« Picasso l'étranger »: portrait inédit du peintre, privé de la nationalité française

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Publié le Vendredi 05 novembre 2021

« Picasso l'étranger »: portrait inédit du peintre, privé de la nationalité française

  • Si Picasso l'Espagnol débarque à Paris à 19 ans, dans une France à peine sortie de l'affaire Dreyfus, et où son talent lui vaut de présenter une toile à l'Exposition universelle de 1900, il restera plus de 70 ans dans ce pays sans jamais être naturalisé
  • Pendant 40 ans, navigant entre effervescence artistique et guerres meurtrières, il sera successivement étiqueté anarchiste catalan, républicain espagnol et communiste

PARIS: Surveillé et suspecté pendant des décennies par la police française, sans cesser de déployer son génie : c'est le portrait méconnu de Pablo Picasso que propose le Musée de l'histoire de l'immigration à Paris.


Car si Picasso l'Espagnol débarque à Paris à 19 ans, dans une France à peine sortie de l'affaire Dreyfus, et où son talent lui vaut de présenter une toile à l'Exposition universelle de 1900, il restera plus de 70 ans dans ce pays sans jamais être naturalisé.


A l'époque, il ne parle pas français et est hébergé dans une grande précarité par ses seuls amis sur place, les Catalans. Ce qui lui vaut d'être surveillé en permanence et qualifié, à tort, d'anarchiste pendant des décennies. 


"Traité par la police comme un fiché S d'aujourd'hui" (personne surveillée, apparaissant dans le fichier du renseignement français, ndlr), écrivent les auteurs du catalogue de l'exposition.


Pendant 40 ans, navigant entre effervescence artistique et guerres meurtrières, il sera successivement étiqueté anarchiste catalan, républicain espagnol et communiste, dénigré comme avant-gardiste, alors qu'il est à l'origine d'une immense révolution culturelle. Il sera tracassé et humilié" avec "pour seul crime d'être un étranger", dit à l'AFP l'historienne Annie Cohen-Solal.


L'exposition, dont elle est commissaire et qui débute jeudi, a l'ambition de montrer la portée universelle de l'expérience de Picasso. Elle s'appuie sur une enquête inédite qu'elle a menée, aujourd'hui consacrée par un livre : "Un étranger nommé Picasso", lauréat du prix Fémina de l'essai 2021.

Une fureur créatrice 

Elle scrute les archives, le dossier de police de Picasso, transporté de Paris à Berlin avant de regagner la France via Moscou, et sa traque par les "indics" de la préfecture de police dans les bars de Montmartre. 


Il ne fut cependant jamais emprisonné, allant au commissariat tous les deux ans remettre ses empreintes.


Ce voyage ciblé, au coeur d'un Picasso méconnu, met un coup de projecteur sur certains tableaux, sculptures, dessins, photos, documents et archives rares, dont les lettres de sa mère, Maria Picasso y Lopez.


Il révèle l'évolution de son oeuvre, en résonance avec les exclus de la société, et ses liens d'amitié avec les poètes Max Jacob et Guillaume Apollinaire ou l'admiration que lui portait l'écrivain autrichien Rainer Maria Rilke.


On découvre comment, habité par un mélange d'angoisse et de fureur créatrice, Picasso déploie "une infinité de stratégies de contournement obstinées, avec une intelligence politique certaine, dans le seul but de continuer à créer".


Avec "pour seul pays, son atelier, et pour seule nationalité, son oeuvre", dit Mme Cohen-Solal.


En s'appuyant sur son réseau d'amis, artistes, marchands d'art, collectionneurs, pour la plupart expatriés, Picasso parvient pourtant à vivre de son art dès 1908. 


Il acquiert notoriété et richesse dans nombre de pays occidentaux : avant la Première Guerre mondiale dans les empires austro-hongrois, allemand et russe, en Suisse et, à partir de l'entre-deux guerres, aux Etats-Unis.


Mais étranger et surveillé, il est ignoré et méprisé en France. Rares sont les critiques qui y louent son travail. Les musées, d'un académisme écrasant, ne lui montrent aucun intérêt et il ne trouve pas d'acheteurs, hormis des collectionneurs expatriés comme le couple Leo et Gertrude Stein. 


Séquestration des oeuvres  

Un des épisodes marquants a lieu en 1914 avec la séquestration, par l'Etat Français, de 700 oeuvres de sa période cubiste, hébergées par son ami et marchand d'art Daniel-Henry Kahnweiler, et qui seront dispersées dans une parodie d'enchères et vont disparaître pendant près de 10 ans. 


En 1937, engagé auprès des républicains espagnols, il réalise "Guernica", dénonciation de tous les fascismes, qui lui vaut une renommée artistique et politique internationale.


Quand il demande, par crainte d'être expulsé, la nationalité française en 1940, elle lui est refusée. "C'est un obscur fonctionnaire de guichet, pétainiste et peintre du dimanche, qui enterre son dossier", raconte Mme Cohen-Solal. 


