Les électeurs «mal-inscrits», réservoir méconnu d'abstentionnistes

Même si la "mal-inscription" reste méconnue et ne fait l'objet d'aucune étude spécifique de l'Insee, certains politiques s'en sont emparés dans l'espoir de freiner la montée de l'abstention qui a atteint des records en 2021. (Photo, AFP)
Même si la "mal-inscription" reste méconnue et ne fait l'objet d'aucune étude spécifique de l'Insee, certains politiques s'en sont emparés dans l'espoir de freiner la montée de l'abstention qui a atteint des records en 2021. (Photo, AFP)
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Publié le Mercredi 10 novembre 2021

Les électeurs «mal-inscrits», réservoir méconnu d'abstentionnistes

  • Cette procédure constitue aussi un paradoxe dans une société qui encourage la mobilité géographique. «En France, on estime que la citoyenneté se mérite et que, si on veut voter, il faut en avoir fait la démarche», analyse Céline Braconnier
  • Le vote par correspondance, utilisé en Allemagne ou aux Etats-Unis, a été abrogé en France en 1975 sur fond de craintes de fraudes. Une inscription via les déclarations aux impôts a également été envisagée

PARIS: Et si c'était le chaînon permettant de mieux comprendre la flambée de l'abstention? Par choix, ignorance ou négligence, des millions de Français sont inscrits sur les listes électorales d'une autre ville que celle où ils vivent, compliquant leur chemin vers les urnes.

Spécificité française, ce phénomène des «mal-inscrits» pèse lourd: en 2017, il concernait 7,6 millions de personnes, dont 51 % des 25-29 ans, auxquels s'ajoutaient environ cinq millions de non-inscrits, selon les travaux co-dirigés par la spécialiste de la participation électorale Céline Braconnier.

Tous les «mal-inscrits» ne grossissent pas les rangs des abstentionnistes et certains d'entre eux feront, le jour du vote, les kilomètres nécessaires pour glisser leur bulletin dans l'urne ou auront accompli les démarches pour une procuration. Mais de nombreux autres renonceront.

«Pour ces mal-inscrits, voter a un coût supplémentaire par rapport à ceux qui n'ont qu'à aller en bas de chez eux», analyse Mme Braconnier selon qui ces électeurs ont trois fois plus de risques de bouder les urnes. «La mal-inscription a pris des proportions inédites et des millions de personnes sont gênées dans l’accomplissement de leur devoir civique», assure-t-elle à l'AFP.

Leur profil est varié: on retrouve parmi eux des étudiants ayant quitté le foyer parental et des cadres qui ont en commun de ne pas avoir «régularisé» leur situation après un déménagement. Car en France, contrairement à ses voisins (Allemagne, Espagne, Italie...), un changement de domicile n'a pas à être notifié aux autorités, au risque que des électeurs restent, parfois sans le savoir, inscrits dans leur ancienne ville.

«C’est un véritable bug démocratique, estime Dorian Dreuil, politiste et co-président de l'association A voté. On est une des dernières démocraties où on peut dire à un citoyen qui voudrait voter +Désolé ça va pas être possible parce qu'il fallait avoir rempli un formulaire d'inscription+».

Cette procédure constitue aussi un paradoxe dans une société qui encourage la mobilité géographique. «En France, on estime que la citoyenneté se mérite et que, si on veut voter, il faut en avoir fait la démarche», analyse Céline Braconnier.

«Manque d'information»

Même si la «mal-inscription» reste méconnue et ne fait l'objet d'aucune étude spécifique de l'Insee, certains politiques s'en sont emparés dans l'espoir de freiner la montée de l'abstention qui a atteint des records en 2021.

Votée à l'été 2016, une loi LR-PS a provoqué une «révolution» selon son co-rédacteur, le député de droite Jean-Luc Warsmann: elle permet de s'inscrire sur les listes jusqu'au sixième vendredi avant le scrutin, supprimant la fameuse date-couperet du 31 décembre de l'année précédente.

