Comment l'Égypte a tourné la page avec un retour sur la scène régionale

Vue générale de véhicules pris dans un embouteillage au milieu de vendeurs de rue dans le quartier d'Attaba, au centre du Caire, la capitale égyptienne, sur cette photo prise le 22 février 2021. (Fichier/AFP)
Vue générale de véhicules pris dans un embouteillage au milieu de vendeurs de rue dans le quartier d'Attaba, au centre du Caire, la capitale égyptienne, sur cette photo prise le 22 février 2021. (Fichier/AFP)
Nabil Fahmy, ancien ministre égyptien des Affaires étrangères, s'exprimant en marge de la World Policy Conference à Abu Dhabi. (Photo Fournie)
Nabil Fahmy, ancien ministre égyptien des Affaires étrangères, s'exprimant en marge de la World Policy Conference à Abu Dhabi. (Photo Fournie)
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Publié le Mardi 26 octobre 2021

Comment l'Égypte a tourné la page avec un retour sur la scène régionale

  • L'Égypte sort d'une décennie de bouleversements qui a commencé avec le renversement de Moubarak
  • De la Libye à la paix arabo-israélienne, Le Caire réaffirme son autorité sur la scène régionale

BOGOTA/ABU DHABI: L'Égypte a connu une décennie de bouleversements depuis le renversement de Hosni Moubarak en 2011, confrontée à deux révolutions, des pressions environnementales, et plus récemment les défis économiques de la Covid-19.

Et pourtant, ce pays arabe, le plus peuplé, à cheval sur les continents africain et asiatique, est sorti de cette agitation avec une détermination nouvelle et le désir d'un plus grand engagement avec la région et avec le monde.

Il a été annoncé que l'Égypte était nominée pour accueillir la conférence des Nations unies sur le climat COP27 en 2022 – une distinction qui semblait impensable il y a à peine quelques années.

Ce mois d'octobre marque non seulement le 48e anniversaire de la guerre de 1973 avec Israël; il y a quarante ans, le 6 octobre, le président Anouar Sadate a été assassiné au Caire par des extrémistes islamistes lors du défilé annuel commémorant cette victoire.

Nombreux sont ceux qui, au Moyen-Orient, pensent que l'héritage positif de Sadate se poursuit encore: le processus de paix égypto-israélien, le développement économique et la libéralisation politique de l’Égypte, le processus de paix palestinien ainsi que le défi de l'extrémisme violent.

«J'ai récemment observé, au cours de cette dernière année en particulier, que l'Égypte est beaucoup plus engagée à essayer de définir l’action sur les questions régionales», a déclaré Nabil Fahmy, ancien ministre égyptien des Affaires étrangères, lors d'un débat au cours de la World Policy Conference qui s’est tenue au mois d’octobre à Abu Dhabi.

«L'Égypte a fait face à divers obstacles. Mais regardez la force de son système. Je suppose franchement que très peu de pays de la région, et d’autres à l'étranger, auraient pu survivre à deux révolutions en trois ans et s'en relever ainsi.»

Les dernières prévisions économiques montrent que l'Égypte entre maintenant dans la phase de la reprise économique, à la suite des effets de la pandémie de Covid-19. «Il y a des preuves évidentes de progrès économique», a précisé Fahmy. «Même après la pandémie, nous envisageons une croissance de 4 à 5% pour l’année prochaine, ce qui est très significatif.»

Ses commentaires ont été repris par la politicienne et universitaire égyptienne Mona Makram-Ebeid lors de la même conférence.

«Une lueur d'espoir émerge et se présente actuellement sous la forme de la découverte de gaz naturel, avec le potentiel de stimuler l'économie boiteuse de l'Égypte et de construire une nouvelle alliance commerciale avec les pays de la Méditerranée orientale et Israël.

«L'Égypte a décroché le jackpot en 2015 avec la découverte d'un champ gazier géant connu sous le nom de Zohr, qui est devenu l'un des plus grands gisements de gaz au Moyen-Orient.

À ce jour, Zohr est le plus grand gisement de gaz découvert dans la région méditerranéenne, avec près de 30 trillions de pieds cubes de réserves. Le champ, qui est exploité par la compagnie italienne Eni, a commencé sa production en décembre 2017.

