Nathalie Goulet: Il faut un changement de perception concernant l’Arabie saoudite

Nathalie Goulet, sénatrice française. (Capture d'écran)
Nathalie Goulet, sénatrice française. (Capture d'écran)
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Publié le Mercredi 03 novembre 2021

Nathalie Goulet: Il faut un changement de perception concernant l’Arabie saoudite

  • «Le travail de l'Arabie saoudite en termes de lutte contre le financement du terrorisme est exceptionnel», déclare Nathalie Goulet
  • Il faut arrêter «cette hypocrisie» et la France doit «cesser de vouloir négocier avec les terroristes», affirme la sénatrice française

RIYAD: Lors de son déplacement à Riyad, au cours duquel elle s’est entretenue avec le ministre d’État saoudien aux Affaires étrangères, Adel al-Jubeir, ainsi qu’avec plusieurs responsables des domaines de la sécurité et de la finance, la sénatrice française Nathalie Goulet a affirmé que sa visite a pour objectif de «poursuivre le travail sur la lutte contre le financement du terrorisme».

Dans une interview exclusive accordée à Arab News en français, Mme Goulet a souligné que «le travail qui a été fait par l'Arabie saoudite en termes de lutte contre le financement du terrorisme est exceptionnel, notamment en ce qui concerne le contrôle prudentiel des banques, y compris Bâle I, Bâle II et Bâle III». Elle a également salué les efforts du Royaume dans sa lutte contre le financement du terrorisme et le blanchiment d'argent.

Mme Goulet a par ailleurs appelé à un «changement de perception concernant l'Arabie saoudite», et à admettre «la réalité que le Royaume est un partenaire fiable en matière de lutte contre le financement du terrorisme», tout en invitant ceux qui en doutent toujours «à venir ici visiter les institutions, la sécurité de l’État, le renseignement financier et observer comment l’Arabie saoudite communique les informations, notamment sur les demandes des pays étrangers».

Son interview avec Arab News en français était aussi l’occasion pour Nathalie Goulet de se prononcer sur les problématiques régionales de l’Iran au Yémen, en passant par le Liban. 

Concernant l’Iran, Mme Goulet a affirmé être «prudente». Pour elle, l'arrivée du président Trump avait créé un très grand désordre, surtout avec sa sortie de l'accord sur le nucléaire qui fut un choc, y compris pour les Européens», ajoutant que cette donne a contribué «à faire élire la branche dure du régime iranien, avec une réduction des promesses d'ouverture».  Elle a toutefois espéré que «l'Europe, le G20 et le président Biden, pourront ramener l’Iran à la raison».

Les Houthis, un Hezbollah local

«Je ne crois pas à un Iran nucléaire, je crois qu'il faut évidemment éviter que l'Iran puisse avoir l’arme nucléaire. Je pense aussi que la politique des proxys  que ce soit le Hezbollah, le Hamas, les Houthis, le soutien à certaines factions au Bahreïn  c'est aussi une politique qui nuit aux iraniens eux-mêmes dans leur pays», a déclaré Mme Goulet qui a rappelé l’importance de l’Iran auquel «le prince Mohammed ben Salmane a tendu la main il y a quelques semaines». Pour elle, il s’agit de «reprendre la diplomatie tout en restant extrêmement fermes sur les proxys que sont le Hezbollah, le Hamas et les Houthis».

Pour la sénatrice française, «les Houthis, c'est le Hezbollah local» au Yémen, et il faut comprendre pourquoi «l'Arabie saoudite ne peut pas tolérer un Hezbollah à ses frontières». Mme Goulet a également critiqué «la position de la France qui distingue le Hezbollah militaire du Hezbollah politique», qualifiant cette approche de «distinguo factice qui n'a pas lieu d'être parce qu’il  Il n’y a pas un Hezbollah politique et un Hezbollah militaire». Il y a selon elle «un Hezbollah terroriste et c'est tout». Elle a appelé à arrêter «cette hypocrisie», et insisté sur la nécessité pour la France de «cesser de vouloir négocier avec les terroristes».

