La Chine fustige une «manipulation» après le rapport du Pentagone sur son arsenal nucléaire

Pékin ne rate aucune occasion pour exhiber ses armes modernes dont ces missiles balistiques intercontinentaux, ou ICBM, lors d'une parade militaire célébrant l'anniversaire de la proclamation de la République populaire en 1949. (Photo, AFP)
Pékin ne rate aucune occasion pour exhiber ses armes modernes dont ces missiles balistiques intercontinentaux, ou ICBM, lors d'une parade militaire célébrant l'anniversaire de la proclamation de la République populaire en 1949. (Photo, AFP)
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Publié le Vendredi 05 novembre 2021

La Chine fustige une «manipulation» après le rapport du Pentagone sur son arsenal nucléaire

  • Le ministère US de la Défense estime que Pékin développe son arsenal atomique beaucoup plus vite et peut déjà lancer des missiles depuis la terre, la mer et les airs
  • Pour le Pentagone, la Chine modernise son armée pour «contrer les Etats-Unis» dans la région indo-pacifique et faciliter une réintégration de Taïwan

La Chine a dénoncé jeudi une "manipulation" des Etats-Unis après la publication d'un rapport du Pentagone faisant notamment état d'une accélération plus rapide qu'anticipé du programme nucléaire chinois.

Dans un rapport publié mercredi, le ministère américain de la Défense estime que Pékin développe son arsenal nucléaire beaucoup plus vite et peut déjà lancer des missiles balistiques armés de têtes nucléaires depuis la terre, la mer et les airs.

Pour le Pentagone, la Chine modernise son armée pour "contrer les Etats-Unis" dans la région indo-pacifique et faciliter une réintégration de Taïwan, qu'elle considère comme l'une de ses provinces.

En réponse, un porte-parole de la diplomatie chinoise, Wang Wenbin, a accusé les Etats-Unis de chercher à "monter en épingle" la thèse d'une menace chinoise.

"Le rapport publié par le Pentagone, comme les précédents, ignore les faits et est rempli de préjugés", a indiqué à la presse M. Wang, fustigeant une "manipulation" de Washington.

Dans la précédente édition de ce rapport destiné au Congrès, publiée le 1er septembre 2020, le Pentagone évaluait que la Chine comptait "environ 200" ogives nucléaires, mais considérait que ce chiffre allait doubler au cours des dix années suivantes.

Avec 700 ogives nucléaires dès 2027 et 1000 d'ici 2030, les nouvelles projections des militaires américains montrent une accélération très forte des activités nucléaires de Pékin.

"La Chine a probablement déjà établi une 'triade nucléaire' naissante", c'est-à-dire la capacité de lancer des missiles nucléaires balistiques depuis la mer, la terre et les airs, selon ce document.

Pour parvenir à ces chiffres, les auteurs du rapport se sont notamment basés sur des déclarations de responsables chinois dans des médias officiels et sur des images satellites montrant la construction d'un nombre important de silos nucléaires, a indiqué à la presse un haut responsable du ministère de la Défense, en présentant ce document dont une partie seulement est rendue publique, le reste étant classé secret-défense.

"C'est très inquiétant pour nous", a admis ce responsable ayant requis l'anonymat, ajoutant que cette accélération "soulève des questions sur leurs intentions".

Même avec 1000 têtes nucléaires, l'arsenal chinois serait loin d'égaler celui des Etats-Unis et de la Russie qui possèdent à elles deux plus de 90% des armes nucléaires mondiales: 5550 pour Washington et 6255 pour Moscou, selon les estimations de l'Institut international de recherche sur la paix de Stockholm (Sipri).

En octobre 2020, le parti communiste chinois s'est fixé l'objectif de moderniser les théories, l'organisation, le personnel, les armements et les équipements de son armée d'ici 2027, rappelle le rapport.

"S'ils sont atteints, ces objectifs donneraient à Pékin des options militaires plus crédibles face à Taïwan", souligne le document.