De toute évidence, il y a eu des progrès significatifs dans d’autres domaines. L'Égypte fait également des progrès au niveau des réformes institutionnelles en renforçant l'état de droit et en répondant aux préoccupations internationales concernant son bilan en matière de droits de l’homme.

«Il y a trois semaines à peine, nous avons publié une nouvelle doctrine des droits de l’homme», a affirmé Fahmy. «Ce n'est pas parfait. Partout dans le monde, les doctrines et les applications des droits de l’homme ne sont pas parfaites. Mais c'est un progrès énorme. Et c'est une réflexion que nous voulons faire avancer.

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Les gens faisant leurs achats sur un étal où sont vendues des lanternes du Ramadan le long de l’une des rues principales de la banlieue nord de Shoubra (qui abrite une importante population chrétienne) de la capitale égyptienne, Le Caire, le 12 avril 2021, au début du mois du Ramadan, mois du jeûne sacré musulman. (Fichier/AFP)

 

«À court terme, ce sera un défi. À moyen terme, je suis beaucoup plus confiant. Mais, en tant qu'Égyptiens, étant donné notre poids dans la région, étant donné le rôle que nous avons à jouer, je veux aussi que nous puissions regarder à long terme et agir en collaboration avec nos voisins.»

Makram-Ebeid a fait l'éloge de la nouvelle doctrine, affirmant qu'elle aurait un impact positif sur plusieurs aspects de la vie égyptienne.

«Cela donnera accès à des opportunités d'emploi, à l'instruction, aux soins de santé et aux libertés religieuses», a-t-elle déclaré.La dernière décennie de bouleversements en Égypte a commencé le 25 janvier 2011, lorsque des milliers de manifestants sont descendus dans les rues du Caire pour exiger un changement. Les méthodes agressives de la police pour réprimer les manifestations ont abouti à des appels à la destitution de Moubarak.

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Des manifestants égyptiens déchirant un portrait du président Hosni Moubarak lors d'une manifestation contre sa gestion du pays, dans la ville portuaire d'Alexandrie, au nord du pays, le 25 janvier 2011. (Fichier/AFP)

Lorsqu’il a été finalement renversé, les jeunes Égyptiens ont estimé que le moment était venu de créer une société plus juste. En réalité, ce n'était que le début d'une nouvelle période de mécontentement et d'incertitude. Le pays a été secoué par de nouveaux désastres économiques et l'arrivée au pouvoir de Mohammed Morsi, un homme politique islamiste affilié aux Frères musulmans désormais interdits.

La «deuxième révolution égyptienne» a eu lieu en 2013, un an après l'investiture de Morsi. À la suite de la reprise des manifestations de rue cet été-là, Morsi a été démis de ses fonctions et les Frères musulmans ont été considérés comme une organisation terroriste.

L'année suivante, le ministre de la Défense de Morsi, Abdel Fattah al-Sissi, a remporté l'élection présidentielle et a prêté serment.

«Le défi fondamental entre les Frères musulmans et le reste du système égyptien concernait notre identité», a déclaré Fahmy lors de l'événement WPC.

«Sommes-nous des Égyptiens, incluant des Frères musulmans, ou sommes-nous des Frères musulmans incluant certains Égyptiens? C'est une menace existentielle, et c'est la raison pour laquelle l'affrontement s'est produit rapidement. Non seulement les influenceurs politiques, mais également la classe moyenne étaient contre le modèle de gouvernement qui était en train d'être formé par les Frères musulmans lorsqu'ils sont arrivés au pouvoir.

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Le président islamiste égyptien Mohammed Morsi se trouvant derrière les barreaux de la cage des accusés, lors d'un procès devant le tribunal de l'Académie de police du Caire, le 5 novembre 2014. (Fichier/AFP)

 

Le mouvement des Frères musulmans a été fondé en 1928 en Égypte par Hassan al-Banna et s’est ensuite propagé dans tout le Moyen-Orient jusqu'au Soudan, en Syrie, en Palestine et au Liban ainsi que dans toute l'Afrique du Nord, où ses partisans ont connu des degrés de succès variables.

«Le mouvement des Frères musulmans est né en Égypte, créant ainsi des tendances en Égypte. Mais la réalité est que lorsque l’on essaie de construire l'avenir, nos jeunes veulent alors s'engager dans le monde», a déclaré Fahmy.

«Une idéologie dogmatique ne convient pas à l'Égypte. Nous devons collaborer avec le monde entier, et je pense que cette idéologie représente une menace pour la modernité.

