Développer la résistance des forêts face aux ravageurs en mélangeant les espèces d’arbres qu’elles contiennent

En plus des incendies, les insectes ravageurs sont une grande menace pour les forêts françaises (Photo, Philippe LOPEZ/AFP).
En plus des incendies, les insectes ravageurs sont une grande menace pour les forêts françaises (Photo, Philippe LOPEZ/AFP).
Short Url
Publié le Mercredi 23 septembre 2020

Développer la résistance des forêts face aux ravageurs en mélangeant les espèces d’arbres qu’elles contiennent

  • « La hausse des températures favorise la pullulation des insectes et affaiblit les arbres, ce qui les rend plus vulnérables » explique le chercheur Hervé Jactel
  • Une forêt mélangée enregistre en moyenne 20% de dégâts en moins que celle en monoculture

PARIS: Les forêts mélangeant plusieurs sortes d'arbres sont plus résistantes aux insectes ravageurs que celles de monoculture, selon une étude qui plaide pour un choix raisonné des espèces à faire cohabiter et des recherches sur la communication olfactive des plantes.

Le mécanisme à l'œuvre, qui est bien identifié, est « une résistance par association d'espèces différentes », explique Hervé Jactel, chercheur à l'INRAE.  

Il a mené avec son collègue Bastien Castagneyrol et Xoaquin Moreira, de la Mission biologique espagnole de Galice, une méta-analyse de plus de 600 comparaisons d'attaques d'insectes entre forêts pures et mélangées, sur une période allant de 1966 à 2019.

Publiée mi-septembre dans l'Anual Review of Entomology, elle présente une synthèse des mécanismes à l'œuvre et des pistes pour lutter contre les ravageurs qui prospèrent à la faveur du changement climatique. « La hausse des températures favorise la pullulation des insectes et affaiblit les arbres, ce qui les rend plus vulnérables », explique le chercheur.  

Généralistes, comme le polydrusus qui s'attaque à une large gamme de feuillus, ou spécialistes, comme la chenille processionnaire du pin, ils mâchent, perforent, creusent, pondent ou se nourrissent d'écorce, de sève ou de feuilles. « Les plus dangereux sont les spécialistes », remarque Jactel, en citant des scolytes privilégiant l'épicéa, -pour y pondre leurs œufs-, et « qui ont tué des millions d'arbres dans le nord-est » de la France depuis quelques années.

Une forêt mélangée enregistre en moyenne 20% de dégâts en moins que celle en monoculture. Les insectes spécialistes particulièrement, vont y voir les signaux olfactifs ou visuels de leur cible brouillés par ceux d'autres espèces.

Une forêt riche en essences diverses accueille aussi généralement une plus grande variété de prédateurs de ces insectes, comme les oiseaux, araignées ou fourmis.

Oiseaux à la rescousse

La recherche s'oriente depuis peu vers des mécanismes comme la communication olfactive des arbres, par le biais de composés organiques volatils (VOC), « des signaux chimiques qui franchissent la barrière des espèces », explique Jactel.

Ces VOC aident les insectes à identifier leurs cibles. Mais quand ils s'attaquent « à un arbre ou une feuille d'arbre, celui-ci réagit en diffusant ces odeurs dans l'atmosphère, ce qui informe ses congénères mais aussi les arbres d'autres espèces ».  

Ces signaux d'alarme « stimulent la défense des arbres voisins et empêchent les insectes de trouver des arbres hôtes ». Mais pas seulement, remarque le chercheur en pointant du doigt un troisième élément de système « qu'on ne connaissait pas il y a dix ans ».

« Les odeurs émises par les arbres attaqués attirent les ennemis naturels des insectes ravageurs, par exemple des oiseaux », dit Jactel, ce qui plaide d'autant plus pour une diversité d'espèces susceptible d'abriter les prédateurs des insectes. « Le rôle de cette faune pour protéger les arbres est un autre axe de recherche », ajoute le chercheur.

Dans une forêt mélangée, les ravageurs spécialistes par exemple ont moins de chances de trouver l'arbre de leur choix, ce qui les expose plus longtemps à la menace d'un prédateur. Quant aux ravageurs généralistes, s'ils bénéficient d'une alimentation variée, c'est aussi au risque d'une plus grande variété de menaces. 

Les scientifiques recommandent une « association d'espèces d'arbres avec des caractéristiques fonctionnelles très contrastées », par exemple des conifères avec des arbres à feuilles caduques. Mais il faut bien tenir compte des contraintes de rendement et de mécanisation de la sylviculture, remarquent-ils.

