A 94 ans, une ancienne insurgée de Varsovie se livre à défendre l'UE et protéger les migrants

Mme Traczyk-Stawska avait 12 ans quand l'armée allemande a envahi la Pologne. Membre du mouvement scout, elle rejoint la résistance. Sous le doux pseudonyme de "Beignet", elle se lance dans des actions de sabotage. (Photo, AFP).
Mme Traczyk-Stawska avait 12 ans quand l'armée allemande a envahi la Pologne. Membre du mouvement scout, elle rejoint la résistance. Sous le doux pseudonyme de "Beignet", elle se lance dans des actions de sabotage. (Photo, AFP).
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Publié le Mercredi 10 novembre 2021

A 94 ans, une ancienne insurgée de Varsovie se livre à défendre l'UE et protéger les migrants

  • Mme Traczyk-Stawska saisit l'occasion pour dire à l'AFP son désaccord au traitement réservé aux migrants et aux réfugiés qui tentent de traverser la frontière polonaise à partir du Bélarus
  • Au moins 10 personnes y sont déjà mortes, dont sept sur le sol polonais, selon le quotidien Gazeta Wyborcza

VARSOVIE: Huit décennies après avoir combattu les nazis à Varsovie, l'ancienne résistante Wanda Traczyk-Stawska s'est lancée sur de nouveaux fronts, cette fois pour défendre la présence de la Pologne dans l'UE et pour aider les migrants.

«Tais-toi, idiot! Sale brute!»: à 94 ans, cette dame toute menue ne mâche pas ses mots quand elle s'adresse, vêtue d'un modeste imperméable et d'un béret militaire, à un groupe d'extrême-droite qui tentait de brouiller une imposante manifestation en faveur de l'Union européenne.

Ce jour d'octobre, des dizaines de milliers de personnes ont manifesté leur attachement à l'UE, après une décision de la Cour constitutionnelle contestant la primauté du droit européen, un pas, selon des experts, vers la sortie de la Pologne de l'Union européenne, dans un contexte d'euroscepticisme flagrant de la majorité nationaliste au pouvoir.

«Je suis une soldate, j'y vais droit», dit-elle à l'AFP, sourire au coin de la bouche, derrière sa tasse de thé, dans sa maisonnette décorée de drapeaux polonais et européen, dans un quartier excentré de Varsovie.

« Beignet »

Mme Traczyk-Stawska avait 12 ans quand l'armée allemande a envahi la Pologne. Membre du mouvement scout, elle rejoint la résistance. Sous le doux pseudonyme de "Beignet", elle se lance dans des actions de sabotage. 

A l'éclatement de l'Insurrection de Varsovie, le 1er août 1944, elle est de ces quelque 50.000 résistants qui se lancent contre l'occupant nazi. Elle est une des rares filles à porter une mitrailleuse, chose réservée alors généralement aux hommes.

En 63 jours de combats, près de 200.000 civils et insurgés ont péri et la ville a été transformée en un tas de ruines.

La jeune femme passe par quatre camps allemands de prisonniers de guerre, avant d'être libérée d'Oberlangen en 1945 par des forces polonaises opérant aux Pays-Bas et en Allemagne. Au retour au pays, elle travaille comme enseignante dans un centre pour enfants handicapés.

« Une mouche face à un éléphant »

Rester au sein de l'UE, «est une question de sécurité nationale (...) Ce serait quoi si on quitte l'Union? On a déjà l'expérience de 1939», quand la Pologne s'est retrouvée seule face aux puissances nazie et soviétique.

«C'est le pire danger pour nous (...) on se retrouverait comme une mouche face à un éléphant», impuissants, insiste l'ancienne combattante, d'une voix forte, contrastant d'avec sa posture fragile.

En rabrouant les inopportuns d'extrême droite, cofinancés par l'Etat et qui s'apprêtent à organiser le 11 novembre à Varsovie, une grande marche "patriotique", «j'étais furieuse», avoue-t-elle.

«J'étais montée sur la scène pour dire quelle était la Pologne de nos rêves à nous les insurgés (...), et c'était une Pologne bienveillante, tolérante»

Son intervention lui a valu aussitôt des menaces de mort de la part d'inconnus.

« Honteux »

Mme Traczyk-Stawska saisit aussi l'occasion pour dire à l'AFP son désaccord au traitement réservé aux migrants et aux réfugiés qui tentent de traverser la frontière polonaise à partir du Bélarus. Des milliers d'entre eux errent depuis des jours dans le froid glacial de cette partie de l'Europe, avant pour la plupart d'être renvoyés, parfois à plusieurs reprises, entre les deux pays. 

Au moins 10 personnes y sont déjà mortes, dont sept sur le sol polonais, selon le quotidien Gazeta Wyborcza.

