De la morgue aux campements, l'épineuse quête de l'identité des migrants naufragés

Depuis le naufrage meurtrier de migrants dans la Manche, des petites mains, souvent mandatées par des proches éplorés, se sont lancées dans une minutieuse recherche pour identifier les victimes et leur offrir une inhumation « digne ». (Photo/AFP)
Depuis le naufrage meurtrier de migrants dans la Manche, des petites mains, souvent mandatées par des proches éplorés, se sont lancées dans une minutieuse recherche pour identifier les victimes et leur offrir une inhumation « digne ». (Photo/AFP)
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Publié le Samedi 27 novembre 2021

De la morgue aux campements, l'épineuse quête de l'identité des migrants naufragés

  • Toute personne dont l'identité est inconnue est placée dans un caveau provisoire
  • Si pendant cinq ans aucun membre de la famille ne réclame le corps, les os sont placés dans un ossuaire ou incinérés

CALAIS : Qui étaient-ils ? Et, surtout, que vont devenir leurs corps ? Depuis le naufrage meurtrier de migrants dans la Manche, des petites mains, souvent mandatées par des proches éplorés, se sont lancées dans une minutieuse recherche pour identifier les victimes et leur offrir une inhumation "digne".

Téléphone en main, Jan Kakar entre dans l'institut médico-légal (IML) de Lille en ce vendredi après-midi, soit deux jours après le drame d'une ampleur inédite qui a causé la mort de 27 candidats à l'exil vers la Grande-Bretagne.

C'est dans cette morgue qu'ont été transportés pour autopsie les cadavres repêchés. Dans les heures qui ont suivi, Jan Kakar, président d'une association afghane à Paris, a commencé à recevoir sur son smartphone des photos, des messages, qu'il fait défiler.

Des informations transmises par huit familles afghanes, persuadées qu'un fils, un frère, un cousin se trouvait sur le "long boat", dont les circonstances du naufrage sont encore floues.

Ce jeune homme aux cheveux de jais tout sourire en T-shirt orange, dont il a reçu une photo, faisait-il réellement partie des victimes ?

C'est ce qu'est venu vérifier Jan Kakar, à qui les familles, qui s'accrochent encore à l'infime espoir d'une erreur, donneront ensuite les consignes: rapatrier les corps en Afghanistan, ou les enterrer sur place.

« Une vraie enquête »

Lui se fait peu d'illusions: "Ils ont des frères ou des proches qui sont sur les campements à Calais et qui ont déjà confirmé qu'ils en faisaient bien partie", explique-t-il à l'AFP à l'entrée de l'IML.

Pour l'instant, l'accès aux corps est refusé, faute d'accord de la chaîne judiciaire.

"Ca va prendre au moins une semaine, peut-être deux", estime son compagnon, Samad Akrach, responsable de l'association Tahara qui enterre toute l'année indigents et migrants gratuitement.

Toute personne dont l'identité est inconnue est placée dans un caveau provisoire. Puis, si pendant cinq ans aucun membre de la famille ne réclame le corps, les os sont placés dans un ossuaire ou incinérés, explique-t-il.

"Nous on ne veut pas ça: on pense que tout le monde mérite d'être inhumé avec dignité!"

"C'est une vraie enquête qu'on mène", estime Samad Akrach.

D'autant que pour l'heure, rien n'a filtré officiellement sur les identités et parcours des naufragés, pas même leurs nationalités.

Sollicité, le parquet de Paris n'était pas en mesure de communiquer dans l'immédiat, après avoir repris le dossier jeudi soir au titre de sa compétence nationale en matière de lutte contre la criminalité organisée de très grande complexité.

Des migrants croisés par l'AFP sur le littoral nord et disant avoir partagé les derniers jours des victimes, affirment qu'elles sont Kurdes irakiennes, Iraniennes et Afghanes, qu'elles ont passé leurs dernières nuits sur des camps de Grande-Synthe.

Réseaux sociaux

Jan et Samad n'iront pas s'y aventurer.

Mais comme pour chaque mort à la frontière avec le Royaume-Uni, un groupe d'associatifs calaisiens, de militants et de bonnes volontés locales feront ce travail de fourmi sur le terrain.

