Faire des emballages moins polluants, un défi pour le e-commerce

En 2020, 1,5 milliard de colis ont été distribués ou exportés en France, soit 12,4% de plus qu'en 2019, selon l'Autorité de régulation des communications électroniques, des postes et de la distribution de la presse (Arcep). (Photo/AFP)
En 2020, 1,5 milliard de colis ont été distribués ou exportés en France, soit 12,4% de plus qu'en 2019, selon l'Autorité de régulation des communications électroniques, des postes et de la distribution de la presse (Arcep). (Photo/AFP)
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Publié le Mardi 16 novembre 2021

Faire des emballages moins polluants, un défi pour le e-commerce

  • Pour éviter que tous les emballages ne se retrouvent à la poubelle, une première solution consiste à réduire leur taille
  • Dans leur charte avec le gouvernement français, les 14 signataires s'engagent à «n'utiliser que des emballages de livraison en matières principales recyclées, recyclables ou réutilisables»

PARIS: Ils s'empilent dans nos poubelles, débordent sur les trottoirs: avec le boom du e-commerce, les emballages de colis constituent une pollution de plus en plus visible, contre laquelle les distributeurs promettent de réagir.

En 2020, 1,5 milliard de colis ont été distribués ou exportés en France, soit 12,4% de plus qu'en 2019, selon l'Autorité de régulation des communications électroniques, des postes et de la distribution de la presse (Arcep). Cette année, leur nombre devrait encore augmenter, car de nombreux Français ont pris le pli du e-commerce et le nombre de transactions en ligne continue sa progression.

Pour éviter que tous les emballages ne se retrouvent à la poubelle, une première solution consiste à réduire leur taille. En France, 14 acteurs du e-commerce parmi lesquels Ebay, Veepee, Fnac Darty ou Maisons du Monde ont signé en juillet une charte avec le ministère de la Transition écologique et le secrétariat d’État au Numérique dans laquelle ils s'engagent notamment à "conduire des actions de réduction du volume des emballages de livraison pour au moins 75% des produits ou des colis d'ici au 31 décembre 2024".

Pour ce faire, ils sont nombreux à utiliser des machines de dimensionnement des produits en 3D ou à modifier le mode des pliages des cartons pour minimiser les espaces de vide dans l'emballage. Certains proposent aussi au consommateur de lui livrer son produit dans son emballage d'origine, sans carton supplémentaire. 

Autre solution pour éviter le gaspillage: le recyclage. Dans leur charte avec le gouvernement français, les 14 signataires s'engagent à "n'utiliser que des emballages de livraison en matières principales recyclées, recyclables ou réutilisables". 

Chez CDiscount par exemple, "tout le carton est recyclé et recyclable, même les encres sont végétales", assure Rémi Naudion, directeur Transport & Livraison chez C-Logistics, la filiale logistique de la marque. Showroomprivé s'est engagé pour sa part à "atteindre 75 % de matière recyclée dans la composition de ses emballages d'expédition à horizon 2024".

Amazon a également annoncé lundi qu'il renonçait aux emballages d'expédition en plastique, et les remplaçait par des sacs en papier ou des enveloppes en carton "qui sont plus facilement recyclables".

Avant de recycler, réutiliser?

Reste que dans les faits, en 2020, seulement 64% des emballages en papier ou en carton ont été recyclés, d'après Citéo, entreprise spécialisée dans le recyclage des emballages ménagers. 

Pour éviter d'avoir à jeter, certaines sociétés proposent donc désormais des emballages réutilisables, fabriqués dans une matière résistante et lavables. C'est le cas notamment du finlandais RePack, du britannique Ecopack solution ou des start-up françaises Opopop et Hipli. 

"Recycler, c'est bien quand l'emballage est en fin de vie, mais c'est un processus énergivore. Donc on s'est dit qu'il valait mieux réutiliser", explique à l'AFP Anne-Sophie Raoult, cofondatrice de Hipli. Une analyse de cycle de vie réalisée par la société Evea a montré que son colis réutilisable avait moins d'impact qu'un emballage carton, même recyclé, dès la deuxième utilisation.

