L'emploi se redresse aux Etats-Unis, pied de nez au variant Delta

Les employeurs, paradoxalement, peinent toujours à recruter, et des millions de postes restent vacants dans les restaurants, usines, services de livraison, crèches... (Photo, AFP)
Les employeurs, paradoxalement, peinent toujours à recruter, et des millions de postes restent vacants dans les restaurants, usines, services de livraison, crèches... (Photo, AFP)
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Publié le Samedi 06 novembre 2021

L'emploi se redresse aux Etats-Unis, pied de nez au variant Delta

  • Le taux de chômage a reculé de 0,2 point par rapport à septembre, pour tomber à 4,6%, encore loin cependant des 3,5% d'avant la crise
  • Par ailleurs, 531 000 emplois ont été créés en octobre, secteurs public et privé confondus, quasiment deux fois plus qu'en septembre

 WASHINGTON : Le marché du travail s'est redressé aux Etats-Unis en octobre, rebondissant après la vague du variant Delta et malgré le manque de travailleurs, tandis que le Congrès doit voter les plans d'investissements de Joe Biden censés assurer la croissance à long terme.  

Le taux de chômage a reculé de 0,2 point par rapport à septembre, pour tomber à 4,6%, encore loin cependant des 3,5% d'avant la crise, a annoncé vendredi le département du travail.

Par ailleurs, 531 000 emplois ont été créés en octobre, secteurs public et privé confondus, quasiment deux fois plus qu'en septembre.

En octobre, "la croissance de l'emploi a été généralisée", a précisé le département du Travail dans son communiqué, évoquant notamment les loisirs et l'hôtellerie, les services aux entreprises, l'industrie, ou encore la logistique. 

"Notre économie est en marche", a salué le président Joe Biden lors d'une conférence de presse.

"La pandémie n'est pas encore derrière nous", a-t-il ajouté, appelant à accélérer le rythme des vaccinations, désormais ouvertes aux enfants de 5 à 11 ans, tandis que l'administration Biden a annoncé une obligation vaccinale pour environ deux tiers des salariés dès janvier.

Le président américain a également appelé à "adopter" ses plans d'investissements, débattus au même moment au Congrès, et censés assurer la croissance et l'emploi à long terme. Leur montant total d'un peu moins de 3 000 milliards de dollars, est cependant bien loin de ses ambitions initiales.

«Les nuages se dissipent»

Les créations d'emplois, après avoir dépassé le million en juin puis en juillet, avaient ensuite ralenti à cause du variant Delta de la Covid-19, moins cependant qu'initialement annoncé. Ainsi, en août, 483 000 emplois avaient été créés, puis 312 000 en septembre, selon des données révisées en hausse.

"Les nuages qui planent sur le marché du travail se dissipent", a salué Gregory Daco, économiste pour Oxford Economics.

Au total, 18,2 millions d'emplois ont été recréés depuis mai 2020, mais, il en manque toujours 4,2 millions pour retrouver le niveau d'avant la pandémie, lorsque le marché du travail était au meilleur de sa forme.

Et cette amélioration cache de grandes disparités, puisque le taux de chômage est deux fois plus élevé pour les travailleurs noirs (7,9%) que pour les travailleurs blancs (4%).

Les employeurs, paradoxalement, peinent toujours à recruter, et des millions de postes restent vacants dans les restaurants, usines, services de livraison, crèches...Car depuis le début de la pandémie, les rangs se sont clairsemés, entre les personnes qui craignent pour leur santé, les problèmes persistants de garde d'enfants, ou encore les départs anticipés en retraite.

Le taux d'activité (les personnes qui travaillent ou cherchent un emploi) qui était de 63,3% juste avant la crise, stagne désormais à 61,6%. Il est "peu probable" qu'il retrouve son niveau antérieur, a récemment averti un responsable de la Réserve fédérale américaine (Fed).

L'économiste Ian Shepherdson, de Pantheon Macroeconomics, pense au contraire que "la plupart des personnes chassées du marché du travail par la Covid reviendront". Il table sur plus d'un million de créations d'emplois pour novembre et décembre "si le taux de participation augmente".

