Naufrage de migrants: «la France ne laissera pas la Manche devenir un cimetière», affirme Macron

Des migrants sont aidés à débarquer à partir d'un canot de sauvetage de la RNLI (Royal National Lifeboat Institution) sur une plage de Dungeness, sur la côte sud-est de l'Angleterre, le 24 novembre 2021, après avoir été secourus lors de la traversée de la Manche. (Photo, AFP)
Des migrants sont aidés à débarquer à partir d'un canot de sauvetage de la RNLI (Royal National Lifeboat Institution) sur une plage de Dungeness, sur la côte sud-est de l'Angleterre, le 24 novembre 2021, après avoir été secourus lors de la traversée de la Manche. (Photo, AFP)
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Publié le Mercredi 24 novembre 2021

Naufrage de migrants: «la France ne laissera pas la Manche devenir un cimetière», affirme Macron

  • Dans son communiqué, le président Macron fait état d'au moins 31 morts alors que le précédent bilan de la police s'établissait à 27 personnes
  • Ce drame est le plus meurtrier depuis l'envolée en 2018 des traversées migratoires de la Manche, face au verrouillage croissant du port de Calais et du tunnel sous la Manche emprunté jusque-là par les migrants tentant de rallier l'Angleterre

PARIS/ LONDRES: "La France ne laissera pas la Manche devenir un cimetière", a affirmé jeudi Emmanuel Macron après la mort d'au moins 31 migrants dans la Manche, en demandant le "renforcement immédiat des moyens de l'agence Frontex aux frontières extérieures" de l'UE, selon un communiqué de l'Élysée. 

Le chef de l'État français a réclamé "une réunion d'urgence des ministres européens concernés par le défi migratoire" et assuré que "tout sera(it) mis en œuvre pour retrouver et condamner les responsables" de ce drame. 

Son Premier ministre, Jean Castex, tiendra jeudi à 8H30 (07H30 GMT) une réunion interministérielle sur ce dossier avec les ministres de l'Intérieur, Gérald Darmanin, de la Justice, Éric Dupond-Moretti, des Armées, Florence Parly, de la Mer, Annick Girardin, des Transports, Jean-Baptiste Djebbari, des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, et le secrétaire d'État à l'Europe, Clément Beaune, selon ses services. 

Ce drame, qualifié de "tragédie" par le Premier ministre Jean Castex, est le plus meurtrier depuis l'envolée en 2018 des traversées migratoires de la Manche, face au verrouillage croissant du port de Calais et d'Eurotunnel emprunté jusque-là par les migrants tentant de rallier l'Angleterre.

"Mes pensées vont aux nombreux disparus et blessés, victimes de passeurs criminels qui exploitent leur détresse et leur misère", a ajouté M. Castex dans un message publié sur Twitter, en assurant suivre "la situation en temps réel".

Dans son communiqué, le président Macron fait état d'au moins 31 morts alors que le précédent bilan de la police s'établissait à 27 personnes ayant péri mercredi dans le naufrage de leur embarcation au large de Calais, ville du nord de la France, devenue le point de départ des tentatives de traversées vers les côtes britanniques. 

Ce drame est le plus meurtrier depuis l'envolée en 2018 des traversées migratoires de la Manche, face au verrouillage croissant du port de Calais et du tunnel sous la Manche emprunté jusque-là par les migrants tentant de rallier l'Angleterre. 

"Nous sommes tous émus par cette tragédie qui heurte chacun dans son intimité et dans ses valeurs", déclare également Emmanuel Macron, en exprimant sa "compassion" et le "soutien inconditionnel de la France" aux familles des victimes. 

"C'est l'Europe dans ce qu'elle porte de plus profond - l'humanisme, le respect de la dignité de chacun, qui est endeuillée", ajoute-t-il. 

Il met en cause les "réseaux de passeurs qui, en exploitant la misère et la détresse, mettent en danger des vies humaines et finalement déciment des familles". 

"La France agit, en lien avec la Grande-Bretagne, pour démanteler les réseaux de passeurs" et "depuis le début de l’année, grâce à la mobilisation de 600 policiers et gendarmes, 1 552 passeurs ont été interpellés sur le littoral Nord et 44 réseaux de passeurs démantelés", a affirmé le président, en ajoutant que "7 800 migrants ont été sauvés".  

"Malgré cette action, 47 000 tentatives de traversées ont eu lieu depuis le 1er janvier", selon lui. 

"Si nous n'amplifions pas dès aujourd’hui nos efforts, d'autres tragédies se reproduiront", prévient-il. 