Pour favoriser ce nouveau mode d'emballage, La Poste a mis au point fin octobre un processus d'industrialisation des retours à vide. 

"Vous prenez votre commande, vous repliez l'emballage et vous le mettez dans une boîte aux lettre jaune [dans une pochette pré-affranchie fournie, NDLR], et c'est réexpédié, nettoyé et remis dans le circuit. Dès la première utilisation, c'est -83% de CO2 !", explique à l'AFP Jean-Yves Gras, directeur général de la filiale Colissimo, qui a également conclu un partenariat avec Hipli.

Cette solution reste néanmoins plus chère à l'achat: un colis Hipli, réutilisable jusqu'à 100 fois, est facturé entre 1,65 et 1,95 euro aux e-commerçants, soit environ 10 fois plus qu'un emballage à usage unique. C'est ensuite au e-commerçant de choisir quelle part il fait peser sur son client.


Taxe Zucman : «truc absurde», «jalousie à la française», selon le patron de Bpifrance

Nicolas Dufourcq, patron de Bpifrance, la banque publique d'investissement, a critiqué avec virulence mercredi l'idée d'une taxe Zucman, évoquant un "truc absurde", et "une histoire de jalousie à la française". (AFP)
Nicolas Dufourcq, patron de Bpifrance, la banque publique d'investissement, a critiqué avec virulence mercredi l'idée d'une taxe Zucman, évoquant un "truc absurde", et "une histoire de jalousie à la française". (AFP)
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  • M. Dufourcq, qui était interrogé sur RMC, a estimé que la taxe, dont le principe est d'imposer chaque année les contribuables dont la fortune dépasse 100 millions d'euros à hauteur de 2% de celle-ci, était "un truc complètement absurde"
  • Notant qu'avec la taxe Zucman, ils "paieraient tous en papier (en actions, NDLR) leurs 2%", M. Dufourcq a observé : "C'est moi, c'est la Bpifrance qui va gérer ce papier"

PARIS: Nicolas Dufourcq, patron de Bpifrance, la banque publique d'investissement, a critiqué avec virulence mercredi l'idée d'une taxe Zucman, évoquant un "truc absurde", et "une histoire de jalousie à la française".

M. Dufourcq, qui était interrogé sur RMC, a estimé que la taxe, dont le principe est d'imposer chaque année les contribuables dont la fortune dépasse 100 millions d'euros à hauteur de 2% de celle-ci, était "un truc complètement absurde", mais qui selon lui "n'arrivera pas".

Mais "ça panique les entrepreneurs : ils ont construit leur boîte et on vient leur expliquer qu'on va leur en prendre 2% tous les ans. Pourquoi pas 3? Pourquoi pas 4? C'est invraisemblable!", a-t-il déclaré.

Notant qu'avec la taxe Zucman, ils "paieraient tous en papier (en actions, NDLR) leurs 2%", M. Dufourcq a observé : "C'est moi, c'est la Bpifrance qui va gérer ce papier" : "Donc demain j'aurai 2% du capital de LVMH, dans 20 ans 20%, 20% du capital de Pinault-Printemps-Redoute (Kering, NDLR), 20% du capital de Free. C'est délirant, c'est communiste en réalité, comment est-ce qu'on peut encore sortir des énormités comme ça en France!?"

"Ces gens-là tirent la France. Il faut les aider (...) au lieu de leur dire qu'on va leur piquer 2% de leur fortune".

Il a observé que "si on pique la totalité de celle de Bernard Arnault, ça finance 10 mois d'assurance-maladie", mais qu'après "il n'y a plus d'Arnault".

"Il n'y a pas de trésor caché", a estimé M. Dufourcq, qui pense que cette taxe "n'arrivera jamais", et n'est évoquée que "pour hystériser le débat" politique.