«L'influence des Frères musulmans a fortement diminué aujourd'hui en Égypte, et le gouvernement actuel – que l'on soit d'accord ou pas avec certains détails de sa politique n'a pas d'importance – est un gouvernement d’action qui tente de répondre aux besoins fondamentaux et immédiats du peuple.»

L'accent mis par l'Égypte sur l'engagement régional et mondial a été évident ces derniers mois. Outre les récents pourparlers avec de hauts responsables irakiens et syriens, l'Égypte a également fait des progrès diplomatiques avec ses rivaux. «Nous avons engagé un dialogue avec la Turquie», a affirmé Fahmy. «C'est lent, alors ne soyez pas trop optimistes.»

L'un des fronts diplomatiques où l'Égypte a fait des progrès notables au cours de l'année dernière est la Libye qui, au cours de la dernière décennie, est devenue un refuge pour les passeurs de clandestins et les extrémistes religieux.

Au cours de la même vague révolutionnaire qui a renversé Moubarak, le peuple libyen s'est soulevé contre son dirigeant de longue date Mouammar Kadhafi. Cependant, une décennie après sa chute, le pays riche en pétrole reste embourbé dans le chaos et l'impasse politique.

Comme les deux pays partagent une frontière désertique poreuse, les extrémistes basés en Libye ont, à maintes reprises, réussi à mener des attaques contre les forces de sécurité égyptiennes et contre les chrétiens.

Ces derniers mois, l'Égypte s'est engagée avec les parties libyennes en conflit pour s'assurer que les élections nationales seront tenues en décembre comme prévu. Le Caire pense que des élections justes et transparentes aideront à mettre son voisin déchiré par la guerre sur la voie de la stabilité et du redressement.

Fahmy affirme qu'il y a eu des progrès sensibles sur la question de la Libye, mais il doute que les élections prévues le 24 décembre par le Gouvernement d'unité nationale récemment établi dans le pays se déroulent comme prévu. «J'aimerais bien que l'on me prouve le contraire», a-t-il dit.

Fahmy est bien perçu après ses années de carrière diplomatique et universitaire. Il est le doyen fondateur de la School of Global Affairs and Public Policy et professeur d'université émérite dans la pratique de la diplomatie internationale à l'Université américaine du Caire. Il a consacré de nombreuses années d'études à la diplomatie arabo-israélienne, ce qui a fait de lui une autorité de premier plan dans le processus de paix.

L'été dernier, les Émirats arabes unis sont devenus le premier pays arabe à signer les accords d'Abraham, une série d'accords diplomatiques négociés par les États-Unis entre Israël et des pays arabes. La signature du 13 août 2020 marquait la première fois qu'un pays arabe établissait publiquement des relations avec Israël, depuis l'Égypte en 1979 et la Jordanie en 1994.

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Le président égyptien Anwar al-Sadate (à gauche), le Premier ministre israélien Menachem Begin (à droite) et le président américain Jimmy Carter (au centre) se serrant la main après une conférence de presse dans l'East Room de la Maison Blanche, le 17 septembre 1978. (Fichier/AFP)

 

Bien que les accords aient montré un certain potentiel, les critiques affirment qu'ils n'ont pas fait grand-chose pour que les Palestiniens puissent jouir d'un État. Tandis que plusieurs gouvernements adoptaient les accords d’Abraham, la normalisation des liens avec Israël a été plus difficile à faire admettre à la population arabe.

«Vous ne pouvez pas trop insister sur le fait que la question palestinienne, en soi, est une question très émotionnelle dans tout le monde arabe, et les réactions à ce sujet ont donc tendance à être très fortes dans les deux sens», a affirmé Fahmy.

«Mon point de vue est le suivant – je l'ai dit à mes collègues palestiniens: je comprends votre inquiétude, je comprends votre peur, mais concentrez-vous sur la construction de votre dossier plutôt que sur la critique de quelqu'un. Parce que, dans le cas de ceux qui ont signé les accords, même si nous ne sommes pas d'accord avec eux, ils se sont tous engagés à aider à établir et à soutenir un État palestinien.

«Mes recommandations aux Arabes sont donc les suivantes: soyez un peu sensibles dans vos démarches. Vous devrez faire face au fait que le sujet est sensible et que vous serez critiqués.»