En instituant un répertoire électoral unique remplaçant les 36.000 listes communales, elle a également permis que cette inscription se fasse désormais en ligne et pas seulement en mairie.

Cette loi, qui va s'appliquer pour la première fois à une présidentielle en 2022, «va faire massivement reculer la non-inscription», assure à l'AFP M. Warsmann.

Encore faut-il que les électeurs en soient informés, ce qui est loin d'être acquis au moment où la chose publique ne semble pas passionner les foules.

«Il faut des campagnes d’information pour inviter les électeurs à vérifier s’ils sont bien inscrits», déclare à l'AFP Alexis Corbière, député LFI. Il juge cette mal-inscription "considérable" et appelle à une "simplification" pour que "les conditions d'expression du peuple soient optimisées".

L'entourage de Marlène Schiappa, ministre déléguée à la Citoyenneté, promet que des campagnes de mobilisation seront lancées mais sans préciser à ce stade si elles cibleront spécifiquement l'inscription.

D'autres voies existent. Le vote par correspondance, utilisé en Allemagne ou aux Etats-Unis, a été abrogé en France en 1975 sur fond de craintes de fraudes. Une inscription via les déclarations aux impôts a également été envisagée.

Selon Mme Braconnier, aucune option ne doit être écartée au vu de l'enjeu démocratique. «Quand on +neutralise+ les problèmes de mauvaise inscription, on arrive à des taux de participation très élevés, dit-elle. Ca contredit un peu le discours selon lequel les Français auraient divorcé des politiques ou de la démocratie représentative».


Macron et von der Leyen inciteront lundi les chercheurs étrangers à choisir l'Europe

Le président français Emmanuel Macron accueille la présidente de la Commission européenne Ursula Von der Leyen à son arrivée au sommet de la « coalition des volontaires » au palais de l'Élysée, à Paris, le 27 mars 2025. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
Le président français Emmanuel Macron accueille la présidente de la Commission européenne Ursula Von der Leyen à son arrivée au sommet de la « coalition des volontaires » au palais de l'Élysée, à Paris, le 27 mars 2025. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
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  • Le président français clôturera cette conférence dans la prestigieuse université de la Sorbonne, « dédiée à la science, à l'attractivité de l'Union européenne, mais aussi plus largement à l'innovation, à la recherche et aux libertés académiques »
  • « Ici, en France, la recherche est une priorité, l’innovation est une culture et la science est un horizon sans limite », avait-il assuré.

PARIS : À Paris, le président Emmanuel Macron et la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen participeront lundi à une conférence pour vanter les mérites de l'Europe auprès des chercheurs étrangers, notamment américains, confrontés à « un certain nombre de menaces », a annoncé l'Élysée mercredi.

Le président français clôturera cette conférence dans la prestigieuse université de la Sorbonne, « dédiée à la science, à l'attractivité de l'Union européenne, mais aussi plus largement à l'innovation, à la recherche et aux libertés académiques », ont affirmé ses services à la presse.

Le message de cette rencontre sera « très clair » : « Choose Science, Choose Europe ».

Selon son entourage, il s'agit de dire, « dans un moment où les libertés académiques connaissent un certain nombre de reculs ou de menaces, que l'Europe est un continent attractif et que l'innovation, l'attractivité, la science et la recherche sont des éléments essentiels pour la croissance européenne ».

Le chef de l'État aura à cette occasion un entretien avec la présidente de la Commission européenne, qui participera à la conférence. 

Le 18 avril, Emmanuel Macron avait donné rendez-vous le 5 mai aux chercheurs « du monde entier ». Sur le réseau X, il les avait invités à « choisir la France et l'Europe », dans une tentative d'attirer les chercheurs américains menacés par la politique de Donald Trump.

« Ici, en France, la recherche est une priorité, l’innovation est une culture et la science est un horizon sans limite », avait-il assuré.

