Migrants: le principal camp de Grande-Synthe démantelé, mais les traversées se poursuivent

Des migrants se rassemblent aux côtés de gendarmes français lors de l'évacuation par les forces de police, le 16 novembre 2021. (Photo, AFP)
Des migrants se rassemblent aux côtés de gendarmes français lors de l'évacuation par les forces de police, le 16 novembre 2021. (Photo, AFP)
Short Url
Publié le Mercredi 17 novembre 2021

Migrants: le principal camp de Grande-Synthe démantelé, mais les traversées se poursuivent

  • L'évacuation s'est achevée en début d'après-midi: 663 migrants ont été «mis à l'abri» et 35 passeurs présumés interpellés
  • Les exilés ont été conduits par cars «à l’écart du littoral», dans «des centres d’hébergement répartis dans le Nord» et «d’autres régions françaises»

GRANDE-SYNTHE : Un important campement d'environ un millier de migrants a été évacué sans heurts mardi à Grande-Synthe (Nord), au moment où Londres et Paris reprenaient langue pour tenter de tarir les traversées migratoires de la Manche, après plusieurs jours de tensions.

L'évacuation s'est achevée en début d'après-midi: 663 migrants ont été "mis à l'abri" et 35 passeurs présumés interpellés, selon un communiqué de la préfecture du Nord. D'autres sont partis, auront leur droit de séjour examiné ou recevront un traitement judiciaire. 

Les exilés ont été conduits par cars "à l’écart du littoral", dans "des centres d’hébergement répartis dans le Nord" et "d’autres régions françaises".

Le préfet, Georges-François Leclerc, s'était plus tôt félicité d'une évacuation menée "dans le calme". Il a précisé que le campement, d'environ un millier de personnes, abritait "essentiellement des Irakiens, Pakistanais et Syriens".

Le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, avait annoncé dans un tweet le lancement de l'opération sur ce "campement illicite", installé sur une friche industrielle.

L'opération a été menée après une montée de tension entre Paris et Londres mais selon l'entourage du ministre, elle était prévue indépendamment de la visioconférence lundi soir entre M. Darmanin et son homologue Priti Patel.

Dans un communiqué commun publié mardi, les deux ministres indiquent être convenus "de renforcer encore la coopération opérationnelle" pour "mettre fin aux traversées dangereuses" de la Manche.

1
Le préfet du Nord a promis de nouvelles évacuations «dans les jours qui viennent» à Dunkerque. (Photo, AFP)

Nouvelles évacuations

"J’alerte les services de l’État sur le fait que ce dossier n’est pas clos", a réagi le maire socialiste de Grande-Synthe, Martial Beyaert, lors d'une conférence de presse.

"Si dans les prochains jours (...) de nouveaux camps se forment ce sera bien évidemment un échec", a-t-il ajouté, appelant à la mise en place d'une "table ronde pour parler de l’avenir des migrants". 

"Nous sommes très inquiets car nous ne savons pas ce qui est proposé aux personnes" du camp, a dit Anna Richel, coordinatrice de l'association Utopia 56. "L’État s'attaque à des personnes qui n'ont rien, sans jamais travailler sur les causes."

Le préfet du Nord a promis de nouvelles évacuations "dans les jours qui viennent" à Dunkerque.

Une cinquantaine de migrants ont par ailleurs été évacués mardi à Marck et "52 personnes" sur "d’autres sites à Calais", selon la préfecture du Pas-de-Calais. 

Depuis des années, des migrants affluent sur le littoral des Hauts-de-France dans l'espoir de rallier le Royaume-Uni, avec une envolée depuis 2020 des traversées à bord de petites embarcations. 

Selon le Royaume-Uni, 22 000 migrants avaient ainsi réussi vendredi à rallier l'Angleterre depuis janvier. Le bilan humain s'élève à trois morts et quatre disparus.

Des dizaines d'opérations de sauvetage ont d'ailleurs été menées mardi dans le détroit, selon la préfecture maritime.

Le traitement des migrants cristallise les critiques des associations et responsables humanitaires, ainsi que d'élus.

Decathlon retire ses kayaks de la vente dans le nord de la France

LILLE : Ils "peuvent servir d'embarcations pour traverser la Manche": des kayaks, pouvant être utilisés par des migrants, ont été retirés de la vente dans les magasins Decathlon de deux villes du nord de la France, où de nombreuses personnes tentent de rejoindre la Grande-Bretagne, a indiqué l'enseigne mardi.