« L'important c'est la proximité des espèces, le mélange doit être relativement intime », dit Jactel, en évoquant comme « compromis des lignes alternées de plantation de deux espèces différentes ». Une solution plus simple peut être une « haie » d'arbres mélangés, ceinturant des plantations de monoculture. 

La forêt française cartographiée en vue du changement climatique
Par AFP -
Protégeons nos forêts
Par Chokri Ben Nessir -

Accord EU-USA: Bayrou juge que la France a été "un peu seule"

Le Premier ministre français, François Bayrou, s'adresse à la presse après une visite au siège de Tracfin, le service de lutte contre le blanchiment d'argent du ministère des Finances, à Montreuil, près de Paris, le 31 juillet 2025. (AFP)
Le Premier ministre français, François Bayrou, s'adresse à la presse après une visite au siège de Tracfin, le service de lutte contre le blanchiment d'argent du ministère des Finances, à Montreuil, près de Paris, le 31 juillet 2025. (AFP)
Short Url
  • Le Premier ministre, François Bayrou, a jugé jeudi que la France avait été "un peu seule" dans la bataille commerciale face aux Etats-unis
  • Le chef du gouvernement, qui avait vivement critiqué lundi l'accord commercial conclu entre l'Union européenne et les Etats-Unis, déplorant une "soumission" de l'Europe, a estimé que ce n'était "pas la fin de l'histoire"

PARIS: Le Premier ministre, François Bayrou, a jugé jeudi que la France avait été "un peu seule" dans la bataille commerciale face aux Etats-unis, en marge d'un déplacement dans les locaux de Tracfin, organisme de lutte contre la criminalité financière, à Montreuil (93).

Le chef du gouvernement, qui avait vivement critiqué lundi l'accord commercial conclu entre l'Union européenne et les Etats-Unis, déplorant une "soumission" de l'Europe, a estimé que ce n'était "pas la fin de l'histoire", et qu'il fallait "un processus encore pas totalement élucidé de ratification" de cet accord.

"Il y a à vérifier quelle est la portée exacte de ces accords, et les Etats auront d'une manière ou d'une autre leur mot à dire", a-t-il ajouté.

"Je sais que toutes les autorités françaises, et en particulier le président de la République (Emmanuel Macron), ont été ceux qui se sont battus le plus contre des concessions qu'on considérait comme excessives", a-t-il affirmé avant de s'interroger: "Est-ce que nous avons été un peu seuls? Oui".

"Est-ce qu'on a le sentiment qu'à l'intérieur de l'Union européenne, des forces politiques et économiques étaient plutôt sur une ligne de trouver des accommodements? Oui", a-t-il ajouté, en estimant que de son point de vue, "la voie pour l'Europe est une voie d'affirmation et de résistance quand il faut et de fierté le plus souvent possible".

La classe politique française a été unanime à dénoncer l'accord conclu entre le président américain, Donald Trump, et la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, qui prévoit notamment une hausse de 15% des droits de douane sur les exportations européennes.

Le président Emmanuel Macron a déploré mercredi en Conseil des ministres que l'Union européenne n'ait pas été assez "crainte" dans ses négociations commerciales avec les Etats-Unis, affirmant que la France continuerait de faire montre "d'exigence et de fermeté" dans la suite des discussions.


Lille: enquête ouverte après les propos sur internet d'une étudiante gazaouie

L'Institut d'études politiques (IEP) de Sciences Po à Lille. (AFP)
L'Institut d'études politiques (IEP) de Sciences Po à Lille. (AFP)
Short Url
  • Le parquet de Lille a annoncé jeudi avoir ouvert une enquête pour apologie du terrorisme et apologie de crime contre l'humanité concernant les publications sur les réseaux sociaux d'une étudiante gazaouie

LILLE: Le parquet de Lille a annoncé jeudi avoir ouvert une enquête pour apologie du terrorisme et apologie de crime contre l'humanité concernant les publications sur les réseaux sociaux d'une étudiante gazaouie, dont Sciences Po Lille a annulé l'inscription mercredi.

"Une enquête a été ouverte pour apologie du terrorisme, apologie de crime contre l'humanité avec utilisation d'un service de communication au public en ligne", a écrit la procureure de la République de Lille, Carole Etienne, à l'AFP.