Pour lui, il s'agit "d'une pure histoire de jalousie à la française, une haine du riche, qui est soi-disant le nouveau noble", rappelant les origines modestes de François Pinault ou Xavier Niel: "c'est la société française qui a réussi, on devrait leur dresser des statues".

"Il y a effectivement des fortunes qui passent dans leur holding des dépenses personnelles", a-t-il remarqué, "c'est ça qu'il faut traquer, et c'est ce sur quoi le ministère des Finances, je pense, travaille aujourd'hui".

Mais il y a aussi "beaucoup de Français qui passent en note de frais leurs dépenses personnelles", a-t-il observé. "Regardez le nombre qui demandent les tickets dans les restaus", pour se les faire rembourser.


IA: Google investit 5 milliards de livres au Royaume-Uni avant la visite de Trump

Le géant américain Google a annoncé mardi un investissement de 5 milliards de livres (5,78 milliards d'euros) sur deux ans au Royaume-Uni, notamment dans un centre de données et l'intelligence artificielle (IA), en amont de la visite d'Etat de Donald Trump dans le pays. (AFP)
Le géant américain Google a annoncé mardi un investissement de 5 milliards de livres (5,78 milliards d'euros) sur deux ans au Royaume-Uni, notamment dans un centre de données et l'intelligence artificielle (IA), en amont de la visite d'Etat de Donald Trump dans le pays. (AFP)
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  • Le Royaume-Uni s'apprête à accueillir Donald Trump pour une deuxième visite d'Etat mercredi et jeudi, après une première visite en 2019 lors de son premier mandat
  • Le président américain sera accompagné par plusieurs grands patrons, notamment de la tech. Des annonces d'investissements sont attendues ainsi que la signature d'un accord technologique avec Londres

LONDRES: Le géant américain Google a annoncé mardi un investissement de 5 milliards de livres (5,78 milliards d'euros) sur deux ans au Royaume-Uni, notamment dans un centre de données et l'intelligence artificielle (IA), en amont de la visite d'Etat de Donald Trump dans le pays.

Cette somme financera "les dépenses d'investissement, de recherche et développement" de l'entreprise dans le pays, ce qui englobe Google DeepMind (le laboratoire d'IA du géant californien), a indiqué le groupe dans un communiqué.

Google ouvre mardi un centre de données à Waltham Cross, au nord de Londres, dans lequel il avait déjà annoncé l'an dernier injecter un milliard de dollars (850 millions d'euros). La somme annoncée mardi viendra aussi compléter ce financement, a précisé un porte-parole de l'entreprise à l'AFP.

Le Royaume-Uni s'apprête à accueillir Donald Trump pour une deuxième visite d'Etat mercredi et jeudi, après une première visite en 2019 lors de son premier mandat.

Le président américain sera accompagné par plusieurs grands patrons, notamment de la tech. Des annonces d'investissements sont attendues ainsi que la signature d'un accord technologique avec Londres.

Selon un responsable américain, qui s'exprimait auprès de journalistes, dont l'AFP, en amont de la visite, les annonces se porteront à "plus de dix milliards, peut-être des dizaines de milliards" de dollars.

Le gouvernement britannique avait déjà dévoilé dimanche plus d'un milliard de livres d'investissements de banques américaines dans le pays, là aussi en amont de la visite d'Etat du président Trump.

Et l'exécutif britannique a annoncé lundi que Londres et Washington allaient signer un accord pour accélérer les délais d'autorisation et de validation des projets nucléaires entre les deux pays.

Depuis le début de la guerre en Ukraine, Londres redouble d'efforts pour se dégager des hydrocarbures et a fait du nucléaire l'une de ses priorités.

Le partenariat avec Washington, baptisé "Atlantic Partnership for Advanced Nuclear Energy", doit lui aussi être formellement signé lors de la visite d'État de Donald Trump.

 


La note française menacée de passer en catégorie inférieure dès vendredi

La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne. (AFP)
La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne. (AFP)
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  • La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne
  • Les marchés donnent déjà à la France une "notation implicite" bien plus basse que sa note actuelle de AA-, estime M. Morlet-Lavidalie

PARIS: Fitch sera-t-elle vendredi la première agence de notation à faire passer la note souveraine française en catégorie inférieure? Les économistes, qui le pensaient il y a quelques jours, discernent des raisons d'en douter, mais ce ne pourrait être que partie remise.

