Unies face à la crise migratoire, Pologne et UE s'opposent toujours sur la justice

 L'Occident accuse Minsk d'avoir orchestré la crise pour diviser l'UE et en représailles aux sanctions européennes, ce que Minsk dément. (Photo/AFP)
L'Occident accuse Minsk d'avoir orchestré la crise pour diviser l'UE et en représailles aux sanctions européennes, ce que Minsk dément. (Photo/AFP)
Short Url
Publié le Jeudi 18 novembre 2021

Unies face à la crise migratoire, Pologne et UE s'opposent toujours sur la justice

  • Depuis des années, l'UE considère la Pologne comme un enfant à problèmes en raison de réformes judiciaires controversées introduites par le gouvernement nationaliste
  • Des milliers de migrants, principalement originaires du Moyen-Orient, campent à cette frontière

VARSOVIE : Varsovie et Bruxelles font front commun pour défendre la frontière extérieure de l'Union européenne, mais des analystes doutent que ce travail d'équipe sur la crise migratoire ait un impact sur le profond différend concernant l'indépendance judiciaire en Pologne.

Depuis des années, l'UE considère la Pologne comme un enfant à problèmes en raison de réformes judiciaires controversées introduites par le gouvernement nationaliste qui, selon Bruxelles, sapent l'Etat de droit alors que, d'après Varsovie, elles sont destinées à éradiquer la corruption parmi les juges.

La confrontation s'est exacerbée en octobre quand la Cour constitutionnelle polonaise a contesté la primauté du droit européen et que la Cour de justice de l'UE a ordonné à Varsovie de payer un million d'euros d'astreinte par jour pour ne pas avoir suspendu une "chambre disciplinaire" au coeur de la querelle.

Mais ces tiraillements semblent être passés au second plan depuis l'émergence récemment de la crise migratoire à la frontière bélarusso-polonaise, Varsovie et Bruxelles travaillant ensemble pour tenter de régler le problème.

Des milliers de migrants, principalement originaires du Moyen-Orient, campent à cette frontière. L'Occident accuse Minsk d'avoir orchestré la crise pour diviser l'UE et en représailles aux sanctions européennes, ce que Minsk dément.

"La crise a certainement suscité une certaine sympathie de l'UE pour la Pologne. Le gouvernement a été soutenu par la Commission et la plupart des Etats membres ont exprimé leur solidarité", a déclaré à l'AFP le politologue Marcin Zaborowski.

"L'opinion publique européenne est aussi largement du côté de Varsovie sur cette question, notamment en raison de la montée de sentiments anti-immigration", a estimé M. Zaborowski, directeur au groupe de réflexion Globsec.

Si l'urgence à sécuriser la frontière a éclipsé le conflit sur l'Etat de droit, tous les signes semblent exclure, selon les observateurs, la possibilité que Bruxelles oublie le passé.

"Il n'y a aucun lien entre faire preuve de compréhension à l'égard de la position de Varsovie dans ce conflit frontalier et d'autres problèmes qui continuent à empoisonner les relations de la Pologne avec l'UE", a insisté M. Zaborowski. Le conflit "au sujet de l'Etat de droit n'est toujours pas résolu et rien n'indique qu'il y ait un recul de la part des institutions européennes".

 

Frontex: l'UE devrait se préparer à d'autres crises migratoires

L'Union européenne doit se préparer à d'autres crises migratoires semblables à celles aux frontières entre la Grèce et la Turquie ou entre la Pologne et le Bélarus, a déclaré à l'AFP le chef de l'agence européenne des frontières (Frontex).

Fabrice Leggeri a précisé lors de cet entretien que son agence travaillait avec les autorités polonaises en vue d'organiser le rapatriement de 1.700 migrants vers l'Irak, par des vols charters, dans les semaines à venir.

"Ce n'est pas la première fois que l'UE se trouve confrontée à des tentatives de, appelons ça du chantage, du chantage géopolitique, appelons ça menace hybride", a déclaré M. Leggeri.