L'UE accuse l'homme fort bélarusse Alexandre Loukachenko d'avoir orchestré cette vague, en représailles aux sanctions imposées par Bruxelles à la suite d'une répression brutale de son régime contre l'opposition.

En réponse, le gouvernement polonais a imposé l'état d'urgence dans la zone frontalière, interdit l'accès des organisations humanitaires et médias, dépêché sur place des milliers de soldats et légalisé la pratique douteuse du refoulement direct, même pour les femmes et les enfants.

«Je suis engagée dans l’affaire des enfants à la frontière, déclare-t-elle. Si on ne change pas d'attitude face à ces enfants, ils vont mourir»

«Il est impossible d'abandonner un enfant en danger. Cette façon de traiter les enfants à la frontière est une chose honteuse», insiste Mme Traczyk-Stawska en rappelant l'époque où, à l'âge de 12 ans, elle a vu des nazis «s'amuser à tirer sur des bébés».

Insurgés, «nous sommes tous très vieux, sur le point de mourir. Pour nous, cette situation c'est quelque chose d'humiliant. On n’a plus la force de nous y opposer. On ne peut plus que pleurer. Enfin, pas tous, moi, je n’ai pas l’habitude de pleurer, j’étais soldate»

«Mais je regrette d’être si vieille et boiteuse».


Le cessez-le-feu entre l'Iran et Israël « à présent en vigueur », selon Trump

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  • "Il a été pleinement convenu par et entre Israël et l'Iran qu'il y aurait un cessez-le-feu complet et total", a écrit le président américain sur son réseau Truth Social
  • Selon ce message, le cessez-le-feu devait entrer en vigueur mardi à 04H00 GMT et se dérouler sur 24 heures en deux temps, l'Iran arrêtant initialement toutes ses opérations avant qu'Israël ne fasse de même 12 heures plus tard

WASHINGTON: Le président américain Donald Trump a affirmé mardi que le cessez-le-feu entre l’Iran et Israël était à "présent en vigueur", exhortant les deux pays à le respecter.

"LE CESSEZ-LE-FEU EST A PRESENT EN VIGUEUR. VEUILLEZ NE PAS LE VIOLER ! », a-t-il écrit sur sa plateforme Truth Social. M. Trump avait auparavant indiqué que la trêve serait mise en place progressivement sur une période de 24 heures, qui devait débuter à 04H00 GMT mardi, l'Iran arrêtant initialement toutes ses opérations avant qu'Israël ne fasse de même 12 heures plus tard..

 

Par ailleurs, les secours israéliens ont annoncé mardi la mort de trois personnes dans une frappe iranienne, peu avant l'entrée en vigueur d'un cessez-le-feu présenté par le président américain Donald Trump mais qu'aucune des deux parties n'a confirmé avoir conclu.

Une quatrième suivie d'une cinquième salve de missiles ont été tirées de l'Iran vers Israël, selon le média d'Etat iranien Irib, au moment du début attendu de ce cessez-le-feu prévu à 04H00 GMT.

"Suite à l'impact d'un missile dans le sud d'Israël (...) les équipes du MDA ont prononcé le décès de trois personnes", a annoncé Magen David Adom, équivalent israélien de la Croix-Rouge, faisant aussi état de huit blessés, dans un communiqué sur X.

Quelques heures avant les frappes iraniennes, Donald Trump a annoncé que l'Iran et Israël, en guerre depuis le 13 juin, avaient accepté un cessez-le-feu qui devait déboucher sur "la fin officielle" de la guerre.

Le chef de la diplomatie iranienne Abbas Araghchi a aussitôt réagi en précisant qu'il n'existait "pas d'accord" à ce stade, mais que Téhéran n'avait "pas l'intention" de poursuivre ses frappes si Israël "arrête" son agression.

Israël n'a pas pour l'heure confirmé officiellement la perspective d'un cessez-le-feu, qui survient après des vagues successives de frappes réciproques, le but affiché par Israël étant la destruction des installations nucléaires de Téhéran, accusé de vouloir se doter de l'arme nucléaire, ce qu'il dément.

"Il a été pleinement convenu par et entre Israël et l'Iran qu'il y aurait un cessez-le-feu complet et total", a écrit le président américain sur son réseau Truth Social.

Selon ce message, le cessez-le-feu devait entrer en vigueur mardi à 04H00 GMT et se dérouler sur 24 heures en deux temps, l'Iran arrêtant initialement toutes ses opérations avant qu'Israël ne fasse de même 12 heures plus tard.

Conditions 

M. Araghchi a toutefois conditionné un cessez-le-feu iranien à un arrêt immédiat des frappes par Israël, exigeant que "le régime israélien arrête son agression illégale contre le peuple iranien au plus tard à 04H00 du matin, heure de Téhéran", soit 00H30 GMT.