Questionné mercredi au cours d'une conférence sur le risque à court terme d'une attaque de Taïwan par la Chine, le chef d'état-major américain, le général Mark Milley, a estimé que ce n'était "pas probable" dans les 24 prochains mois.

Mais les Etats-Unis ont "absolument les capacités" de défendre l'île située à moins de 200 km des côtes chinoises, a-t-il assuré. "Il n'y a aucun doute".

Les passes d'armes se sont multipliées ces dernières semaines entre la Chine et les Etats-Unis sur le sort du territoire, régi par un gouvernement démocratique, mais considéré comme une province chinoise par Pékin qui se dit déterminé à opérer une "réunification", par la force si nécessaire.

Le président américain Joe Biden a récemment affirmé que les Etats-Unis avaient "un engagement" à défendre militairement Taïwan en cas d'attaque chinoise.

Le Pentagone a ajouté cette année à son rapport annuel sur les capacités militaires de la Chine un chapitre sur les recherches du pays dans le domaine chimique et biologique, qu'il juge "inquiétantes".

"La Chine s'est engagée dans des activités biologiques potentiellement applicables" dans le domaine militaire, indique le document. "Sur la base des informations disponibles, les Etats-Unis ne peuvent pas garantir que la Chine respecte la Convention internationale sur les armes chimiques".

Le haut responsable du Pentagone a précisé à la presse que ces activités n'étaient aucunement liées aux origines de la pandémie de Covid-19, que certaines théories attribuent à une fuite de laboratoire dans la ville chinoise de Wuhan, où la contagion a été signalée pour la première fois.


Russie: le suicide apparent d'un ministre sème la peur au sein de l'élite

Roman Starovoït avait été gouverneur de la région russe de Koursk, frontalière de l'Ukraine, avant d'être promu ministre à Moscou en mai 2024, trois mois avant que les troupes ukrainiennes ne prennent le contrôle d'une petite partie de ce territoire lors d'une offensive surprise. Une attaque qui avait été un revers pour le Kremlin. (AFP)
Roman Starovoït avait été gouverneur de la région russe de Koursk, frontalière de l'Ukraine, avant d'être promu ministre à Moscou en mai 2024, trois mois avant que les troupes ukrainiennes ne prennent le contrôle d'une petite partie de ce territoire lors d'une offensive surprise. Une attaque qui avait été un revers pour le Kremlin. (AFP)
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  • Si les circonstances de la mort de Roman Starovoït, âgé de 53 ans, restent floues, les médias russes ont évoqué une enquête pour corruption le visant, assurant qu'il devait être arrêté prochainement
  • Limogé par le président Vladimir Poutine, il s'est probablement donné la mort, selon les premiers résultats de l'enquête, qui est en cours

SAINT-PETERSBOURG: Le suicide probable du ministre russe des Transports, Roman Starovoït, annoncé peu après son limogeage lundi par Vladimir Poutine sur fond d'allégations de corruption, a profondément choqué l'élite politique, où chacun redoute de faire les frais de la chasse aux profiteurs.

Ses funérailles ont eu lieu vendredi dans un cimetière de Saint-Pétersbourg en présence de sa famille et de collègues, mais en l'absence de M. Poutine qui n'a pas non plus participé à la cérémonie d'adieu jeudi.

Si les circonstances de la mort de Roman Starovoït, âgé de 53 ans, restent floues, les médias russes ont évoqué une enquête pour corruption le visant, assurant qu'il devait être arrêté prochainement.

Limogé par le président Vladimir Poutine, il s'est probablement donné la mort, selon les premiers résultats de l'enquête, qui est en cours.

"C'est une grande perte pour nous, très inattendue. Nous sommes tous choqués", a déclaré à l'AFP Vassilissa, 42 ans, l'épouse d'un collègue de M. Starovoït, lors de la cérémonie de jeudi.

"Il était tellement actif, joyeux, il aimait énormément la vie. Je ne comprends pas comment cela a pu arriver", ajoute cette femme, les larmes aux yeux.

Après avoir déposé devant le cercueil de grands bouquets de roses rouges, des anciens collègues de M. Starovoït, en costumes sombres, sont repartis très vite dans leurs luxueuses voitures noires.