Ils se sont baptisés le "groupe décès" depuis 2017, lorsqu'ils se sont rassemblés pour "redonner une identité" aux exilés et leur éviter un enterrement sous X.

Sauf que le petit cercle, habitué à se mobiliser sur un ou deux cas - mercredi, il enterrait un naufragé du 4 novembre -, se retrouve démuni face à l'ampleur de la tache.

"27 ? Mais comment on va faire ?", s'affole Mariam Guerey, une bénévole à l'origine du collectif, pendue aux réseaux sociaux où les informations des proches émergent souvent.

"On espère que pour une fois l’État saura se mobiliser", car "c'est un travail énorme qui s'annonce", abonde Juliette Delaplace, membre du groupe et responsable locale du Secours catholique, dans son centre d'accueil de jour vers lequel se tournent régulièrement les exilés après un drame.

Jan Kakar et Samad Akrach, eux, font désormais le pied de grue auprès des autorités, dans la ville voisine de Coquelles, pour obtenir au plus vite l'accès aux corps. Dans ce genre de situation, soulignent-ils d'une voix, c'est une "course contre-la-montre".


Au Vatican, Léon XIV célèbre sa première messe de Noël

Le pape Léon XIV célèbre la messe de la veille de Noël à la basilique Saint-Pierre au Vatican, le 24 décembre 2025. (AFP)
Le pape Léon XIV célèbre la messe de la veille de Noël à la basilique Saint-Pierre au Vatican, le 24 décembre 2025. (AFP)
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  • À la basilique Saint-Pierre, Léon XIV célèbre sa première messe de Noël en tant que pape, plaçant son pontificat sous le signe de la charité, de l’espérance et de la dignité humaine
  • Fidèle à son appel à une paix « désarmée et désarmante », il s’apprête à renouveler ses appels à la trêve et à la paix mondiale

CITÉ DU VATICAN, SAINT-SIÈGE: Léon XIV a célébré mercredi soir la première messe de Noël de son pontificat dans la basilique Saint-Pierre au Vatican, délivrant un message de "charité et d'espérance" face aux dérives d'une "économie faussée".

Peu avant la messe, le pape américain est sorti sur le parvis de la place Saint-Pierre pour saluer les quelque 5.000 fidèles massés sous la pluie pour suivre la cérémonie sur écrans géants, faute de place à l'intérieur de la basilique.

"La basilique Saint-Pierre est très grande, mais malheureusement pas assez pour tous vous accueillir. J'admire et respecte et vous remercie pour votre courage et votre envie d'être ici ce soir", a-t-il lancé en anglais.

Devant les cardinaux, évêques, diplomates et environ 6.000 fidèles, Léon XIV, qui affiche un style plus discret que son prédécesseur François, a ensuite prononcé une homélie très religieuse sans évoquer directement de sujet d'actualité.

"Alors qu’une économie faussée conduit à traiter les hommes comme de la marchandise, Dieu se fait semblable à nous, révélant la dignité infinie de toute personne", a déclaré le pape.

"Proclamons la joie de Noël, qui est la fête de la foi, de la charité et de l’espérance", a-t-il ajouté.

Cette cérémonie commémorant la naissance du Christ, l'une des plus solennelles de l'année, a mêlé chants traditionnels et gestes symboliques. Le pape de 70 ans a décidé de la célébrer à un horaire plus tardif que sous le pontificat de François (19H30).

Autre changement majeur : Léon XIV présidera jeudi matin la messe du jour de Noël, renouant ainsi avec une tradition qui remontait au pontificat de Jean-Paul II (1978-2005).

Il prononcera ensuite à 12H00 (11H00 GMT) sa bénédiction "Urbi et Orbi" (à la ville et au monde) en mondovision depuis le balcon de la basilique, lors de laquelle le pape se livre traditionnellement à un tour d’horizon des conflits dans le monde.

Fervent défenseur d’une paix "désarmée et désarmante", le chef de l'Eglise catholique devrait y renouveler ses appels à la paix. Mardi soir, Léon XIV a déjà demandé une trêve d'un jour pour Noël dans le monde entier, disant regretter le fait que "la Russie semble avoir rejeté la demande de trêve".

Aucun texte du Nouveau testament ne précise le jour et l'heure de naissance de Jésus de Nazareth. Sa célébration le 25 décembre dans la tradition chrétienne a été choisie au IVe siècle en Occident.