Salaires en hausse

La reprise de l'école en septembre, libérant les mères après un an et demi d'école souvent sur ordinateur, et l'expiration, le 6 septembre, des allocations chômage plus généreuses qui étaient distribuées depuis le début de la pandémie, laissaient espérer une ruée vers l'emploi.

Mais "ça ne semble pas avoir été le cas", a récemment souligné le président de la Fed, Jerome Powell.

Les salariés, désormais en position de force, "quittent leur emploi en nombre record, mais dans de nombreux cas, ils retournent au travail et obtiennent des salaires plus élevés" dans une autre entreprise, selon Jerome Powell.

Cette "Grande démission" - en référence au "Grand confinement" du printemps 2020, à la "Grande récession" de 2008-2009, et à la "Grande dépression" des années 1930 - a même atteint des niveaux record au cours de l'été. 

Car face à cette pénurie, les employeurs rivalisent à coups de rémunérations attrayantes, primes alléchantes, assurance santé confortables, ou encore horaires souples. Le salaire horaire moyen du secteur privé a ainsi, sur les 12 derniers mois, augmenté de 4,9%, atteignant, en octobre, 30,96 dollars.   


Taxe Zucman : «truc absurde», «jalousie à la française», selon le patron de Bpifrance

Nicolas Dufourcq, patron de Bpifrance, la banque publique d'investissement, a critiqué avec virulence mercredi l'idée d'une taxe Zucman, évoquant un "truc absurde", et "une histoire de jalousie à la française". (AFP)
Nicolas Dufourcq, patron de Bpifrance, la banque publique d'investissement, a critiqué avec virulence mercredi l'idée d'une taxe Zucman, évoquant un "truc absurde", et "une histoire de jalousie à la française". (AFP)
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  • M. Dufourcq, qui était interrogé sur RMC, a estimé que la taxe, dont le principe est d'imposer chaque année les contribuables dont la fortune dépasse 100 millions d'euros à hauteur de 2% de celle-ci, était "un truc complètement absurde"
  • Notant qu'avec la taxe Zucman, ils "paieraient tous en papier (en actions, NDLR) leurs 2%", M. Dufourcq a observé : "C'est moi, c'est la Bpifrance qui va gérer ce papier"

PARIS: Nicolas Dufourcq, patron de Bpifrance, la banque publique d'investissement, a critiqué avec virulence mercredi l'idée d'une taxe Zucman, évoquant un "truc absurde", et "une histoire de jalousie à la française".

M. Dufourcq, qui était interrogé sur RMC, a estimé que la taxe, dont le principe est d'imposer chaque année les contribuables dont la fortune dépasse 100 millions d'euros à hauteur de 2% de celle-ci, était "un truc complètement absurde", mais qui selon lui "n'arrivera pas".

Mais "ça panique les entrepreneurs : ils ont construit leur boîte et on vient leur expliquer qu'on va leur en prendre 2% tous les ans. Pourquoi pas 3? Pourquoi pas 4? C'est invraisemblable!", a-t-il déclaré.

Notant qu'avec la taxe Zucman, ils "paieraient tous en papier (en actions, NDLR) leurs 2%", M. Dufourcq a observé : "C'est moi, c'est la Bpifrance qui va gérer ce papier" : "Donc demain j'aurai 2% du capital de LVMH, dans 20 ans 20%, 20% du capital de Pinault-Printemps-Redoute (Kering, NDLR), 20% du capital de Free. C'est délirant, c'est communiste en réalité, comment est-ce qu'on peut encore sortir des énormités comme ça en France!?"

"Ces gens-là tirent la France. Il faut les aider (...) au lieu de leur dire qu'on va leur piquer 2% de leur fortune".

Il a observé que "si on pique la totalité de celle de Bernard Arnault, ça finance 10 mois d'assurance-maladie", mais qu'après "il n'y a plus d'Arnault".

"Il n'y a pas de trésor caché", a estimé M. Dufourcq, qui pense que cette taxe "n'arrivera jamais", et n'est évoquée que "pour hystériser le débat" politique.