Quelques heures après le message du président américain mais avant 00H30 GMT, une série d'explosions a secoué Téhéran, selon des journalistes de l'AFP présents sur place. Elles sont parmi les plus violentes dans la capitale depuis le début de la guerre.

L'annonce de Donald Trump est venue peu après que l'Iran a lancé des missiles sur la base militaire américaine d'Al-Udeid au Qatar en représailles aux raids américains menés samedi soir, à l'heure américaine, sur trois sites nucléaires iraniens.

Riposte qualifiée de "très faible" par Donald Trump, qui a aussi tenu à "remercier l'Iran" d'avoir "prévenu" les Etats-Unis "à temps, ce qui a permis de ne pas perdre de vies et de ne blesser personne".

Représailles calibrées 

Le Conseil de sécurité nationale iranien a décrit son attaque comme une "réponse à l'action agressive" des Etats-Unis. L'Iran a utilisé autant de missiles "que le nombre de bombes" utilisées dans les raids américains, signalant une réponse dûment calibrée, selon la même source.

Le Qatar a dit avoir intercepté les tirs iraniens.

En Irak, des frappes de drone ont visé tôt mardi avant l'aube les radars de deux bases militaires irakiennes près de Bagdad et dans le sud du pays, d'après des responsables irakiens, qui n'ont pas été en mesure d'identifier les auteurs de l'attaque.

Donald Trump s'était prévalu dimanche d'avoir infligé des "dommages monumentaux" au site d'enrichissement d'uranium de Fordo, au sud de Téhéran, et aux installations nucléaires d'Ispahan et Natanz (centre).

Pour Ali Vaez, du groupe de réflexion International Crisis Group, les représailles iraniennes après les raids américains "étaient calibrées et annoncées de manière à ne pas entraîner de victimes américaines, permettant ainsi une sortie de crise pour les deux parties".

La prison d'Evine ciblée 

Lundi, des centres de commandement des Gardiens de la Révolution (l'armée idéologique de la République islamique d'Iran) ainsi que la prison d'Evine avaient été pris pour cible par Israël.

La justice iranienne a fait état de dégâts dans certaines parties de la prison, où sont détenus des Occidentaux, prisonniers politiques et opposants.

Les deux Français Cécile Kohler et Jacques Paris, qui y sont détenus depuis plus de trois ans, "n'auraient pas été touchés", selon la diplomatie française.

Israël a aussi dit avoir mené des frappes pour "bloquer les voies d'accès" au site de Fordo, enfoui sous une montagne.

En Iran, la guerre a fait plus de 400 morts et 3.056 blessés, en majorité des civils, selon un bilan officiel. Les tirs iraniens sur Israël ont fait 24 morts, d'après les autorités.

Israël a bombardé depuis le 13 juin des centaines de sites militaires et nucléaires, tuant les plus hauts gradés du pays ainsi que des scientifiques du nucléaire.

L'Iran, qui riposte avec des tirs de missiles et de drones vers Israël, dément vouloir fabriquer l'arme atomique et défend son droit à un programme nucléaire civil.

L'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) a jugé impossible à ce stade d'évaluer les dégâts, réclamant un accès aux sites iraniens.

Des experts estiment que l'Iran pourrait en avoir évacué le matériel nucléaire, et Téhéran a affirmé toujours posséder des stocks d'uranium enrichi.

L'AIEA a dit toutefois n'avoir décelé jusque-là aucun indice d'un "programme systématique" de fabrication d'une bombe atomique.


Trump «toujours intéressé» par une solution diplomatique avec l'Iran

Le président américain Donald Trump s'adresse à la nation depuis la Maison Blanche à Washington, DC, le 21 juin 2025, après l'annonce du bombardement par les États-Unis de sites nucléaires en Iran. Photo de CARLOS BARRIA / POOL / AFP)
Le président américain Donald Trump s'adresse à la nation depuis la Maison Blanche à Washington, DC, le 21 juin 2025, après l'annonce du bombardement par les États-Unis de sites nucléaires en Iran. Photo de CARLOS BARRIA / POOL / AFP)
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  • « Si le régime iranien refuse de s'impliquer dans une solution diplomatique et pacifique, à laquelle le président s'intéresse toujours, pourquoi le peuple iranien ne retire-t-il pas le pouvoir à ce régime incroyablement violent a demandé Karoline Leavitt
  • La porte-parole de la Maison Blanche a assuré que les États-Unis « surveillent activement la situation dans le détroit d'Ormuz »

WASHINGTON : « Le président est toujours intéressé par une issue diplomatique avec l'Iran », a déclaré lundi la porte-parole de la Maison Blanche, après l'évocation dimanche par Donald Trump d'un « changement de régime » à Téhéran.

