Au procès du 13-Novembre, la vie «simple» de Salah Abdeslam avant les attentats

Ce croquis d'audience réalisé le 2 novembre 2021 montre Salah Abdeslam (à gauche), le principal suspect des attentats de Paris du 13 novembre 2015, lors du procès qui se déroule dans une salle d'audience provisoire installée au Palais de Justice de Paris (AFP)
Ce croquis d'audience réalisé le 2 novembre 2021 montre Salah Abdeslam (à gauche), le principal suspect des attentats de Paris du 13 novembre 2015, lors du procès qui se déroule dans une salle d'audience provisoire installée au Palais de Justice de Paris (AFP)
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Publié le Mardi 02 novembre 2021

Au procès du 13-Novembre, la vie «simple» de Salah Abdeslam avant les attentats

  • Salah Abdeslam, 32 ans et seul membre encore en vie des commandos djihadistes qui ont fait 130 morts et des centaines de blessés à Paris et à Saint-Denis, est le premier à être interrogé
  • L'accusé, volubile depuis l'ouverture du procès après un silence quasi constant pendant l'enquête, ne fuit pas les questions même s'il n'offre que de brèves réponses, courtoises

PARIS: "J'étais quelqu'un de gentil, calme, serviable". Au procès du 13-Novembre, le principal accusé Salah Abdeslam s'est présenté mardi comme un homme au parcours assez lisse et "imprégné par les valeurs occidentales" avant sa radicalisation et les attentats.

La cour d'assises spéciale de Paris examine cette semaine les personnalités des 14 accusés présents.

Salah Abdeslam, 32 ans et seul membre encore en vie des commandos djihadistes qui ont fait 130 morts et des centaines de blessés à Paris et à Saint-Denis, est le premier à être interrogé.

L'exercice est délicat: il s'agit d'évoquer sa vie sans "déborder sur le fond" du dossier qui ne sera abordé qu'en 2022, et donc sans évoquer son engagement religieux, comme le répétera plusieurs fois le président Jean-Louis Périès.

Barbe fournie, crâne rasé, gros gilet gris sur une chemise beige, Salah Abdeslam décrit dans des réponses succinctes son enfance "très simple", heureuse, de fils d'immigrés marocains de Molenbeek, une commune de l'agglomération bruxelloise.

Son père y est chauffeur de tramway, sa mère femme au foyer, il est le quatrième d'une fratrie de cinq. "J'ai trois grands frères, une petite soeur. Qu'est-ce que vous voulez savoir?", dit Salah Abdeslam d'une voix calme teintée d'un léger accent belge, les mains jointes devant lui.

Précisant n'avoir qu'"une seule" nationalité - française - il se décrit comme un enfant "calme, gentil, serviable".

- Pudeur -

"Bon élève", "aimé de (ses) professeurs", il a suivi un "enseignement technique en électromécanique", arrête les études à 18 ans pour travailler. Il aime le sport, "de combat, musculation, foot".

La cour veut parler de sa vie personnelle, de sa petite amie d'avant les attentats. "Vous avez toujours des contacts avec elle?" "Non". "Et avant, vous aviez eu d'autres liaisons?" Salah Abdeslam hésite. "Je ne souhaite pas m'exprimer sur ça, c'est un peu personnel".

L'accusé, volubile depuis l'ouverture du procès après un silence quasi constant pendant l'enquête, ne fuit pas les questions même s'il n'offre que de brèves réponses, courtoises.

Depuis huit semaines, celui qui s'est présenté au premier jour des débats comme un "combattant de l'Etat islamique" a plusieurs fois pris la parole pour justifier les attaques ou critiquer ses conditions de détention.

Son parcours connaît une première bascule en 2011: engagé depuis dix-huit mois dans l'entreprise de son père, Salah Abdeslam est mis en cause dans une tentative de cambriolage - après une soirée alcoolisée explique-t-il - et fait un premier séjour de cinq semaines en prison.

Licencié, il alternera entre "intérim et chômage" et ajoutera une dizaine d'autres condamnations à son casier judiciaire. Il aide aussi un temps son frère Brahim, gérant de café et futur tueur et kamikaze des terrasses parisiennes. C'est le frère que Salah Abdeslam "préférait".

- "Avant j'étais comme ça" -

Le président de la cour cite un autre de ses frères, selon lequel Salah Abdeslam aimait bien "sortir, fréquenter des boîtes de nuit, des casinos". "Es-ce que c'est exact?"

"Ouais", commence Salah Abdeslam. "Ouais, avant j'étais comme ça".

Le président l'encourage à développer. "J'ai été à l'école publique en Belgique, j'ai été imprégné par les valeurs occidentales, je vivais comme vous m'avez appris à vivre en Occident".

Et de préciser: "je dansais pas, je suis pas vraiment un danseur".

Le magistrat l'interroge ensuite sur ses conditions de détention, à l'isolement total et sous vidéosurveillance constante depuis son arrestation en 2016. Là aussi, Salah Abdeslam en dit peu. Des visites "tous les mois" de sa famille, des coups de fils et du sport "une heure le matin, une heure le soir".