Dans une ambiance très lourde rappelant les funérailles dans le film culte "Le Parrain" de Francis Ford Coppola, d'autres personnes interrogées par les journalistes de l'AFP dans la foule ont refusé de parler.

"Bouc émissaire" 

Roman Starovoït avait été gouverneur de la région russe de Koursk, frontalière de l'Ukraine, avant d'être promu ministre à Moscou en mai 2024, trois mois avant que les troupes ukrainiennes ne prennent le contrôle d'une petite partie de ce territoire lors d'une offensive surprise. Une attaque qui avait été un revers pour le Kremlin.

Son successeur à la tête de cette région, Alexeï Smirnov, a lui été arrêté au printemps pour le détournement des fonds destinés à renforcer les fortifications à la frontière. Celle-là même que les Ukrainiens ont traversé facilement, pour n'être repoussés que neuf mois plus tard.

Les autorités "ont essayé de faire de lui (Roman Starovoït) un bouc émissaire", accuse auprès de l'AFP Andreï Pertsev, analyste du média indépendant Meduza, reconnu "indésirable" et interdit en Russie.

L'incursion ukrainienne "s'est principalement produite parce qu'il n'y avait pas assez de soldats pour protéger la frontière", mais c'était "plus facile de rejeter la faute sur un responsable civil", explique-t-il.

L'affaire Starovoït s'inscrit dans une vague récente de répression visant de hauts responsables soupçonnés de s'être enrichis illégalement pendant l'offensive russe en Ukraine. Et selon des analystes, si les scandales de corruption on toujours existé en Russie, la campagne militaire a changé les règles du jeu politique.

"Il existait des règles auparavant, selon lesquelles les gens savaient: une fois qu'ils montaient suffisamment haut, on ne les embêtait plus", estime M. Pertsev. "Mais elles ne fonctionnent plus."

"On ne vole pas" 

Alors que Vladimir Poutine promettait régulièrement de s'attaquer à la corruption - étant lui même accusé de s'être enrichi illégalement par ses détracteurs -, les rares arrestations médiatisées ont été davantage utilisées pour cibler des opposants ou résultaient de luttes internes entre les échelons inférieurs du pouvoir en Russie.

Depuis l'offensive en Ukraine lancée en février 2022, "quelque chose dans le système a commencé à fonctionner de manière complètement différente", souligne la politologue Tatiana Stanovaïa du Centre Carnegie Russie Eurasie, interdit en Russie en tant qu'organisation "indésirable".

"Toute action ou inaction qui, aux yeux des autorités, accroît la vulnérabilité de l'État face aux actions hostiles de l'ennemi doit être punie sans pitié et sans compromis", estime Mme Stanovaïa en définissant la nouvelle approche du pouvoir.

Pour le Kremlin, la campagne en Ukraine est une "guerre sainte" qui a réécrit les règles, confirme Nina Khrouchtcheva, professeure à The New School, une université de New York, et arrière-petite-fille du dirigeant soviétique Nikita Khrouchtchev.

"Pendant une guerre sainte, on ne vole pas (...) on se serre la ceinture et on travaille 24 heures sur 24", résume-t-elle.

Signe des temps, plusieurs généraux et responsables de la Défense ont été arrêtés pour des affaires de détournement de fonds ces dernières années. Début juillet, l'ancien vice-ministre de la Défense Timour Ivanov a été condamné à 13 ans de prison.

Cette ambiance, selon Mme Stanovaïa, a créé un "sentiment de désespoir" au sein de l'élite politique à Moscou, qui est peu susceptible de s'atténuer.

"À l'avenir, le système sera prêt à sacrifier des figures de plus en plus en vue," avertit-elle.