Le G7 appelle le Bélarus à mettre fin « immédiatement » à la crise migratoire

Les grandes puissances du G7 ont appelé jeudi le Bélarus à mettre fin "immédiatement" à la crise migratoire en cours aux frontières de l'UE, accusant Minsk de chercher à "détourner l'attention" de violations du droit international et des droits humains.

Dans un communiqué, les chefs de la diplomatie du Royaume-Uni (qui occupe la présidence tournante du G7), de France, des Etats-Unis, du Canada, d'Allemagne, d'Italie, du Japon et de l'Union européenne "condamnent l'orchestration par le régime bélarusse de l'immigration illégale à travers ses frontières".

"Nous demandons au régime de cesser immédiatement sa campagne agressive et d'exploitation afin d'éviter de nouvelles morts et de nouvelles souffrances", déclarent-ils.

"Les actes du régime bélarusse constituent une tentative de détourner l'attention de son mépris permanent pour le droit international, les libertés fondamentales et les droits humains, y compris ceux de son propre peuple", écrivent-ils.

Les pays du G7 demandent à Minsk d'accorder aux organisations internationales "un accès immédiat et sans entrave pour livrer de l'aide humanitaire". Ils expriment leur "solidarité" avec la Pologne, la Lituanie et la Lettonie victimes selon eux "d'un usage provocateur de l'immigration illégale".

« Pas d'indulgence »

A ce jour, en raison du recul des normes démocratiques reproché à Varsovie, Bruxelles refuse d'accorder les 36 milliards d'euros réclamés par la Pologne dans le cadre des fonds de relance de l'UE liés à la pandémie de Covid-19.

Les chefs des principaux groupes politiques du Parlement européen ont adressé cette semaine une lettre conjointe à la cheffe de la Commission Ursula von der Leyen, lui demandant avec insistance que l'argent reste bloqué jusqu'à ce que la Pologne cède.

Le commissaire européen à la Justice Didier Reynders doit se rendre jeudi et vendredi à Varsovie.

"Aucune indulgence ne sera accordée au gouvernement (polonais) du fait de l'apparition de la crise frontalière", a déclaré à l'AFP le politologue Stanislaw Mocek.

"L'UE ne veut pas créer de précédent avec la Pologne en la récompensant en quelque sorte pour des actions illégales", a estimé M. Mocek, directeur de l'Université Collegium Civitas à Varsovie.

"D'un autre côté, la frontière de l'UE est menacée et, à ce sujet, il y a un consensus prépondérant que nous devons la défendre. Ce sont deux problèmes distincts", a-t-il souligné.

Selon M. Mocek, la Pologne n'a pas l'air de reculer dans le conflit judiciaire et elle a exprimé le souhait de gérer la crise migratoire à sa guise "sans aide marquante des pays de l'UE ou de la Commission européenne".

"Il y a donc aussi une certaine réserve, c'est la raison pour laquelle je pense qu'il n'y aura pas d'approche plus indulgente concernant les problèmes antérieurs", a-t-il estimé.


Islamabad assure que le cessez-le-feu avec l'Afghanistan «tient»

Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
Short Url
  • "Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu"
  • Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite

ISLAMABAD: Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères.

"Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu", a assuré Tahir Andrabi, porte-parole de ce ministère. Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite.

 


Soudan: le Conseil de sécurité de l'ONU condamne «l'assaut» des paramilitaires sur El-Facher

Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
Short Url
  • Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher"
  • El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir"

NATIONS-UNIES: Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils".

Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher", dont les paramilitaires des Forces de soutien rapide viennent de prendre le contrôle, et condamne les "atrocités qu'auraient commises les FSR contre la population civile, y compris exécutions sommaires et détentions arbitraires".

El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir, avec des informations crédibles d'exécutions de masse" après l'entrée des paramilitaires, a dénoncé devant le Conseil de sécurité le chef des opérations humanitaires de l'ONU, Tom Fletcher.