« Si le régime iranien refuse de s'impliquer dans une solution diplomatique et pacifique, à laquelle le président s'intéresse toujours, pourquoi le peuple iranien ne retire-t-il pas le pouvoir à ce régime incroyablement violent qui le réprime depuis des décennies ? », a demandé Karoline Leavitt, la porte-parole de l'exécutif américain, sur l'antenne de Fox News.

Elle a ensuite déclaré à la presse que des messages « publics et privés » avaient été envoyés aux Iraniens depuis les bombardements américains de trois sites nucléaires iraniens.

Karoline Leavitt a répété que ces installations avaient été « complètement et totalement détruites ». « C'est une opération dont ont rêvé tant de présidents par le passé, mais aucun n'a eu le courage de le faire, et le président Trump l'a fait », a-t-elle insisté.

Lundi, face aux craintes de représailles iraniennes, la porte-parole de la Maison Blanche a assuré que les États-Unis « surveillent activement la situation dans le détroit d'Ormuz » et que « le régime iranien serait stupide » de s'en prendre à cette route maritime clé, par où transitent 20 % du pétrole produit dans le monde.

Et face aux critiques de certains élus démocrates l'accusant d'avoir outrepassé ses pouvoirs pour lancer cette attaque, Karoline Leavitt a assuré que « le président a agi dans le cadre de l'article deux de la Constitution, en tant que commandant en chef des États-Unis ».  


Le chef de la diplomatie iranienne se trouve à Moscou pour des consultations "d'une grande importance"

Le ministre iranien des Affaires étrangères Abbas Araghchi, photographié lors d'une conférence de presse au Centre des congrès Lutfi Kırdar, en marge de la 51e session du Conseil des ministres des Affaires étrangères de l'Organisation de coopération islamique (OCI), à Istanbul, le 22 juin 2025. (Photo par OZAN KOSE / AFP)
Le ministre iranien des Affaires étrangères Abbas Araghchi, photographié lors d'une conférence de presse au Centre des congrès Lutfi Kırdar, en marge de la 51e session du Conseil des ministres des Affaires étrangères de l'Organisation de coopération islamique (OCI), à Istanbul, le 22 juin 2025. (Photo par OZAN KOSE / AFP)
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  • « Dans cette nouvelle situation dangereuse nos consultations avec la Russie peuvent certainement être d'une grande importance », a déclaré Abbas Araghchi depuis Moscou, cité par les agences de presse russes.
  • La Russie a fermement condamné dimanche les frappes américaines contre des sites nucléaires en Iran, pays allié de Moscou, les qualifiant de bombardements « irresponsables » contre son principal allié au Moyen-Orient.

MOSCOU : Le chef de la diplomatie iranienne a affirmé lundi s'attendre à des consultations « d'une grande importance » en Russie, où il doit notamment rencontrer Vladimir Poutine, après des frappes américaines sur des sites nucléaires de la République islamique.

« Dans cette nouvelle situation dangereuse (...), nos consultations avec la Russie peuvent certainement être d'une grande importance », a déclaré Abbas Araghchi depuis Moscou, cité par les agences de presse russes.

M. Araghchi, qui avait lui-même annoncé depuis Istanbul qu'il se rendrait dans la capitale russe pour rencontrer le président russe, « est arrivé à Moscou pour des consultations avec le président (russe) et d'autres responsables officiels » dimanche soir, selon l'agence officielle iranienne Irna.

Selon la même source, ces discussions porteront sur « la situation régionale et internationale à la suite de l'agression militaire des États-Unis et du régime sioniste contre l'Iran ». 

La Russie a fermement condamné dimanche les frappes américaines contre des sites nucléaires en Iran, pays allié de Moscou, les qualifiant de bombardements « irresponsables » contre son principal allié au Moyen-Orient.

Dès le 13 juin, au premier jour des frappes israéliennes contre l'Iran, Vladimir Poutine avait déclaré être « prêt » à « jouer un rôle de médiateur afin d'éviter une nouvelle escalade des tensions », selon le Kremlin.

Mais cette proposition a été fraîchement accueillie par l'Union européenne, Bruxelles estimant que la Russie ne pouvait « pas être un médiateur objectif ».

Vendredi dernier, M. Poutine a cherché à tempérer sa proposition de jouer le rôle de médiateur dans le conflit entre l'Iran et Israël, en assurant ne proposer que des « idées » de règlement.

Si la Russie entretient historiquement de bonnes relations avec Israël, ces liens ont été affectés depuis le début de l'offensive russe en Ukraine et de la guerre menée par Israël à Gaza.

À l'inverse, Moscou s'est largement rapproché de Téhéran ces dernières années. En janvier, les deux pays ont signé un traité de partenariat stratégique global visant à renforcer leurs liens, notamment militaires, qui ne comprend néanmoins pas de pacte de défense mutuelle.