Pour lui, il s'agit "d'une pure histoire de jalousie à la française, une haine du riche, qui est soi-disant le nouveau noble", rappelant les origines modestes de François Pinault ou Xavier Niel: "c'est la société française qui a réussi, on devrait leur dresser des statues".

"Il y a effectivement des fortunes qui passent dans leur holding des dépenses personnelles", a-t-il remarqué, "c'est ça qu'il faut traquer, et c'est ce sur quoi le ministère des Finances, je pense, travaille aujourd'hui".

Mais il y a aussi "beaucoup de Français qui passent en note de frais leurs dépenses personnelles", a-t-il observé. "Regardez le nombre qui demandent les tickets dans les restaus", pour se les faire rembourser.


IA: Google investit 5 milliards de livres au Royaume-Uni avant la visite de Trump

Le géant américain Google a annoncé mardi un investissement de 5 milliards de livres (5,78 milliards d'euros) sur deux ans au Royaume-Uni, notamment dans un centre de données et l'intelligence artificielle (IA), en amont de la visite d'Etat de Donald Trump dans le pays. (AFP)
Le géant américain Google a annoncé mardi un investissement de 5 milliards de livres (5,78 milliards d'euros) sur deux ans au Royaume-Uni, notamment dans un centre de données et l'intelligence artificielle (IA), en amont de la visite d'Etat de Donald Trump dans le pays. (AFP)
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  • Le Royaume-Uni s'apprête à accueillir Donald Trump pour une deuxième visite d'Etat mercredi et jeudi, après une première visite en 2019 lors de son premier mandat
  • Le président américain sera accompagné par plusieurs grands patrons, notamment de la tech. Des annonces d'investissements sont attendues ainsi que la signature d'un accord technologique avec Londres

LONDRES: Le géant américain Google a annoncé mardi un investissement de 5 milliards de livres (5,78 milliards d'euros) sur deux ans au Royaume-Uni, notamment dans un centre de données et l'intelligence artificielle (IA), en amont de la visite d'Etat de Donald Trump dans le pays.

Cette somme financera "les dépenses d'investissement, de recherche et développement" de l'entreprise dans le pays, ce qui englobe Google DeepMind (le laboratoire d'IA du géant californien), a indiqué le groupe dans un communiqué.

Google ouvre mardi un centre de données à Waltham Cross, au nord de Londres, dans lequel il avait déjà annoncé l'an dernier injecter un milliard de dollars (850 millions d'euros). La somme annoncée mardi viendra aussi compléter ce financement, a précisé un porte-parole de l'entreprise à l'AFP.

Le Royaume-Uni s'apprête à accueillir Donald Trump pour une deuxième visite d'Etat mercredi et jeudi, après une première visite en 2019 lors de son premier mandat.

Le président américain sera accompagné par plusieurs grands patrons, notamment de la tech. Des annonces d'investissements sont attendues ainsi que la signature d'un accord technologique avec Londres.

Selon un responsable américain, qui s'exprimait auprès de journalistes, dont l'AFP, en amont de la visite, les annonces se porteront à "plus de dix milliards, peut-être des dizaines de milliards" de dollars.

Le gouvernement britannique avait déjà dévoilé dimanche plus d'un milliard de livres d'investissements de banques américaines dans le pays, là aussi en amont de la visite d'Etat du président Trump.

Et l'exécutif britannique a annoncé lundi que Londres et Washington allaient signer un accord pour accélérer les délais d'autorisation et de validation des projets nucléaires entre les deux pays.

Depuis le début de la guerre en Ukraine, Londres redouble d'efforts pour se dégager des hydrocarbures et a fait du nucléaire l'une de ses priorités.

Le partenariat avec Washington, baptisé "Atlantic Partnership for Advanced Nuclear Energy", doit lui aussi être formellement signé lors de la visite d'État de Donald Trump.