"Nous ne pouvons pas entendre les cris, mais pendant que nous sommes assis ici, l'horreur se poursuit. Des femmes et des filles sont violées, des gens mutilés et tués, en toute impunité", a-t-il ajouté.

Mais "la tuerie n'est pas limitée au Darfour", a-t-il alerté, s'inquiétant notamment de la situation dans le Kordofan voisin.

"Des combats féroces au Kordofan-Nord provoquent de nouvelles vagues de déplacement et menacent la réponse humanitaire, y compris autour de la capitale El-Obeid".

Des informations font état "d'atrocités à large échelle commises par les Forces de soutien rapide à Bara, dans le Kordofan-Nord, après la récente prise de la ville", a également dénoncé Martha Ama Akyaa Pobee, sous-secrétaire générale de l'ONU chargée de l'Afrique.

"Cela inclut des représailles contre des soi-disant collaborateurs, souvent ethniquement motivées", a-t-elle déploré.

"Au moins 50 civils ont été tués ces derniers jours à Bara, à cause des combats et par des exécutions sommaires. Cela inclut l'exécution sommaire de cinq bénévoles du Croissant rouge", a-t-elle indiqué.

Le Kordofan "est probablement le prochain théâtre d'opérations militaires pour les belligérants", a-t-elle mis en garde.

"Des attaques de drones de la part des deux parties touchent de nouveaux territoires et de nouvelles cibles. Cela inclut le Nil Bleu, Khartoum, Sennar, le Kordofan-Sud et le Darfour-Ouest, ce qui laisse penser que la portée territoriale du conflit s'élargit", a ajouté la responsable onusienne.

Décrivant la situation "chaotique" à El-Facher où "personne n'est à l'abri", elle a d'autre part noté qu'il était difficile d'y estimer le nombre de victimes.

La guerre au Soudan a fait des dizaines de milliers de morts, des millions de déplacés et provoqué la pire crise humanitaire actuelle, selon l'ONU.

Elle a été déclenchée en avril 2023 par une lutte de pouvoir entre deux anciens alliés: le général Abdel Fattah al-Burhane, commandant de l'armée et dirigeant de facto du Soudan depuis le coup d'Etat de 2021, et le général Mohamed Daglo, à la tête des FSR.


Ouragan Melissa: près de 50 morts dans les Caraïbes, l'aide afflue

Un homme passe devant les débris d'une maison endommagée après le passage de l'ouragan Melissa dans le village de Boca de Dos Rios, province de Santiago de Cuba, Cuba, le 30 octobre 2025. (AFP)
Un homme passe devant les débris d'une maison endommagée après le passage de l'ouragan Melissa dans le village de Boca de Dos Rios, province de Santiago de Cuba, Cuba, le 30 octobre 2025. (AFP)
Short Url
  • L’ouragan Melissa, le plus puissant à frapper la Jamaïque en près de 90 ans, a fait près de 50 morts en Haïti et en Jamaïque, laissant derrière lui des destructions massives et des centaines de milliers de sinistrés
  • L’aide internationale afflue vers les Caraïbes, avec des secours venus des États-Unis, du Venezuela, de la France et du Royaume-Uni, alors que les experts rappellent le rôle du réchauffement climatique dans l’intensification de ces catastrophes

CUBA: L'aide internationale afflue vendredi vers les Caraïbes dévastées par le passage de l'ouragan Melissa qui a fait près de 50 morts en Haïti et en Jamaïque.

Habitations en ruines, quartiers inondés et communications coupées... L'heure est à l'évaluation des dégâts causés par Melissa qui devrait désormais faiblir au dessus dans l'Atlantique nord après avoir passé les Bermudes.

Selon le Centre national américain des ouragans (NHC), les inondations devraient s'atténuer aux Bahamas, mais les crues pourraient demeurer à un niveau élevé à Cuba, en Jamaïque, en Haïti et en République dominicaine voisine.