 


Un trafic de stupéfiants démantelé entre Espagne et France, 13 arrestations

reize personnes, dont le "donneur d'ordres" présumé, ont été arrêtées par des policiers qui ont démantelé un "important" trafic de drogues importées d'Espagne pour alimenter la région Auvergne-Rhône-Alpes, au terme d'une enquête de près de deux ans, a annoncé vendredi la police. (AFP)
reize personnes, dont le "donneur d'ordres" présumé, ont été arrêtées par des policiers qui ont démantelé un "important" trafic de drogues importées d'Espagne pour alimenter la région Auvergne-Rhône-Alpes, au terme d'une enquête de près de deux ans, a annoncé vendredi la police. (AFP)
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  • 2,4 tonnes de résine de cannabis ont été saisies par les enquêteurs de Office anti-stupéfiants (OFAST) de la police judiciaire de Lyon, qui ont mené ces opérations
  • Dans cette première phase, les 11 suspects ont été mis en examen et sont, depuis, en détention provisoire, selon la DIPN

LYON: Treize personnes, dont le "donneur d'ordres" présumé, ont été arrêtées par des policiers qui ont démantelé un "important" trafic de drogues importées d'Espagne pour alimenter la région Auvergne-Rhône-Alpes, au terme d'une enquête de près de deux ans, a annoncé vendredi la police.

Onze suspects ont été interpellés entre décembre 2023 et juillet 2024, notamment grâce à l'interception par les policiers de deux poids-lourds et d'un convoi de voitures "entre la région lyonnaise et le Gard", "au moment où les stupéfiants étaient remis à des équipes locales", explique la Direction interdépartementale de la police (DIPN) du Rhône dans un communiqué.

Dans le même laps de temps, 2,4 tonnes de résine de cannabis ont été saisies par les enquêteurs de Office anti-stupéfiants (OFAST) de la police judiciaire de Lyon, qui ont mené ces opérations.

Dans cette première phase, les 11 suspects ont été mis en examen et sont, depuis, en détention provisoire, selon la DIPN.

Puis l'enquête a permis l'interpellation, le 30 juin dernier, d'un homme "soupçonné d'être le donneur d'ordres" et, le lendemain, d'un autre suspect, "fugitif condamné en 2016" à sept ans de prison pour trafic de stupéfiants. A son domicile dans l'Ain, "54 kg de cocaïne et plusieurs dizaines de milliers d'euros" ont été saisis, précise le communiqué qui n'en dit pas plus sur le profil de ces hommes. Ils ont été mis en examen le 4 juillet et placés en détention provisoire.

La police considère ainsi avoir réussi le "démantèlement de ce groupe criminel organisé (...) réalisant des importations de stupéfiants depuis l'Espagne vers la région Auvergne-Rhône-Alpes" pour des "quantités importantes".

 


Iran: la lauréate du prix Nobel de la Paix Mohammadi se dit «menacée d'élimination physique», selon le comité Nobel

La prix Nobel de la paix iranienne, Narges Mohammadi, dit avoir été "directement et indirectement menacée d'élimination physique" par les autorités iraniennes, a indiqué vendredi le comité Nobel qui s'est entretenu avec elle par téléphone. (AFP)
La prix Nobel de la paix iranienne, Narges Mohammadi, dit avoir été "directement et indirectement menacée d'élimination physique" par les autorités iraniennes, a indiqué vendredi le comité Nobel qui s'est entretenu avec elle par téléphone. (AFP)
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  • La prix Nobel de la paix iranienne, Narges Mohammadi, dit avoir été "directement et indirectement menacée d'élimination physique"
  • Ces menaces "montrent clairement que sa sécurité est en jeu, à moins qu'elle ne s'engage à mettre fin à tout engagement public en Iran"

OSLO: La prix Nobel de la paix iranienne, Narges Mohammadi, dit avoir été "directement et indirectement menacée d'élimination physique" par les autorités iraniennes, a indiqué vendredi le comité Nobel qui s'est entretenu avec elle par téléphone.

Ces menaces "montrent clairement que sa sécurité est en jeu, à moins qu'elle ne s'engage à mettre fin à tout engagement public en Iran" ainsi qu'à "toute apparition dans les médias", ajoute le comité Nobel dans un communiqué. Mme Mohammadi a été récompensée en 2023 pour "son combat contre l'oppression des femmes en Iran et pour la promotion des droits de l'homme".