Le gouvernement Mikati «ne tient rien»

Ce qui se passe au Liban est «une catastrophe pour le Liban et pour les Libanais», a ainsi affirmé Mme Goulet pour qui  «le gouvernement de M. Mikati ne tient rien». Elle est revenue sur les propos du ministre libanais de l’Information, Georges Kordahi, qui ont provoqué un tollé diplomatique entre le Liban et les pays du Golfe. Pour la sénatrice, «le ministre qui a fait cette déclaration devrait démissionner et le Liban doit des excuses à l'Arabie saoudite et aux pays du Golfe pour les propos qui ont été tenus». Nathalie Goulet a appelé à «en finir avec le régime actuel au Liban et à l’avènement d’une IIIe République, une Constitution loin des religions, qui restaure le Liban dans son intégralité territoriale et dans sa souveraineté».

Mme Goulet s’en est également prise à une certaine élite libanaise en relation, selon elle, avec «le blanchiment, l'évasion fiscale et la fraude fiscale». Cette «élite a eu un comportement absolument scandaleux et il faut faire rentrer l'argent des voleurs libanais dans les caisses du pays de façon à ce que tout le peuple libanais puisse retrouver un peu de vie», a-t-elle ajouté. Dans un pays en plein effondrement, Mme Goulet a déclaré qu’il faut «faire appel à la société civile et échanger de paradigmes au Liban, avec des hommes nouveaux et avec surtout une politique anticorruption, et rapatrier l'argent qui est à l'étranger». Mme Goulet a affirmé avoir discuté lors de sa visite des modalités juridiques pour une éventuelle «levée du secret bancaire dans les pays du Golfe, peut-être en Arabie saoudite, sûrement aux Émirats et bloquer les fonds de ceux qui ont eu recours à l'évasion fiscale au détriment du peuple libanais».


Vision 2030: le Cabinet remercie les agences impliquées

Le prince héritier d'Arabie saoudite, Mohammed ben Salmane, assiste à la session du Cabinet, mardi. (SPA)
Le prince héritier d'Arabie saoudite, Mohammed ben Salmane, assiste à la session du Cabinet, mardi. (SPA)
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  • Le Conseil des ministres a souligné que la sécurité du Moyen-Orient exigeait d'accélérer la recherche d'une solution juste et globale à la question palestinienne
  • Le Conseil a affirmé que le Royaume poursuivait ses efforts pour accélérer le redressement économique de la République arabe syrienne

RIYAD: Le Conseil des ministres a salué les efforts des agences gouvernementales ayant contribué aux avancées réalisées dans le cadre de la Vision saoudienne 2030, alors que le Royaume se rapproche de l’atteinte de ses objectifs clés, a rapporté mardi l’Agence de presse saoudienne (SPA).

D’après le rapport annuel 2024 de la Vision, 93% des principaux indicateurs de performance ont été entièrement ou partiellement atteints depuis le lancement de l’initiative il y a neuf ans.

Le ministre des Médias, Salman al-Dosari, a précisé que le cabinet avait discuté de la troisième et dernière phase de la Vision 2030, qui débutera en 2026. Cette phase visera à pérenniser l’impact des transformations déjà engagées tout en exploitant de nouvelles opportunités de croissance.

Le Conseil des ministres a également salué le don généreux d’un milliard de riyals saoudiens (266,6 millions de dollars; 1 dollar = 0,88 euro) effectué par le prince héritier Mohammed ben Salmane, destiné à soutenir des projets de logement pour les bénéficiaires saoudiens éligibles et les familles dans le besoin.

Le cabinet a souligné que ce don illustre l’engagement constant du prince héritier à améliorer la qualité de vie des citoyens, ainsi que son intérêt soutenu pour le secteur du logement et les initiatives visant à offrir des logements décents aux familles méritantes à travers le Royaume.