«Je dirais à mes collègues arabes, je dirais aux Palestiniens, trouvez des idées sur la façon d’avancer politiquement et ne laissez pas mourir le processus politique.»

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Mona Makram Abed avec le président Al-Sissi, le 4 décembre 2016. (Facebook)

Compte tenu de la présence confirmée à nouveau de l’Égypte sur la scène régionale, Fahmy espère que d'autres pays arabes suivront l'exemple de l'Égypte et viendront à la table des négociations pour parler ouvertement de la voie à suivre. «Les Arabes sont forts dans leur capacité à s'entendre. Notre problème est notre incapacité à être en désaccord», a-t-il précisé.

«Permettez-moi de saisir cette occasion pour lancer un appel à l'Égypte et aux pays arabes: nous devrions tous parler beaucoup plus de notre vision de l'avenir, de la région, et de ce que nous voulons voir concrètement pour le Moyen-Orient dans son ensemble.

«Nous n’avons pas à être d’accord, mais nous devons engager un dialogue et voir quel degré d’accord et quel degré de désaccord nous avons. Parce que permettre aux autres de définir l'ordre du jour est très dangereux.»

 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


La diplomatie française estime qu'Israël doit faire preuve de « la plus grande retenue » au Liban

Le drapeau français flotte sur le lac d'Enghien, à Enghien-les-Bains, dans la banlieue nord de Paris, le 25 avril 2025. (Photo Thibaud MORITZ / AFP)
Le drapeau français flotte sur le lac d'Enghien, à Enghien-les-Bains, dans la banlieue nord de Paris, le 25 avril 2025. (Photo Thibaud MORITZ / AFP)
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  • l'armée israélienne continue de mener des frappes au Liban, affirmant viser des combattants et des infrastructures du mouvement libanais, Hezbollah.
  • Le Liban avait alors demandé à Washington et Paris, garants de l'accord de cessez-le-feu, de « contraindre Israël à cesser immédiatement ses attaques ».

PARIS : La France a exhorté mercredi Israël « à faire preuve de la plus grande retenue » au Liban après la frappe israélienne qui a touché Beyrouth dimanche dernier, et a souligné que le démantèlement des sites militaires du Hezbollah revenait « exclusivement aux forces armées libanaises ».

Malgré un cessez-le-feu entré en vigueur le 27 novembre après plus d'un an de guerre entre Israël et le Hezbollah, l'armée israélienne continue de mener des frappes au Liban, affirmant viser des combattants et des infrastructures du mouvement libanais, très affaibli, qui affirme de son côté respecter l'accord.

Le week-end dernier, Israël a assuré avoir visé un entrepôt de missiles.

Le Liban avait alors demandé à Washington et Paris, garants de l'accord de cessez-le-feu, de « contraindre Israël à cesser immédiatement ses attaques ».

« La France rappelle que le respect du cessez-le-feu s'impose à toutes les parties sans exception afin de garantir la sécurité des populations civiles des deux côtés de la Ligne bleue », la frontière de facto délimitée par les Nations unies, a souligné mercredi Christophe Lemoine, porte-parole du ministère français des Affaires étrangères.

« La France appelle donc Israël à faire preuve de la plus grande retenue et à se retirer au plus vite des cinq points toujours occupés sur le territoire libanais », a-t-il ajouté lors d'un point presse.

Une commission regroupant le Liban, Israël, les États-Unis, la France et l'ONU est chargée de superviser l'application du cessez-le-feu.

Beyrouth presse la communauté internationale de faire pression sur Israël pour qu'il mette fin à ses attaques et se retire des cinq positions frontalières où il s'est maintenu dans le sud du pays, malgré l'accord.


Les services de sécurité des Émirats déjouent un transfert illégal d'armes vers le Soudan

Les autorités ont saisi environ cinq millions de munitions de type Goryunov (7,62 x 54 mm) retrouvées dans l'avion. (AFP)
Les autorités ont saisi environ cinq millions de munitions de type Goryunov (7,62 x 54 mm) retrouvées dans l'avion. (AFP)
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  • Les services de sécurité ont réussi à empêcher le transfert d'une quantité d'équipements militaires aux forces armées soudanaises 
  • Les prévenus ont été arrêtés lors d'une inspection de munitions dans un avion privé dans l'un des aéroports du pays

ABU DHABI: Les services de sécurité des Émirats arabes unis ont déjoué une tentative de transfert illégal d'armes et d'équipements militaires aux forces armées soudanaises, a déclaré mercredi le procureur général des Émirats arabes unis, Hamad Saif al-Chamsi.