"L'achat de ces kayaks ne sera plus possible" dans les magasins de Calais (Pas-de-Calais) et Grande-Synthe, près de Dunkerque (Nord), "en réaction avec le contexte actuel", a déclaré le service de presse de Decathlon (magasin d'équipements sportifs), confirmant une information de presse locale.

Ces articles sont "détournés de leur usage sportif" et "peuvent servir d'embarcations pour traverser la Manche" selon l'entreprise, qui indique que "ce n'est pas la conception qui est donnée à ces produits, ni leur utilité première".

L'enseigne spécialisée justifie ce retrait par un usage qui "pourrait mettre en danger la vie des gens qui les utilisent dans le cadre d'une traversée".

Elle indique que la décision a été prise "au magasin" et "validée par l'entreprise".

L'entreprise ajoute que ces kayaks restent disponibles à la vente en ligne et dans les autres magasins, et précise que "les produits qui permettent d'améliorer la sécurité en mer comme les gilets, les rames ou la protection thermique seront, eux, toujours disponible à la vente" à Calais et Grande-Synthe.

Vendredi, trois migrants avaient été portés disparus après avoir tenté de traverser la Manche sur des kayaks pour gagner l'Angleterre, dans un contexte de nouveau record des traversées de la Manche à bord de petites embarcations.

Deux kayaks avaient été trouvés à la dérive au large de Calais jeudi, et deux naufragés secourus par la gendarmerie.

«Urgence»

Selon un collectif d'associations (dont Médecins du monde, la Ligue des droits de l'Homme ou la Fondation Abbé Pierre), les expulsions des camps et abris informels ont bondi de 23% en 2021, la majorité (77%) concernant les villes du Calaisis et de Grande-Synthe.

Dans un rapport mardi, une commission d'enquête parlementaire sur les migrations a appelé l’État à renoncer à la politique du "zéro point de fixation" sur le littoral nord, au vu des conséquences "massives" sur le quotidien des migrants.

A Calais, où le gouvernement a dépêché un médiateur, deux militants associatifs poursuivent aussi une grève de la faim depuis le 11 octobre pour dénoncer le traitement "inhumain" des migrants et réclamer un moratoire sur les démantèlements. Ils ont annoncé une conférence de presse mercredi.

1
Depuis des années, des migrants affluent sur le littoral des Hauts-de-France dans l'espoir de rallier le Royaume-Uni. (Photo, AFP)

Les tensions entre Londres et Paris s'étaient ravivées vendredi, après un record la veille du nombre de traversées illégales, 1 185 migrants ayant réussi à atteindre les côtes anglaises. 

Avant de rencontrer son homologue, qui avait qualifié cette situation d'"inacceptable", M. Darmanin avait rétorqué lundi que la France n'avait "pas de leçons à recevoir des Britanniques".


Metz: un forcené tué par balles, un policier touché à la main

Un homme "menaçant", détenteur de plusieurs armes à feu, a succombé à des blessures par balles lundi à Metz après un échange de coups de feu avec la police, tandis qu'un agent a été blessé, a annoncé le parquet. (AFP)
Un homme "menaçant", détenteur de plusieurs armes à feu, a succombé à des blessures par balles lundi à Metz après un échange de coups de feu avec la police, tandis qu'un agent a été blessé, a annoncé le parquet. (AFP)
Short Url
  • Alors que les forces de l'ordre interviennent, "l'homme est retranché chez lui et refuse de se rendre à la police", a poursuivi M. Grosdidier
  • Un peu avant 3H00, l'homme, installé au premier étage, "faisait feu depuis sa fenêtre sur la patrouille située dans la rue", a indiqué dans un communiqué le procureur de la République adjoint de Metz, Thomas Bernard

STRASBOURG: Un homme "menaçant", détenteur de plusieurs armes à feu, a succombé à des blessures par balles lundi à Metz après un échange de coups de feu avec la police, tandis qu'un agent a été blessé, a annoncé le parquet.

Les faits ont commencé dimanche soir dans une rue très passante de la vieille ville de Metz. "Vers 22h00, un individu menace depuis sa fenêtre, avec une arme à canon long, un passant", a rapporté le maire François Grosdidier sur sa page Facebook.

Alors que les forces de l'ordre interviennent, "l'homme est retranché chez lui et refuse de se rendre à la police", a poursuivi M. Grosdidier.

Un peu avant 3H00, l'homme, installé au premier étage, "faisait feu depuis sa fenêtre sur la patrouille située dans la rue", a indiqué dans un communiqué le procureur de la République adjoint de Metz, Thomas Bernard.