Fitch ouvre le bal des revues d'automne des agences de notation. Toutes, au vu de l'état des finances publiques françaises et de la crise politique persistante depuis la dissolution, classent la France AA- ou équivalent (qualité de dette "haute ou bonne"), avec, pour certaines comme Fitch, une "perspective négative".

Ce qui préfigure une dégradation: en ce cas, la France basculerait en catégorie A (qualité "moyenne supérieure"), et devrait verser à ceux qui investissent dans sa dette une prime de risque supérieure, accroissant d'autant les remboursements de cette dette.

Pour Eric Dor, directeur des études économiques à l'IESEG School of Management, une dégradation serait "logique". D'abord parce que la situation politique n'aide pas à mettre en œuvre "un plan crédible d'assainissement budgétaire", comme Fitch l'exigeait en mars.

Mais aussi pour effacer "une incohérence" : 17 pays européens sont moins bien notés que la France alors qu'ils ont - à très peu d'exceptions près - des ratios de finances publiques meilleurs que les 5,8% du PIB de déficit public et 113% du PIB de dette publique enregistrés en France en 2024.

Coup d'envoi 

Depuis mardi, la nomination rapide à Matignon de Sébastien Lecornu pour succéder à François Bayrou, tombé la veille lors du vote de confiance, ravive l'espoir d'un budget 2026 présenté en temps et heure.

Lucile Bembaron, économiste chez Asterès, juge ainsi "plausible" que Fitch "attende davantage de visibilité politique" pour agir.

D'autant, remarque Hadrien Camatte, économiste France chez Natixis, que les finances publiques n'ont pas enregistré cette année de nouveau dérapage inattendu, et que "la croissance résiste".

L'Insee a même annoncé jeudi qu'en dépit du "manque de confiance" généralisé, celle-ci pourrait dépasser la prévision du gouvernement sortant - 0,7% - pour atteindre 0,8% cette année.

Anthony Morlet-Lavidalie, responsable France à l'institut Rexecode, observe aussi que Fitch, la plus petite des trois principales agences internationales de notation, "donne rarement le coup d'envoi" des dégradations.

Mais il estime "très probable" que la principale agence, S&P Global, abaissera le pouce lors de sa propre revue, le 28 novembre.

Selon ses calculs, la France ne sera en effet pas en mesure de réduire à moins de 5% son déficit public l'an prochain, contre les 4,6% qu'espérait François Bayrou.

Les économistes affirment cependant qu'une dégradation ne troublerait pas les marchés, "qui l'ont déjà intégrée", relève Maxime Darmet, économiste senior chez Allianz Trade.

Syndrome 

La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne.

Les marchés donnent déjà à la France une "notation implicite" bien plus basse que sa note actuelle de AA-, estime M. Morlet-Lavidalie.

Il craint des taux qui resteraient "durablement très élevés", provoquant "un étranglement progressif", avec des intérêts à rembourser captant "une part significative de la dépense publique, alors qu'on a des besoins considérables sur d'autres postes".

L'économiste décrit une France en proie au "syndrome du mauvais élève".

"Lorsqu'on avait 20/20", explique-t-il - la France était jusqu'à 2012 notée AAA, note maximale qu'a toujours l'Allemagne - "on faisait tout pour s'y maintenir. Maintenant on dit que 17/20 (AA-) ça reste une très bonne note. Bientôt ce sera +tant qu'on est au-dessus de la moyenne, c'est pas si mal+. Quand on est la France, en zone euro, on devrait quand même être un peu plus ambitieux que cela!", dit-il à l'AFP.

Pour autant, même abaissée à A+, "la dette française resterait de très bonne qualité", relativise M. Camatte, préférant souligner "la forte épargne des ménages et une position des entreprises qui reste très saine".