La dernière partie de l'exposition évoque l'installation de l'artiste dans le sud de la France, à partir des années 50. Il faudra attendre 1947 pour qu'il entre dans les collections publiques françaises. Il refusera ensuite tous les honneurs, y compris la Légion d'honneur en 1966.


Imane Alaoui, auteure de «Flavors of Morocco Transcended», rejoint E& Beach Canteen pour un cours culinaire en direct ce dimanche

Imane Alaoui, auteure du livre de recettes « Flavors of Morocco Transcended » (fournie)
Imane Alaoui, auteure du livre de recettes « Flavors of Morocco Transcended » (fournie)
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  • Rejoignez Imane pour un cours de cuisine marocaine à la pittoresque cantine E& Beach, située sur la plage de Jumeirah à Dubaï
  • Imane Alaoui s'est donné pour mission de détruire le mythe selon lequel la cuisine marocaine est trop complexe

DUBAÏ : Imane Alaoui, auteure du livre de recettes « Flavors of Morocco Transcended », invite les aficionados de la cuisine à embarquer pour un voyage culinaire sans précédent.

Rejoignez Imane pour un cours de cuisine marocaine à la pittoresque cantine E& Beach, située sur la plage de Jumeirah à Dubaï.

Au cours de cette expérience immersive, les participants visiteront la cuisine marocaine, découvrant et savourant des recettes exquises adaptées aux palais et aux styles de vie modernes. Au cœur de l'événement se trouve le célèbre tajine marocain, pour s'adapter à l'emploi du temps trépidant des habitants de Dubaï.

Flavors of Morocco Trenscended par Imane Alaoui (fournie)
Flavors of Morocco Transcended par Imane Alaoui (fournie)

Imane Alaoui s'est donné pour mission de détruire le mythe selon lequel la cuisine marocaine est trop complexe, en veillant à ce qu'elle soit accessible à tous ceux qui ont une passion pour la cuisine et un amour pour les saveurs diverses. Grâce à ce cours culinaire, les participants acquerront des connaissances inestimables, des compétences pratiques et une nouvelle appréciation de la riche tapisserie de la gastronomie marocaine.

Pour vous lancer dans cette aventure culinaire, rendez-vous sur : www.breakbread.com/experiences .

À propos d'Imane Alaoui :

Passionnée de cuisine et par le partage de son héritage, Imane Alaoui est connue pour son approche innovante de la cuisine marocaine. Elle cherche à inspirer les autres pour embrasser la richesse et la diversité de la gastronomie marocaine.

À propos de « Flavors of Morocco Transcended » (Les saveurs du Maroc transcendées)

« Les saveurs du Maroc transcendées » est un livre de recettes qui réinvente les plats marocains traditionnels pour un public moderne. Le livre présente un mélange harmonieux de saveurs authentiques et de tournures contemporaines, invitant les lecteurs à un voyage culinaire captivant à travers le paysage culinaire vibrant du Maroc.

 


L'Arabie saoudite annonce la Semaine de la mode de la mer Rouge

Parmi les moments forts, notons la participation de cent marques saoudiennes, une initiative lancée par la Commission de la mode afin de soutenir et de promouvoir les talents locaux émergents. (Photo Arab News).
Parmi les moments forts, notons la participation de cent marques saoudiennes, une initiative lancée par la Commission de la mode afin de soutenir et de promouvoir les talents locaux émergents. (Photo Arab News).
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  • Organisé par la Commission saoudienne de la mode, cet événement mettra en vedette des créateurs locaux et internationaux
  • L’Arabie saoudite avait accueilli sa première semaine de la mode en 2023 à Riyad

DUBAÏ: Le Royaume s’apprête à accueillir la toute première Semaine de la mode de la mer Rouge. Prévu en bord de mer sur l'île d'Ummahat, cet événement glamour se déroulera du 16 au 18 mai au St. Regis Red Sea Resort. Organisé par la Commission saoudienne de la mode, cet événement mettra en vedette des créateurs locaux et internationaux. Son objectif est de célébrer la fusion entre l'esthétique traditionnelle saoudienne et le design contemporain de pointe.

Parmi les moments forts, notons la participation de cent marques saoudiennes, une initiative lancée par la Commission de la mode afin de soutenir et de promouvoir les talents locaux émergents.

Rappelons que l'Arabie saoudite avait accueilli sa première semaine de la mode en 2023 à Riyad. L'événement, qui s’était déroulé dans le quartier financier du roi Abdallah du 20 au 23 octobre, a jeté les bases de la nouvelle capitale de la mode au Moyen-Orient.