"Il sortait alors de son studio, tenant dans chaque main un revolver, et faisait feu sur les policiers présents dans le couloir", a-t-il ajouté. "Un policier était blessé à une main, tandis qu'un de ses collègues tirait à trois reprises, touchant l'individu à l'abdomen et au bras".

L'homme de 56 ans a été hospitalisé mais est décédé lundi matin. "Son casier judiciaire porte trace de neuf condamnations", selon M. Bernard.

Le policier blessé a également été hospitalisé.

L'homme détenait "plusieurs armes, de poing et d'épaule, dans son appartement", selon le maire qui a salué l'intervention des forces de l'ordre.


Tourisme en France : entre recherche de soleil, contraintes budgétaires et destinations alternatives

Cette photo prise le 22 mars 2024 montre un bateau navette naviguant sur la Garonne alors que l'église Saint-Louis-des-Chartrons (à gauche) surplombe les quais de Bordeaux, dans le sud-ouest de la France. Bordeaux accueillera certains des tournois de football des Jeux olympiques de Paris 2024 l'été prochain. (AFP)
Cette photo prise le 22 mars 2024 montre un bateau navette naviguant sur la Garonne alors que l'église Saint-Louis-des-Chartrons (à gauche) surplombe les quais de Bordeaux, dans le sud-ouest de la France. Bordeaux accueillera certains des tournois de football des Jeux olympiques de Paris 2024 l'été prochain. (AFP)
Short Url
  • les Français semblent partager la même priorité : partir en vacances sans trop grever leur budget.
  • L’ensoleillement demeure un facteur clé dans les choix de destination. Les zones méditerranéennes continuent de séduire, au détriment des régions plus tempérées

RIYAD : Alors que l'été 2025 se profile, les Français semblent partager la même priorité : partir en vacances sans trop grever leur budget. Si 61 % d’entre eux envisagent de prendre quelques jours de congé, selon un sondage OpinionWay pour Liligo, leur comportement de consommation évolue. Pour la première fois en cinq ans, le budget moyen baisse de 74 euros par personne.

L’ensoleillement demeure un facteur clé dans les choix de destination. Les zones méditerranéennes continuent de séduire, au détriment des régions plus tempérées comme la Bretagne, la Normandie ou le nord de la France. Cette tendance s’explique notamment par deux étés précédents jugés peu cléments sur le plan météorologique, ce qui dissuade certains vacanciers de s'y rendre à nouveau.

Dans les établissements touristiques du Grand Ouest, les professionnels constatent un recul des séjours d'une semaine, compensé par une légère hausse des courts séjours (2 à 6 nuits). Les réservations de dernière minute restent fréquentes et très dépendantes des prévisions météorologiques du dimanche soir.

Confrontés à une inflation persistante et à des inquiétudes concernant leur pouvoir d’achat, les Français adaptent leurs comportements. Ils réduisent leurs dépenses dans les restaurants, les commerces ou les activités annexes, et sont plus prudents dans la planification de leurs séjours. Les formules « tout compris », jugées plus économiques et prévisibles, rencontrent un succès croissant.

Selon le cabinet Pro tourisme, les prix des hébergements touristiques ont grimpé de 27 % en quatre ans. Dans ce contexte, les territoires proposant des tarifs plus accessibles, comme l’intérieur des terres ou les destinations proches des grandes agglomérations comme l’Eure, la Vienne, l’Ain ou l’Oise, enregistrent une forte progression des recherches, parfois jusqu’à +150 %.

Si les littoraux restent prisés, un rééquilibrage s’opère en faveur des zones rurales et périurbaines. Ces destinations sont non seulement plus abordables, puisque les locations y sont en moyenne 20 à 30 % moins chères que sur la côte, mais elles offrent également un cadre de vie plus agréable.

Ces destinations répondent à une demande croissante de nature, de tranquillité et d’authenticité. La France rurale, longtemps en retrait, bénéficie désormais d’une attractivité renouvelée. Un phénomène accentué par l’essor du télétravail, le besoin de déconnexion et la quête d’expériences plus simples. L’arrière-pays n’est plus perçu comme une alternative de repli, mais comme un véritable choix de qualité.

Sur le plan international, la France reste solidement installée comme première destination mondiale avec 100 millions de touristes étrangers en 2024, devant l’Espagne. Les métropoles touristiques qui accueillent une clientèle étrangère à fort pouvoir d’achat, comme Paris, Cannes, Nice ou les régions viticoles, affichent des perspectives encourageantes.