M. Al-Chamsi a déclaré que les services de sécurité avaient réussi à empêcher le transfert d'une quantité d'équipements militaires aux forces armées soudanaises après l'arrestation de membres d'une cellule impliquée dans la médiation non autorisée, le courtage et le trafic illicite d'équipements militaires, sans avoir obtenu les licences nécessaires auprès des autorités compétentes.

Les prévenus ont été arrêtés lors d'une inspection de munitions dans un avion privé dans l'un des aéroports du pays.

L'avion transportait environ cinq millions de munitions de type Goryunov (54,7 x 62 mm).

Les autorités ont également saisi une partie du produit financier de la transaction en possession de deux suspects dans leurs chambres d'hôtel.

M. Al-Chamsi a déclaré que l'enquête avait révélé l'implication de membres de la cellule des chefs militaires soudanais, notamment l'ancien chef des services de renseignement Salah Gosh, un ancien officier de l'agence de renseignement, un ancien conseiller du ministre des Finances et une personnalité politique proche du général Abdel Fattah al-Burhan et de son adjoint Yasser al-Atta. Plusieurs hommes d'affaires soudanais ont également été impliqués.

Selon les enquêteurs, les membres de la cellule ont conclu un marché d'équipement militaire portant sur des fusils Kalachnikov, des munitions, des mitrailleuses et des grenades d'une valeur de plusieurs millions de dollars.

Les armes ont été transférées de l'armée soudanaise à une société d'importation des Émirats arabes unis en utilisant la méthode de transfert des HAWALADARS.

La transaction a été facilitée par l'intermédiaire d'une société appartenant à un membre fugitif de la cellule travaillant pour les forces armées soudanaises, en coordination avec le colonel Othman al-Zubair, responsable des opérations financières au sein de l'armée soudanaise.

De faux contrats et de fausses factures commerciales ont été utilisés pour prétendre que les paiements concernaient un contrat d'importation de sucre.

L'enquête a conclu que ces transactions avaient été effectuées à la demande du comité d'armement des forces armées soudanaises, présidé par Al-Burhan et son adjoint Al-Atta, en toute connaissance de cause et avec leur approbation. Les membres de la cellule ont été directement chargés de négocier et de finaliser les transactions par Ahmed Rabie Ahmed al-Sayed, une personnalité politique proche du commandant en chef soudanais et responsable de la délivrance des certificats et des approbations des utilisateurs finaux.

Les enquêteurs ont confirmé que Salah Gosh jouait un rôle central dans la gestion du trafic illégal d'équipements militaires aux Émirats arabes unis, en coordination avec d'autres membres de la cellule.

Le groupe a réalisé une marge bénéficiaire de 2,6 millions de dollars (1 dollar = 0,88 euro) par rapport à la valeur réelle des deux transactions, qu'il s'est répartie entre lui et plusieurs complices. La part de Gosh a été retrouvée en possession du suspect Khalid Youssef Mukhtar Youssef, ancien officier de renseignement et ex-chef de cabinet de Gosh.

La cargaison saisie était arrivée à l'aéroport des Émirats arabes unis à bord d'un avion privé en provenance d'un pays étranger.

L'avion s'était posé pour faire le plein et avait officiellement déclaré qu'il transportait un lot de fournitures médicales.

Cependant, la cargaison militaire a été découverte sous la supervision du ministère public, sur la base de mandats judiciaires émis par le procureur général.

Les autorités ont également saisi des copies des contrats relatifs aux deux transactions, de faux documents d'expédition, ainsi que des enregistrements audio et des messages échangés entre les membres de la cellule.

L'enquête a permis de découvrir plusieurs sociétés appartenant à un homme d'affaires soudano-ukrainien, dont une opérant aux Émirats arabes unis.

Ces sociétés ont fourni à l'armée soudanaise des armes, des munitions, des grenades et des drones, en collaboration avec les membres de la cellule et le responsable financier de l'armée.

L'une des sociétés figure sur la liste des sanctions américaines.

Les enquêtes en cours ont révélé que les intérêts financiers et les profits du groupe sont étroitement liés à la poursuite du conflit interne au Soudan.