Rendu plus destructeur par le réchauffement climatique, l'ouragan a été le plus puissant à toucher terre en 90 ans lorsqu'il a frappé la Jamaïque mardi en catégorie 5, la plus élevée sur l'échelle Saffir-Simpson, avec des vents d'environ 300 km/h.

"Le bilan confirmé est désormais de 19 morts" dont neuf à l'extrémité ouest de l'île, a déclaré jeudi soir la ministre jamaïcaine de l'Information Dana Morris Dixon, citée par les médias locaux.

De nombreux habitants n'ont toujours pas pu contacter leurs proches, ont expliqué les autorités. L'armée jamaïcaine s'emploie à dégager les routes bloquées, selon le gouvernement.

"Il y a eu une destruction immense, sans précédent, des infrastructures, des propriétés, des routes, des réseaux de communication et d'énergie", a déclaré depuis Kingston Dennis Zulu, coordinateur pour l'ONU dans plusieurs pays des Caraïbes. "Nos évaluations préliminaires montrent que le pays a été dévasté à des niveaux jamais vus auparavant".

- Melissa "nous a tués" -

A Haïti, pas directement touché par l'ouragan mais victime de fortes pluies, au moins 30 personnes, dont dix enfants, sont mortes, et 20 portées disparues, selon le dernier bilan des autorités communiqué jeudi. Vingt-trois de ces décès sont dus à la crue d'une rivière dans le sud-ouest du pays.

A Cuba, les communications téléphoniques et routières restent largement erratiques.

A El Cobre, dans le sud-ouest de l'île communiste, le son des marteaux résonne sous le soleil revenu: ceux dont le toit s'est envolé s'efforcent de réparer avec l'aide d'amis et de voisins, a constaté l'AFP.

Melissa "nous a tués, en nous laissant ainsi dévastés", a déclaré à l'AFP Felicia Correa, qui vit dans le sud de Cuba, près d'El Cobre. "Nous traversions déjà d'énormes difficultés. Maintenant, évidement, notre situation est bien pire."

Quelques 735.000 personnes avaient été évacuées, selon les autorités cubaines.

- Secouristes -

L'aide promise à l'internationale s'achemine dans la zone dévastée.

Les États-Unis ont mobilisé des équipes de secours en République dominicaine, en Jamaïque et aux Bahamas, selon un responsable du département d'État. Des équipes étaient également en route vers Haïti.

Le secrétaire d'État Marco Rubio a également indiqué que Cuba, ennemi idéologique, est inclus dans le dispositif américain.

Le Venezuela a envoyé 26.000 tonnes d'aide humanitaire à son allié cubain.

Le président du Salvador Nayib Bukele a annoncé sur X envoyer vendredi "trois avions d'aide humanitaire en Jamaïque" avec "plus de 300 secouristes" et "50 tonnes" de produits vitaux.

Kits de première nécessité, unités de traitement de l'eau: la France prévoit de livrer "dans les prochains jours" par voie maritime une cargaison d'aide humanitaire d'urgence en Jamaïque, selon le ministère des Affaires étrangères.

Le Royaume-Uni a débloqué une aide financière d'urgence de 2,5 millions de livres (2,8 millions d'euros) pour les pays touchés.

Le changement climatique causé par les activités humaines a rendu l'ouragan plus puissant et destructeur, selon une étude publiée mardi par des climatologues de l'Imperial College de Londres.

"Chaque désastre climatique est un rappel tragique de l'urgence de limiter chaque fraction de degré de réchauffement, principalement causé par la combustion de quantités excessives de charbon, de pétrole et de gaz", a déclaré Simon Stiell, secrétaire exécutif de l'ONU chargé du changement climatique, alors que la grande conférence climatique des Nations unies COP30 s'ouvre dans quelques jours au Brésil.

Avec le réchauffement de la surface des océans, la fréquence des cyclones (ou ouragans ou typhons), les plus intenses augmente, mais pas leur nombre total, selon le groupe d'experts du climat mandatés par l'ONU, le Giec.