur lundi soir au Soudan pour laisser passer civils en fuite et aide humanitaire, mais comme les autres elle n'a pas abouti à une baisse significative des combats.

Le 15 avril, le jour où le chef de l'armée, le général Abdel Fattah al-Burhane et le patron des paramilitaires, le général Mohamed Hamdane Daglo, ont débuté les hostilités, ils étaient censés se retrouver pour des négociations.

Depuis des semaines, la communauté internationale, ONU en tête, réclamaient qu'ils s'accordent sur l'intégration des Forces de soutien rapide (FSR) du général Daglo à l'armée.

Alors que de nombreux observateurs prédisaient un échec des discussions, l'émissaire de l'ONU au Soudan Volker Perthes proclamait son "optimisme".

Le jour où a éclaté la guerre il a admis avoir été "pris par surprise".

«Mensonges»
Dans une lettre adressée à l'ONU dont l'AFP a consulté une copie, le général Burhane accuse M. Perthes d'avoir "dissimulé" dans ses rapports à l'ONU la situation explosive à Khartoum. Sans ces "mensonges", le général "Daglo n'aurait pas lancé ses opérations militaires".

M. Perthes, accuse encore la lettre, n'a respecté ni son devoir d'"impartialité" ni la "souveraineté nationale", devenant "une partie et non plus un médiateur".

Le patron de l'ONU Antonio Guterres s'est dit "choqué", témoignant "son entière confiance" à son émissaire.

M. Perthes, récemment parti pour New York, "pourrait ne pas pouvoir revenir au Soudan et le savait sûrement en partant", assure la chercheuse Kholood Khair. Pour elle, le poids des islamistes dans le camp de Burhane ne cesse d'augmenter et l'octroi ou non du visa d'entrée à M. Perthes "sera un test décisif pour jauger" de leur résurgence.

De longue date, les pro-démocratie accusent le général Burhane d'être instrumentalisé par les islamistes du régime d'Omar el-Béchir (1989-2019).

Ils en veulent pour preuve le retour aux affaires de plusieurs responsables de la dictature militaro-islamiste depuis le putsch de 2021 grâce auquel les deux généraux aujourd'hui rivaux ont définitivement écarté du pouvoir les civils.

Le chercheur Alex de Waal estime aussi que, depuis le début de la guerre, le poids des islamistes derrière Burhane est plus criant encore.

Ses soutiens sont "un réseau (...) de sociétés, banques et compagnies de télécommunication tenues par des islamistes, des officiers du renseignement ou l'armée elle-même", assure-t-il.

Le général Daglo joue d'ailleurs de cette rhétorique: il répète à l'envi combattre "les islamistes" et les "vestiges de l'ancien régime". Et il se fait le chantre de "la démocratie" et des "droits humains", alors même que ses milliers d'hommes sont accusés d'avoir commis des atrocités pour le compte de Béchir dans la guerre du Darfour (ouest) dans les années 2000.

Malgré tout, le camp de l'armée semble divisé: au moment où le général Burhane réclamait le limogeage de M. Perthes, son nouveau numéro deux, l'ex-chef rebelle Malik Agar, discutait d'une sortie de crise avec l'émissaire onusien.

«Ingérences de l'ONU»

En attendant, l'armée a rappelé sous les drapeaux tous ses retraités. Les FSR ont dénoncé "une décision dangereuse" et accusé l'armée d'avoir mené de nouveaux raids aériens en violation de la trêve.

Depuis le putsch, des milliers de personnes soutenant l'armée et les islamistes ont manifesté contre M. Perthes. Comme sous Béchir, ils disent refuser les "ingérences" de l'ONU.

Lundi à New York, M. Perthes avait rétorqué que les responsables des violences étaient "les deux généraux en guerre" et non l'ONU.

Depuis le 15 avril, la guerre a fait plus de 1.800 morts, selon l'ONG ACLED. Et, selon l'ONU, plus d'un million de déplacés et de 300.000 réfugiés.

"Nous ne pouvons pas détourner notre regard", a plaidé l'acteur américain George Clooney, alors que l'ONU rappelle qu'il lui manque 1,5 milliard de dollars pour assister les 25 millions de Soudanais qui ont besoin d'aide pour survivre.

Le patron du Haut-Commissariat de l'ONU pour les réfugiés, Filippo Grandi, en visite en Egypte, a appelé les deux généraux rivaux "à écouter les histoires tragiques des réfugiés".

"S'ils pensent vraiment au peuple, ils doivent cesser de se battre tout de suite", a-t-il ajouté.