Le procureur général a souligné que cet incident représentait une grave atteinte à la sécurité nationale des Émirats arabes unis, en faisant de leur territoire une plateforme pour le trafic illégal d'armes à destination d'un pays en proie à des troubles civils, en plus de constituer des infractions pénales punissables par la loi.

Il a conclu en déclarant que le ministère public poursuivait ses procédures d'enquête en vue de déférer les suspects à une procédure judiciaire d'urgence.

Les résultats définitifs seront annoncés à la fin de l'enquête.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Retailleau engage la procédure de dissolution d'Urgence Palestine

Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau intervient lors d'un débat sur le narcotrafic à l'Assemblée nationale française à Paris, le 29 avril 2025. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau intervient lors d'un débat sur le narcotrafic à l'Assemblée nationale française à Paris, le 29 avril 2025. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
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  • A la veille du 1er mai, Bruno Retailleau a annoncé  mecredi l'engagement de la procédure de dissolution du groupe Urgence Palestine.
  • Le groupe organise régulièrement des manifestations, qui ont parfois été interdites par les autorités.

PARIS : A la veille du 1er mai, Bruno Retailleau a annoncé  mecredi l'engagement de la procédure de dissolution du groupe Urgence Palestine, ainsi que de Lyon Populaire, qui appartient à l'ultra droite, après avoir lancé mardi celle du groupe antifasciste La Jeune Garde.

Invité de CNews/Europe 1, le ministre de l'Intérieur a justifié la dissolution d'Urgence Palestine en affirmant qu'il fallait « taper sur les islamistes ». « L'islamisme est une idéologie qui essaie d'instrumentaliser une religion. Il y a une défiguration de la foi », a-t-il dit.

« Il ne faut pas défigurer la juste cause des Palestiniens », a poursuivi M. Retailleau, qui a insisté sur le fait que « beaucoup de nos compatriotes musulmans professent une foi parfaitement compatible avec les valeurs de la République ».

Créé au lendemain de l'attaque sans précédent du Hamas dans le sud d'Israël le 7 octobre 2023, qui a déclenché la guerre à Gaza, le collectif Urgence Palestine dit rassembler « des citoyens, des organisations et mouvements associatifs, syndicaux et politiques mobilisés pour l'auto-détermination du peuple palestinien ». 

Le groupe organise régulièrement des manifestations, qui ont parfois été interdites par les autorités.

« À l'heure où le peuple palestinien est confronté au génocide, à la famine, où les Israéliens cherchent à détruire et à anéantir le peuple palestinien, que fait le gouvernement français ? Il veut dissoudre notre collectif, c'est insupportable », a réagi Omar Al Soumi, l'un des militants d'Urgence Palestine.

« C'est la réalité d'une France complice du génocide », a-t-il accusé dans une vidéo publiée sur les réseaux sociaux.

Urgence Palestine a reçu de nombreux messages de soutien de la part d'organisations de l'extrême gauche et de la gauche radicale. 

« Non à la dissolution d'Urgence Palestine », a écrit sur Instagram le Nouveau Parti Anticapitaliste, dénonçant « des prétextes pour faire taire les voix solidaires avec la Palestine ! ».

L'eurodéputée insoumise Rima Hassan a également critiqué les dissolutions engagées contre la Jeune Garde et Urgence Palestine.

« La dérive autoritaire et fasciste de Macron est aussi réelle, tangible et concrète », a-t-elle réagi sur X.

Tsedek!, qui se présente comme un « collectif juif décolonial », a aussi apporté son soutien à ces deux organisations.

« Le gouvernement qui appelle à la dissolution d’Urgence Palestine, c’est la République qui reprend ses droits et réaffirme que l’antisémitisme ne passera pas en France », s'est au contraire félicitée Sarah Aizenman, présidente du collectif « Nous vivrons », auprès de l'AFP. 

« Cette organisation ne défend pas les droits des Palestiniens, elle soutient une organisation terroriste », a accusé Mme Aizenman.

Les annonces de procédures de dissolution contre La Jeune Garde et Urgence Palestine interviennent à la veille des rassemblements du 1er-Mai et pourraient tendre le climat des manifestations, notamment à Paris, selon un haut responsable de la police.

Le ministre de l'Intérieur et le préfet de police de Paris, Laurent Nuñez, ont par avance prévenu qu'aucun débordement ne serait toléré.

Environ 15 000 personnes sont attendues jeudi pour la manifestation parisienne.