Les analystes estiment que les Jeux Olympiques 2024 ont amplifié la visibilité de la France sur la scène mondiale, générant un regain d’intérêt pour la capitale et ses alentours. À Paris, la fréquentation touristique devrait rester élevée en 2025 grâce à l’effet post-événementiel.

Entre contraintes économiques, recherche d’ensoleillement et désir de proximité, le tourisme en France est en pleine mutation. Les professionnels s’adaptent à une clientèle plus exigeante, plus mobile et surtout plus attentive à l’équilibre entre plaisir et dépenses. Le paysage touristique français, longtemps polarisé entre le littoral et la montagne, s’enrichit désormais d’une diversité de choix stratégiques, économiques et culturels.


Dix passeurs présumés jugés pour un naufrage meurtrier dans la Manche

Une femme passe devant les restes d'un bateau de contrebande endommagé sur la plage de Bleriot à Sangatte, près de Calais, dans le nord de la France, le 11 juin 2025. (AFP)
Une femme passe devant les restes d'un bateau de contrebande endommagé sur la plage de Bleriot à Sangatte, près de Calais, dans le nord de la France, le 11 juin 2025. (AFP)
Short Url
  • Trente-neuf migrants, dont huit mineurs, avaient pu être sauvés, mais quatre avaient été retrouvé morts et quatre autres n'ont jamais été retrouvés
  • La même nuit, sept autres départs d'embarcations clandestines avaient été dénombrés dans la Manche

LILLE: Dix hommes, dont huit Afghans, sont jugés à partir de lundi à Lille pour leur rôle présumé de passeurs dans le naufrage d'une embarcation clandestine qui avait fait quatre morts et quatre disparus dans la Manche en décembre 2022.

Parti entre 1H00 et 1H30 du matin dans la nuit du 13 au 14 décembre 2022, le canot, qui transportait en majorité des migrants afghans, avait fait naufrage à quelques kilomètres des côtes anglaises.

Trente-neuf migrants, dont huit mineurs, avaient pu être sauvés, mais quatre avaient été retrouvé morts et quatre autres n'ont jamais été retrouvés.

La même nuit, sept autres départs d'embarcations clandestines avaient été dénombrés dans la Manche.

Selon les éléments de l'enquête, alors que les migrants gonflaient le bateau avant le départ, plusieurs ont entendu une détonation, synonyme selon eux de crevaison. Les passeurs leur ont dit de ne pas s'en faire et qu'il s'agissait du seul bateau disponible pour eux.

D'après les témoignages des rescapés, il n'y avait pas assez de gilets de sauvetage pour tout le monde et aucune des personnes décédées n'en portait un. La température était glaciale et la mer très agitée.

Après une ou deux heures de traversée, un boudin a commencé à se dégonfler et l'eau à entrer dans l'embarcation, jusqu'à atteindre les genoux des passagers. Paniqués, ils se sont mis debout pour tenter de faire signe à un bateau. Mais le fond du canot, peu solide, a ployé sous leur poids et celui de l'eau, et tous se sont retrouvés à l'eau.

Neuf des prévenus sont jugés, jusqu'à vendredi, pour homicide involontaire par violation d'une obligation de sécurité, deux d'entre eux le sont pour blanchiment, tous pour aide au séjour irrégulier. Huit sont afghans, un syrien, un irakien.

Certains des prévenus sont soupçonnés d'avoir recruté des passeurs et assuré la logistique auprès des passagers, d'autres d'avoir géré l'organisation sur le camp de migrants de Loon-Plage (Nord), où vivaient les migrants avant leur tentative de traversée, toujours selon les éléments de l'enquête. D'autres encore sont jugés pour s'être occupés du transport des migrants vers la plage et de la mise à l'eau du canot, et deux pour avoir collecté une partie des paiements.

Le mineur sénégalais qui pilotait le canot est, lui, inculpé dans le cadre d'une procédure au Royaume-Uni.

Apparu en 2018, le phénomène des traversées de la Manche en petites embarcations est à l'origine de nombreux naufrages, le plus meurtrier ayant coûté la vie à 27 personnes en novembre 2021.

Depuis le début de l'année, au moins 15 migrants sont morts dans la Manche, bras de mer parmi les plus fréquentés du monde et où les conditions météorologiques sont souvent difficiles, selon un décompte de l'AFP à partir de chiffres officiels. En 2024, 78 étaient morts ainsi, un record.