Le prince Mohammed a également informé le Conseil de sa rencontre avec le roi Abdallah II de Jordanie, ainsi que de ses échanges avec le Premier ministre indien Narendra Modi.

Le cabinet a salué les résultats de la deuxième réunion du Conseil de partenariat stratégique saoudo-indien, soulignant le développement continu des relations économiques, commerciales et d’investissement entre les deux pays.

Le Conseil des ministres a souligné que la sécurité du Moyen-Orient exigeait d'accélérer la recherche d'une solution juste et globale à la question palestinienne, conformément aux résolutions de la légitimité internationale, à l'initiative de paix arabe et à la création d'un État palestinien indépendant le long des frontières de 1967, avec Jérusalem-Est pour capitale.

Le Conseil a affirmé que le Royaume poursuivait ses efforts pour accélérer le redressement économique de la République arabe syrienne et a renouvelé son appel aux institutions financières régionales et internationales pour qu'elles reprennent et étendent leurs opérations dans le pays.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


L'Arabie saoudite condamne les actions d'Israël à Gaza devant la CIJ

 Le représentant du Royaume, Mohamed Saud Alnasser, s'exprime devant la Cour. (Capture d'écran)
Le représentant du Royaume, Mohamed Saud Alnasser, s'exprime devant la Cour. (Capture d'écran)
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  • Tel-Aviv "continue d'ignorer" les décisions de la Cour internationale de justice, déclare le représentant du Royaume
  • M. Alnasser a ajouté qu'"Israël a transformé Gaza en un tas de décombres", soulignant la dévastation généralisée et les souffrances infligées aux civils.

DUBAI : L'Arabie saoudite a condamné mardi devant la Cour internationale de justice la campagne militaire israélienne en cours à Gaza, l'accusant de défier les décisions internationales et de commettre de graves violations des droits de l'homme.

S'exprimant devant la Cour, le représentant du Royaume, Mohamed Saud Alnasser, a déclaré qu'Israël "continue d'ignorer les ordres de la Cour" et a insisté sur le fait que "rien ne justifie les violations commises par Israël à Gaza".

M. Alnasser a ajouté qu'"Israël a transformé Gaza en un tas de décombres", soulignant la dévastation généralisée et les souffrances infligées aux civils.

Ses remarques ont été formulées au deuxième jour des audiences de la CIJ sur les obligations humanitaires d'Israël à l'égard des Palestiniens, qui se déroulent dans le cadre d'un blocus israélien total de l'aide à la bande de Gaza, qui dure depuis plus de 50 jours.

Ces audiences s'inscrivent dans le cadre d'efforts plus larges visant à déterminer si Israël a respecté les responsabilités juridiques internationales dans sa conduite lors de la guerre contre Gaza.

Ce texte est la traduction d'un article paru sur Arabnews.com


Syrie: neuf morts dans des affrontements entre forces de sécurité et combattants druzes près de Damas

Mardi matin, quelques commerces ont ouvert leurs portes mais les rues de Jaramana, au sud-est de Damas, à majorité druze mais compte également des familles chrétiennes, étaient quasiment désertes, ont rapporté des habitants. (AFP)
Mardi matin, quelques commerces ont ouvert leurs portes mais les rues de Jaramana, au sud-est de Damas, à majorité druze mais compte également des familles chrétiennes, étaient quasiment désertes, ont rapporté des habitants. (AFP)
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  • Dans un communiqué, les autorités religieuses druzes locales ont "vivement dénoncé l'attaque armée injustifiée contre Jaramana (...) qui a visé les civils innocents", faisant assumer aux autorités syriennes "l'entière responsabilité "
  • "La protection de la vie, de la dignité et des biens des citoyens est l'une des responsabilités les plus fondamentales de l'Etat et des organismes de sécurité", a ajouté le communiqué

DAMAS: Neuf personnes ont été tuées dans des affrontements entre les forces de sécurité syriennes et des combattants de la minorité druze à Jaramana, dans la banlieue de Damas, sur fond de tension confessionnelle, selon un nouveau bilan mardi d'une ONG.