Le président mentionne son "comportement inégal" en détention et certains incidents. Il aurait traité des surveillants de "déchets de la société", de "SS", de "mécréants". "Vous vous rappelez de ça?", demande Jean-Louis Périès. "Non".

La première assesseure Frédérique Aline veut savoir pourquoi il n'a pas fait de demande de remise en liberté depuis qu'il est incarcéré. Il s'en étonne. "Parce que c'est difficile à imaginer que vous allez me lâcher".

L'audience se poursuivait avec l'interrogatoire de personnalité de Mohamed Abrini, coaccusé et ami d'enfance de Salah Abdeslam


Dix passeurs présumés jugés pour un naufrage meurtrier dans la Manche

Une femme passe devant les restes d'un bateau de contrebande endommagé sur la plage de Bleriot à Sangatte, près de Calais, dans le nord de la France, le 11 juin 2025. (AFP)
Une femme passe devant les restes d'un bateau de contrebande endommagé sur la plage de Bleriot à Sangatte, près de Calais, dans le nord de la France, le 11 juin 2025. (AFP)
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  • Trente-neuf migrants, dont huit mineurs, avaient pu être sauvés, mais quatre avaient été retrouvé morts et quatre autres n'ont jamais été retrouvés
  • La même nuit, sept autres départs d'embarcations clandestines avaient été dénombrés dans la Manche

LILLE: Dix hommes, dont huit Afghans, sont jugés à partir de lundi à Lille pour leur rôle présumé de passeurs dans le naufrage d'une embarcation clandestine qui avait fait quatre morts et quatre disparus dans la Manche en décembre 2022.

Parti entre 1H00 et 1H30 du matin dans la nuit du 13 au 14 décembre 2022, le canot, qui transportait en majorité des migrants afghans, avait fait naufrage à quelques kilomètres des côtes anglaises.

Trente-neuf migrants, dont huit mineurs, avaient pu être sauvés, mais quatre avaient été retrouvé morts et quatre autres n'ont jamais été retrouvés.

La même nuit, sept autres départs d'embarcations clandestines avaient été dénombrés dans la Manche.

Selon les éléments de l'enquête, alors que les migrants gonflaient le bateau avant le départ, plusieurs ont entendu une détonation, synonyme selon eux de crevaison. Les passeurs leur ont dit de ne pas s'en faire et qu'il s'agissait du seul bateau disponible pour eux.

D'après les témoignages des rescapés, il n'y avait pas assez de gilets de sauvetage pour tout le monde et aucune des personnes décédées n'en portait un. La température était glaciale et la mer très agitée.

Après une ou deux heures de traversée, un boudin a commencé à se dégonfler et l'eau à entrer dans l'embarcation, jusqu'à atteindre les genoux des passagers. Paniqués, ils se sont mis debout pour tenter de faire signe à un bateau. Mais le fond du canot, peu solide, a ployé sous leur poids et celui de l'eau, et tous se sont retrouvés à l'eau.

Neuf des prévenus sont jugés, jusqu'à vendredi, pour homicide involontaire par violation d'une obligation de sécurité, deux d'entre eux le sont pour blanchiment, tous pour aide au séjour irrégulier. Huit sont afghans, un syrien, un irakien.

Certains des prévenus sont soupçonnés d'avoir recruté des passeurs et assuré la logistique auprès des passagers, d'autres d'avoir géré l'organisation sur le camp de migrants de Loon-Plage (Nord), où vivaient les migrants avant leur tentative de traversée, toujours selon les éléments de l'enquête. D'autres encore sont jugés pour s'être occupés du transport des migrants vers la plage et de la mise à l'eau du canot, et deux pour avoir collecté une partie des paiements.

Le mineur sénégalais qui pilotait le canot est, lui, inculpé dans le cadre d'une procédure au Royaume-Uni.

Apparu en 2018, le phénomène des traversées de la Manche en petites embarcations est à l'origine de nombreux naufrages, le plus meurtrier ayant coûté la vie à 27 personnes en novembre 2021.

Depuis le début de l'année, au moins 15 migrants sont morts dans la Manche, bras de mer parmi les plus fréquentés du monde et où les conditions météorologiques sont souvent difficiles, selon un décompte de l'AFP à partir de chiffres officiels. En 2024, 78 étaient morts ainsi, un record.


Légion d'honneur, Sarkozy « prend acte », rappelant que la CEDH doit encore examiner son recours

La Cour d'appel a confirmé l'année dernière la condamnation de l'ancien président français Nicolas Sarkozy pour avoir tenté illégalement d'obtenir des faveurs d'un juge et lui a ordonné de porter un bracelet électronique à la cheville au lieu de purger une peine d'un an de prison. (Photo d'archive AFP)
La Cour d'appel a confirmé l'année dernière la condamnation de l'ancien président français Nicolas Sarkozy pour avoir tenté illégalement d'obtenir des faveurs d'un juge et lui a ordonné de porter un bracelet électronique à la cheville au lieu de purger une peine d'un an de prison. (Photo d'archive AFP)
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  • L'ex-président (2007-2012) a rappelé que son recours devant la CEDH « est toujours pendant ». Il l'avait déposé après sa condamnation devenue définitive en décembre, à un an de prison ferme pour corruption dans l'affaire des écoutes. 
  • Nicolas Sarkozy, déjà exclu de l'ordre national du Mérite, est ainsi devenu le deuxième chef de l'État français privé de cette distinction, après le maréchal Pétain.

