BEYROUTH : Les Libanais ont appris jeudi que le corps écrasé d’une travailleuse éthiopienne a été retrouvé sur l’autoroute d’Al-Zahrani, qui relie Beyrouth au sud, marquant ainsi l’un des moments les plus sombres de la crise énergétique du pays.
Selon une source sécuritaire, elle a été tuée dans un accident pendant la nuit mais a été écrasée à plusieurs reprises car les conducteurs ne pouvaient pas voir son corps dans l’obscurité.
Le peuple est descendu dans les rues pour la deuxième journée consécutive afin de protester contre la dégradation constante des conditions de vie, notamment la hausse incontrôlée du prix des carburants et ses répercussions sur la vie quotidienne.
Jeudi, la Banque du Liban (BDL) a indiqué qu’une réunion avait eu lieu avec le directeur exécutif du Fonds monétaire international (FMI), Mahmoud Mohieldin, au cours de laquelle les priorités du gouvernement ont été discutées, notamment en ce qui concerne un «projet économique global».
M. Mohieldin a qualifié sa visite au Liban et ses rencontres avec les responsables de «réussies, avec un résultat positif par rapport aux visites précédentes».
«J’ai constaté un meilleur consensus sur les priorités et un discours commun entre les parties concernant la crise économique et ses effets sociaux. Les réunions reflètent les quatre priorités qui constituent les piliers des futures négociations avec le FMI, et un cadre pour les négociations que le gouvernement mènera avec la BDL dans les prochaines semaines. Il est important d’envisager de fixer un délai», observe-t-il.
M. Mohieldin a de même souligné l’importance de l’unification du taux de change qui, ajoute-t-il, est généralement le produit des réformes économiques globales qui sont mises en œuvre.
«Il faut adopter une loi pour contrôler les envois de fonds provenant de l’intérieur et de l’extérieur du pays, mener des réformes structurelle tout en accordant une importance particulière aux questions de la gouvernance, de la transparence et des priorités sectorielles déterminées par l’État.»
«Si nous parvenons à élaborer un bon cadre à présenter au FMI dans les prochaines semaines, il pourra alors être soumis au conseil d’administration du FMI. La forme du programme et le cadre de financement qui lui est associé seront ainsi déterminés, de manière à rétablir la confiance dans l’économie libanaise et à restaurer les flux financiers», explique-t-il.
Cependant, le cabinet ne s’est pas encore réuni, les ministres du Hezbollah et du mouvement Amal refusant de participer à une séance tant que le juge Tarek Bitar, chargé de l’enquête sur l’explosion du port de Beyrouth qui a eu lieu l’année dernière, n’aura pas été démis de ses fonctions et tant que les violences de rue meurtrières du début du mois n’auront pas fait l’objet d’une enquête.
Le gouvernement est également censé prendre une décision concernant la carte de rationnement pour les plus pauvres et les plus vulnérables du pays, parallèlement à la suppression des subventions sur les carburants.
Jeudi, le Premier ministre Najib Mikati a contacté plusieurs responsables à la suite des déclarations du ministre de la Culture, Mohammed Mortada, affilié aux partis chiites Hezbollah et Amal, concernant la démission de ministres chiites du gouvernement.
M. Mikati s’est également entretenu avec le président Michel Aoun. Selon une source ministérielle, leur réunion portait sur la «recherche d’une formule» qui permettrait la reprise du travail gouvernemental «sous la pression de conditions de vie stressantes».
«Toutes les parties sont conscientes que la flambée des prix va imploser dans la rue et que le gouvernement est responsable de mettre en œuvre un plan de sauvetage et d’obtenir l’aide internationale requise», ajoute la source.
Le Premier ministre a présidé une réunion du comité portant sur les répercussions de la crise financière sur les services publics.
Le comité a examiné les obligations existantes et a proposé un accord visant à établir une équation financière, contractuelle et juridique permettant à la fois de fournir des services d’utilité publique et de poursuivre ou de cesser ses activités de manière équilibrée et équitable, en tenant compte des facteurs urgents.
La majorité des entreprises qui ont conclu des contrats avec l’État libanais ont arrêté leurs travaux, y compris les entreprises de collecte des déchets, car les prix étaient calculés sur la base du taux de change officiel de 1507 livres libanaises pour un dollar américain. Or, la monnaie nationale libanaise s’échange à environ 20 000 livres libanaises pour un dollar sur le marché noir.
Lors de la réunion, il a été décidé que la première séance du cabinet annoncerait des mesures qui permettraient de faire face à la crise des conditions de vie. Ces mesures consistent notamment à augmenter les frais de transport quotidiens et à accorder une avance mensuelle à titre d’aide sociale aux travailleurs des institutions publiques, des hôpitaux publics et des écoles, dans le cadre d’un projet intégré.
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com