Ces violences interviennent un mois après des massacres qui ont visé la minorité alaouite, faisant des centaines de morts, dans le pays où la coalition islamiste qui a pris le pouvoir en décembre est scrutée par la communauté internationale.

Selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), "les forces de sécurité ont lancé un assaut" contre la banlieue à majorité druze de Jaramana, après la publication sur les réseaux sociaux d'un message vocal attribué à un druze et jugé blasphématoire envers l'islam.

L'OSDH, basée au Royaume-Uni mais qui dispose d'un solide réseau de sources en Syrie, a précisé que six combattants locaux de Jaramana et trois "assaillants" avaient été tués.

Plusieurs habitants de Jaramana joints au téléphone par l'AFP ont indiqué avoir entendu des échanges de tirs dans la nuit.

"Nous ne savons pas ce qui se passe, nous avons peur que Jaramana devienne un théâtre de guerre", a affirmé Riham Waqaf, une employée d'une ONG terrée à la maison avec son mari et ses enfants.

"On devait emmener ma mère à l'hôpital pour un traitement, mais nous n'avons pas pu" sortir, a ajouté cette femme de 33 ans.

Des combattants locaux se sont déployés dans les rues et aux entrées de la localité, demandant aux habitants de rester chez eux, a dit à l'AFP l'un de ces hommes armés, Jamal, qui n'a pas donné son nom de famille.

"Jaramana n'a rien connu de tel depuis des années". La ville est d'habitude bondée, mais elle est morte aujourd'hui, tout le monde est à la maison", a-t-il ajouté.

Mardi matin, quelques commerces ont ouvert leurs portes mais les rues de Jaramana, au sud-est de Damas, à majorité druze mais compte également des familles chrétiennes, étaient quasiment désertes, ont rapporté des habitants.

 "Respecter l'ordre public" 

Dans un communiqué, les autorités religieuses druzes locales ont "vivement dénoncé l'attaque armée injustifiée contre Jaramana (...) qui a visé les civils innocents", faisant assumer aux autorités syriennes "l'entière responsabilité de ce qui s'est produit et de toute aggravation de la situation".

"La protection de la vie, de la dignité et des biens des citoyens est l'une des responsabilités les plus fondamentales de l'Etat et des organismes de sécurité", a ajouté le communiqué.

Il a dénoncé dans le même temps "toute atteinte au prophète Mahomet" et assuré que le message vocal était fabriqué "pour provoquer la sédition".

Le ministère de l'Intérieur a souligné mardi "l'importance de respecter l'ordre public et de ne pas se laisser entraîner dans des actions qui perturberaient l'ordre public".

Il a ajouté qu'il enquêtait sur le message "blasphématoire à l'égard du prophète" Mahomet pour identifier l'auteur et le traduire en justice.

Les druzes, une minorité ésotérique issue de l'islam, sont répartis notamment entre le Liban, la Syrie et Israël.

Dès la chute du pouvoir de Bachar al-Assad le 8 décembre en Syrie, après plus de 13 ans de guerre civile, Israël multiplié les gestes d'ouverture envers cette communauté.

Début mars, à la suite d'escarmouches à Jaramana, Israël avait menacé d'une intervention militaire si les nouvelles autorités syriennes s'en prenaient aux druzes.

Ces propos ont été immédiatement rejetés par les dignitaires druzes, qui ont réaffirmé leur attachement à l'unité de la Syrie. Leurs représentants sont en négociation avec le pouvoir central à Damas pour parvenir à un accord qui permettrait l'intégration de leurs groupes armés dans la future armée nationale.

Depuis que la coalition islamiste dirigée par Ahmad al-Chareh, qui a été proclamé président intérimaire, a pris le pouvoir, la communauté internationale multiplie les appels à protéger les minorités.

Début mars, les régions du littoral dans l'ouest de la Syrie ont été le théâtre de massacres qui ont fait plus de 1.700 tués civils, en grande majorité des alaouites, selon l'OSDH.