Pour cela, "nous devons accélérer le démantèlement des réseaux criminels en lien avec la Grande-Bretagne, la Belgique, les Pays-Bas et l’Allemagne". 

"Nous le devons aux victimes, aux orphelins, aux familles. Nous nous le devons", conclut-il. 

«Révolté», Boris Johnson propose à la France d'en «faire plus ensemble»

Le Premier ministre britannique Boris Johnson s'est dit mercredi "choqué, révolté et profondément attristé" par la mort d'au moins 27 migrants dans la Manche, assurant vouloir "faire plus" avec la France pour décourager les traversées illégales vers l'Angleterre.

"Nous avons eu des difficultés à persuader certains de nos partenaires, en particulier les Français, d'agir à la hauteur de la situation, mais je comprends les difficultés auxquelles tous les pays sont confrontés", a-t-il déclaré sur Sky News à l'issue d'une réunion de crise à Downing Street.

"Ce que nous voulons maintenant, c'est faire plus ensemble, c'est ce que nous proposons", a-t-il ajouté.

"Cette catastrophe souligne à quel point il est dangereux de traverser la Manche de cette manière. Elle montre également à quel point il est vital d'intensifier nos efforts pour briser le modèle économique des gangsters qui envoient des gens en mer de cette manière", a estimé Boris Johnson.

"Je dis à nos partenaires d'outre-Manche que le moment est venu pour nous tous de nous mobiliser, de travailler ensemble pour faire tout ce que nous pouvons pour briser ces gangs", a-t-il ajouté.

Marquant un durcissement face à l'immigration promis dans le cadre du Brexit, le gouvernement britannique a commencé à faire adopter un projet de loi controversé qui réforme le système d'asile et prévoit de durcir les sanctions, en portant à la prison à vie, contre 14 ans actuellement, la peine maximale encourue par les passeurs.

Présentée par la ministre de l'Intérieur Priti Patel comme "juste mais ferme" mais dénoncée par des associations de défense des droits humains, elle vise à décourager l'immigration illégale et prévoit de traiter différemment les demandeurs d'asile selon qu'ils sont arrivés dans le pays légalement ou pas.

Selon des chiffres compilés par l'agence de presse britannique PA, plus de 25 700 personnes ont rejoint l'Angleterre dans de petites embarcations depuis le début de l'année, soit trois fois plus que sur toute l'année 2020. 


Macron fustige les «bourgeois des centres-villes» qui financent «parfois» le narcotrafic

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  • Emmanuel Macron a également insisté sur "la nécessité d'avoir une approche interministérielle du très local à l'international"
  • La question est au centre du débat public depuis l'assassinat jeudi à Marseille de Mehdi Kessaci, le frère d'un militant engagé contre le narcotrafic

PARIS: Le président Emmanuel Macron a estimé mercredi lors du Conseil des ministres que ce sont "parfois les bourgeois des centres-villes qui financent les narcotrafiquants", selon des propos rapportés par la porte-parole du gouvernement Maud Bregeon lors de son compte-rendu.

Le chef de l'État a appuyé "l'importance d'une politique de prévention et de sensibilisation puisque, je reprends ses mots, +c'est parfois les bourgeois des centres-villes qui financent les narcotrafiquants+", a précisé Maud Bregeon, ajoutant: "on ne peut pas déplorer d'un côté les morts et de l'autre continuer à consommer le soir en rentrant du travail".

Emmanuel Macron a également insisté sur "la nécessité d'avoir une approche interministérielle du très local à l'international". La question est au centre du débat public depuis l'assassinat jeudi à Marseille de Mehdi Kessaci, le frère d'un militant engagé contre le narcotrafic.

 


Amiante dans les écoles: plus de 50 personnes et sept syndicats portent plainte à Marseille

Classée cancérogène, l'amiante présente des risques pour la santé principalement par inhalation, lorsque les poussières pénètrent le système respiratoire. (AFP)
Classée cancérogène, l'amiante présente des risques pour la santé principalement par inhalation, lorsque les poussières pénètrent le système respiratoire. (AFP)
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  • "La grande majorité des établissements scolaires en France, construits avant son interdiction en 1997, présentent encore à ce jour de l’amiante dans de nombreux éléments du bâti", rappelle dans un communiqué l'avocate Julie Andreu
  • Or, la vétusté de certains d'entre eux aggrave l'exposition à l'amiante et selon l'avocate, "les responsables concernés (collectivités locales) n’ont pas pris les mesures qui s’imposent"

MARSEILLE: Ils sont parents d'élèves, enseignants, agents municipaux: une cinquantaine de personnes, toutes exposées à l'amiante dans des écoles des Bouches-du-Rhône, vont déposer mercredi à Marseille une plainte contre X pour "mise en danger délibérée de la vie d'autrui".