 


La note française menacée de passer en catégorie inférieure dès vendredi

La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne. (AFP)
La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne. (AFP)
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  • La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne
  • Les marchés donnent déjà à la France une "notation implicite" bien plus basse que sa note actuelle de AA-, estime M. Morlet-Lavidalie

PARIS: Fitch sera-t-elle vendredi la première agence de notation à faire passer la note souveraine française en catégorie inférieure? Les économistes, qui le pensaient il y a quelques jours, discernent des raisons d'en douter, mais ce ne pourrait être que partie remise.

Fitch ouvre le bal des revues d'automne des agences de notation. Toutes, au vu de l'état des finances publiques françaises et de la crise politique persistante depuis la dissolution, classent la France AA- ou équivalent (qualité de dette "haute ou bonne"), avec, pour certaines comme Fitch, une "perspective négative".

Ce qui préfigure une dégradation: en ce cas, la France basculerait en catégorie A (qualité "moyenne supérieure"), et devrait verser à ceux qui investissent dans sa dette une prime de risque supérieure, accroissant d'autant les remboursements de cette dette.

Pour Eric Dor, directeur des études économiques à l'IESEG School of Management, une dégradation serait "logique". D'abord parce que la situation politique n'aide pas à mettre en œuvre "un plan crédible d'assainissement budgétaire", comme Fitch l'exigeait en mars.

Mais aussi pour effacer "une incohérence" : 17 pays européens sont moins bien notés que la France alors qu'ils ont - à très peu d'exceptions près - des ratios de finances publiques meilleurs que les 5,8% du PIB de déficit public et 113% du PIB de dette publique enregistrés en France en 2024.

Coup d'envoi 

Depuis mardi, la nomination rapide à Matignon de Sébastien Lecornu pour succéder à François Bayrou, tombé la veille lors du vote de confiance, ravive l'espoir d'un budget 2026 présenté en temps et heure.

Lucile Bembaron, économiste chez Asterès, juge ainsi "plausible" que Fitch "attende davantage de visibilité politique" pour agir.

D'autant, remarque Hadrien Camatte, économiste France chez Natixis, que les finances publiques n'ont pas enregistré cette année de nouveau dérapage inattendu, et que "la croissance résiste".

L'Insee a même annoncé jeudi qu'en dépit du "manque de confiance" généralisé, celle-ci pourrait dépasser la prévision du gouvernement sortant - 0,7% - pour atteindre 0,8% cette année.

Anthony Morlet-Lavidalie, responsable France à l'institut Rexecode, observe aussi que Fitch, la plus petite des trois principales agences internationales de notation, "donne rarement le coup d'envoi" des dégradations.

Mais il estime "très probable" que la principale agence, S&P Global, abaissera le pouce lors de sa propre revue, le 28 novembre.

Selon ses calculs, la France ne sera en effet pas en mesure de réduire à moins de 5% son déficit public l'an prochain, contre les 4,6% qu'espérait François Bayrou.

Les économistes affirment cependant qu'une dégradation ne troublerait pas les marchés, "qui l'ont déjà intégrée", relève Maxime Darmet, économiste senior chez Allianz Trade.

Syndrome 

La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne.

Les marchés donnent déjà à la France une "notation implicite" bien plus basse que sa note actuelle de AA-, estime M. Morlet-Lavidalie.

Il craint des taux qui resteraient "durablement très élevés", provoquant "un étranglement progressif", avec des intérêts à rembourser captant "une part significative de la dépense publique, alors qu'on a des besoins considérables sur d'autres postes".

L'économiste décrit une France en proie au "syndrome du mauvais élève".

"Lorsqu'on avait 20/20", explique-t-il - la France était jusqu'à 2012 notée AAA, note maximale qu'a toujours l'Allemagne - "on faisait tout pour s'y maintenir. Maintenant on dit que 17/20 (AA-) ça reste une très bonne note. Bientôt ce sera +tant qu'on est au-dessus de la moyenne, c'est pas si mal+. Quand on est la France, en zone euro, on devrait quand même être un peu plus ambitieux que cela!", dit-il à l'AFP.

Pour autant, même abaissée à A+, "la dette française resterait de très bonne qualité", relativise M. Camatte, préférant souligner "la forte épargne des ménages et une position des entreprises qui reste très saine".