Parallèlement, le gouvernement a lancé une plateforme baptisée « Choose France for Science », présentée comme « une première étape pour préparer l'accueil des chercheurs internationaux ».

Depuis le retour de Donald Trump à la Maison Blanche en janvier, chercheurs et universités sont dans le collimateur de son gouvernement et redoutent pour leur avenir, entre libertés académiques et de recherche menacées et financements réduits.

De plus en plus de chercheurs ou d'aspirants chercheurs réfléchissent donc à quitter le pays, considéré jusqu'ici comme le paradis de la recherche dans nombre de domaines.

En France, dès début mars, le ministre chargé de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, Philippe Baptiste, a demandé aux universités de réfléchir à des moyens de les accueillir. 


« La France ne se définit ni par une race, ni par une religion », affirme Macron

Le président français Emmanuel Macron regarde avant d'accueillir le Premier ministre belge pour un déjeuner de travail au palais présidentiel de l'Élysée à Paris, le 29 avril 2025. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
Le président français Emmanuel Macron regarde avant d'accueillir le Premier ministre belge pour un déjeuner de travail au palais présidentiel de l'Élysée à Paris, le 29 avril 2025. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
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  • « La France est une patrie de volonté et de bravoure qui ne se définit ni par le sang, ni par une race, ni par une religion, ni par une identité figée », a déclaré le président de la République.
  • Près de 150 nationalités se côtoient au sein de la Légion étrangère, où les légionnaires sont commandés par des officiers français.

AUBAGNE, FRANCE : lors d'une cérémonie militaire commémorant la bataille de Camerone, à Aubagne, où est basé le commandement de la Légion étrangère, Emmanuel Macron a affirmé  mercredi que « la France ne se définit ni par une race, ni par une religion, ni par une identité figée ».

« La France est une patrie de volonté et de bravoure qui ne se définit ni par le sang, ni par une race, ni par une religion, ni par une identité figée », a déclaré le président de la République devant plusieurs dizaines de légionnaires réunis pour commémorer la bataille de Camerone, qui s'est déroulée le 30 avril 1863 au Mexique.

« La France se définit par une volonté chaque jour recommencée d'accomplir de grandes choses avec une poignée de notre terre dans la main. Un rêve d'universel, un idéal, cette solidarité, cette fidélité à la patrie », a poursuivi M. Macron, qui s'est déplacé à Aubagne (Bouches-du-Rhône) pour commémorer cet événement fondateur de la Légion étrangère, célébré chaque année par tous les régiments. 

M. Macron a prononcé ce discours après avoir reçu mardi des représentants d'institutions musulmanes qui ont dénoncé le « climat islamophobe ambiant » et demandé au président de la République des « actes concrets » pour protéger les musulmans, après le meurtre d'un fidèle dans une mosquée du Gard.

À Aubagne, le président a passé en revue les troupes de la Légion étrangère, la force combattante de l'armée de terre qui compte plus de 9 500 hommes.

Près de 150 nationalités se côtoient au sein de la Légion étrangère, où les légionnaires sont commandés par des officiers français.

L'hymne national a été joué et deux avions Rafale ont survolé la cérémonie à laquelle ont assisté les élus locaux et plusieurs centaines de spectateurs.

La cérémonie de Camerone, qui est une fête de la Légion, commémore une bataille survenue à Camerone, dans l'État de Veracruz, dans l'est du Mexique, au cours de laquelle 62 légionnaires français ont résisté à 2 000 soldats mexicains lors de l'expédition française au Mexique. 

Le président Macron a décrit la bataille menée par une « poignée de légionnaires assiégés par 2 000 ennemis » qui ont « tenu une position pendant 11 heures », saluant une « histoire de courage insensé ».

Chargés de protéger le passage d'un convoi de ravitaillement pour les troupes françaises assiégeant la ville de Puebla, les légionnaires retranchés dans une hacienda du village de Camaron de Tejeda avaient fait le serment de se battre jusqu'à la mort.