Sept syndicats et trois associations de victimes de l'amiante sont aussi plaignants dans ce dossier, qui concerne 12 établissements scolaires, la plupart à Marseille.

"La grande majorité des établissements scolaires en France, construits avant son interdiction en 1997, présentent encore à ce jour de l’amiante dans de nombreux éléments du bâti", rappelle dans un communiqué l'avocate Julie Andreu, qui représente ces plaignants d'une douzaine d'établissements scolaires et dont la plainte va être déposée à 14h.

Or, la vétusté de certains d'entre eux aggrave l'exposition à l'amiante et selon l'avocate, "les responsables concernés (collectivités locales) n’ont pas pris les mesures qui s’imposent".

Classée cancérogène, l'amiante présente des risques pour la santé principalement par inhalation, lorsque les poussières pénètrent le système respiratoire.

"Une collègue est décédée en avril 2024 des suites d’un cancer lié à l’amiante, reconnu comme maladie professionnelle", a expliqué dans un dossier de presse le collectif stop amiante éducation, dans lequel sont réunis les syndicats et associations plaignants.

Le collectif dénonce "de nombreuses défaillances", notamment une absence d'information sur l'amiante, malgré les obligations réglementaires, ou encore une absence de protection pendant les travaux.

En mars, les syndicats enseignants avaient révélé que plus de 80% des bâtiments scolaires en France étaient potentiellement concernés par la présence d'amiante.

Un rapport du Haut Conseil de la Santé Publique publié en 2014, prévoit que d’ici 2050, 50.000 à 75.000 décès par cancer du poumon dus à l’amiante aient lieu, auxquels s’ajoutent jusqu'à 25.000 décès par mésothéliome (un autre type de cancer).

 


Assassinat de Mehdi Kessaci: «Non, je ne me tairai pas» face au narcotrafic, dit son frère dans une tribune au Monde

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  • "Je dirai et répéterai que mon frère Mehdi est mort pour rien. Je dirai la violence du narcotrafic"
  • "On me parle de crime d’avertissement. Mais un crime n'est jamais un avertissement"

PARIS: "Non, je ne me tairai pas" face au narcotrafic, a déclaré mercredi dans une tribune publiée dans le journal Le Monde Amine Kessaci, le frère de Mehdi, abattu jeudi à Marseille par deux personnes à moto.

"Je dirai et répéterai que mon frère Mehdi est mort pour rien. Je dirai la violence du narcotrafic", a également écrit le militant écologiste de 22 ans, engagé dans la lutte contre le narcobanditisme. En 2020, cette famille de six enfants avait déjà été endeuillée par l'assassinat d'un autre de ses frères, Brahim, 22 ans, dont le corps avait été retrouvé carbonisé dans un véhicule.

"On me parle de crime d’avertissement. Mais un crime n'est jamais un avertissement", a encore déclaré Amine Kessaci, qui a enterré mardi son frère Mehdi. "Voici ce que font les trafiquants : ils tentent d’annihiler toute résistance, de briser toute volonté, de tuer dans l’œuf tout embryon de révolte pour étendre leur pouvoir sur nos vies", a-t-il ajouté.

La protection policière qui lui a été accordée ne l'a pas été à ses proches, a souligné le militant écologiste de 22 ans. "Pourtant, qui ignorait que ma famille avait déjà payé un tribut de sang? Comment ne pas savoir que ma famille pouvait être touchée ?", s'est-il interrogé.

"Face à un tel ennemi, l’Etat doit prendre la mesure de ce qu'il se passe et comprendre qu'une lutte à mort est engagée", a-t-il encore prévenu.

"Il est temps d’agir, par exemple de faire revenir les services publics dans les quartiers, de lutter contre l’échec scolaire qui fournit aux trafiquants une main-d’œuvre soumise, de doter les enquêteurs et les forces de police des moyens dont ils ont besoin, de renforcer, de soutenir réellement les familles de victimes du narcotrafic. Nous comptons nos morts, mais que fait l’Etat ?"

Medhi Kessaci, 20 ans, a été assassiné jeudi à Marseille près d'une salle de concert par deux hommes à moto, activement recherchées, un "crime d'intimidation" et "un assassinat d'avertissement" pour les autorités.