Des captures d'écran circulant sur les réseaux sociaux montrent qu'un compte, attribué à cette étudiante par des internautes et fermé depuis, a repartagé des messages appelant à tuer des juifs.

Elle a été désinscrite de l'Institut d'études politiques de Lille, où elle devait étudier à partir de septembre, en raison du contenu de certaines de ses publications qui "entre en contradiction frontale avec les valeurs portées par Sciences Po Lille", a indiqué l'établissement mercredi.

"Pourquoi on est passé à travers? Il y a quand même une question, il faut y répondre", a reconnu jeudi sur RMC François-Noël Buffet, ministre auprès du ministre de l'Intérieur.

"Il y aura des poursuites qui seront engagées et sur la base de ces éléments-là, elle est susceptible d'être renvoyée dans son pays, bien évidemment", a-t-il ajouté.

"Administrativement, semble-t-il, je suis très prudent, il n'y avait pas de difficulté particulière, sauf que sur les réseaux sociaux, voilà, on s'en est rendu compte", a-t-il ajouté, précisant que "les services des titres de séjour relèvent du ministère des Affaires étrangères".

Sollicité par l'AFP, Sciences Po Lille a expliqué avoir "accueilli cette étudiante sur proposition du consulat général de France à Jérusalem".

L'incident a fait largement réagir dans la classe politique, jusqu'au gouvernement.

"Une étudiante gazaouie tenant des propos antisémites n'a rien à faire en France", a réagi sur X le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot. Il a indiqué avoir "demandé à ce qu'une enquête interne soit diligentée pour que cela ne puisse en aucun cas se reproduire".

Le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, a souligné sur le même réseau social avoir "demandé de faire fermer ce compte haineux", et a martelé que "les propagandistes du Hamas n'ont rien à faire dans notre pays".


Restitutions coloniales: le gouvernement français annonce un projet de loi

La ministre française de la Culture Rachida Dati (G) et la ministre française des Sports, de la Jeunesse et de la Vie associative Marie Barsacq quittent le Palais présidentiel de l'Élysée à Paris, le 30 juillet 2025, après la réunion hebdomadaire du conseil des ministres. (AFP)
La ministre française de la Culture Rachida Dati (G) et la ministre française des Sports, de la Jeunesse et de la Vie associative Marie Barsacq quittent le Palais présidentiel de l'Élysée à Paris, le 30 juillet 2025, après la réunion hebdomadaire du conseil des ministres. (AFP)
Short Url
  • Le gouvernement français a présenté mercredi en conseil des ministres un projet de loi-cadre visant à faciliter la restitution à leur pays d'origine de biens culturels pillés pendant la colonisation
  • Ce projet de loi-cadre crée une dérogation au principe d'inaliénabilité pour les œuvres des collections nationales françaises

PARIS: Le gouvernement français a présenté mercredi en conseil des ministres un projet de loi-cadre visant à faciliter la restitution à leur pays d'origine de biens culturels pillés pendant la colonisation.

S'appliquant en priorité aux pays africains mais de "portée géographique universelle", ce texte vise à accélérer le retour dans leur pays d'origine de biens culturels appartenant aux collections nationales françaises.

Ils doivent revenir à des "Etats qui, du fait d'une appropriation illicite, en ont été privés" entre 1815 et 1972, selon le ministère français de la Culture.

Ce projet de loi-cadre crée une dérogation au principe d'inaliénabilité pour les œuvres des collections nationales françaises. Les oeuvres à restituer devront avoir été acquises "dans une situation de vol, de pillage, de cession ou de libéralité obtenue par contrainte ou violence ou d'une personne qui ne pouvait en disposer", a précisé le ministère.

La décision de sortie des collections pour opérer cette restitution ne passera plus par un processus législatif au cas par cas mais pourra intervenir sur seul décret du Conseil d'Etat et après avis, le cas échéant, d'une commission scientifique bilatérale.

Cette commission devra en effet documenter et déterminer, si besoin, le caractère illicite de l'appropriation des oeuvres réclamées à travers un travail qui associerait des experts et historiens français et l'Etat demandeur, selon le ministère.

Concernant la période historique retenue, 1815 correspond à la date d'un règlement des conquêtes napoléoniennes qui est dû à un premier mouvement de restitution d'œuvres à l'échelle européenne. 1972 est celle de l'entrée en application de la convention internationale de l'Unesco protégeant les biens culturels contre le trafic illicite.