PARIS : L'ancien président Nicolas Sarkozy a « pris acte » dimanche de son exclusion de la Légion d'honneur et rappelle que la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH) doit encore se prononcer sur son recours dans l'affaire des écoutes, a indiqué son avocat Patrice Spinosi dans une déclaration transmise à l'AFP.

« Nicolas Sarkozy prend acte de la décision prise par le grand chancelier. Il n’a jamais fait de cette question une affaire personnelle », a affirmé Patrice Spinosi, soulignant que si l'ancien chef de l'État « a fait valoir des arguments juridiques, c’était au nom de la fonction même de président de la République ».

L'ex-président (2007-2012) a rappelé que son recours devant la CEDH « est toujours pendant ». Il l'avait déposé après sa condamnation devenue définitive en décembre, à un an de prison ferme pour corruption dans l'affaire des écoutes. 

« La condamnation de la France (par la CEDH) impliquera la révision de la condamnation pénale prononcée à l'encontre de Nicolas Sarkozy, en même temps que l’exclusion de l’ordre de la Légion d’Honneur ; l’une n’étant que la conséquence de l’autre », a assuré Patrice Spinosi.

Nicolas Sarkozy, déjà exclu de l'ordre national du Mérite, est ainsi devenu le deuxième chef de l'État français privé de cette distinction, après le maréchal Pétain, à qui la Légion d'honneur avait été retirée en 1945 pour haute trahison et intelligence avec l'ennemi.

« Ce lien avec le maréchal Pétain est indigne », a déclaré la porte-parole du gouvernement Sophie Primas (LR), prenant « acte » elle aussi de cette décision « automatique qui fait partie du code de la Légion d’Honneur ».

« Le président Sarkozy a été là pour la France à des moments extrêmement compliqués », a-t-elle déclaré, se disant « un peu réservée non pas sur la règle, mais sur ce qu’elle entraîne comme comparaison ».

« C'est une règle, mais c'est aussi une honte », a déploré sur franceinfo Othman Nasrou, le nouveau secrétaire général de LR et proche de Bruno Retailleau, apportant son « soutien et son respect » à l'ex-président.

À gauche, le député écologiste Benjamin Lucas s'est félicité de la décision, appelant sur X à ce que « la République prive de ses privilèges et de son influence institutionnelle celui qui a déshonoré sa fonction et trahi le serment sacré qui lie le peuple à ses élus, celui de la probité ».


Echanges de frappes entre Israël et l'Iran : la France renforce la vigilance sur son territoire

 Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau  (Photo AFP)
Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau (Photo AFP)
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  • « Il convient de porter une vigilance particulière à l'ensemble des sites qui pourraient être ciblés par des actes de terrorisme ou de malveillance de la part d'une puissance étrangère », a-t-il indiqué dans un télégramme
  • Le ministre a appelé à la mobilisation des services de renseignements, des forces de sécurité intérieure, des polices municipales et des élus locaux, ainsi que du dispositif Sentinelle.

PARIS : Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau a appelé les préfets à renforcer la vigilance sur le territoire national. Il a notamment demandé de cibler les lieux de culte, les rassemblements festifs et les intérêts israéliens et américains. Cette demande a été transmise par télégramme. Elle a été envoyée vendredi. Cela fait suite à l'attaque israélienne en Iran.

« Il convient de porter une vigilance particulière à l'ensemble des sites qui pourraient être ciblés par des actes de terrorisme ou de malveillance de la part d'une puissance étrangère », a-t-il indiqué dans un télégramme consulté par l'AFP, alors qu'Israël et l'Iran poursuivaient leurs échanges de frappes meurtrières.

Les hostilités ont été déclenchées par une attaque israélienne massive contre des sites militaires et nucléaires iraniens, à laquelle Téhéran riposte avec des missiles balistiques. 

Dans ce contexte, M. Retailleau demande aux préfets de porter « une attention particulière » à la sécurité des lieux de culte, des établissements scolaires, des établissements publics et institutionnels, ainsi que des sites à forte affluence, notamment au moment des entrées et des sorties, et ce, incluant les « rassemblements festifs, culturels ou cultuels ».

Ces mesures de protection renforcée s'appliquent également aux « intérêts israéliens et américains ainsi qu'aux établissements de la communauté juive ».

Le ministre a appelé à la mobilisation des services de renseignements, des forces de sécurité intérieure, des polices municipales et des élus locaux, ainsi que du dispositif Sentinelle.

Vendredi soir, le président Emmanuel Macron a annoncé un « renforcement » du dispositif Sentinelle, qui déploie des militaires en France, « pour faire face à toutes les potentielles menaces sur le territoire national ».