PARIS : "Un temps de mobilisation collective", "une étape de rassemblement": le PS valide samedi à Lille l'investiture d'Anne Hidalgo à la présidentielle, lors d'un meeting présenté comme le véritable lancement de la campagne électorale de la candidate, qui patine dans les sondages.
Un millier de personnes est attendu autour de la maire de Paris à Lille, fief de sa mentor Martine Aubry, qui sera présente, tout comme de nombreux élus et maires socialistes, ainsi que des personnalités de la société civile.
Des poids lourd du PS sont annoncés, mais pas François Hollande. L'ex-chef d'Etat la juge, dans son livre "Affronter" publié mercredi, "toute de sang-froid, de détermination et de ténacité", tout en estimant que "La gauche fait comme si elle avait déjà perdu" la présidentielle, a-t-il déploré sur France Inter le même jour.
A six mois de la présidentielle, Anne Hidalgo est créditée entre 4 et 6% des intentions de vote, derrière l'insoumis Jean-Luc Mélenchon et l'écologiste Yannick Jadot. "Dans les faits la campagne n'a pas encore décollé", reconnait un parlementaire, mais il remarque que "le social n'est pas suffisamment dans le débat".
Pour l'instant, constate aussi François Hollande, "il n'y a pas de début de campagne" d'Anne Hidalgo, "c'est dans les semaines qui viennent qu'il y aura l'affirmation d'un projet", espère-t-il.
"Une campagne présidentielle c'est relativement long", a insisté Anne Hidalgo sur LCI mardi pour justifier sa méthode. "Moi je travaille (...) Une campagne présidentielle c'est un temps d'accélération, ce n'est pas la Star Ac’".
"Ça commence" maintenant, a expliqué lundi sur LCI le Premier secrétaire du PS, Olivier Faure, "pas inquiet" du score de sa championne.
Comme tous les proches d'Anne Hidalgo, il défend son début de campagne "à bas bruit", fait de "consultations et de rencontres avec les Français".
"Il y a eu le temps de Rouen, lorsqu'elle a annoncé sa candidature" début septembre, "un temps intime et personnel", analyse son entourage. "Ensuite un temps d'immersion dans le pays, de dialogue et d'écoute", et désormais "une nouvelle séquence s'ouvre, le temps de la campagne".
Mais "il faut qu'on soit patient, les trois principaux candidats de gauche sont dans un mouchoir de poche", juge un élu socialiste, pas certains "que les sondages décollent tout de suite après Lille". "Mais je crois pas du tout qu'à la fin on finira à 4%", insiste-t-il.
«Fendre l'armure»
Olivier Faure rappelle aussi qu'Anne Hidalgo a été officiellement investie seulement jeudi dernier, après un vote interne des militants qui l'ont choisi à plus de 72% des voix, face à son challenger le maire du Mans Stéphane Le Foll.
Le Premier secrétaire juge qu'elle doit désormais "fendre l'armure", et se dévoiler davantage auprès des Français.
"L'enjeu, c'est aussi de parler du fond, redire de manière claire pour qui on se bat, et pourquoi", insiste un maire socialiste proche de la candidate.
Anne Hidalgo, qui fera un discours en fin d'après-midi, devrait donc défendre une nouvelle fois ses priorités: la transition écologique, mais aussi la question des salaires qu'elle veut revaloriser, la situation particulière des classes moyennes et populaires, les problématiques de santé, l'enjeu de la promesse républicaine et l'importance de l'école.
Anne Hidalgo avait été très critiquée sur sa première proposition de doubler le salaires des enseignants, jugée irréaliste par ses concurrents. "mais ce n'est pas une mesure catégorielle, c'est une mesure pour remettre l'école au milieu du village, une mesure de justice sociale et de service public", insiste un autre élu.
Désormais "il s'agit de dire que les enjeux de la République, ce n'est pas la République moisie de (Eric) Zemmour", ajoute un autre, en référence au polémiste d'extrême droite qui n'a pas encore déclaré sa candidature à la présidentielle.
"C'est le moment d'engager la confrontation, face aux dérives de l'extrême droite et face au bilan d'Emmanuel Macron. Il faut parler du pouvoir d'achat, des questions de la vie quotidienne des Français", ajoute un autre élu, "persuadé que la dynamique va s'amplifier".