Ce Noël 2025 coïncide avec la clôture du Jubilé, "Année sainte" de l'Eglise qui a attiré des millions de pèlerins à Rome.


Réunion sur Gaza vendredi à Miami entre Etats-Unis, Qatar, Egypte et Turquie

L'émissaire américain Steve Witkoff se réunira vendredi à Miami (Floride, sud-est) avec des représentants du Qatar, de l'Egypte et de la Turquie pour discuter des prochaines étapes concernant la bande de Gaza, a appris l'AFP jeudi auprès d'un responsable américain. (AFP)
L'émissaire américain Steve Witkoff se réunira vendredi à Miami (Floride, sud-est) avec des représentants du Qatar, de l'Egypte et de la Turquie pour discuter des prochaines étapes concernant la bande de Gaza, a appris l'AFP jeudi auprès d'un responsable américain. (AFP)
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  • Le Qatar et l'Egypte, qui font office de médiateurs autant que de garants du cessez-le-feu dans le territoire palestinien ravagé par deux ans de guerre, ont récemment appelé à passer à la prochaine phase du plan de Donald Trump
  • Celle-ci prévoit le désarmement du Hamas, le retrait progressif de l'armée israélienne de tout le territoire, la mise en place d'une autorité de transition et le déploiement d'une force internationale

WSAHINGTON: L'émissaire américain Steve Witkoff se réunira vendredi à Miami (Floride, sud-est) avec des représentants du Qatar, de l'Egypte et de la Turquie pour discuter des prochaines étapes concernant la bande de Gaza, a appris l'AFP jeudi auprès d'un responsable américain.

Le Qatar et l'Egypte, qui font office de médiateurs autant que de garants du cessez-le-feu dans le territoire palestinien ravagé par deux ans de guerre, ont récemment appelé à passer à la prochaine phase du plan de Donald Trump.

Celle-ci prévoit le désarmement du Hamas, le retrait progressif de l'armée israélienne de tout le territoire, la mise en place d'une autorité de transition et le déploiement d'une force internationale.

Le cessez-le-feu à Gaza, entré en vigueur en octobre entre Israël et le Hamas, demeure précaire, les deux camps s'accusant mutuellement d'en violer les termes, tandis que la situation humanitaire dans le territoire reste critique.

Le président américain n'en a pas moins affirmé mercredi, dans une allocution de fin d'année, qu'il avait établi la paix au Moyen-Orient "pour la première fois depuis 3.000 ans."

La Turquie sera représentée à la réunion par le ministre des Affaires étrangères Hakan Fidan.

Dans un discours, le président turc Recep Tayyip Erdogan a quant à lui affirmé que son pays se tenait "fermement aux côtés des Palestiniens".

 

 


Zelensky dit que l'Ukraine a besoin d'une décision sur l'utilisation des avoirs russes avant la fin de l'année

ze;"Nos partenaires ont été informés que la décision doit être prise d'ici la fin de cette année", a déclaré Zelensky. (AFP)
ze;"Nos partenaires ont été informés que la décision doit être prise d'ici la fin de cette année", a déclaré Zelensky. (AFP)
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  • Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a estimé jeudi que l'Ukraine avait besoin d'une décision européenne sur l'utilisation des avoirs russes gelés avant la fin de l'année
  • "Nos partenaires ont été informés que la décision doit être prise d'ici la fin de cette année", a-t-il déclaré. Il avait indiqué auparavant que Kiev aurait un "gros problème" si les dirigeants européens ne parvenaient pas à un accord

BRUXELLES: Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a estimé jeudi que l'Ukraine avait besoin d'une décision européenne sur l'utilisation des avoirs russes gelés avant la fin de l'année, lors d'une conférence de presse à Bruxelles en marge d'un sommet des dirigeants de l'UE sur le sujet.

"Nos partenaires ont été informés que la décision doit être prise d'ici la fin de cette année", a-t-il déclaré. Il avait indiqué auparavant que Kiev aurait un "gros problème" si les dirigeants européens ne parvenaient pas à un accord sur l'utilisation de ces avoirs pour financer l'Ukraine. En l'absence d'accord, Kiev sera à court d'argent dès le premier trimestre 2026.