Ce texte est la traduction d'un article paru sur Arabnews.com


La rappeuse afghane Sonita Alizada, voix des jeunes filles pour la liberté

Sonita Alizada elle-même a failli être vendue à un homme vers l'âge de 10 ans, puis à 14 ans pour 9.000 dollars. (AFP).
Sonita Alizada elle-même a failli être vendue à un homme vers l'âge de 10 ans, puis à 14 ans pour 9.000 dollars. (AFP).
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  • Non au travail des enfants, aux mariages forcés, au renoncement à ses rêves: à travers le rap, Sonita Alizada (ou Alizadeh) a trouvé un médium parfait pour crier ses combats et raconter son histoire démarrée sous le régime taliban
  • Postée sur internet, la vidéo est vue plus de 8.000 fois le premier jour, tant les mariages forcés sont répandus dans le monde avec 12 millions de mineures mariées chaque année, selon l'Unicef

ARROMANCHES-LES-BAINS: Non au travail des enfants, aux mariages forcés, au renoncement à ses rêves: à travers le rap, Sonita Alizada (ou Alizadeh) a trouvé un médium parfait pour crier ses combats et raconter son histoire démarrée sous le régime taliban.

"Comme toutes les filles, je suis en cage, je ne suis qu'un mouton qu'on élève pour le dévorer", chante-t-elle, en 2014 en Iran, dans "Brides for sale" (Mariées à vendre), en robe de mariée, code-barre et ecchymoses sur le visage. "Relis le Coran! Il ne dit pas que les femmes sont à vendre."

Postée sur internet, la vidéo est vue plus de 8.000 fois le premier jour, tant les mariages forcés sont répandus dans le monde avec 12 millions de mineures mariées chaque année, selon l'Unicef.

Sonita Alizada elle-même a failli être vendue à un homme vers l'âge de 10 ans, puis à 14 ans pour 9.000 dollars.

Repérée par la documentariste iranienne Rokhsareh Ghaem Maghami qui verse 2.000 dollars, elle a droit à six mois de sursis et saisit sa chance lorsqu'une ONG américaine lui propose d'étudier aux Etats-Unis.

Dans l'Utah, les débuts sont difficiles pour celle qui ne sait dire en anglais que "salut, je suis une rappeuse". Elle découvre aussi qu'aux Etats-Unis les mariages de mineures existent.

Elle décide de raconter son histoire dans les écoles, jusqu'au très prisé festival américain du film de Sundance où le documentaire qui lui est consacré, "Sonita", remporte en 2016 le prix du jury.

Ses jeunes années sont marquées par la peur des Talibans et la faim. Née à Herat en 1996, elle a environ cinq ans lorsqu'elle fuit avec ses parents et ses sept frères et sœurs, sans papiers, vers l'Iran.

"On pensait que la vie y serait plus facile, sans guerre mais c'était très difficile de se faire accepter à cause de l'image des Afghans", se rappelle Sonita Alizada, 27 ans, dans un entretien avec l'AFP.

Là aussi, interdiction d'aller à l'école: "Je cirais des chaussures avec mes frères puis je vendais des fleurs." Sa première bonne étoile est une femme qui apprend clandestinement aux filles à lire et à écrire dans une mosquée.

« Toujours en colère »

De retour en Afghanistan, son père, malade, meurt. Son mariage est planifié puis annulé lorsqu'elle retourne en Iran. Sonita y rencontre une association qui lui permet de prendre des cours de guitare en secret... et l'encourage à écrire après avoir remporté un prix de poésie.

Un jour l'artiste en devenir entend le rappeur star Eminem et, sans comprendre les paroles, pense que c'est "probablement la meilleure façon de partager une histoire".

La jeune fille écrit "Brides for sale" même si sa mère, mariée à 12 ans et illettrée, lui interdit de faire du rap. C'est le succès et le départ vers les Etats-Unis.

Devenue sa plus grande admiratrice, sa mère apparaît dans son clip "Run Boy", qui parle des Talibans essayant d'empêcher la scolarisation des filles.

Le 4 juin, elle sera à Caen, dans le nord-ouest de la France, pour le prix Liberté, qu'elle a remporté en 2021. La jeune artiste chantera "Stand up" avec des locaux et le clip de la chanson, filmé sur les plages du Débarquement, sera diffusé devant des vétérans de la Seconde Guerre mondiale.

"Toujours en colère", elle continue de défendre avec le rap et sur les réseaux sociaux la liberté sous toutes ses formes: à l'éducation, à s'exprimer, à choisir son partenaire. Elle a aussi mis en place deux projets en Afghanistan pour aider les enfants et les femmes.

Diplômée l'année dernière en droits humains et en musique à New York, Sonita Alizada veut maintenant étudier la politique à Oxford.

"L'art et la politique vont ensemble. Toute ma musique parle de politique, de faire la différence, de donner de l'espoir, de prendre conscience. Alors j'essaye d'éveiller les consciences à travers la musique", souligne celle qui espère, un jour, pouvoir prendre une part active dans l'avenir de son pays.