Après une journée d'affrontement, les derniers encore en état de combattre refusèrent de se rendre et chargèrent les Mexicains à la baïonnette. 


Panneaux solaires, spatial, pharmacie : neuf projets d'usines reçoivent des subventions France 2030

Un employé de TotalEnergies devant des panneaux solaires et des éoliennes du parc éolien de La Perrière à Sainte-Suzanne sur l'île de la Réunion, le 22 janvier 2025. (Photo Richard BOUHET / AFP)
Un employé de TotalEnergies devant des panneaux solaires et des éoliennes du parc éolien de La Perrière à Sainte-Suzanne sur l'île de la Réunion, le 22 janvier 2025. (Photo Richard BOUHET / AFP)
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  • Neuf nouveaux projets d'usines au total vont recevoir des subventions à hauteur de 49 millions d'euros, a annoncé le gouvernement mercredi.
  • Ces aides publiques, issues du programme d'investissement France 2030, ont été accordées en réponse au septième appel d'offres lancé dans le cadre du dispositif « Premières usines ».

PARIS : La giga-usine Holosolis de cellules photovoltaïques en Moselle, ainsi qu'un site de chimie verte en Martinique : 9 nouveaux projets d'usines au total vont recevoir des subventions à hauteur de 49 millions d'euros, a annoncé le gouvernement mercredi.

Ces aides publiques, issues du programme d'investissement France 2030, ont été accordées en réponse au septième appel d'offres lancé dans le cadre du dispositif « Premières usines », destiné à soutenir les projets d'ouverture d'usines des start-up et PME industrielles innovantes, indique un communiqué.

À l'exception d'un projet de ferme aquacole écoresponsable « Mangrove » en Bretagne et d'un projet de chimie verte SHB Biotech en Martinique pour la production d'ingrédients naturels à partir de co-produits agricoles, les projets retenus s'inscrivent géographiquement dans la moitié est de la France. 

L'usine de la société française Holosolis, annoncée en grande pompe lors du sommet Choose France de 2023 pour produire des cellules et modules photovoltaïques à Hambach en Moselle, figure sur la liste. Le montant de l'aide n'a pas été divulgué.

Holosolis, dont l'actionnaire principal est InnoEnergy (institut européen d'innovation et de technologie), est un consortium européen de partenaires engagés dans la transition énergétique et la réindustrialisation. Il réunit la société d'investissement immobilier Idec, l'industriel breton Armor Group, le spécialiste français de l'agrivoltaïsme TSE et le groupe allemand Heraeus. Son usine, un investissement de 851 millions d'euros susceptible de générer 1 700 emplois, a obtenu un permis de construire en janvier.

Autre projet soutenu : celui du groupe Bordet en Bourgogne Franche-Comté qui se lance dans la production de carbone végétal pour remplacer les matières fossiles dans l'industrie chimique ou la cimenterie, grâce à un procédé de pyrolyse. 

Un autre projet de chimie est soutenu : Separative (SEP30), une société auvergnate bardée de brevets qui propose des solutions innovantes pour réduire la consommation d'énergie et l'empreinte carbone de l'industrie pharmaceutique.

Dans le secteur de la santé, InBrain Pharma, également aidée, est basée dans les Hauts-de-France et développe une technologie de perfusion cérébrale (Percepar) permettant l'administration ciblée de médicaments pour corriger les troubles des maladies neurologiques. En Île-de-France, Vertikale propose une solution qui miniaturise les bioprocédés et simplifie la production de médicaments biologiques.

Dans le secteur spatial, France 2030 a accordé une subvention à la société Latitude, basée dans le Grand Est, qui développe un micro-lanceur (Zephyr).

Enfin, dans l'agroalimentaire, l'entreprise de biotechnologie Mycophyto, située à Grasse, qui développe des solutions biologiques (biostimulants, bio-intrants) pour tous types de cultures, reçoit également une subvention.